05. On ne peut plus être seul chez soi
Théo
Je suis content de pouvoir paresser un peu au lit ce matin. La semaine s'est plutôt bien passée mais j'avoue que je ne m'épanouis pas autant que je l'espérais maintenant que je suis sorti de mon confinement. Je me demande si c'est parce que je suis toujours seul chez moi ou si c'est en raison de ce boulot qui n'est vraiment pas le plus excitant qui soit.
Je repense à ces premiers jours où j'ai passé plus de temps à corriger Monsieur le Maire sur mon nom qu'à vraiment accueillir le public car Roselyne fait tout pour que les visiteurs s'adressent à elle et pas à moi. J'ai l'impression qu'elle me prend vraiment pour un demeuré et qu'elle ne me donne que des tâches ingrates. Théo, videz la poubelle, s'il vous plaît. Théo, Monsieur le Maire veut un café. Théo, vous savez lire ? Il faut trier le courrier du jour… J’ai plusieurs fois failli m'emporter mais j'ai réussi à me contenir. Je ne peux pas me permettre de perdre ce travail si je ne veux pas me retrouver à nouveau confiné dans une chambre d'hôtel. La seule discussion que j'ai pu avoir, c'est avec Madame Chantal. Dès que cette veuve âgée de la cinquantaine est entrée, Roselyne a disparu et m'a laissé gérer. Et j'ai vite compris pourquoi quand notre visiteuse s'est lancée dans un marathon de récriminations ininterrompues contre le personnel municipal durant presque une heure. Quand enfin j'ai pu lui dire que j'allais transmettre tout ça au maire, elle s'est arrêtée brusquement et m'a dit que j'étais mignon avant de m'inviter à dîner et plus si affinités.
Le pire quand j'y repense, c'est que j'ai failli accepter. Depuis le départ de Priscillia et mes retrouvailles avec le corps d'une femme, je suis en manque et ma main ne me satisfait plus. A chaque fois que je passe devant le canapé où ma partenaire s'est donnée à moi, je m'excite tout seul. Et si elle n'avait pas promis de venir me voir ce week-end, je crois bien que j'aurais pu finir dans le lit de cette Madame Chantal qui est restée très séduisante malgré son âge.
Après avoir pris mon café, je décide de ne pas prendre ma douche tout de suite et je me dirige vers le petit jardin à l'entrée de la maison pour y installer un petit coin potager. J'ai demandé une avance sur mon salaire et j'en ai profité pour acheter le nécessaire pour jardiner. Je commence donc par bêcher l'espace que j'ai délimité et me rends vite compte que ce n'est pas aussi facile que je l'espérais. Je suis rapidement en sueur et retire mon tee-shirt afin de ne pas crever de chaud.
Lorsque la terre est prête, je trace les sillons afin de planter les différentes graines que je me suis procurées et, absorbé par mon travail, je suis surpris lorsque la voix de Priscillia retentit derrière moi.
— Salut, Charles Ingalls ! Je vois que tu as déjà trouvé de quoi t’occuper.
— Oh, tu es déjà là ? Enfin, je suis content de te voir mais je m'attendais plus à te voir débarquer dans l'après-midi. Je ne suis même pas présentable !
C'est clair que ça ne doit pas être joli, joli, de me surprendre ainsi, la barbe pas taillée, des traces de terre sur mon torse et ma truelle à la main. Elle, par contre, a passé une longue chemise blanche au-dessus de ses leggings moulants noirs et elle est à croquer.
— J’étais réveillée tôt, alors je suis partie plus tôt que prévu. Je te dérange ? Je peux repasser plus tard, si tu préfères.
— Non, non, reste ! J'ai besoin de compagnie. Je suis un peu en manque… avoué-je en me retournant pour ne pas qu'elle grille l'excitation qu'elle provoque chez moi. J'ai presque terminé. Le temps de prendre une rapide douche et je suis à toi.
— Très bien, je t’attends alors. Ne traîne pas trop sous la douche, me dit-elle en allant s’installer à la petite table sur la terrasse.
