OUI
Le ciel s’est déposé sur un étang d’automne :
Le nuage éreinté par les ors du couchant
Vogue vers des secrets que l’eau ridée espionne
Avant que noir sur noir disparaisse le temps.
L’univers tout entier se mire en ce tableau :
Un dauphin est aux cieux survolant son écume
Dans la lande flottant au cœur de ces rouleaux
Que fait naître l’orage en des enfants posthumes.
Tu avais les yeux bleus : en hiver, ils sont gris ;
Traversant les miroirs de ses vies que tu pleures,
Ils me sourient parfois quand l’espoir se délie
Au creux du rêve pur de la joie qui demeure.
C’est l’été que le bleu retrouve tes couleurs :
Quand le feu de l’hiver crépite au cœur d’un bois,
Le rouge est immolé pour nous offrir des fleurs
Que la flamme dissipe en son bouquet de joies.
Regarde bien le ciel, il est bleu par endroits :
Il est vaste, il est toi, un reflet de ton cœur
Qui se lit allongé, c’est le trône et ton roi !
En lui est le secret et la fin des rancœurs.
Le nuage est dans l’eau qui l’enfantera ciel,
Il est et il n’est pas ; apparu en mirage,
Disparu dans la pluie, fondu en ses pluriels,
Il convoque un soleil triomphant de nos âges.
L’univers n’est plus là sans avoir disparu :
C’est l’écume et le vent balayant nos détresses,
C’est le feu d’un couchant que célèbre la nue,
L’univers est bien là, que nos regards caressent.
Alors oui à l’été, et oui à nos mourants !
Un oui d’avant le ciel effondré dans sa pluie…
Oui aussi au grand feu qui balaiera le temps !
Oui au vent, oui à l’or, oui au jour dans sa nuit !
Oui aux pleurs, oui au sang, oui au non de nos peurs
Éblouies dans un songe où vit le grand éveil !
Oui à tout, oui ou rien, puisque tout est vapeur
Dans la buée d’un monde agité de sommeils.
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