Chapitre 14 : cousin
– Salut cousine !
Je restai un long moment à l’observer, muette.
Le fils à la sœur de mon père… Mon… Mon cousin ?
Ma vue se flouta tandis qu’une expression de surprise s’emparait de son visage.
Un membre de ma famille biologique…
– Raaaaah !
L’attention d’Aurore et de Théo retournèrent sur Lux. Il fixait son portable dans sa main avec intensité. Il semblait essayer de changer quelque chose à la simple force de son regard.
– Je n’ai plus de batterie ! rajouta-t-il enfin.
– Oh, tu vas bien pouvoir te priver de portable pendant quelques jours, lui lança la Sanroy en reposant ses yeux sur le paysage qui défilait.
– On fait quoi si on a besoin d’appeler quelqu’un ? Les urgences par exemple ?
– Ne t’inquiètes pas Lux, je dois…
Le demi-sorcier s’arrêta soudainement, les mains dans les poches de son manteau.
– … Non. J’ai oublié mon portable au manoir.
Aurore poussa un long soupir.
– Heureusement que je suis là ! s’exclama-t-elle.
Cette remarque lui valu un regard noir de la part du blond.
« On n’aurait pas ce problème si tu n’avais pas décidée de partir te jeter dans la gueule du loup » lui lança-t-il mentalement.
– Bah…
Elle tapota les poches de son jean. Chacune de ses tapes étaient accompagnées d’un « bah ». Elle se jeta sur son sac. Paniquée, elle balança les vêtements devant elle. Théo les évita facilement, ce qui ne fut pas le cas de Lux.
– Tu ne le trouves pas, c’est ça ? s’enquit-il alors que le demi-ange retirait les habit de sur sa tête.
– Il… Il doit… Il doit juste être au fond !
Le regard des autres passagers se tournèrent vers eux. Agacé par l’attention qu’ils s’attiraient à cause d’elle, l’ange noire lui arracha son sac. Il le retourna de sorte à faire tomber tout le contenu sur le sol.
– Ton portable n’est pas là, annonça-t-il. Tu l’as donc oublié chez toi.
– Ça peut arriver à tout le monde !
– Pas à celle qui s’est vantée d’être mieux que nous deux.
Aurore le fixa un moment en gonflant les joues.
Plus tard,
Nel s’était installé contre le rebord d’une fenêtre. Portable contre son oreille, il attendait que son père lui réponde.
– Allô ?
– Salut papa. J’ai une question à te poser.
– Laquelle ?
– Eloan, son nom de famille c’est bien Altissima ? C’est bien le neveu de Nagi ?
– Affirmatif. D’ailleurs, tu n’aurais pas une idée d’où il se trouve ? Sa mère le cherche depuis des heures !
– Dis-lui qu’il va bien.
Il se retourna et laissa son regard tomber sur le jeune homme et la princesse. Depuis qu’elle s’était jetée dans ses bras en pleurant, elle ne pouvait plus le lâcher.
– Tu sais où il est ?
– Je le ramènerais avec moi quand je rentrerais.
– Que fait-il là-bas ?
– Eh bien, à ce que Taliane m’a dit avant de s’éclipser, elle lui aurait parlé de sa cousine. Il aurait tellement eu envie de la voire qu’il aurait profité que j’y aille pour se faufiler dans le portail.
– Et il l’a retrouvé ?
– Et j’ai faillit le tuer.
Gros blanc.
– Tu as faillit LE QUOI ? ! finit par s’étrangler son père.
– Le tuer, soupira-t-il. Il m’en a fait baver, sans le vouloir certes, mais j’en ai eu marre. Il a prit mon apparence pour retrouver Linoa – ce qu’il a réussit – et a embrassé ma petite amie ! Après tout ce qu’il m’a fait subir j’ai… J’ai pété un câble.
– Et qu’est-ce qu’il t’a fait subir accidentellement ?
– Alors…, commença-t-il.
/////
– FÉLIIIIIIIIIIX !
Le concerné se tourna vers la jeune fille qui se ruait vers lui. Dans un sourire, il lui tendit ses bras. Elle s’arrêta nette devant lui, ne prêtant pas attention à sa position.
– Qu’est-ce que ma mère t’a dit ?
Le jeune homme fit la moue.
– Il y a un problème ? demanda-t-elle.
– Il voulait un câlin, lui traduit Cadfael.
Elle se logea un instant dans les bras de l’espion. Même si la jeune Mandragore aurait aimé y rester un peu plus longtemps, elle devait absolument le faire chanter.
