CHAPITRE 4 - VIK
Nous continuons notre chemin vers l’endroit le plus animé de la ville : l’Auberge.
L’un des seuls bâtiments de Subterror qui survit au temps et aux habitants. Sa devanture est le seul élément en mauvais état, et l’intérieur est carrément luxueux vis-à-vis de sa situation spatiale. L’Auberge est l’endroit préféré des malfrats, car tous leurs noirs désirs peuvent être accomplis ici : il y a un bar et des chambres.
Nous n’échangeons même pas un regard avant de nous y engouffrer. Il est là. Juste en face de la porte, juste en face de nous. Cette pourriture de Vik avec son sourire édenté. Il fait peine à voir, surtout entouré de la sorte. Aucune jolie fille à l’horizon, seulement des gardes du corps et des manants assez riches pour pénétrer dans l’établissement.
Nous tentons notre chance et nous avançons vers lui. Seul Antoine se fait gentiment barrer le passage. Vik m’encourage du regard. Je n’ai plus le choix. Je fais abstraction de ma répugnance et m’installe en face de lui. Il est encore plus laid de près…
« Qu’est-ce qui t’amène ici ma jolie ?
_ J’ai besoin d’un service.
_ Et que puis-je pour toi ?
_ J’ai besoin de me rendre dans le Puits, avec mon ami. »
J’évalue son expression en même temps que je prononce ces mots. Il ne bronche pas. Il continue :
« Et à qui ai-je l’honneur ?
_ À une femme de là-haut. »
Il s’esclaffe :
« Pourtant à ta façon de dévisager ce qui t’entoure, tu as l’air bien familière des lieux. Tu étais quoi avant de remonter à la surface ? Une fille de plaisir ?
_ Une pauvresse. Comme toi au début. »
Je le fixe droit dans les yeux. Il m’attaque, je réplique, c’est la loi ici.
« Bien joué. Mais est-ce que tu as les moyens de me payer ma belle ?
_ Quel est ton prix ?
_ 50 000.
_ Je pense que 20 000 suffiraient.
_ 35 000.
_ 30 000.
_ Okay pour 30 000. Mais je ne promets pas une escorte, juste un passage.
_ Je n’ai besoin de rien d’autre. »
Je lui offre son dû. Il fait signe à ses acolytes. Deux d’entre eux s’écartent et nous pointent la sortie du doigt. Je me lève, et avant de partir, il se permet :
« Dans tous les cas, si tu reviens vivante de ce trou mortel, n’hésite pas à passer, ma chambre est toujours libre pour une femme de là-haut. »
Je lui souris poliment avant de sortir, accompagnée d’Antoine et de deux de ses babouins.
Nous arrivons à l’entrée du Puits. Les gardes en place s’écartent pour nous laisser passer, tout en nous lançant des regards appuyés. Lorsque la porte se referme enfin, et que les ténèbres à peine éclairées nous entourent, je respire profondément. Antoine me regarde et rit allégrement :
« Tu n’as rien perdu de ta grande gueule !
_ Se soumettre à ces connards, c’est se suicider. »
Nous allumons les lampes torches de nos téléphones avant de débuter notre avancée : les escaliers. Le cri strident des oiseaux s’est tu. C’est mauvais signe. Ils doivent attendre dans l’ombre que le sang coule…
Notre périple est long et fastidieux. Je ne sais pas combien de marches nous descendons, mais je n’ai pas hâte de faire chemin inverse. Mes mollets et mes genoux crient de douleur, mais nous continuons à nous enfoncer plus loin dans l’obscurité, plus profondément sous terre.
Normalement, nous aurions déjà du voir ou rencontrer un de ces Raven. Ils ne sont pas de ceux qui se cachent ou font attendre leurs visiteurs… Mais personne à l’horizon, et le Puits est plus silencieux qu’une tombe. Mon mauvais pressentiment semble se confirmer : il n’y a plus âme qui vive.
Nous atteignons bientôt la fin de notre descente, et toujours personne. Antoine et moi le savons, ce qui nous attend en bas n’est pas bienveillant. Il va falloir œuvrer correctement pour pouvoir s’en sortir.
Nous descendons la dernière marche.
Elle nous fait face.
Une forme difforme.
Un amas de corbeaux réunis en un seul corps.
Elle bouge.
Et dans le paysage obscur, deux yeux nous fixent.
***
Coucou !
Voilà la suite de l'histoire, accompagnée de sa jumelle juste après...
A très bientôt ! :3
BNT
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