Chapitre 16

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Les deux parents s’étaient disputés pendant une grande partie de la soirée. Ils n’avaient pas vu le temps passer tellement cela avait été violent. Enfin, pour le père en tout les cas. Les brimades que son ex-femme lui avait reproché avaient été des plus nombreuses et douloureuses. Lui avait fait tout son possible en tant que père pour offrir à son fils une vie des plus belles et épanouies, alors qu’au contraire, sa mère ne l’avait pratiquement jamais considéré comme son fils.

Non, elle avait fini par divorcer quand elle avait compris le travail et l’effort mental qu’un enfant comprenait. Préférant largement la gratification de son travail chez les humains plutôt que voir grandir son enfant. Le père aurait dû s’en douter, après tout, il la connaissait depuis dès années et savait pertinemment que pour elle seul le travail importait. Il n’avait jamais vraiment réussi à cerner son épouse, pourtant il avait essayé à de nombreuses reprises de discuter avec elle de tout ça, de sa vision des choses, de l’avenir, mais elle avait toujours éludée les questions ou bien simplement répondu ce qu’il aurait voulu entendre. À croire qu’elle avait accepté l’union par intérêt.

La dispute enfin tut, le père était aller comme à son habitude se réfugier dans son atelier. Sur ce point, il était un peu comme son fils, avec une sorte de pièce à lui, de refuge qu’il gagnait quand plus rien n’allait, quand il avait besoin de calme et de se ressourcer. Certes il s’agissait de son lieu de travail, pourtant il l’adorait. Son métier n’avait jamais été une contrainte pour lui, au contraire, il était passionné par le travail du bois. Et avait réussi à le transmettre à son fils, contrairement à sa mère qui ne lui avait littéralement rien apprit au cours de ses douze années d’existence.

Il avait dormi là, sur le petit lit d’appoint qu’il avait installé quand il ne voyait pas le temps passer. Pour éviter de s’endormir contre sa table de ponçage… Son ex-compagne ? Il n’avait aucune idée de ou elle avait terminé sa nuit, et il s’en fichait clairement. C’est vers neuf heures qu’il se leva malgré tout, même si quelques heures en plus étaient envisageable. Il ne voulait pas que la femme qui servait de mère à Ombre fasse encore des siennes alors qu’il n’était pas dans les parages.

Arrivant dans la cuisine, cette femme était pourtant déjà debout, l’air fraîche comme si elle avait fait une nuit de dix heures et impassible, comme toujours, son café à la main. Il prépara sans un mot le petit-déjeuner pour son fils et lui. Sachant très bien qu’Ombre ne sortirait pas de sa chambre aujourd’hui, il allait lui apporter un peu de réconfort et lui dire verbalement qu’il le soutenait, qu’il allait tout faire pour défendre sa vision des choses.

Prenant le plateau en le plassant en lévitation avec lui, il frappa à la porte de son fils, comme celui-ci le faisait si souvent avec lui dans son atelier.

- Ombre ? Est-ce que je peux entrer ? Je t’apporte le petit-déjeuner, comme tu aimes…

La voix du père était presque inquiet. En même temps, il se demandait si son fils allait le laisser entrer ou non. Il attendit un peu, le temps que son fils lui donne sa réponse. Sauf qu’au bout de dix bonnes minutes, toujours pas de réponses, aucun bruit même… Ni respiration, ni même de bruissements de draps. Ce qui ne ressemblait aucunement à son fils. Alors il prit la décision d’entrer, au cas où. Ouvrant la porte, il se rendit compte que la chambre de son fils était complètement vide de présence. Ombre n’était pas là, aucune trace de lui. Ou pouvait-il bien être. Inquiet, il retourna dans la cuisine, cherchant dans le salon puis la salle de bain, mais toujours rien. Revenant vers son ex-femme, le visage inquiet et le plateau toujours en lévitation derrière lui…

- Tu as vu Ombre sortir ce matin ? demanda-t-il un peu paniqué.

- Non, pourquoi ça ? Il n’en pas dans sa chambre ?

- Non… Je crois… Qu’il a fugué…

- Cela ne ressemble pas à notre fils voyons, surtout pas à un souverain.

- Rah ! Mais arrête avec ça ! C’est un enfant avant tout ! Tu ne crois pas qu’il en a eu marre justement ? Qu’il n’est pas bien face à cette situation et qu’il a décidé de fuguer parce qu’il ne savait pas quoi faire ?!…

La colère du père monta encore d’un cran, la mère de son fils ne semblait rien voir à par la gloire et l’estime.

- Aller, prend tes affaires, on part à sa recherche.

- Il est grand, il va revenir tout seul.

- Et s’il ne revient pas, hein ?

