Juste destiné
Colonnes écroulées, archaïques pierres, éclats de cristaux, vitres brisées, arbres décharnés. Voyez ces vestiges ; grandioses encore hier, nostalgie de jadis. Des fontaines coulaient du vin doux au palais ; il enivrait les amants insouciants, les armées victorieuses. Ô dieux, où sont donc passées, ces saisons de prodige ?
À présent, ce qui jonche le sol, se putréfient : forêts désagrégées aux ramures étiques ; elles bruissent de plaintes, sanglotent et lancent vers le ciel, des suppliques inutiles. Aucun démiurge, là-haut, pour les écouter ; seuls leurs fantômes hantent l'aujourd'hui.
Fleuves de boue, sous la voute lourde d'anthracite, charriant les brisures d'êtres antiques ; guerriers de sang, pourfendeurs de rêves, fossoyeurs d'enfants. Ils s'en sont allés, vaincus par les désespoirs, les leurs aussi ; quand tout est tué, que peut-il bien rester ?
Rien ; pas de repos, pas de néant, encore moins de riant là-haut, rejetés, bannis, subsistent juste leurs esprits condamnés à errer, à perpétuité, en leur monde pourrissant.
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