Sujet 1 (30 minutes)

- Cadavre exquis : NSM / Le boulanger se gausse au fond d’un gouffre où les odeurs se mêlent aux ressentiments

- Mot contrainte : Se férir = se prendre d’un grand intérêt pour quelque chose.

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Le boulanger se gausse au fond d’un gouffre où les odeurs se mêlent aux ressentiments. Son pain, frais et sorti de sa fournaise géante est assez unique car il n’est pas fait de la farine que vous et moi connaissons, ça non. D’ailleurs aucun des composants de son pain ne sauraient être retrouvés dans un pain de boulangerie habituel. Mais après tout, que pourrions-nous espérer d’autre pour la boulangerie des Enfers ?

Hell’s Bakery, c’est ainsi que Jakor le boulanger a appelé son petit commerce qu’il a établi dans les Enfers. Au départ, il ne pensait pas faire affaire, les démons ne sont pas commodes après tout et ils ont pour habitude de manger les humains, ou a minima de les torturer. Mais Jakor avait voulu faire ce pari. Après tout, les humains cherchaient tous à le tuer car il avait osé faire des tourtes avec des cadavres. Pourtant, ils les avaient adorés ses tourtes, Jakor savaient y faire ! Et la ville d’Habsbourg avait littéralement était sauvée de la famine grâce à elles, sans compter qu’il avait éviter une épidémie de peste en préparant les cadavres.

Presque tous ses compagnons furent arrêtés, de son fournisseur à ses serveurs. Quelle tristesse pour la jeune Eliore, c’était une brave fille et elle ne savait rien de la composition des tourtes, mais ça ne l’empêcha pas d’être brûlée vive. Jakor réussit à prendre la fuite et tenta de s’installer ailleurs sous un autre nom, mais son corps atypique, de sa grande taille à son absence de poils – même pas un sourcil ! – le fit rapidement reconnaitre et il abandonna l’idée de s’installer en ville. Il tenta la campagne et les endroits les plus éloignés mais chaque fois il était reconnu et devait fuir.

Un jour, il entendit parler du Gouffre du Diable, une profonde crevasse où vivaient prétendument des démons. A sa propre surprise, il devint féru de ces légendes et de toutes les informations qu’il pouvait découvrir au sujet de ce gouffre. Après des mois de recherche et bien des fuites, il finit par le trouver et trouva même un moyen d’y descendre.

Lorsqu’il arriva en bas du gouffre, les vapeurs et les odeurs qu’il sentit, et auraient rebuté tout être humain l’emplir d’un grand appétit, après tout l’odeur de charnier et de chair brûlés avaient été son quotidien pendant plusieurs années. Malgré cette bonne odeur, sa première rencontre avec les Démons fut… mouvementée. Ils manquèrent de le tuer et de le manger, mais au moment d’être cuit, son âme de gourmet se réveilla et il poussa une telle gueulante que les démons l’écoutèrent, surpris et incrédules. Il leur expliqua comment se cuisaient la viande d’humain, la meilleure technique pour la préparer, défaire la chair, des années de savoir jetés à la gueule de créatures stupides… Mais pas tant que ça. Elles se concertèrent et les créatures démoniaques qui l’avaient attrapé partirent chercher un Démon Supérieur, une créature douée de paroles et qui le mis au défi de préparer un humain.

Bien sûr il accepta le défi ! Et les démons n’en revinrent pas lorsqu’il leur servit sa « galimafrée de lorette sur un lit de pierres volcaniques ». Ils mangèrent ça avec circonspection d’abord puis une réelle délectation. Son talent était reconnu à sa juste valeur et il devint rapidement le cuisinier en Chef de ce petit Enfer.

Bonne nouvelle donc, car Jakor a gagné son pari et sert les démons, mais pourquoi donc rigole-t-il aujourd’hui devant une boulangerie ? Eh bien cela vient du défi que lui lança le Maitre Démoniaque du Gouffre. Manger des humains est une chose, mais cela leur coûte bien des efforts et ils sont souvent obligés de se contenter des suicidés et des accidentés, bref de vivre comme des charognes.

Le Maitre le mit alors au défi de créer une nourriture avec les denrées du gouffre, et seulement du gouffre ! Et il a réussi, utilisant les parois très particulières du gouffre comme base pour sa farine, l’Eau soufreuse remplace à la fois l’eau et le Sel et enfin la Levure… C’est ce qui lui a pris le plus de temps et il y a encore quelques jours, Jakor était prêt à jeter l’éponge.

Mais quelque chose d’unique existe au fond du gouffre, les âmes des défunts y sont aspirées, emplies d’un profond ressentiment, de haine, de colère et d’autres émotions négatives… et en certains lieux leur présence est tellement concentrée qu’elle vient imprégner la pâte du pain… et le fait lever !

Jakor regarde sa boulangerie avec fierté. Il revient de la cour du Maitre, et celui-ci a adoré ! Maintenant, il ne reste plus qu’à leur préparer des centaines, des milliers de ces petits pains, et lorsque les démons seront assez nombreux, il aura ce qu’il désire. Enfin, il pourra se venger du mal qui lui a été fait, jetant les hordes de démons sur les villes humaines.

Enfin, il aura sa vengeance.