La Paresse
Après la Page Blanche, sans doute la créature la plus redoutée des écrivains... d'autant plus qu'elle agit de manière si imperceptible qu'elle peut nous faire perdre notre précieux Temps des jours et des semaines durant. Par exemple, les vacances arrivent enfin, l'écrivain enthousiaste se dit qu'il va enfin avoir le Temps d'écrire... et voilà que la Paresse s'invite. Elle le perd dans sa moellesse trompeuse, dans ses rêveries qui ne mènent jamais nulle part. Et la nuit arrive, il est déjà minuit, et l'écrivain se demande où est passée sa journée d'écriture. Car il n'a pas écrit une ligne... et qu'a-t-il fait, à la place? Rien, c'est le mot. Ou si peu, dirons-nous. La Paresse l'a fait rêvasser ou errer sur internet à la recherche de quelque information parfaitement inutile à l'avancée de ses projets. Alors l'écrivain jure que demain est un autre jour, qu'il va vraiment écrire... Mais la Paresse pèse de tout son poids sur ses épaules, lui sussure qu'écrire est fatiguant, lui remémore tous ces moments sous le règne de la Page Blanche ou du Doute, ou ces moments vides et épuisants, lorsqu'Inspiration était partie voir ailleurs... elle lui rappelle aussi toutes les Idées trompeuses qui l'ont mené à des cul-de-sacs, le forçant à réécrire tout un pan de son histoire, à revoir le scénario, à tout reprendre et corriger pour balayer les incohérences! Un travail de Titan, un mur infranchissable, cette écriture ! Alors l'écrivain cède à la Paresse, il lit, regarde des films, rêvasse, abandonne son Temps dans toutes les activités chronophages qu'il connaisse... Pourtant, il suffit généralement d'une étincelle pour faire fuir Paresse. Un regain soudain d'Inspiration, et elle est délogée des épaules de l'écrivain. Un regain de motivation et de volonté, la voilà qui s'envole à tire-d'aile, affolée.
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