Plus tard,

Lanilla avait disparu. Enfin, je supposais qu'elle était rentrée chez elle.

En entrant, Taliane avait sauté à mon cou.

Attachée à une chaise, la femme au katana restait silencieuse.

Malgré tout le boucan que provoquait notre groupe dans le salon, Philippe continuait de dormir.

- Il a du s'inquiéter. Murmura Yuki en s'approchant de lui.

- Alors c'est là que vie l'héritière du Chaos. Déclara Éden en admirant le salon. Pas très luxueux et grand.

- C'est pas grand mais c'est remplit d'amour familiale ! Répliquai-je.

- Ouh.. ! Ça sert à quoi ça ?

Le son de la télé rugit dans le salon.

- Volt ! Nous exclamâmes Eve, Éden, Callen, Cassandre et moi.

- Ah… Désolé... Comment on fait pour baisser le son ?

Naos s'empara de la télécommande.

- Il me semble que c'est ce bouton...

Le son baissa alors.

- « Flash spécial. » Annonça la présentatrice de la chaîne locale. « De nombreux événements inexpliqués se sont produis ce matin... »

Des images du parc et de certaines rues remplient de glace apparurent à l'écran.

- Je crois qu'on a peut-être un peu trop utilisé nos pouvoirs... Lança Naos.

- Éden a trop utilisé ses pouvoirs. Rectifia Eve.

- Quoi ? Répliqua la concernée. J'ai bien le droit non ?

- Eh bien non !

Alors que les deux sœurs se disputaient, l'image d'une autre rue familière passa à l'écran.

- Ça par contre c'est pas nous. Répliqua Volt. On en tout cas pas pour tout ce chantier...

Aurore et moi échangeâmes un regard.

- Linoa... Commença Callen qui nous avait surprit.

Nous sursautâmes.

- C'est quoi ces échanges de regard avec l'autre crétine ? Interrogea-t-il, les bras croisés.

- Rie... Rien... Murmurai-je.

Son regard devient plus insistant.

- Linoa...

- On a rien...

- Qu'est-ce qui se passe ? ! S'exclama une voix familière.

Le regard de mon père tomba sur toutes les personnes présentes.

- Une très longue histoire. Répondis-je.

- Une très très longue histoire. Rajouta Cassandre.

- « L'incendie du manoir Heartless n'est toujours pas maîtrisé. » Annonça la présentatrice. « Toutes personnes détenant des indices est prié d'aller au poste de police le plus proche... »

- Vous... Vous êtes à l'origine de ça.. ? Lança papa en pointant du doigt la télé.

- C'est lui ton père adoptif ? Me demanda Éden. Il sait que tu es une héritière ?

- Euh... Non...

- Non pour quoi ? Me demandèrent à l'unisson la brute et mon paternel.

- Non pour les deux. Répondis-je.

- Enfin pour le manoir... Murmura Éden.

- Mais la ferme ! M'exclamai-je.

Le visage de mon père devient grave.

- LILO, PHILIPPE...

Celui-ci se réveilla dans un sursaut et regarda les environs, perdu.

- ... YUKI, CASSANDRE...

Discrètement, je me cachai derrière Callen dans l'espoir de me faire oublier.

- ... LINOA – CROIS PAS QUE JE T'AI PAS VU TOI !–...

Grillée...

- Tu vas avoir mal à la gorge à force de crier comme ça... Murmurai-je.

- ... DANS MON BUREAU ! Continua-t-il en m'ignorant. OH ET CALLEN TU VIENS AUSSI !

Voyant que nous hésitions, il rajouta.

- MAINTENANT !

Et sur ces mots, il rejoignit furieusement son bureau.

- Eh bien bravo. Lança Éden.

- Oh ta gueule sale brute ! Hurlai-je.

- C'est la première fois que je vois papa autant en colère. Murmura Lilo, les yeux bordés de larmes.

- En même temps votre père nous crois coupable de l'incendie du manoir. Répondit Callen. Et des bouts de glaces et de lianes qui traînent en ville.

- Ok, ça c'est de notre faute. Avouai-je.

- Je peux pas venir moi ! Répliqua Cassandre qui avait encore Astroméria dans ses bras. Je peux pas la laisser !

Eve s'approcha de lui.

