Chapitre 5 : Cassandre.
Deux semaines plus tard,
Plongée dans mon casier, je cherchais les cahiers et livres dont j'avais besoin cette après-midi. Une fois ceux-ci fourrés dans mon sac, je refermai celui-ci et claquai la porte en métal.
Je me retournai pour partir et me retrouvai face à un visage familier.
- Salut sœurette ! lança-t-il, ses mains ramenées au niveau de ses joues pour faire ressortir sa bouille de chien battu. Tu sais que je t'aime très très fort.
Je poussai un très long soupir.
- Qu'est-ce que tu me veux Cassandre ? m'enquis-je avec un ton blasé.
Il se redressa avant de répondre :
- Il y a deux semaines une nouvelle est arrivée dans mon groupe d'AP. Et j'ai remarqué qu'elle traîne avec toi...
- Tu parles d'Astroméria ?
- Ouais...
Il détourna le regard et se mit à gratter l'arrière de sa crinière rousse.
- ... Tu pourrais me présenter à elle ? Je n'ose pas l'approcher...
- Il y a beaucoup de monde qui n'ose pas l'approcher.
Et c'est normale. La prof de Physique-Chimie a remarqué son aptitude à tout faire partir en sucette. Une fois, elle a crié à plein poumon : « LÂCHEZ CETTE BOUTEILLE D'ACIDE SULFURIQUE ASTROMÉRIA ! VOUS ALLEZ ENCORE FAIRE UNE CATASTROPHE ! LÂCHEZ LA ! VOUS NE PASSEREZ PAS L'ECE* POUR LE BIEN ET LA SURVIE DE CE LYCÉE ! ». Il paraît que toute la partie ouest du bâtiment l'a entendu. Depuis les personnes ont... comment dire... un peu peur de la gardienne...
- J'ai remarqué..., déclara mon frère. Mais bref, tu peux me la présenter s'il te plaît ?
Je le fixai un instant.
- Nan.
Puis je le dépassai pour reprendre ma route. Malheureusement il m'attrapa le poignet.
- Linoa, présente-la moi, m'ordonna-t-il.
Agacée, je me tournai vers lui en répliquant :
- Tu es tombé amoureux d'elle. Tu te démerdes !
- Si tu ne le fais pas, je dis à papa que tu es tombée amoureuse de Callen.
- N'importe quoi, répliquai-je, et puis comment tu le connais ?
- Même groupe d'AP. Mais là n'est pas la question Linoa.
Je poussai un long soupir avant de répliquer :
- Si tu veux tout savoir, je ne suis pas amoureuse de lui.
- Mais bien sûr...
- Tu ne me crois pas ?
- Oh et puis je te crois ! Après tout tu es la mieux placée pour savoir ce que tu ressens. Il n'empêche que c'est dommage...
Je fronçai un sourcil, septique.
- Dommage quoi ?
- Eh bien, tu vois, j'ai remarqué qu'il ressentait quelque chose pour toi...
- C'est vrai ? m'étonnai-je, un sourire béat étirant mes lèvres.
Le regard malicieux et le sourire sournois de mon frère me firent redescendre sur terre.
Je me suis fait avoir...
- Alors tu me la présentes ou je le dis à papa ?
Je lâchai un soupir d'agacement.
- Okay ! T'as gagné. Rejoins-nous à la cafétéria après les cours.
Plus tard,
Les demi-pensionnaires et les externes étaient partit, laissant les locaux aux internes. Ainsi la cafétéria était d'un calme reposant.
Après avoir bossé mes maths, je fermai le manuel et le rangeai dans mon sac.
Seule face à la baie vitrée de la cafétéria, j'épluchai une clémentine. Son odeur était si lourde de souvenirs. Une bouchée et c'est comme si je retournais douze ans en arrière.
- Tu as l'air d'aimer ça dis donc !
Soudain quelque chose me fit sortir de mes rêveries. Dans le noir, deux yeux rouges vifs brillaient.
Mon cœur rata un battement.
Aussi vite qu'ils étaient arrivés, ils disparurent dans la pénombre. Ce ne fut qu'à ce moment-là que je sortis de mon état de paralysie.
Nel.
Bien énervée, je me précipitai sur la baie vitrée que j'ouvris en grand.
- ARRÊTE TES BLAGUES POURRIS NEL ! Ce n'est PAS DRÔLE ! Sort de la pénombre crétin !
- De quoi vous parlez Linoa ? Je suis ici, derrière vous.
Doucement, je me retournai. J'avais la désagréable impression d'être dans un cauchemar.
Nel me regardait avec étonnement.
- Qu'est-ce qui vous arrive ? s'enquit-il. On dirait que vous avez vu un fantôme.
- Mais... tu... tu étais... là... je... j'ai vu deux yeux rouges !
Pour accompagner mes paroles, je montrai l'obscurité du doigt.
- Je n'étais pas dehors, répliqua-t-il, mais dans le dortoir et vous le savez très bien. De plus vous ne pourriez pas voire mes yeux dans l'obscurité.
- Pourtant... pourtant j'en ai vu une paire là ! Juste là !
- Vous avez du rêver.
- Non ! Je n'ai pas rêver ! insistai-je. Ils étaient là !
- Calmez-vous !