Le père avait touché quelque chose chez la mère qui la fit immédiatement réagir. Celle-ci semblant prendre directement le contrôle de la recherche. Les deux parents décidèrent de se séparer. Le père irait à l’Académie alors que la mère irait chez Tao et Galahad. Sauf qu’à l’Académie, ni professeurs, ni même les élèves semblaient n’avoir vu ou rien qu’aperçu le futur souverain. La directrice, femme au grand coeur, proposa même de faire arrêter les cours du jour pour former des groupes de recherche avec les étudiants. Le père accepta, car même si son fils avait ses habitudes, Glavanh était grand et vaste et il savait qu’Ombre pouvait avoir la présence d’esprit de faire des kilomètres pour s’éloigner de ses problèmes.

Du côté de la mère, c’était la même chose, elle revint voir son ex-mari les mains vides. Ombre n’était ni chez Tao, ni même chez Galahad. Pourtant, le plus étonnant, c’est que ceux-là étaient sorti dans la nuit, sans revenir à leurs tours. Les parents s’étaient dît qu’ils faisaient encore la fête de l’élection d’Ombre ensemble. Sauf que ça n’était absolument pas le cas.

- Je ne vois pas ou ils pourraient être tout les trois, soupira la mère, il n’y a rien d’autre qui ne tienne plus à coeur à Ombre que Glavanh et ses amis.

En soit, la mère n’avait pas tort, mais elle ne réfléchissait pas comme il fallait.

- Oui, tu as raison, sauf que Tao et Galahad ne sont pas ses seuls amis ! s’écria le père.

- Ah bon ?

- Mais oui ! Pourquoi il tenait à finir son année chez toi d’après toi ? Parce qu’il a des amis là-bas !

- Oh mais oui… Tu as raison… Quand il était convalescent, un petit rouquin venait le voir tous les jours…

- Convalescent ? Comment ça convalescent ? s’écria à nouveau le père qui tombait des nus.

La mère sembla tout d’un coup blême, elle finit par dire qu’elle lui expliquerait plus tard, qu’il fallait absolument se rendre en Nivanh pour chercher leur fils, ce qui le convaincu de ne pas demander de plus amples explications sur le moment.

C’est après quelques heures de voyage qu’ils arrivèrent enfin dans la gare de la ville de la mère d’Ombre. Le père ne semblait pas dépaysé ou même choqué de la différence entre monde des sorciers et monde des humains. Il s’était beaucoup rendu dans cette ville quand il était jeune avec son ex-femme justement. Il avait arpenté ses rues de longs en large avec le sourire aux lèvres.

Malgré tout, il dû suivre celle-ci car les abords avaient tout de même bien changés depuis et qu’il ne savait pas ou se trouvait l’école de son fils. Car oui, ils allaient d’abord chercher par là, tout en faisant un crochet par la maison, mise en vente et vide, au cas où.

Bien évidemment, Ombre n’était pas idiot, la maison était belle et bien vide, sans aucune présence. Il ne serrait pas non plus à l’école, mais sa mère ne connaissait rien de la vie de son enfant ou de ses fréquentations, alors le mieux était d’interroger les professeurs et élèves. Une fois là-bas et le directeur prévenu, il emmena les parents parler aux professeurs, mais pas aux enfants. La mère ne comprenait pas pourquoi mais le père calma celle-ci avant qu’elle fasse un scandal.

- Il parait qu’Ombre avait un ami, avec qui il s’entend vraiment bien. Un jeune rouquin apparemment, demanda alors le père à l’entraîneur de football avec qui il discutait.

- Oui, Magnus, un bon petit gars, très doué.

- Magnus… Vous pensez que vous pourriez nous donner son adresse et le numéro de ses parents pour qu’on passe le voir ce soir ?

- Oui, bien entendu. Il est en cours, mais vous comprenez que pour la sécurité des enfants, nous ne pouvons pas vous laisser lui parler comme ça.

- Bien évidemment. C’est déjà beaucoup de pouvoir nous communiquer ses coordonnées.

Déjà, c’était un bon début pour partir à la recherche d’Ombre dans ce monde. Trouver un ami, lui parler et voir s’il n’avait pas d’autres connaissances vers qui il pourrait se tourner, justement. C’était même un pas de géant qu’ils avaient fait dans leurs recherches. En espérant juste que ce Magnus ne soit pas non plus auprès de leur fils à l’aider dans sa fuite.

**

C’est le soir venu, après une interminable après-midi que le couple se rendit chez ce Magnus. Frappant à la porte, c’est une femme rousse qui leur ouvrit. Ils ne s’étaient pas trompé de maison, sauf si tout le quartier était roux de cheveux…

- Oui, c’est pour quoi ?

