Chapitre 4 : pari.
Le silence régnait dans la salle du trône.
Installé sur sa table, l’obscurien continuait son pénible travaille. Si ces calculs s’avéraient exactes, il finirait la paperasse administrative en retard dans un mois.
- Mon carameeeeeeeeeeeeeeel !
Il reconnut immédiatement la voix de sa femme. Celle-ci avait l’air plus joyeuse que d’habitude.
Il se souvient rapidement que Saphir avait traîné de force Taliane à un de ses rendez-vous organisé et comprit la raison de son enthousiasme.
Sa fille avait cédé.
- C’est fantastique !
- Taliane a un fiancé ? demanda-t-il immédiatement.
- Oui et non. C’est encore mieux !
Les deux piles de papiers furent soudain balayées de la table pour être remplacées par le jolie visage de la sorcière. Avec horreur, il se rendit compte qu’il ne finirait pas dans un mois.
- Saphir ! s’écria-t-il dépité. Pour… pourquoi tu as fait ça ? Tu sais combien de temps ça va me mettre à tout ré-organiser ?
- On s’en fiche Kamaël ! C’est à propos de notre fille : elle est amoureuse !
Elle accentua bien le dernier mot.
- C’est pas génial ça ? rajouta-t-elle.
Kamaël poussa un soupir.
- Saphir, je t’avais demandé de ne pas utiliser de filtre d’Amour sur Taliane.
Elle gonfla ses joues.
- Et c’est ce que j’ai fait ! marmonna-t-elle. C’est pas moi qui l’ai forcé à rester dans les bras de ce garçon et encore moins à avoir cette lueur dans son regard.
- Tu le connais ? s’enquit-il.
À force de chercher un fiancé pour l’espionne, Saphir connaissait tous les garçons du château. La rumeur racontait qu’elle commençait à chercher dans le reste du royaume.
- Non, je ne l’ai jamais vu auparavant. Mais étant donné que notre petite Tali le connaît et qu’elle ne sort pas du château…
- Oh, c’est sans doute un espion alors.
- C’est un monde que nous nous connaissons pas au contraire de notre chère fille.
La sorcière n’exagérait pas en parlant de monde. Peu de gens connaissait les espions qui semblaient vivre caché dans les recoins du château. Seul Méthy les côtoyaient et leur donnaient les missions des Grands Nobles.
Les grands yeux bleu de Saphir se remplirent de détermination tandis qu’elle déclarait :
- Je vais retrouver ce garçon et, avec un peu de chance, notre fille sera fiancée dans la semaine !
Et elle couru à vive allure en direction de la sortie.
Le regard de Kamaël se posa alors sur le sol devenu blanc et poussa un long soupir en laissant sa tête tomber sur la table.
- Dit papa, je me demand…
Son fils s’interrompit.
- Qu’est-ce qui s’est passé ici ? s’exclama-t-il.
- Ta mère, répondit simplement caramel.
Puis il soupira :
- Je n’ose imaginer le temps que ça va me prendre pour retrier tout ça…
- Je vais t’aider, déclara-t-il. À deux se sera plus rapide.
Son père releva la tête. Ses yeux rouges brillaient comme ceux d’un enfant à qui on a promis un tour de manège.
- C’est vrai ?
- Bien sûr.
Il se leva en trombe de sa chaise pour se jeter dans ses bras.
- Merci…, sanglota-t-il en le serrant contre lui, merci Nel…
/////
Aurore s’était enfin remis de son expérience culinaire.
- C’était si dégoûtant que ça ? s’enquit Lanilla visiblement déçue.
- Tu peux pas savoir à quel point…, répondit la concernée.
Le regard de la femme tomba sur la casserole qui gisait dans l’évier.
- Tu n’as jamais cuisiné avant ? l’interrogea Callen. C’était qui qui faisait à manger à la maison quand j’étais bébé ?
- C’était toujours ton père qui faisait à manger. Les seules fois où j’ai essayé, il plissait du nez avant de me demander ce que j’avais mit dedans. Il refusait même catégoriquement que je fasse tes biberons.
« À ce point-là ? » s’étonnèrent-ils.
- Quelque chose ne va pas ? demanda-t-elle.
- Ri… rien…, répondit son fils en se forçant à sourire.
- Ça ne va pas du tout !
Lux pointa sa cuillère en bois sur Lanilla en continuant :
- Personne ici à part moi et Théo ne sait cuisiner ! C’est une catastrophe !
- Hé ! répliqua Callen. Moi je sais cuisiner !
Il pointa l’ustensile sur le brun.
