CHAPITRE 2 -RÊVES ET RÉALITÉ

5 minutes de lecture

J’ai à peine dormi. Ces satanés cris venus tout droit de l’enfer ont hanté mon sommeil. J’ai déjà vécu une situation similaire, mais pas dans cette vie, ni dans ce monde. Je me suis encore égarée dans des souvenirs qui ne sont pas les miens…

Un ronflement me fait sursauter. Ce n’est ni moi, ni mon chat. Ah oui, le voisin et les murs en papier qui nous séparent, j’avais failli oublier. Sa copine doit être partie pour qu’il ronfle aussi fort, je l’entendais lui mettre des claques à chaque ronflement.

Ce n’est pas comme ça que j’arriverais à me rendormir. Je jette un œil au réveil. 5h. Il est trop tôt pour aller travailler, mais pas pour se préparer un bon petit déjeuner.

Cuisiner m’apaise. J’ouvre mon frigo, en sort de quoi faire une pâte à brioche, et c’est parti. Je fais fondre un peu de chocolat à côté pour me faire un chocolat chaud, et verser le reste dans mes brioches.

J’ai du temps à perdre. Je ne commence qu’à 9h. Pendant que tout prend forme, je vais faire ma toilette, me rendre potable pour sortir et affronter le regard des autres. En sortant, j’aperçois ce reflet qui n’est pas le mien, et qui me suit tous les jours. Je l’ignore, comme à mon habitude, et prépare quelques affaires pour la journée.

Le four sonne. Le devoir m’appelle. Je sors mes viennoiseries chaudes, avant de m’installer à table avec un livre et ma tasse de chocolat chaud. L’air frais s’engouffre par la fenêtre ouverte, m’apportant la fraîcheur matinale.

Je suis bien, je suis au calme et je ne les entends pas. Peut-être leur arrive-t-il de dormir parfois. J’aime le penser.

Mon portable vibre. A cette heure-ci, ce ne peut être qu’une seule personne, mon agent. Il me pose toujours la même question « Ça avance ? », et je réponds encore et toujours « Je n’ai pas fini ».

Ça fait plus d’un mois que je n’ai pas écrit quoi que ce soit. L’inspiration m’a quittée. Cela fait presque un an que je n’ai aucun véritable projet défini, et j’ai mis deux ans à terminer ma dernière création… Je suis lente, je sais, mais je ne peux pas faire autrement. Entre le boulot et les projets personnels, je n’ai pas le temps. Et surtout pas l’inspiration.

En plus j’ai un autre problème préoccupant en ce moment, ces satanés corbeaux. Je vais devoir y retourner… Je n’ai pas du tout envie, j’ai un mauvais pressentiment, je vais peut-être emprunter une amulette à mon « cuisinier cleptomane ».

Un miaulement me ramène sur Terre. Elle attend son dû, sa pitance, comme tous les matins. Heureusement qu’elle passe sa journée dehors, sinon, je pense qu’elle pèserait plus lourd que moi.

Malgré les apparences je tiens à elle, elle m’aide à garder le sourire. Mais je n’ai pas choisi de l’avoir avec moi tout le temps. On me l’a léguée, il faut que j’en prenne soin.

Il va bientôt être l’heure pour moi de partir en cours. Il va falloir que je fasse un effort considérable pour me concentrer une journée de plus sur ces leçons qui n’ont aucune utilité sur mon avenir déjà tracé.

Brossage des dents, dernières retouches, je prends mon sac et c’est parti. Je fais bien attention à fermer derrière moi, puis direction la fac. Dernier semestre dans ce trou à rat, et après je m’envole vers quelque chose qui me conviendra mieux. Je l’espère en tout cas.

Ils sont déjà là, comme s’ils m’avaient attendue toute la nuit pour m’escorter. Je vais chercher mon ami, en espérant les voir se disperser. Peine perdue aujourd’hui. C’est bien la première fois… Mon ami a manqué de s’évanouir tout au long du trajet, il pense à un mauvais sort, à une malédiction… J’aimerais lui expliquer, mais cette situation inédite ne fait que renforcer le sentiment d’urgence que je ressens depuis des semaines.

