Partie 2

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Aujourd'hui, ma relation avec mes camarades de chambre n'a pas bougé d'un poil, contrairement à moi. Je m'entends toujours à merveille avec Antoine et toujours aussi faussement bien avec l'autre. M'enfin, en ce moment, il ne me cherche plus des noises, donc c'est calme. Et si par malheur aujourd'hui il a décidé de s'y remettre, de toute façon, je n'ai pas le temps. Il est cinq heures et quart du matin et alors que mon ami ronfle comme dix à côté de moi, je suis déjà debout et en tenue de sport. Je me suis inscrit il y a de ça deux mois à une course assez importante de la région et je m'entraine depuis chaque matin de cinq heures trente jusqu'à sept heures et demie. Je n'ai pas de réveil et pourtant je ne me suis jamais levé une seule fois en retard, mon horloge biologique faisant son travail à merveille et si jamais celle-ci connait un dysfonctionnement, les ronflements d'Antoine viennent rapidement en renfort.

Je sors de la chambre, mes baskets à la main. Je déteste marcher pieds nus, même sur une courte distance, mais Nolan, qui a le sommeil léger, m'a déjà dit que le bruit de mes baskets sur le vieux plancher le dérangeait.

« Hmmmm ! » ronchonne-t-il justement, ne supportant plus les ronflements d'Antoine.

Je m'approche alors de lui et chuchote en secouant mes baskets au-dessus de sa tête :

« Demande-lui de les enlever. »

Agacé, il me jette son coussin et je recule pour l'éviter, perdant au vol mes chaussures qui s'écrasent sur le sol et réveil dans un sursaut mon ami encore tout étourdi :

« Hein ! Quoi ? » demande-t-il désordonné.

« Mes chaussures.

- Vous faites chier ! » aboie Nolan en se plaquant l'oreiller sur la tête.

« Remercie-moi Nolan, au moins, il ne ronfle plus ! » gloussé-je.

« C'est pas ma faute. » se défend platement ce dernier, la voix ensommeillée alors que j'ouvre la porte pour sortir.

D'humeur joueuse ce matin, je ne la ferme pas totalement. À cette heure, les couloirs de l'internat sont déjà allumés et Nolan ne supporte pas la lumière. Rapidement, je l'entends d'ailleurs pester et refermer la porte d'un coup sec. Pas de chance pour lui, ici les murs sont fins comme du papier et le bruit se propage vite. Je sais pertinemment qu'il a au minimum réveillé les sept premières chambres de la rangée de droite où nous nous trouvons, et au moins quatre autres de la rangée de gauche.

Et, pas manqué, la porte de la chambre face à la nôtre se met à couiner et la tête tout ensommeillée de Jim se pointe. Il me regarde, de ses yeux semi-clos et articule entre deux bâillements :

« Tu gonfles, Le sportif.

- Je sais » ricané-je.

Pour une raison qui m'est toujours restée obscure, Jim me nomme constamment Le sportif. Mais finalement, ça me convient bien. Je n'ai jamais vraiment porté mon prénom dans mon cœur, de toute façon, pas autant que pour Nolan, mais tout de même.

Avant de sortir de l'internat, je fais un détour pour me rendre au distributeur, un peu plus loin sur la droite. Comme toujours, les couloirs sont déserts et je suis seul devant la machine, à sortir mes pièces pour me prendre un Ice tea. Je sais que ce n'est pas la meilleure boisson pour un sportif, mais j'ai déjà un litre et demi d'eau sur moi, dans un petit sac marine que je me trimballe sur l'épaule. La bouteille tombe et je la ramasse en la gardant à la main puis je cours en direction de la sortie. Je n'ai pas d'entraineur, je gère tout moi-même, mais ce n'est pas pour cela que je ne dois pas faire attention aux horaires. Je fais du sport, oui, mais en dehors des heures de cours, je prends sur mon temps libre. Et il est hors de questions que mes activités empiètent sur mon emploi du temps. En plus, ce dernier est déjà allégé sur les heures de scolarité, étant inscrit dans la section sportive du lycée.

Pourtant, je ne m'y rends jamais. Non, je préfère tout gérer moi-même, j'ai grandement besoin de cette autonomie et je déteste qu'on décide pour moi, ce qui est le cas pour les associations sportives de mon lycée. Alors, pendant que les autres font ce que leur dicte le programme, moi je sors et fait ce qui me chante. Ça a été difficile de convaincre le directeur du lycée et celui de l'UNSS d'être considéré comme un adhérant sans pour autant y être un seul jour dans l'année, même pas pour jouer les matchs officiels. Mais je peux me montrer extrêmement convainquant quand je le veux et il a finalement convenu de ce que je demandais à une seule condition : étant noté dans la liste des membres, on ne pouvait pas faire comme si je n'étais pas là et de ce fait je devais m'assurer d'être présent lors des matchs en tant que remplaçant si jamais on avait besoin de moi. J'avais donc ajouté que, aimant les compétitions, cela ne me dérangeait pas d'y participer à part entière mais on m'avait expliqué que l'on ne pouvait pas me l'accordé étant donné que je refusais d'être présent pour les entraînements. Et forcément une cohésion d'équipe et une connaissance parfaite de chacun de ses membres sont nécessaires pour ce genre de match. Chose que je ne pouvais pas avoir. Alors je n'ai pas bronché et j'ai accepté la condition de remplaçant sans en demander davantage.

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