Il se précipita sur moi pour m'attraper les épaules avant de plonger son regard dans le mien. Pour être franche, ses yeux rouges pâles ne m'aidaient par vraiment à me relaxer.
- Tiens, qu'est-ce qui se passe ? s'enquit une voix familière.
- Elle a eu un moment de somnolence, répondit Nel.
- Je n'ai pas rêvé ! répliquai-je immédiatement. Il y avait une paire d'yeux rouge dehors !
- Des yeux rouges...
Mon attention tomba entièrement sur Callen.
- Ça te dit quelque chose ? demandai-je.
- Ah... non... rien du tout, répliqua-t-il, mais on devrait s'installer dans la petite cafétéria.
Son regard émeraude se plongea dans le mien, me calmant immédiatement.
- On n'aura qu'à fermer les volets, rajouta-t-il. Comme ça se sera mieux, n'est-ce pas ?
J'acquiesçai.
Il me sourit, s'approcha de moi et me prit délicatement la main sous le regard meurtrier de Nel.
Je poussai un long soupir, devinant sans aucune difficulté la raison d'une telle réaction.
- Euh... Quelque chose ne va pas Nel ? l'interrogea Callen surprit. J'ai fait quelque chose qu'il ne fallait pas ?
Me lâchant les épaules, l'obscurien secoua doucement la tête avant de répliquer :
- Non... Non ce n'est rien. Je vois le mal partout en ce moment.
Callen haussa les épaules puis m'entraîna dans la petit salle suivit par Nel. Ils fermèrent ensuite les volets tandis que je m'installais à une table. Immédiatement je me sentis plus en sécurité.
- Où sont les autres ? m'enquis-je.
- Eve s'est fait attraper par les jumelles Harmonie, répondit Nel en s'asseyant en face de moi. J'ai voulu l'aider mais elle a refusé. Quant à Astroméria, un rouquin l'a abordé. Je me souviens pas de son prénom... enfin ça sonnait comme « Salamandre ».
- Cassandre, affirma Callen en prenant place à côté de moi.
- Cassandre ? demandai-je au même moment.
Le brun se tourna vers moi.
- Tu... tu le connais ? s'étonna-t-il.
- C'est mon frère.
Il avait l'air complètement perdu à présent.
- Mais... mais je ne vous ai jamais vu parler ensemble ! Vous vous évitez ?
- Si on ne le faisait pas, on se bagarrerait tout le temps !
- C'est impossible ! Vous avez juste quelques mois d'écarts et puis...
Il pointa du doigt Nel qui semblait écouter la conversation avec beaucoup d'attention.
- ... il devrait le savoir non ? Tu m'as dit que sa famille était amie avec tes parents.
- Biologiques.
- Hein ?
- Sa famille était amie avec mes parents biologiques.
Il sembla réaliser.
- Ah... pardon. Je ne savais pas.
- Ce n'est pas grave, répliquai-je doucement.
Puis je soupirai :
- Finalement il n'aura pas eu besoin de moi.
- D'ailleurs votre frère adoptif veut quoi à Astroméria ? me demanda Nel.
- Oh, juste l'aborder. Tu sais Cupidon a frappé...
- Cupidon ? répéta-t-il. Ce n'est pas un ange ? Mais c'est un habitant de l'Harmonie alors !
J'allais répliquer mais il ne m'en laissa pas le temps.
- Théodore, c'est lui qui a frappé votre frère c'est ça ? Il l'a fait devenir complètement suicidaire ? Il...
- STOP !
Il s'arrêta immédiatement et me fixa.
- Nel, Cupidon est un figure de la mythologie. Il n'existe pas...
C'est à ce moment que je réalisai que je ne pouvais plus vraiment dire ce qui était réel ou pas au vu des récents événements.
- ... ou peut-être, je n'en sais rien. Mais bref, je l'évoquai pour sous-entendre que Cassandre est amoureux d'Astroméria.
- Ah... il est suicidaire de nature.
- C'est sûr... confirma Callen. Quand on voit les catastrophes qu'elle produit...
- Elle ne doit pas en faire en AP car il ne semble pas au courant, déclarai-je.
- Et pourtant...
Je fixai le brun.
- Elle en a fait une ? m'étonnai-je.
Pourquoi est-ce que je suis encore surprise ?
- Pas plus tard qu'aujourd'hui, la prof de maths lui a demandé d'aller au tableau.
- Oh l'erreur ! m'exclamai-je.
- Elle résolvait son équation trigonométrique quand elle a fait un pas sur le côté...
Il laissa un moment de suspense avant de continuer à toute allure :
- ... elle a perdu l'équilibre. Elle a tenté de le récupérer en vain et elle a finit par tomber sur la prof.
- Ah ouais quand même... murmura Nel.
- Et c'est pas tout ! On pouvait suivre son trajet : durant sa catastrophe, la mine du marqueur est resté contre le tableau, rajouta-t-il en mimant le dessin du bout de son index. L'amour rend aveugle.
- À croire que cette expression ait été fait pour mon frère, rajoutai-je.
Soudain la porte s'ouvrit.
En parlant du loup...
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*ECE ( Évaluation des Compétences Expérimentales ) : c’est une épreuve pratique du Bac S où il faut faire une expérience ( en SVT et en Physique-Chimie ) avec certaines verreries et/ou logiciels vu le long de la première et de la terminale.
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