Il va falloir que je redescende là-bas.

J’ai passé la journée à y réfléchir, j’ai longuement hésité mais ma décision est prise, j’ai appelé M. Il me sera utile si je tombe sur d’anciennes connaissances en bas.

Je vais descendre, je vais affronter ma peur. Il faut que je me débarrasse de ces oiseaux, et que je comprenne ce qui se passe dans ces maudits dédales.

Le rendez-vous est fixé pour ce week-end. Mes affaires sont déjà prêtes, je devrais seulement passer acheter quelques en-cas et direction ces saletés de souterrains.

8h31 et il n’est toujours pas arrivé. Il m’énerve, c’est pour cela que je n’aime pas travailler avec lui, il est toujours en retard. Je me trouve une occupation pour passer le temps, compter les oiseaux qui me survolent ou m’entourent. Je pourrais les énumérer une dizaine de fois avant d’espérer voir le bout de son nez.

M… Ou Antoine de son vrai prénom. Je le connais depuis mon arrivée ici. C’est une personne que l’on ne peut oublier… On était ensemble au lycée, et je m’en serais bien passée.

Toujours en quête d’attention, bavard en classe mais lèche bottes à longueur de journée. J’étais la seule qui refusait de l’aider à faire ses devoirs et il était le seul que je connaissais dans ma classe, donc le seul avec qui j’étais assise en cours. Tous les jours. Pendant 3 ans.

J’ai fait une surdose. Je ne supportais plus ses retards, ses bavardages incessants, et son sourire malicieux. Mais il faut croire que de son côté, il ne s’est pas lassé de moi.

8h45, il se décide enfin à arriver.

« Salut Alice, comment ça va ?

_ Ça irait mieux si t’étais pas en retard, Antoine. »

Sans plus attendre, j’ouvre enfin la trappe qui se trouve sous mes pieds. Quand il faut y aller.

« Les femmes d’abord ! »

Ça pue toujours autant, pas étonnant que ces foutus corbeaux soient attirés par les sous-sols. Ils ont du tous crever dans l’obscurité, je ne vois pas d’autres solutions.

« Ça te rappelle des souvenirs ?

_ Olfactivement, ça me rappelle ton odeur après les cours de sport. »

Le ton est donné, et c’est parti pour durer. On est toujours là pour s’entraider, mais on se déteste le reste du temps.

Il faut dire qu’en plus de tous les défauts que j’ai déjà pu énoncer, Antoine est un meilleur ami possessif. Ça m’a presque valu une collocation et une garde rapprochée, lorsque j’ai commencé à côtoyer d’autres personnes. Grâce à lui, je suis toujours aussi seule qu’au début. La seule personne que je considère comme ami, c’est mon cher « sorcier ».

Mais j’ai réussi à échapper à une mort certaine : la suppression de mes libertés. Interdiction de sortir, de dormir tard, d’avoir un chat, de me lever tôt, d’écrire… il m’aurai interdit de vivre finalement.

On s’engage de plus en plus loin dans les profondeurs de la ville. La puanteur s’accentue et l’obscurité se fait de plus en plus oppressante. Je retrouve ces instincts à jamais gravés en moi.

Nous prenons la direction des ruines regroupant les âmes errantes du secteur : Subterror.

J’y ai passé la quasi-totalité de mon exil, à attendre qu’une main se tende pour attraper la mienne. Je connais les lieux comme ma poche, mais surtout je connais les risques vers lesquels nous nous engageons.

Mais le Gouffre est à Subterror, et si le problème vient de là, on le saura tout de suite.

---

Salut !

La suite arrive bientôt ! N'hésitez pas à me faire part de vos remarques !

Bisous :3

BNT

Annotations

Vous aimez lire BurondoNoTako ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0