Chapitre 17 : origine
Plus tard,
Les volets clos donnaient un aspect de maison abandonnée à la veille bâtisse où se trouvait Nathaniella et les Sanroys.
Plongée dans un livre, elle tentait de se laisser entraîner dans un univers meilleur. Un univers où elle et ses filles ne risquaient par leurs vies et où son mari était toujours vivant.
– Nathaniella.
Elle leva les yeux sur la blonde qui prenait place à côté d’elle.
– Il y a quelque chose que je peux faire pour toi Aurore ?
– Je…
Son regard tomba sur ces doigts qu’elle se mit à triturer et continua :
– … Est-ce que tu pourrais me parler de mes parents ?
L’Obscurienne ferma son livre.
– Te parler de tes parents ? répéta-t-elle.
– Dis-moi tout ce que tu sais sur eux s’il-te-plaît.
À côté d’elles, les autres Sanroys avaient arrêtés leurs activités pour écouter leur conversation.
– Ta mère s’appelait Jeanne. Elle était mon espionne personnelle. En réalité, c’était plutôt une des mes meilleures amies.
Avec nostalgie, elle replongea dans ses souvenirs heureux.
– Elle était débordante d’énergie, de joie et belle. Vraiment très belle. Elle le savait et l’utilisait pour accomplir ses missions : aucun homme ne pouvait lui résister. Un jour, Méthy, le chef des espions, à exiger qu’elle s’occupe du mage. Après tout, c’était leur mission principale. Alors elle est partit pour l’Harmonie et l’a retrouvé. C’est là qu’elle a rencontré ton père.
– C’était un servant du mage ?
Un petit sourire malicieux étira les lèvres de Nathaniella.
– Non. C’était le mage.
– QUOI ? ! s’exclamèrent-ils tous à l’unisson.
– Ton père était le mage que Jeanne avait pour mission de tuer. Elle avait prévu de le séduire pour le poignarder dans le dos. Mais elle est tombée amoureuse de lui entre temps.
– Et nous qui nous demandions pourquoi elle était aussi puissante…, lança Lux.
– Et après ? s’enquit Aurore.
– Elle a abandonné cette mission et a décidé de démissionner de sa charge d’espionne. Comme par magie, ton père s’était volatilisé. Beaucoup on supposé qu’il s’était fait tuer. Impossible pour un habitant de l’Harmonie d’imaginer qu’un mage puisse les trahir. J’ai…
Elle poussa un soupir et marqua un temps de pause.
– … J’ai mis beaucoup de temps avant d’accepter cette relation, continua-t-elle. Ta mère était si heureuse avec lui… J’ai finis par m’en ficher de son origine. C’est à cette époque que j’ai rencontré mon mari, un garde et ami du mage qui l’avait aidé à s’enfuir.
Elle passa rapidement à autre chose, ne voulant pas se rappeler de la disparition du père de ses enfants.
– J’allais souvent voire Jeanne.
Elle baissa la tête avant d’avouer dans un murmure :
– Je crois que c’est ça qui a causé leurs pertes.
Aurore se leva d’un bond et posa violemment ses mains sur la table.
– Quoi ?! s’écria-t-elle. Comment ça ? ! Qu’est-ce qui s’est passé ? !
Doucement Lux lui attrapa le bras et l’a fit se rasseoir.
– Avec Méthys, on ne démissionne pas de son poste d’espion. On en meurt, seul et oublié de tous. Malheureusement pour lui, ce n’est pas Solia, la reine, qui aurait cautionner une telle chose. Alors il lui fallait une raison. Il savait que moi et Jeanne étions proches. Il a dû me suivre lorsque j’allais la voire. Et…
Son visage était devenu grave. Dans ses yeux, la tristesse se mélangeait à la colère.
– … il a pu ainsi apprendre qu’elle « trahissait » le Chaos. Il avait enfin une bonne excuse pour la tuer. J’ai… J’ai appris ses intentions indirectement alors que Solia discutait d’elle avec Nagi, son mari. Je suis tout de suite partit pour aller la prévenir du danger mais c’était trop tard. Ta mère était sur le point de mourir et elle t’a confié à moi. Le collier que tu as autour du cou, c’est celui de Jeanne.
Des larmes silencieuses coulèrent sur ses joues. Aurore tenta de les chasser avec sa paume et attrapa ensuite le pendentif. Elle le serra aussi fort qu’elle le pouvait.
