Soif (pas sûr que je garde ce titre)

Une minute de lecture

L'âme du désert est en colère !


Derrière le chèche indigo, l'air gorgé de sable s'insinue, le cisaille ; imperturbable, il cherche des yeux la silhouette d'Édon parmi les volutes furieuses :


Cela fait trop de temps !


Refusant d'écouter les appels de l'enfant assoiffé qui lui vienne, assourdi, du fond de l'abri, il laisse juste l'angoisse due au retard de son ami exister ; le reste peut attendre.


Et s'il ne revenait pas ?


Cette lancinance ronge son cœur et son âme. l'étoffe s'enroule ; son souffle s'étouffe ; ses yeux s'empourprent de larmes absentes. Il y a longtemps que l'adversité est devenue sel ; elle ronge en sillons profonds sa figure usée ; même son sang dans ses veines est en passe de se raréfier ; Trop sollicité.


Ignorer cette douleur près du cœur ; agir au mieux.


La bourrasque s'intensifie. Il recule malgré lui. Sa progéniture crie. Il va vers elle, d'une flasque se saisit, verse au creux de sa paume quelques gouttes ; les dernières. Ainsi, en caresse-t-il les lèvres de l'enfant ; insuffisantes ; la peau-parchemin les absorbent sans se contenter. Il pleure encore.


Son retour, sinon point de survie.


Mais Édon reste absent. Dans son couffin, se repose l'enfant, il retourne un moment près du seuil, tente de percer les volutes poussières ; en pure perte. Sa main glisse vers sa lame qu'il saisit ; quel autre choix lui reste-t-il ? Son pas se fait lourd quand vers le bambin il revient.


C'est en l'attendant, il ne sera plus très long.


Ainsi, l'espérance d'un heureux dénouement persiste-t-il. Le temps se suspend. La peau se fend. Quelques gouttes de sang ? Un flot incessant ! L'abri se ternit de rubescence. Les larmes se tarissent.


Silence.


Dehors la tempête s'intensifie. À quelques mètres du compagnon, Édon s'endort, le regard ouvert, le corps offert, une outre gonflée d'eau à ses côtés. Le désert accepte le sacrifice et lui offre linceul qui doucement l'ensevelisse.


La tempête lentement se tait, le crépuscule monte, ensuite la Lune. La clarté inonde les dunes.


L'âme du désert est apaisée ; l'enfant s'assoupi.

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