- Je vais m'occuper d'Astroméria. Déclara-t-elle. Toi, va voire John. Si vous n'y allez pas pour lui expliquer ce qui s'est passé, vous perdrez sa confiance.

- Mais.. Mais moi je n'ai rien fait ! Répliqua Philippe qui était encore un peu dans les vapes.

- DÉPÊCHEZ-VOUS !

- Bon, allons-y. Déclara Yuki.

Nous nous étions longuement regardé avant de rejoindre la médium. Celle-ci nous attendait devant la porte.

Elle nous jeta un regard avant de frapper.

- Entrez ! Lança-t-il.

Nous entrâmes dans la pièce.

En silence, il nous ordonna de nous placer en face du bureau. Son visage était grave et il n’était pas difficile de déceler la colère dans ses yeux. C’était la première fois que je voyais mon père adoptif avec une telle expression.

Je me sentais mal, horriblement mal. Si bien, que j’évitai soigneusement son regard.

- Je n’ai qu’une question…

Je sentis son regard passer sur moi.

- … Est-ce que vous êtes impliqués dans ce qu’il s’est passé au manoir Heartless ?

- Personnellement, je n’y suis pour rien ! Répondit vivement Philippe.

- Techniquement, nous y sommes pour rien. Ajouta Yuki.

- C’est une histoire assez compliqué. Rajouta Cassandre.

- Eh bien… Commença mon père.

Il se laissa tomber sur le dossier de sa chaise et croisa les bras.

- … Racontez-la moi en détails.

Plus tard,

Il se redressa, visiblement plus calme.

- Cette histoire est la vérité. Rajouta Yuki à la fin du récit.

- Je vous crois. Répondit-il. Mais j’ai deux trois questions.

Son regard tomba sur Lilo qui sursauta.

- Tu ne m’as pas dit pourquoi tu t’es retrouvé dans cette prison.

Tous nos regards tombèrent sur lui.

- C’est vrai, il ne l’a pas dit ! Lança Philippe.

- C’est le seul qui n’a pas raconter sa version des faits aussi. Rajouta Cassandre.

- Je…

- Eh bien, que s’est-il passé ? Insista mon père.

Il poussa un soupir et avoua :

- La personne que devais chercher Callen est une amie à moi. En pleine nuit, hier, j’ai reçu un appel d’elle. Elle était complètement paniquée et terrifiée. J’ai réussis à la faire parler sur le lieu où elle se trouvait prisonnière en lui promettant de la rejoindre. Ce que j’ai fait.

- Tu aurais pu venir me prévenir moi ou la police au lieu de te jeter bêtement comme ça. Le gronda notre père.

- La police n’aurait rien pu faire. Répliqua mon petit-ami.

Immédiatement, le regard de l’adulte tomba sur lui.

- Tiens, pendant que tu ramènes ta fraise, qu’est-ce que tu viens faire ici ?

Callen fronça les sourcils.

- Eh bien, dans ta colère, tu as convoqué tout le monde puis moi…

- Non. Je ne te parle pas de ça.

- De quoi alors ?

Mon père se leva et alla se planter en face de l’espion.

- Pourquoi Yves m’a demandé de te garder chez moi pendant ses vacances ?

- Étant débordés, celui-ci et Azune ne pouvaient pas passer les fêtes de fin d’année avec moi. Ils ont ainsi pensés que se serait bien que je puisse les passer avec Linoa.

- Le mensonge c’est mal, tu le sais ?

- C’est facile de me traiter de menteur sans aucune preuve.

- Ah oui ? Tu te souviens de ta réaction en entendant aux informations qu’une jeune fille avait disparu la nuit d’avant ? Tu as déclarer que tu devais « enquêter » sur le sérial killer et « l’arrêter ». Tu disais avoir « encore échoué » en parlant d’une « mission ».

Callen sembla totalement déstabilisé. Il resta un moment silencieux, cherchant visiblement quelque chose.

- Qu’est-ce que je peux être con. Pesta-t-il si bas que je réussis à peine à l’entendre.

- Alors Monsieur Callen, tu nous expliques ?

- Je ne peux rien vous dire.

Une certaine tension commença à se créer dans la pièce. L’espion, visiblement sur l’offensive, devait se taire sur son secret et mon père voulait le faire parler sur se qu’il cachait.

