Entrer dans la saison…
Les étés mourrants ont quelque chose de lascifs. On en oublie volontiers le fracas du monde ; l'immédiat et le lointain. Soif récurrente et chaleur excessive aidant, voilà les rumeurs inexistantes ; étrangères. Ainsi, quand cette saison se termine et que nous sommes à l'orée de l'automne, la rentrée nous happe, impitoyable, avec son cortège de nouvelles, pas réellement réjouissante.
Nous en sommes surpris !
Étourdies, déjà fatigués, la nostalgie des semaines chaudes nous enveloppe, nous aspirons au retour de la touffeur : viandes trop grillées sur les braises des barbecues, alcools glacés, boissons fruités, l'eau des fontaines, des lacs, des rivières et des mers, tout ceci sous l'ombrage des pins.
Moi, je l'ai passé dans ma cité et mon appartement, trop chaud parfois ; et les plages, les fontaines et les barbecues, sont restés hors de ma portée. Mais, j'ai pu y rêver, ce qui n'est pas si mal.
L'automne nous embrasse donc.
Matins frais. Flots de feuilles qui craquent sous nos pieds. Pluies qui rafraichissent. C'est le temps des omelettes aux champignons des bois, des soupes de citrouilles du jardin, des soirées paresseuses au coin du feu, des plaids chaleureux et du chat qui ronronne près de l'âtre.
Enfin, quand on a une maison ou si on demeure loin des villes.
En milieu urbain, c'est une autre affaire, l'automne se caractérise par la grisaille du ciel au-dessus des toits, les lampes allumées plus tôt et le chauffage mis en route en soirée. Bon, j'ai des plaids en suffisance sur le canapé, et un primeuriste non loin de chez moi qui me vendra sûrement quelques chanterelles et un potiron. Toutefois, plus de chats, hélas, ils (ou plutôt elles) s'en sont allées, pour un monde qu'on dit meilleur.
Mais, il me reste mes rêveries, mes carnets sur la table basse, mon pot à crayons à quatre couleurs ; ma collection ? On peut dire cela. Un livre en cours de lecture, et au pire, l'écran installé sur le pétrin de bois qui sert depuis longtemps de meuble pour la télévision. N'oublions pas le PC, ouvert sur un monde riche de partage, de mots, d'histoires, d'images et d'amitiés lointaines, mais réelles.
Finalement, l'automne ,ici, ce n'est pas si mal. Une bulle hors du temps, même si je sais qu'impitoyable, il me rattrapera. En attendant, un jour anthracite se lève. Derrière la croisée entrouverte, un vent léger un peu froid s'est insinué jusqu'à moi. Je frissonne, quitte mon siège. Soudain, j'ai envie de thé, de tartines grillées, de beurre et de miel.
Je crois que le roman de l'automne attendra au delà du terme de mon petit-déjeuner ; alors, à vous tous, bonne journée.
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