– Mon mari m’a aidé à m’enfuir de ce fou furieux qui l’avait tué. Et, pensant bien faire, je t’ai confié à un orphelinat. En rentrant au Chaos, j’ai dû feindre la joie. La traîtresse était morte, le mage avait définitivement périt. La reine et le roi étaient si fière de lui…
– Et ce salopard, il est où maintenant ?
La voix d’Aurore était secouée par les sanglots et la colère.
Tout était de sa faute. S’il n’avait jamais existé, elle n’aurait jamais perdu ses parents. Elle n’aurait pas finit dans un orphelinat puis adopté par ce couple. Elle n’aurait jamais été considéré comme un monstre. Elle n’aurait jamais passé des nuits entières à imaginer sa famille biologique, à se demander pourquoi elle était là. Elle n’aurait jamais aussi pleuré. Elle ne se serait jamais sentit aussi vide à l’annonce de leur mort.
Tout était de sa faute. De cet homme qui sous couvert de patriotisme avait tué sa mère car elle voulait échapper à son emprise. De cet homme qui ne méritait que la mort.
– Ce n’est pas une bonne idée. Il te tuera aussi, tu n’a aucune chance.
– Je ne mourrais pas.
Nathaniella plongea ses yeux dans les siens. Elle était autant en colère que la Sanroy et elle ne pu empêcher son ton de monter.
– Et même si par miracle tu y arrivais, tu aurais le royaume du Chaos après toi ! Tu devrais définitivement quitter ta vie actuelle. Tes études, tes proches !
La main de Lux serra celle d’Aurore. Les deux garçons la fixaient avec inquiétude alors que les jumelles laissaient leurs regards jongler entre les deux femmes.
La voix colérique de la sorcière trembla à cause de la tristesse.
– Si j’avais pu, je l’aurais fait depuis bien longtemps Aurore. S’ils avaient pu, ses espions l’auraient exécuté depuis bien longtemps ! Tout ce que l’on peux faire, c’est se cacher. Il finira par lâcher s’il n’a plus de piste.
– Il est soigné, la rassurai-je. Maintenant, il faut juste attendre qu’il se réveille.
La sœur du jeune homme poussa un long soupir de soulagement. Près d’elle, accrochés à sa longue jupe, des enfants d’âges différents fixaient le lit.
– Dis, grand frère va se réveiller, hein Flora ? s’enquit l’un deux.
– Bien sûre que oui, déclara-t-elle en leur adressant un doux sourire. Fait confiance à Taliane et à ses amies.
Puis elle rajouta :
– Laissons-le tranquille.
Elle nous remercia à nouveau avant de sortir. Un silence de mort s’empara de la chambre au moment même où la porte se referma.
– Taliane, où est Méthy ? finit par demander Ermina d’un ton grave.
Sans hésiter, l’espionne lui donna une adresse. Mais alors que la détective s’apprêtait à partir, elle lui lança d’un ton acide :
– Et qu’est-ce que tu comptes faire au juste ? Le retrouver pour lui donner les informations que tu récoltes depuis des années ? Il doit tellement te manquer…
Les poings d’Ermina se crispèrent un instant. Quand elle les desserra, elle répliqua :
– Je vais terminer ce que je n’ai pas réussis à faire il y a quelques années.
Tandis que je fronçais les sourcils, elle sortit de la pièce.
Je n’y comprenais décidément rien.
Mon regard tomba sur la faucheuse, assise sur le sol, fixant ce dernier.
Elle est la seule à pouvoir répondre à mes questions.
Je m’approchai d’elle tout en demandant :
– Qui est Méthy ?
– Le chef des espions.
J’étais de plus en plus perdue.
– Attends, c’est Méthy qui a blessé ce garçon ?
– Oui.
– Et lui, il est quoi au juste ?
– Un espion.
– Alors pourquoi il a fait une chose par…
Des sanglots m’interrompirent.
Je me précipitai vers elle pour la prendre dans mes bras.
– C’est bon, calme-toi, lui murmurai-je tendrement. Je ne te poserai plus de questions.
– Je suis... Suis... Tel..lle...Ment... Dés... Désol...ée... Prin... Princ..cesse... Elle... Va... Mou... Mou... Mourir... À c...Cause...De... Moi...
Je sentis la panique monter en moi.
– Qui ? Qui va mourir ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
– Aur... Aurore...
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