Près Des Dunes
L'erg s'arrête à l'océan. Les dunes doucement font place aux plages éblouissantes de chaleur. Elles sinuent dans l'air brûlant et dominent le fracas des rouleaux. Là, presque au bord des vagues mourantes, lové sous la silice surchauffée, l'oiselle à fait son nid. Enroulé de sable, une dizaine d'œufs tachetés de bleu s'enlacent de volutes dorées. Au-dessus, un ciel lazuli ; somptueux berceau pour la descendance à venir.
L'erg s'arrête à l'océan. Sous l'eau la vie foisonne. Ici, elle ne connait pas de frein, pas de faim, ni de fin. Clarté. Beauté. Couleurs. Formes. Le ressac ondoie. La lumière flamboie. La prédation est là ; une danse cruelle, pourtant harmonieuse. L'équilibre demeure ; chacun s'y emploie. Un vivier pour l'oiselle qui y puise sa vie.
L'erg s'arrête à l'océan. Parfois le désert s'invite ; quelques lézards, un ou deux serpents, des scorpions curieux. Ils viennent là en villégiature quelques heures ou quelques instants. C'est rare, mais cela suffit. L'un d'eux repère le nid ; s'approche en catimini. Ses écailles versicolores étincellent sous le soleil d'or.
L'erg s'arrête à l'océan. C'est le temps du couchant qui embrase les dunes et les vagues en une même étreinte. Puis l'astre disparait en un ultime embrassement. Monte alors la Lune d'argent ; elle éclaire les désordres du nid-silice, tachée du sang d'oiseaux-enfant, répandu de fragments ; le berceau de renaissance est brisé.
L'erg se mêle à l'océan ; cris de chagrin qui s'éparpillent ; l'oiselle a perdu son nid ; la vie s'en est enfuie.
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