- Tu ne peux rien dire pourtant Linoa le sait ! Répliqua Cassandre.

- C’est pas pareil ! Contestai-je en foudroyant mon frère du regard.

- Qu’est-ce que tu réponds à ça ? Lança mon père au brun. Pourquoi ma fille le sait alors que ne peux visiblement « rien dire ».

- C’est différents : c’était un échange en bon et du forme de nos secrets respectives.

- Ah… Ce que nous cache Linoa…

Son regard jongla entre nous deux.

- Vous ne pensez vraiment pas qu’il est bon de tout nous révéler ?

Un lourd silence pesa enfin, juste un instant. En effet, Lilo avait décidé de faire une reconstitution du combat que nous avions eu avec Daphné. Remplit d’onomatopée et de gestes sans sens, il tentait d’imiter nos pouvoirs.

En silence, tout le monde le fixait.

- Et là, j’ai crier « à droite ! »

Il imita l’attaque avec un bruit bizarre.

- Et là, un lion est arriver et a poussé Linoa ! Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah !

Il se pencha sur le côté pour faire comprendre que j’étais tombée.

- Et là…

- Merci Lilo mais je crois qu’on a tous comprit que Linoa ne sait pas utiliser ses pouvoirs. Lança Cassandre.

- Hé ! Répliquai-je.

- Des pouvoirs ? Répéta mon père.

- Oui ! Répondit Lilo. C’était des pouvoirs de…

Il sembla chercher le mot.

- « Et maintenant un nouvel épisode des Sorciers à Marseille... » Annonça la télé dont le volume était excessivement fort.

- VOLT ! Hurlèrent les autres en bas.

- Voilà ! Annonça mon petit frère tandis que le son de la TV se faisait lointain. C’est une sorcière !

Le silence s’installa de nouveau.

- Une sorcière.. ? Finit par murmurer mon père.

- Ce n’est qu’une partie. Déclara Cassandre. Et si on repassait plutôt sur Callen ?

Celui-ci lui lança un regard surprit et avec la même tristesse que quelqu’un qui se fait trahir.

- Une partie ? Lança Philippe.

- Ouais. Elle est une sorcière et une sorte de « démone ».

- Quoi ? ! Nous exclamâmes mon grand-frère et moi à l’unisson.

Comment il sait ça lui ? !

- Linoa, nous en parlerons après. Annonça mon père.

Son attention retomba sur Callen.

- Alors ?

Le brun croisa les bras en répliquant :

- Je ne peux rien vous dire.

- Écoute, je sais tenir des secrets. Et je connais des gens capable d’en relever.

- Vous allez quand même pas engager quelqu’un pour savoir le misérable petit secret de votre beau-fils ?

- Avoir une « mission » sur le sérial killer de la ville n’est pas un « misérable petit secret ». Mais sache que si j’en arrive à cette extrémité, je ne me gênerais pas pour crier ton secret sur tous les toits.

Ils se fixèrent un moment

- Si je vous le dis vous promettez, toi et tes enfants, de ne rien dire ?

- Je te le promets.

Il le fixa un instant avant de soupirer.

- Je suis un espion de la branche française de l’OAGSI. Avoua-t-il. L’OAGSI est…

- Tu n’as pas besoin de préciser ce point, nous le connaissons tous.

Callen lui fis de gros yeux. Il allait ouvrir la bouche quand Yuki s’exclama :

- Mais je comprends mieux !

Tout le monde la fixa.

- Le fantôme du manoir c’est un ancien espion de cette agence ! Callen, est-ce que tu connais un espion nommé Raphael ?

- Un espion nommé Raphael ? Eh bien, il y en avait bien un que je n’ai jamais connu. Pourquoi ?

- Je pense qu’il appartient à ta famille.

Oulà…

- Pourquoi tu penses une chose pareille ? Lança-t-il d’une voix blanche tandis que je faisais signe à Yuki d’arrêter.

Mais visiblement, celle-ci n’en avait rien à faire de mon « ordre ».

- Le message qu’il t’a adressé ressemble à celui d’un pèr…

- Mes parents biologiques NE M’AIMENT PAS !

La colère et le mépris coulaient de chaque mots qu’ils prononçaient.

- J’ai passé TOUTE ma putain d’enfance à les ATTENDRE !

Un lourd silence s’était abattu dans la pièce. Il n’y avait que Callen qui le brisait à coup de cri.

