19 — Un simple voyageur (1/3)

Une minute de lecture

Mon train rampait sur ses rails à l’allure d’un escargot à l’article de la mort, tandis qu’il serpentait autour des montagnes couvertes de conifères. Cette ligne à grande vitesse devait absolument ralentir durant cette étape, car les virages étaient plutôt serrés. Il passait sur des ponts qui enjambaient de larges fleuves et dont la solidité ne me rassurait pas. Le soleil qui vint se refléter sur l’eau au détour d’une éclaircie m’éblouit. Je frottais mes yeux endoloris qui voyaient trente-six chandelles.

Le convoi se trouvait à la jonction entre la région de Maia, d’Aprilis et des Karpaty. Des kilomètres carrés de forêt luxuriante s’étalaient au loin. Je pouvais presque sentir l’odeur des pins à travers la fenêtre du wagon. Il faut dire qu’elle était tellement mince que je me les gelais à l’intérieur. Ce train n’était pas une première classe. Ni même une cinquantième. Il était bondé, les valises entassées n’importe comment, et les gens allaient et venaient en parlant bruyamment pour couvrir le brouhaha de la machine. J’eus une forte appréhension lorsque je dus me rendre aux toilettes. J’imaginais déjà une auge avec de la paille au sol et des poulets qui picoraient dedans pendant que je me soulageais. En fin de compte, elles étaient crades, mais normales. Je notai d’éviter la compagnie Aeopmobian Neoar pour mes prochains voyages.

Les roues crissaient sur leurs rails au fur et à mesure que le train se contorsionnait pour traverser la forêt. La voiture tressautait et me ballottait dans tous les sens. La tête de mon voisin de fauteuil tomba sur mon épaule à plusieurs reprises. Comment ce type arrivait-il à dormir dans un tel bordel ? Il ronflait si fort que j’ignorais si c’était lui ou le bruit du roulement que j’entendais. Et il puait de la gueule, une espèce d'odeur de gnôle mélangée à du saucisson. Je remis en question mes récents choix de vie pendant encore une heure, à savoir le temps qui me restait pour parvenir à Rolatir, dernière correspondance avant Ughvaere.

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