– Alors ? s’enquit-elle en se séparant de lui.
– Tu as retrouvé Eloan ? l’interrogea l’homme aux mille cicatrices.
– Il est avec la princesse, répondit-elle distraitement. Mon frère le ramènera. Mais ce n’est pas le plus important ! Félix, de quoi avez-vous parlé avec ma mère ?
– Eh bien…
Il se gratta nerveusement l’arrière du crâne en continuant :
– De tout et de rien. On a apprit à se connaître et…
– Et ?
Son ton était impatient.
Bon, elle savait déjà ce que sa mère avait en tête en l’entraînant avec elle. Mais elle avait besoin de connaître la conversation dans les moindres détails. Peut-être qu’elle arriverait à tout désamorcer ?
Elle devait finir seule comme chaque espion. Et puis, qu’elle personne saine d’esprit voudrait pour femme une assassin de sang froid surnommé la Faucheuse ?
Qui voudrait pour femme une Grande Noble dont l’enfance est parcourue de soie dégoulinante de sang ?
Et puis, elle n’éprouvait pas de l’amour pour Félix. Enfin… elle était pratiquement sûre de ça…
– Et elle m’a demandé ce que tu étais pour moi.
– Tu lui as répondu quoi ?
Il détourna le regard et balbutia :
– Quelque chose.
– Raaaaaaaah ! Allez Félix ! C’est trèèès important !
– Je ne vois pas pourquoi tu te fais tant de soucis pour ça, répliqua Cadfael. C’est pas comme si tu étais contre ces fian…
– Tais-toi ! répliqua-t-elle violemment.
– Oh et j’avais raison pour ce qui était écrit sur le front d'Eloan.
– Pourquoi tu passes du coq à l’âne ?
– Vous me devez un gage.
– Lequel ? s’enquit le jeune espion.
Un sourire malicieux étira ses lèvres.
– Taliane, Félix, embrassez-vous.
/////
– Tu es tombé du toit ? répéta surprit son père. Tu as battus mon record !
Le regard de Saphir se posa sur son mari qui parlait à leur fils.
– Il faut qu’il aille vérifier que la princesse fasse bien ses devoirs, lui avait-il répondu quand elle l’avait interrogé sur le départ de Nel. Il reviendra ce soir, ne t’inquiète pas.
Un petit sourire étira ses lèvres tandis qu’elle ramèna sa tasse de thé à ses lèvres.
« Des devoirs ? Hum… Et si ce n’était pas que pour des devoirs qu’il allait la voire... » pensa-t-elle malicieusement.
– Et tu as pu la voire ? murmura Kamaël.
Cette phrase, qu’elle pu à peine entendre, titilla sa curiosité.
Elle se leva et se dirigea à pas feutrés vers son mari. Il lui était impossible d’intercepter les réponses de son bébé mais elle était certaine de pouvoir reconstituer la conversation à partir de celle de son Caramel.
« Un problème Saphir ? »
La concerné sursauta et leva son regard sur l’Ombre. Le joli chat noir était perché sur l’épaule de son maître. Il pencha sa tête légèrement sur le côté en continuant de fixer la sorcière de ses yeux rubis.
L’Obscurien finit son appel avant de se retourner vers sa femme.
– Qu’est-ce qui te prend Saphir ? s’enquit-il.
– Oh… Oh mais…. Mais rien Kamaël !
Il n’y avait que trois situations où elle l’appelait pas son prénom : quand elle était en colère, très sérieuse ou quand elle était déstabilisée.
Il ne lui fallut pas longtemps pour deviner laquelle s’était.
– Saphir…
Elle comprit immédiatement qu’il savait que ce n’était pas « rien ».
– C’est bon, avoue-t-elle en croisant les bras. Je voulais juste confirmer ce que je pense sur la relation entre Nel et Linoa.
– Il est son tuteur.
Le regard qu’elle lui lança voulait clairement dire « je ne parle pas de ça et tu le sais très bien ». Devant l’air perdu de son mari – qui ne voyait pas où elle voulait en venir –, elle soupira.
– Quand je parlais de relation, je ne pensais pas à celle de « tuteur » mais plus à…
Elle agita sa main dans un mouvement circulaire, l’incitant à comprendre le sous-entendu.
– L’amour ?
Pour toute réponse, elle lui accorda un sourire complice. Instantanément, il se sentit mal-à-l’aise.
Il savait que Linoa et Nel étaient en couple… avec deux humains.