- J’ai été ABANDONNÉ ! Plus les jours passaient et plus il avait raison !

Il laissa un temps de répit à sa voix qui devenait tremblotante.

- UN BÂTARD ! JE SUIS UN BÂTARD ! JE N’AURAIS JAMAIS DU VOIR LE JOUR !

- Ne dis pas une chose pareille ! Hurlai-je à mon tour.

Je tentai de lui attraper son poignée mais il s’enfuit au même moment.

- Callen !

Mon père m’empêcha de le suivre tandis qu’il ouvrait la porte et sortait à toute allure.

- Mais fais gaffe ! Hurla une voix familière. J’ai faillit me la prendre !

Le regard d’Aurore tomba sur nous.

- Ah… Euh… Bonsoir… Je n’ai rien entendu, je vous le jure…

Et sur ces mots, elle s’enfuit à son tour.

- Papa, il faut que… Commençai-je.

- Laisse-le se calmer. Répliqua-t-il doucement. En attendant, il faut que tu m’expliques cet histoire de pouvoir.

Je poussai un soupir.

Je n’avais plus vraiment le choix maintenant…

Plus tard,

Assis contre le mur, au sec, il regardait la pluie tomber. Il essuya à nouveau ses joues avec la manche de son pull.

Comment pouvait-il encore pleurer à cause de ça ? Son cœur aurait du devenir insensible à cela, non ? Et pourquoi n’arrivait-il pas à étrangler la voix qui répétait inlassablement que ses parents l’aimaient en faîte ? Qu’ils avaient une bonne raison et que ce n’était plus qu’une question d’heure avant qu’ils ne reviennent ?

- Une question d’heure. Pouffa-t-il contre lui-même. Ça fait dix-sept ans maintenant.

- Un petit café ? Lança une voix familière.

Par réflexe, le jeune brun releva la tête.

Il croisa le regard surprit de John ce qui le fit directement détourner le regard.

- Je suis si pitoyable. Marmonna-t-il.

- Arrête de broyer du noir. Répliqua l’adulte en s’asseyant à côté de lui. Et tu n’as pas à te sentir pitoyable.

L’espion prit doucement la tasse qu’il lui tendait.

- Tu n’as pas à avoir honte de pleurer. Rajouta-t-il.

- Si tu le dis. Murmura simplement le brun.

Le silence s’installa un instant.

- C’est la première fois que l’on se retrouve vraiment tous les deux. Déclara John pour débuter une conversation. La dernière fois, c’était quand nous avions fait les courses. Et tu n’étais pas vraiment bavard.

Il poussa un soupir.

« J’espérais en apprendre un peu plus sur lui... »

Son regard se posa sur le brun alors qu’il prenait une gorgée.

- Tu aimes bien le café ? Demanda-t-il.

- J’aime bien. Ça permet de tenir lors de mission nocturne.

- Oh. Tu dois bien être un des rares dans cette famille à bien aimer ça.

- C’est vrai que je n’ai vu que toi et, de temps en temps, Philippe en boire.

- Cassandre a déjà essayé mais il a tout recraché. Il y en a une qui n’a pas rater l’occasion de le charrier.

- Ça ne m’étonne même plus de la part de Linoa.

Le silence s’installa à nouveau mais comme la première fois, John s’empressa de le rompre :

- Et sinon, tu es espion depuis combien de temps ?

Callen réfléchit un instant avant de répondre :

- Sept ans maintenant.

- Depuis tes onze ans ? ! C’est un peu jeune, non ?

Il haussa les épaules.

- J’ai commencé l’entraînement à huit ans et je n’ai eu de véritable mission qu’à quatorze ans. Avant c’était plus des petites missions ou alors on accompagnait d’autres espions.

- Et la personne avec qui tu es duo, tu t’entends bien avec lui ?

Le jeune brun lui lança un regard surprit.

Comment savait-il que les espions étaient toujours en duo ?

Il aurait pu lui poser la question mais il se ravisa. Il n’avait pas la tête à l’interroger.

- Elle s’appelle Esméralda et je m’entends très bien avec elle : nous sommes meilleur ami depuis mes huit ans et depuis ses neufs ans pour elle.

Petit à petit, ils finirent par parler de tout et de rien en regardant la pluie tomber.