Je finalise mon jardinage et sens son regard posé sur moi. Elle ne prononce pas un mot mais m’observe en silence, ce qui me rend étrangement conscient de tous mes gestes. Je me dis que c'est dommage qu'elle ait été si claire la dernière fois sur le fait que coucher avec moi était un épisode unique et isolé.
— Voilà, c'est terminé, lui dis-je en passant près d'elle. Je file à la douche. J'espère que tu ne t'ennuies pas trop.
— Non, le spectacle est plutôt agréable à regarder, me répond-elle en me gratifiant d’un clin d’œil.
Je rougis sous le compliment et monte à la salle de bain. Je me déshabille complètement, soulagé de délivrer enfin mon sexe bien excité et me glisse sous l'eau chaude de la douche. J'ai à peine terminé de me rincer que je sens une présence dans mon dos et qu'une main féminine s'empare de ma virilité. Je sens les seins nus de Priscillia se coller contre mon dos et sa bouche se poser dans mon cou.
— Mmmm, j'ai été trop long ?
— Non, c’était le temps parfait pour me laisser matière à réfléchir et me décider à venir te rejoindre.
J'adore sentir sa main me masturber ainsi. C'est même tout son corps qu'elle utilise pour me caresser. Quand elle se retourne et se cambre, appuyée contre le mur après m'avoir enfilé un préservatif sensuellement, je ne me fais pas prier pour satisfaire le désir que nous ressentons tous les deux avec la même urgence. C'est un désir bestial, animal, pas de sentiment. Juste deux corps en manque qui se répondent et se rejoignent pour parvenir à un orgasme libérateur.
Nous terminons la douche de manière plus tendre. Je sens à ses caresses appuyées qu'elle est encore en demande et suis ravi du week-end qui s'annonce plus intéressant que prévu. Nous nous essuyons mutuellement et je lui souris.
— Merci d’être venue me retrouver. Cela me fait vraiment plaisir que tu te laisses ainsi tenter, tu sais ?
— Je vois bien que ça te fait plaisir, sourit-elle en déposant un baiser sur mes lèvres. Ça ne reste pour autant pas très sérieux.
— Promis, je ne dis rien à personne. De toute façon, à part Madame Chantal, je n’ai discuté avec personne de la semaine. On peut dire que vous avez bien choisi l’endroit pour mon petit séjour à la campagne. Il faut vraiment vouloir me retrouver ici.
— C’est le début, ça va venir. Est-ce que tu es allé voir un peu les commerçants ? Si tu te terres ici, en même temps, ça ne va pas t’aider. Comment ça se passe avec le maire ?
— Il n’arrive pas à se souvenir de mon nom, le maire ! Il me fait rire car il tient à m’appeler Marquette ! J’ai presque envie de lui dire que ce n’est pas grave, mais bon, ça ne serait pas sérieux non plus de changer encore de nom, ris-je en la serrant nue contre moi.
— Disons que je doute que mes supérieurs apprécient de devoir encore te fournir de faux papiers. Propose-lui de t’appeler Théo. Ou propose-lui Léo, comme il se plante, tu auras peut-être le bon prénom.
Nous rions tous les deux et je finis par m’écarter d’elle, appréciant d’un regard ses jolis tétons encore bien dressés.
— Je te propose de passer à table avant de continuer à ne pas être sérieux. Sauf si tu veux une petite entrée ou me fournir une dégustation de tes charmes avant. Je suis ouvert à toute proposition, Priscillia.
— Tu m’as promis des pâtisseries, je te rappelle. Ce n’est pas tombé dans l’oreille d’une sourde, Théo, j’espère que tu n’as pas oublié, sinon, crois-moi, mes charmes et moi on va vite remballer, me taquine-t-elle en ramassant ses affaires.
— Je crois qu’il y a peut-être un moelleux qui n’attend que d’être mis au four, mais je ne sais pas si tu vas approuver la recette. Je n’ai mis que deux chocolats différents dans la pâte…
Je l’observe se rhabiller et ne remettre que sa longue chemise et sa culotte, laissant ses jambes à l’air et ses seins libres de toute entrave. Elle est vraiment pas mal et je me dis que celui qui a inventé leur tenue de travail a réellement tout fait pour gommer le charme de ces dames car jamais avant la semaine dernière, je n’aurais imaginé qu’elle avait de si jolies formes.