« Je ne peux pas dire une chose pareille à Saphir ! »
– Tu pourrais aller prévenir Leila que son fils va bien ?
– Kamaël, qu’est-ce qui se passe ?
Grillé…
« Trouve une excuse ! »
– Eh bien…
– Taliane ! hurla la voix de Félix.
– Tu as un gage ! chantonna celle de Cadfael.
– Il est HORS DE QUESTION que j’embrasse Félix !
Saphir eu un intérêt soudain pour les jeunes gens qui passaient près du salon.
– Je… J’ai oublié que j’avais quelque chose à faire…
Tandis qu’elle se dirigeait vers la porte, son mari lui lança :
– Après que tu en ais finit avec notre fille, tu pourras prévenir Leila s’il-te-plaît ?
– Pas de problème mon Caramel !
Plus tard,
– J’ai une idée ! s’exclama soudain mon cousin.
– Laquelle ? l’interrogeai-je.
Il plonge son regard dans le mien.
– Et si tu passais un moment au Chaos ? Comme ça tu pourrais rencontrer ma mère et on passerait du temps ensemble !
– Se serait génial !
– En parlant de ça, il serait peut-être temps pour nous que l’on rentre, intervient Nel.
Eloan et moi fîmes la moue.
– Il a raison Linoa, le supporta Callen. Ils ont encore de la route jusqu’au portail.
– Tu es mon petit ami, marmonnai-je déçue. Tu devrais être de mon côté.
– Tu le reverras ton cousin, me rassura-t-il avec un magnifique sourire.
– Vous l’avez entendu ? Vous vous reverrez vous deux. Eloan, je vous laisserais même l’appeler si vous êtes sages. Allez ! Allons-y !
Mon cousin lui fit de gros yeux.
– Depuis quand tu me vouvoies Nel ?
– Depuis que je sais que tu es un membre de la famille royale.
Puis il se pencha vers Esméralda.
– J’aurais aimé passer plus de temps avec toi, lui chuchota-t-il d’une voix incroyablement douce. On remet ce rendez-vous à plus tard ?
– Avec plaisir mon démon.
Et ils S’EMBRASSÈRENT.
Mon cerveau arrêta de fonctionner devant cette scène.
Esméralda… Nel… Sont… Sont ensemble.. ?
– Il est vrai, je l’admets, que j’ai déjà chercher des moyens de vous séparez. Mais je ne les ai jamais mit en œuvre. Après tout, certains habitants du Chaos sont avec des humains.
Mais tout s’explique !
Un sourire sournois étira mes lèvres.
En croisant mon regard, Nel commença à paniquer.
– Alors mon petit Obscurien, tu es en couple ? lui lançai-je. Avec une humaine en plus.
– Je… Euh…
– Ça explique pourquoi, d’un coup, ma relation avec Callen ne te dérangeait plus.
– Je… Euh… N… Bah…
– Donc un grand merci à Esméralda.
– Eh bien… De rien… Mais tu sais, je pense que Nel t’aurais un jour laisser tranquille avec Callen, tenta-t-elle de le défendre. Et même s’il n’était pas tombé amoureux de moi.
– Je ne pense pas non. Tu n’as pas vu ce qu’il m’a fait subir ! Une fois, il a passé au moins DEUX HEURES à me rabâcher qu’il fallait que je me trouve un Obscurien ou un sorcier. Rien que de penser à la possibilité que je sorte avec un humain, il pétait un câble ! Il…
– ÇA SUFFIT PRINCESSE !
Son cri me ramena quelques temps auparavant, quand il avait tenté de tuer Eloan.
Je ravalai mon sourire.
Je revoyais son regard d’assassin et réentendait la colère destructive dans sa voix.
– PARCE QUE TU N’ES QU’UNE TÊTE DE MULE !
– Pour la peine, vous devrez apprendre trois sorts de plus ! cria-t-il en entraînant Eloan avec lui. Je vérifierai à la rentrée que vous les maîtrisez PAR-FAI-TE-MENT.
– PARCE QUE TU N’ES QU’UNE TÊTE DE MULE !
– Oui m’sieu ! répondis-je, mon instinct de survie ayant prit le contrôle. Et j’apprendrais les deux autres sorts à côté !
– C’est noté ! déclara-t-il en sortant.
Un très lourd silence s’abattit sur notre table.
– Je crois qu’on ferait mieux partir, murmura Callen. Les autres clients commencent à nous regarder bizarrement…
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