print "Hello World"
Sympa cette petite phrase que toutes les personnes qui ont tenté de se mettre à la programmation ont dû taper. Mais pourquoi dire bonjour au monde entier alors que j'essaye de découvrir (même ne pas m'initier) à la programmation ? Hé coucou le monde, regardez, moi je suis devenu programmeur ! Quelle bande de petits cons prétentieux ! Même s'il faut reconnaître qu'à notre époque, si tu sais programmer, il y aura sûrement plus de travail pour toi. Surtout depuis le covid. Putains de covid, d'un jour à l'autre les gens se sont retrouvés scotchés à leurs écrans... Ils connaissent tout sur tout, n'importe qui se revendique l'étiquette spécialiste d'informaticien. Auto-proclamé, auto-évalué, auto-collanté... même chez les scouts, il y avait une procédure avant de pouvoir coudre le badge 'Je sais faire mes nœuds de lacets tout seul sans l'aide de maman.'
Je les hais tous autant que je les déteste.
Je suis né en 72 dans un petit pays qui se rêvait déjà comme la capitale d'un empire pouvant rivaliser avec la Russie et aux États-Unis. Quelle prétention ! À cette époque, à vrai dire, je m'en foutais royalement. Quand on me demandait d'où je venais, j'étais fier de répondre Jupille, à côté de la brasserie Jupiler. C'était une réponse facile qui ne laissait pas indifférente. Tout le monde connaît cette bière. Et comme toutes les choses que tout le monde connaît, tout le monde a son petit truc à dire. Je profitais donc de l'aura de cette boisson pour essayer de me rendre intéressant.
Pas très loin de la brasserie, il y avait cette église où un jour pour faire comme tout le monde, je m'y suis rendu pour faire ma grande communion. Ce que j'avais déjà compris à la religion à cette époque était simple et limpide. Si tu fermes ta gueule, que tu joues le jeu, que tu acceptes de mettre cette stupide robe blanche et que tu joues les petits anges et bien tu gagneras plein de cadeaux. Trop facile, en plus tout le monde à l'air d'y croire. Bande de complotistes.
Une fois la fête terminée on a ouvert toutes les enveloppes et l’on a fait les comptes. Et bien les amis, c'est une activité bien lucrative. Dommage qu'on ne puisse pas le faire plus souvent. Je remercie mes parents d'avoir participé à cette supercherie.
Quand ils m'ont demandé comment j'allais dépenser cet argent, je ne sais pas trop pourquoi j'ai répondu que je voulais un ordinateur. Je ne sais pas d’où cette idée m'était venue. C'est vrai que j'aimais traîner dans les Lunapark et que j' y restais scotché à regarder les écrans en râlant de ne plus avoir de pièces pour continuer de jouer, mais de là à acheter un ordi c'est toute une autre histoire. Mais bon, aussitôt dit aussitôt fait, on se retrouve avec mon père, ma mère et ma sœur dans une petite boutique d’électroménager à écouter les conseils du marchand. Ce mec savait de quoi il parlait, ce n'est pas mon père qui allait le contredire et sincèrement moi non plus. On n'a pas eu d'autre choix que celui de suivre les conseils de ce type. Un micro-ordinateur domestique avec le premier système d'exploitation compatible que l'on retrouve chez plusieurs fabricants, un gage d'avenir.
Je me suis donc retrouvé avec un MSX Sony HitBit 16kb. Un ordinateur compatible ! Génial, surtout quand tu es le seul à en avoir un.
J'avais eu la chance d'avoir encore de l’argent dans mon enveloppe pour acheter mon premier jeu Antarctic Adventure. L'histoire d'un petit manchot qui tente de faire le tour de l’Antarctique en reliant les différentes ambassades en évitant les crevasses dans la banquise et les gros méchants phoques en essayant d'attraper quelques poissons afin de récupérer un peu d’énergie pour continuer sa balade dans l'enfer blanc. Balade enfin pas trop, c'était plutôt une course contre la montre. Le tour du continent était vite clôturé, seulement 11 États avaient décidé de s'approprier cette aire de jeu. Plus tu avançais, plus ça allait vite, les phoques de plus en plus lourds, et les crevasses de plus en plus nombreuses. Putain, le pauvre pingouin... il a vraiment une vie de merde et moi je n'avais que ce jeu sur mon ordi. J'y ai tellement joué que très vite je suis devenu le champion numéro un d'ANTARTICA racing. Trop facile, il n’y avait personne qui y jouait. Souvent, j’arrêtais la course pour essayer d'entamer une discussion avec le phoque.
-Salut, comment ça va? Tu n’en as pas marre de faire toujours les mêmes gestes, les mêmes actions tout le temps, en plus tu as toujours le même sourire débile.
-""
-Mon Dieu, tu n’es vraiment pas causant. Je te laisse, à plus, je dois aller faire des courses.
Annotations