— Je vais devoir faire avec, j’imagine… Tant qu’il est délicieux, je pourrais m’en contenter. Tu comptes rester en tenue d’Adam comme ça toute la journée ?
— Seulement si tu me le demandes. Mais ça risque de poser problème pour aller se promener cet après-midi.
— Effectivement, je doute que les habitants du coin apprécient, pouffe Priscillia en essuyant ses cheveux.
Je décide finalement de m’habiller et d’aller préparer le repas que nous prenons de manière décontractée. J’ai vraiment l’impression qu’elle vient me voir non pas pour s’assurer que tout va bien, mais pour passer un bon moment avec moi. Son arrivée matinale le prouve et les instants d’extase aussi. C’est agréable de pouvoir passer du temps avec elle, j’ai l’impression que c’est la première amie que j’ai depuis un bon moment. Enfin, amie, on est un peu plus que des amis désormais, mais je pense pouvoir dire que, comme moi, elle n’attend rien de plus de ces échanges. Ce qui me convient parfaitement, je dois dire, je ne suis pas prêt à me lancer dans une vraie relation au vu de ma situation.
Lorsque nous sortons l’après-midi, je suis surpris de croiser dans le couloir un jeune homme en costume. Tout de suite, mes vieux réflexes me reprennent et je fais un pas en arrière avant de me calmer car il n’a pas l’air dangereux. Je sens derrière moi Priscillia qui s’est tendue en même temps que moi.
— Bonjour. Qu’est-ce que vous faites chez moi ? demandé-je en essayant de ne pas me montrer trop agressif. Comment êtes-vous entré ?
— Wow, du calme, rit l’homme en levant les mains en l’air. Je ne crois pas que le couloir vous appartienne. Monsieur Masquette, j’imagine ? Je suis l’agent immobilier. Je viens prendre quelques photos pour la future locataire et faire un coup de propre dans le logement.
Je ne comprends pas trop ce qu’il se passe. Devant mon air ahuri, l’agent immobilier rit et me tend la main avant de continuer ses explications.
— Cette maison, c’est un genre de colocation, Monsieur Masquette, vous ne vous en étiez pas rendu compte ? Et qui croyez-vous a préparé votre logement ? C’était moi ! Arthur Degrove ! Pour vous servir ! J’ai eu l’information que la future locataire arrivera dans les prochains jours. Je voulais m’assurer que tout était en ordre.
— Ah, je vois. Eh bien, bon courage, alors. Et bonne journée à vous, dis-je en passant à ses côtés avant de sortir dans le petit jardin.
Je me tourne vers Priscillia qui m’a suivi sans un mot. Je suis un peu inquiet et cette rencontre impromptue ainsi que l’annonce faite ont ravivé toutes mes peurs.
— Tu étais au courant ? Tu es sûre que je ne risque rien avec cette arrivée ?
— Je voulais t’en parler, c’était la prochaine étape de ma visite. J’ai du monde sur le dossier, je peux t’assurer que l’on se renseigne sur la future locataire, tu ne risques rien.
— Bien, je vous fais confiance, soupiré-je. Mais ça va être étrange de ne plus vivre seul ici. J’espère que cette dame sera tranquille et ne fera pas trop de bruit. C’est que je me suis habitué au calme, moi.
— Je ne compterais pas trop sur le calme, si j’étais toi. C’est une femme avec six enfants de moins de huit ans, me dit-elle sérieusement avant d’éclater de rire en voyant ma tête.
— Moqueuse, dis-je avant de lui tirer la langue. Pour ta peine, tu seras privée de gâteau ce soir !
— Je vois… Tant pis, franchement, ça valait le coup, vu ta tête, je t’assure !
Je lui tire à nouveau la langue et nous sortons nous promener dans le village. Je ne sais pas si je vais vraiment la priver de pâtisserie, ce soir, mais s’il y a bien une chose dont je ne vais pas la priver, c’est d’une nouvelle étreinte car on vient à peine de sortir, et déjà, j’ai envie de rentrer et de recommencer nos ébats. Une fois par semaine, il faut en profiter, non ?
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