- Bonjour Madame, nous sommes les parents d’Ombre. Votre fils est ami avec lui. Il a disparu et nous aimerions lui parler pour essayer de trouver d’autres amis qu’il aurait pu aller voir, ou savoir vers ou il aurait pu aller… demanda le père avec politesse alors que son ex-femme était en retrait, contenant son agacement.

- Oh oui, bien sûr, entrez !

La mère de Magnus l’appela et pendant qu’ils l’attendaient, elle fini par leur lâcher une information importante.

- Vous savez, votre fils est venu hier en fin d’après-midi avec deux de ses amis pour passer un peu de temps avec mon fils. Si j’avais su qu’il préparait une fugue je l’aurais retenu.

- Tu n’aurais rien pu faire maman. Il voulait te parler, mais je l’en ai dissuadé.

C’était Magnus qui avait parlé, tout en descendant l’escalier vers le salon. Il rejoignit les adultes, la mine triste et grave à la fois.

- Comment ça, mon chéri ? Me parler ?

- Oui, il voulait avoir la voix d’un adulte avec lui. Sa mère veut le faire déménager mais il aurait voulu finir son année ici. Mais je lui ais dit que tu soutiendrais sa mère à lui, vu que ça concerne ses études…

La rouquine ne semblait pas très à l’aise, gloussant. Elle semblait ne plus savoir ou se mettre. Sans doute car son fils avait raison. Le père n’en revenait pas. Comment deux femmes… Deux mères, ne pouvaient pas soutenir des enfants dans leurs malheurs ? Magnus se tourna vers le père, pour lui sourire.

- Je suis content de vous rencontrer, Ombre m’a beaucoup parlé de vous. Mais… Je pourrais vous parler en privé ?

- Et moi ? Je suis sa mère, je ne suis pas convié ? déclara la sorcière brune d’un ton glacial.

- Non, pas vous. Je suis désolé, vraiment. Mais… Vous êtes la cause de la fugue de mon ami… Si je vous parle, ce serait le trahir…

- D’accord mon chéri, monte dans ta chambre avec le père d’Ombre, je vais tenir compagnie à sa mère.

La déclaration de sa mère étonna Magnus, sans doute voulait-elle se rattraper avec tout ça. Alors finalement, le père et le roux montèrent.

- Je suis au courant que vous êtes des sorciers et vivaient à Glavanh. Ombre veut d’ailleurs plaider ma cause pour que je puisse y venir, pour mon futur métier.

- Ah oui ? C’est généreux de sa part. Quel métier Magnus ? le père n’était pas pressé, il voulait écouter attentivement le garçon.

- Vitrailliste.

- En effet, c’est un métier qui t’apporterait beaucoup chez nous. Tu as l’air sincère et bienveillant, comme Ombre, alors je plaiderais aussi ta cause, avec lui.

- Merci monsieur.

Pendant tout ce temps, le roux aux yeux bleus resta très calme, il s’assit enfin sur son lit, près de l’homme, pour enfin lui dire ce qu’il désirait savoir.

- Votre fils est venu hier. Il voulait parler de sa situation, mais sans parler de son secret, à ma mère, histoire qu’un adulte le défende devant sa mère. Mais ma mère n’est pas de ce genre-là. De plus, elle n’aurait jamais accepté qu’il reste dormir avec Tao et Galahad. Surtout si elle savait que c’était une fugue, elle aurait directement contacté votre femme.

- Ex-femme, corrigea le père distraitement, avant de rougir de gêne.

Magnus gloussa même face à cela. Trouvant que son ami ressemblait bien plus à son père qu’à sa mère.

- Je ne sais pas ou ils sont allés, il ne m’a rien dit. Mais à par moi, il n’y a qu’une personne qu’il aurait pu aller voir…

- Ah oui ? Qui donc ?

- Eglantine. C’est une biscuitière qui a une boutique sur le grand boulevard. C’est aussi une sorcière. On l’aime tous beaucoup, elle est très gentille. Je pense que si Ombre ne savait pas où aller, il serait aller chez elle.

- Tu sais ou elle habite ?

- Oui, elle a un appartement au-dessus de son commerce. Je vais vous faire un plan pour aller jusque là-bas, c’est à vingt minutes de marche d’ici.

- Merci beaucoup Magnus, tu nous aides beaucoup. Tu sais, moi aussi je suis contre la décision de sa mère. J’essaye de l’en empêcher…

- Mais votre ex-femme est une véritable meneuse, elle est très stricte, ça à l’air dur de lui désobéir.

- Tu n’as pas idée…

Il se leva pour enfin attraper le plan que Magnus lui tendait, pour finalement l’enlacer en le remerciant. Le père descendit pour dire au revoir et dire à son ex-femme ou ils devaient aller à présent. Lui expliquant l’histoire de la biscuitière en route vers son commerce.

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