Prologue

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Je ne pouvais plus retourner en arrière ; les jeux étaient faits. J’avais peaufiné mon plan depuis si longtemps que le présent me semblait irréel, comme vécu à travers une nappe de brouillard. Je tentais encore une fois de reprendre pied, mon revolver pointé sur sa tempe. Elle ne faisait plus la fière, désormais. Il était loin, le temps où elle se pavanait sur ses talons aiguilles, à narguer tous les pauvres mecs qui ne pourraient jamais l’avoir. Cette pensée me valut un regain de colère mélangée à un profond sentiment d’injustice. A présent, elle était à genoux devant moi, priant sans doute le ciel de lui donner une seconde chance. Comme si elle le méritait…

— Monte dans la voiture, ordonnai-je en approchant mon arme encore plus près de son visage.

Elle se mit à sangloter.

— S’il te plait, Tom, fais pas ça…

— Monte dans la voiture, j’te dis !

Ma patience allait bientôt atteindre ses limites et l’adrénaline me poussait à agir vite. Elle finit cependant par obéir, et je pus enfin verrouiller la voiture. Satisfait, je récupérai l’essence dans le coffre et commençai à en asperger la bagnole. Il me semblait qu’elle se mit à crier lorsqu’elle se rendit compte de sa mort imminente. Je ne savais pas si j’appréciais ce moment ; je savais seulement qu’il était nécessaire. Je sortis enfin mon briquet de ma poche et m’allumai une clope. Il faudra vraiment que j’arrête de fumer un jour.

Jetant un dernier regard à son visage, je m’accroupis, approchant la flamme de l’essence qui prit feu et se propagea rapidement. Le cri d’horreur que j’entendis alors était semblable à celui des autres. Je m’écartai du brasier et contemplais la scène rendue plus intense par le ciel nocturne. Le feu mordait chaque parcelle de métal, faisant fondre le verre. Je ne m’attardais pas trop sur ce qui se passait à l’intérieur. C’était beaucoup moins beau.

Je jetai mon mégot dans le feu avant de partir. J’effaçai mes traces et rangeai mon revolver dans la poche interne de ma veste. Je soupirai en pensant à la longue marche qui m’attendait. Il faudra que je me rachète une voiture.

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