Chapitre 1

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Il était une fois, il n’y a pas si longtemps, ça pourrait même être maintenant, un petit royaume d’Europe. Le roi était vieux et songeait à la succession. Il était un peu fantasque, il n’avait pas envie de désigner tout simplement l’un ou l’autre de ses enfants. Ils ne valaient pas grand-chose à ses yeux. Les deux ainés, Godefroy et Juan, ne vivaient que pour voir leurs photos dans les tabloïds. Ils ne désiraient que faire la fête et n’avaient aucune envergure pour faire un excellent souverain. Son plus jeune fils Kevin était timide, timoré et vivait dans le secret. Là non plus il n’avait pas l’étoffe d’un monarque. Le choix était si difficile qu’il en parla à son ministre le plus cher, après le conseil :

– Dis-moi, mon ministre, mon ami de toujours, que dois-je faire pour la succession ? Mes fils sont de tels bons à rien… Je commence même à me demander s’il ne vaudrait mieux pas pour le peuple que je prépare des élections et que je transforme ce pays en démocratie.

– Sire, l’idée est bonne mais vos fils, tous incompétents qu’ils sont, ne l’accepteraient pas et prendraient les armes.

– Tu penses qu’ils seraient capables de mettre en place une guerre civile ?

– Sans aucun doute. Un mauvais souverain vaut mieux que des milliers de morts.

– Un mauvais souverain peut amener un pays dans les ténèbres. Même un souverain qui ne fait rien. Mes fils sont persuadés que mon travail se résume à animer des cocktails et faire des discours à chaque ouverture de musée.

– Pourquoi ne pas choisir le moins mauvais alors ?

– Et comment ? As-tu déjà vu une école pour la souveraineté ? Avec le major de la promotion qui empoche le trône ?

– Presque…

– Ne songerais-tu pas à des épreuves ? demanda le roi.

– En effet, quelques épreuves qui nous permettraient de cerner leur personnalité,

– Leur personnalité ? Peuh ! Tous des incapables ! Quelle personnalité y a-t-il là-dedans ?

– Ne soyez pas si dur, votre majesté. Je suis sûr qu’en cherchant bien nous pouvons trouver quelque chose.

– À défaut, nous pourrions toujours leur donner une épreuve qui leur en rajoutera, de la personnalité !

Le roi et le ministre se retournèrent vers l’origine de la voix. C’était la reine qui venait de faire irruption.

– Je viens de finir ma conférence, j’aurai bien aimé que vous m’attendiez pour une si importante conversation. Il s’agit de l’avenir du royaume et de nos fils tout de même, remarqua-t-elle.

– Nous ne faisions que discuter innocemment, se justifia le ministre.

– Et bien, il est temps que la question devienne sérieuse, fit la reine. Nous avons, à l’évidence, trop gâté nos enfants.

– J’avais l’impression qu’en entrant tu avais une idée derrière la tête, ma chérie.

– Disons plutôt qu’en entendant votre conversation, je suis surprise que cela ne vous soit pas venu à l’esprit.

– Quoi donc ? fit le roi.

Pour toute réponse, la reine eut un sourire énigmatique.

Le lendemain de la conversation, les deux époux convoquèrent leur fils dans la salle du trône. Si la demande était officielle et inhabituelle pour les trois princes, l’ambiance restait informelle : le roi avait revêtu un costume trois pièces très sobre et la reine un simple tailleur aubergine. Les princes étaient face à eux, debout et inquiets. Même lorsque leurs fêtes avaient dérapées et que les agents de police les avaient ramenés au palais, ils n’avaient jamais été invités comme cela et encore moins dans cette immense salle solennelle. Ce fut la reine qui commença :

– Bonjour mes enfants. Nous vous avons fait demander parce que nous devons nous entretenir d’un sujet important. Nous commençons à nous faire vieux et il est temps de songer à la succession du royaume, pour le bien du peuple.

– Je croyais qu’en tant qu’ainé, la tâche me revenait de droit, s’énerva Godefroy

– C’est la tradition mais elle n’est pas immuable, répondit sa mère.

– Je suis tout aussi capable que mon frère, s’écria alors le second.

– Hélas, nous en avons bien conscience, fit le roi attristé. De fait, nous avons décidé de vous faire passer trois épreuves. Celui qui les remportera gagnera la couronne. Et toi aussi Kevin, tu auras à les passer, dit-il à l’intention du benjamin qui s’était déjà reculé de trois pas depuis le début de la conversation.

– Quelle est cette première épreuve, père ? demandèrent les deux ainés

– Oh, très simple, très simple, Celle-ci ne comportera pas de grandes difficultés. Il s’agira juste de faire un choix. Je veux que vous nous choisissiez notre prochaine voiture. Comme nous savons que les délais de commande et de construction peuvent être un peu longs, nous vous accordons trois mois.

(la suite demain)

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