CHAPITRE 5 - ÇA

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Je me retiens de pousser un cri. Il reste coincé dans ma gorge paralysée par la peur.

Cette chose se tient devant nous, noire comme l'ébène, effrayante comme la Mort.

Alors qu'Antoine et moi nous regardons, la Chose tourne ses yeux brillants vers nous. Son regard est lucide et ses yeux perçants. Elle nous dévisage avant de parler :

« Qui êtes-vous ? Que faites-vous sur mon territoire ? »

Sa voix caverneuse n'incite pas au dialogue, mais Antoine prend la parole :

« Nous sommes deux jeunes de la surface à la recherche des Raven, pourriez-vous nous aider ?

_Les Raven ne sont plus que poussière retournés d'où ils viennent. Leurs cadavres nourrissent mes frères et sœurs. »

Elle prononce ces mots sans émettre le moindre regret. Antoine continue quand même :

« Qui êtes-vous ?

_ Un être que vous ne pouvez ni contrôler ni comprendre. »

Avant même que l'un de nous l'interroge, elle continue :

« Je ne peux pas vous expliquer, vous ne comprendriez rien. Mais vous savez, vous avez quelque chose qui nous intéresse. »

En disant cela, elle trouve ses yeux vers moi. Ils me dévisagent comme s'ils me jaugeaient. Je réprime ma peur et me décide à parler :

« En quoi puis-je vous être utile ?

_ Vous êtes notre clé, c'est à vous de nous guider. »

Je suis abasourdie. Moi, qui suis une moins que rien, qui viens du néant et retournerais à l'oubli ? Je ne représente rien d'important... Une idée émerge alors dans mes pensées :

« C'est pour été raison que vous me suivez ? Que vous m'observez ? C'est pour cela que vous m'avez attirée ici ?

_ Nous voulions que vous arriviez à bonne destination. Nous ne vous espérions plus. »

Je ne comprends rien...Et alors que les questions se bousculent et que l'une d'elle peine à se frayer un chemin jusqu'à ma bouche, un nuage de corbeaux s'abat sur nous.

C’est inattendu.

Ils sont trop nombreux, je ne vois plus rien, je n'entends plus rien, j'étouffe... Et soudain, je respire, je vois, je me souviens. Ils m'attendaient.

Et alors je ris, à gorge déployée. Mais alors que mon rire résonne de plus en plus fort dans mes oreilles, une main saisit la mienne. Antoine.

« Partons. »

Et le cauchemar commence.

Qu'est-ce que je fais là ?

Je n'ai aucune sensation. Je tourne la tête autour de moi. Mon ami « cuisinier cleptomane » se trouve à ma droite. Il est flou, je ne vois pas ce qu'il fait.

Dans quel pétrin il nous a encore mis ?

Je n'arrive toujours pas à bouger, mais mes sensations reviennent. Mes mains sont ligotées et mes poings sont... douloureux ?

Je ne me souviens de rien. J'ai un trou noir. Que s'est-il passé ?

Des picotements me parcourent le corps. J'ai tous les symptômes d'une post-baston. Poings et visage endoloris, un goût de sang dans la bouche et une odeur de fer dans les narines. Je me suis battue. Mais contre qui ?

À côté de moi, j'entends mon ami s'agiter. Il s'impatiente ou il me fait une crise d'épilepsie ? Il se débat comme un fou.

Et soudain je comprends. Je les vois. Ils sont sous mes yeux depuis le début, je sens la chaleur de leur sang couler sur mes pieds.

Ils sont innombrables.

Des corps sans visages. Ils recouvrent le sol à perte de vue. Le dégoût m'assaille, mais le bâillon sur ma bouche m'empêche de vomir. Qu'est-ce que c'est que ça ?!

Un bruit résonne derrière nous. Le son d'un objet que l'on traîne au sol... Oh non... Si je meurs ici, la seule consolation que j'aurais, c'est que je ne manquerais à personne. Contrairement à mon ami...

Un rire s'élève. Je le connais. Je le reconnais. Et il s'approche. Son odeur recouvre toutes les autres. Antoine. Qu'est-ce qu'il fait ici ?

Il arrive à ma hauteur. Ses yeux clairs ne sont plus que noirceur. Son visage déformé par le sang qui le recouvre est terrifiant. Ce n'est pas lui.

Il s'approche de moi. Dangereusement. Son nez touche le mien, et tandis que sa main gauche étale le sang sur mes joues, l'autre détache mon bâillon.

À peine ma bouche retrouve-t-elle l'air, que ses lèvres accaparent les miennes. Je me débats. Il m'étouffe. Je suffoque.

C'est fini.

Je reprends mes esprits. Je suis à ses côtés, là où nous L'avons rencontrée. Dans le Puits.

L'obscurité ne m'a jamais parue aussi oppressante.

***

Coucou !

Voilà pour cette parution simultanée, la suite arrive doucement...

A bientôt ! :3

BNT

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