CHAPITRE 3 - SUBTERROR
La ville n’a pas changé d’un iota. Elle est toujours aussi sale et lugubre. Le nombre d’égarés qui errent dans ce qui ressemble à des rues est sensiblement le même, ceux qui meurent sont rapidement remplacés par de nouveaux arrivants. Cette boucle infernale ne s’arrête jamais.
Parmi tous ces visages hagards, je ne reconnais ni mes anciens camarades de misère, ni mes anciens ennemis, qui doivent maintenant vivre dans ces maisons en ruines, où seuls les plus puissants peuvent résider.
Cette ville sent la merde et la pauvreté. J’ai eu de la chance, je le sais. Il faudra que je le paye un jour.
Nous continuons à traverser les amas de pierre et de bois afin d’atteindre la place centrale où se situe le Gouffre. Le seul endroit des souterrains où la lumière perce le sol et atteint les cavernes : le réseau électrique est depuis longtemps éteint dans les sous-sols.
C’est d’ailleurs pour cette raison que la plupart des miséreux se réfugient à Subterror. Le taux de mortalité est similaire, mais entre mourir dans l’obscurité totale et pouvoir regarder une dernière fois la lumière du soleil avant de rendre l’âme, le choix est vite fait.
Et puis à Subterror il y a beaucoup de monde, beaucoup de passage, surtout depuis la surface. C’est l’endroit parfait pour les trafics en tout genre. Les autorités ne s’aventurent jamais sous terre, le Pouvoir ne veut en aucun cas s’engager dans ces causes perdues d’avance.
C’est ce puits de lumière, symbole de Subterror, qui m’interpelle. Je ne l’ai jamais vu aussi obstrué. Et je comprends mieux lorsque je lève les yeux : les corbeaux sont omniprésents. Ils occupent en silence toute la place disponible, accrochés à tous les câbles existants, en équilibre sur des barres branlantes.
Le voile de volatiles est parsemé de trous aux endroits les plus proches du sol. Ceux qui se trouvaient-là doivent maintenant être dans les sucs digestifs de nombreux miséreux. Ils ont dû les manger crus, comme tout ce qui leur tombe sur la main habituellement. Ce buffet à volonté doit être une bénédiction pour certains.
Je me reconcentre sur mon ami. Je ne dois pas le perdre de vue au risque de me retrouver à nouveau dans cet endroit. Autant de nombreux hommes descendent dans les souterrains, autant peu de femmes le font : les hommes sont bien trop violents et enragés pour que cela soit sûr pour elles.
Au bout de quelques minutes, nous l’atteignons enfin. Elle est toujours aussi impressionnante. Même si la lumière est plus clairsemée, le cratère qui compose son centre est illuminé. Sa profondeur inconnue ne semble que plus importante.
Et comme d’habitude, pour accéder ne serait-ce qu’aux rebords, il faut se faufiler entre les marchands de rêves. Des beaux parleurs qui abusent de la crédulité de certains et réduisent les autres en esclaves. Des ordures de première classe.
Ils sont fidèles à leur poste. Ils clament leurs paroles en l’air, « Seul Kra peut vous sauver de cet enfer. Seul lui peut vous permettre de revoir la lumière du jour. Vous ne mourrez pas ici si vous offrez votre cœur à Kra… ».
Des paroles ridicules. Rien ne peut vous sauver à part vous-même et la bonté des autres. Ce ne sont pas ces hommes qu’il vous faut suivre pour survivre. Eux se serviront de vous pour prêcher leur bonne parole, et quand vous succomberez de faim, ils vendront vos corps encore chauds qui finiront dépecés, pour en extraire vos organes frêles et transformer le reste en bouillie informe ingérée par les bêtes. L’envers du décor de ces belles paroles.
Nous avançons parmi la foule de badauds pour rejoindre le Puits et faire un premier repérage des lieux. Sans la présence de Raven, nous sommes en territoire ennemi. Ce qui est risible étant donné notre situation actuelle : nous ne sommes pas bienvenus ici, nous ne recherchons rien qui se chiffre.
Nous apercevons l’entrée du Gouffre. Gardée bien entendu. Deux babouins se trouvent devant, armes au poing. Il va falloir trouver quelque chose… Le tatouage qu’ils abordent tous deux sur le biceps est celui du plus riche de la Cité : Vik.
Je n’ai jamais eu le malheur de le rencontrer, je ne serai plus en vie, ou en tout cas plus libre si ça avait été le cas.
« Tu penses à la même chose que moi ?
_ Ouais, on ne va pas pouvoir passer avec seulement de l’argent. Ces gardes ne se corrompent pas facilement, va falloir rencontrer Vik. »
Je m’en serais bien passé. Mais ça va être obligatoire je crois… Vik. Sa légende parle pour lui : un homme d’influence, certainement le chef du trafic souterrain, mais rien ne le prouve.
On verra bien ce qu’il nous servira. A voir si nous allons devoir abandonner notre liberté ou non…
***
Salut !
Voilà la suite, je travaille sur les chapitres à venir !
Je ne suis pas très régulière, ça dépend de mes humeurs, donc désolée si les chapitres sortent de façon aléatoire...
A bientôt, bisous :3
BNT
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