- Que sais-tu faire ?
- Des pâtes.
Le regard insistant de Lux le mit mal à l’aise.
- Quoi d’autre ?
- Juste ça…
- TU ES INUTILE !
Sur le coup de la colère, il leva sa cuillère et allait l’abattre sur lui quand une épee de cristal trancha l’ustensile en deux.
- Ne touche pas à mon bébé ! hurla Lanilla.
Callen fixa un moment sa mère, perdu.
- C’est… C’est pas un pouvoir de Luxien ça ? balbutia-t-il.
La Sanroy fixa un instant son arme en répondant :
- C’est le seul pouvoir dont j’ai hérité. D’ailleurs…
Son regard se posa sur son fils. Dans la joie de retrouver et de se faire pardonner par son enfant, elle avait oublié une chose importante.
- … maintenant que j’y repense.
- Repense à quoi ? s’enquit Aurore.
- La hiérarchie des pouvoirs.
Le brun fronça les sourcils.
« C’est quoi ça ? »
- Contente toi d’imaginer cette épée dans ta main mon chaton.
- Si ça te fait plaisir…
Il ferma les yeux et imagina l’armée bleuté dans sa paume. Il l’imaginait si bien qu’il avait vraiment l’impression de la tenir.
- J’en étais sûre, déclara sa mère.
Quand il ouvrit ses paupières, son regard tomba sur sa main.
- QUOI ? C’EST… C’EST IMPOSSIBLE !
Le rire de la maîtresse des illusions résonna dans la cuisine.
/////
- Alors la princesse ? s’enquit Kamaël pour briser le silence qu’il y avait entre lui et son fils.
- Oh… Une tête de mule.
Il fit un petit tas avec les papiers qu’ils venaient de ramasser.
- La pauvre va devoir subir les rendez-vous arrangé de ta mère…, lança la père.
- Elle n’en a pas besoin.
- Elle est déjà avec quelqu’un ?
Nel leva les yeux sur son paternel avant de répondre simplement :
- Maman va hurler.
Caramel grimaça en devinant.
- Un humain ?
Le fils confirma d’un hochement de tête.
- Il faut qu’elle apprenne la nouvelle en douceur et il ne pourras pas venir ici avant un moment. Ta mère serait capable de l’empoisonner… Mais bon, on va s’arranger !
Puis, en reposant son regard sur les papiers, il demanda :
- Et toi fiston, les amours ça se passe comment ?
Silence.
Il posa ses yeux sur son enfant. Celui ne bougeait plus et semblait tétanisé.
- Nel ? demanda-t-il doucement en posant un main sur son épaule. Quelque chose ne va pas ?
Des sanglots retentirent et le père commença à paniquer.
- Que… qu’est-ce qu’il se passe fiston ? J’ai dit quelque chose de mal ?
Le concerné releva la tête, dévoilant deux torrents de larmes.
- Mam… maman va…, balbutia-t-il, va hurler…
Puis il s’enfuit à toute allure de la salle en hurlant :
- JE SUIS DÉSOLÉ !
Kamaël resta un moment surprit.
« Nel aime une humaine ? »
- Espionner Edward ? répétai-je.
Mon père acquiesça.
- Tu es beaucoup trop curieux, lui reprocha Philippe.
- Mais tu connais ton oncle, n’est-ce pas ? répliqua-t-il en posant ses bras croisés sur la table. Il n’est pas du genre à confier ses coups de cœurs et compagnie.
Notre paternel poussa un soupir avant de rajouter :
- Je suis sûr qu’il a déjà eu des aventures…
- Il fait ce qu’il veut de sa vie, non ? lâcha Cassandre. À ce que je sais, il est majeur en France et en Angleterre.
- Mais il est comme mon petit frère et j’aimerais bien savoir ce qu’il se passe dans sa vie. Déjà qu’on a pas beaucoup de ses nouvelles…
- De là à l’espionner…, répliqua Philippe.
- Et s’il avait un problème ?
Notre attention tomba sur Lilo.
- Peut-être que c’est vraiment un rendez-vous galant ! Vu qu’il n’a jamais eu ce genre de rendez-vous, il va être super maladroit et tout et tout, paniqua-t-il. Et du coup, il ne va pas finir avec elle et il va être si triste qu’il va se jeter du ferry !
- Lilo, tu ne crois pas que tu exagères un chouia ? répliquai-je.
- Et puis personne ne nous dit que c’est ce type de rendez-vous, rajouta Philippe en croisant les bras.
- Vu les circonstances, il y a autant de chance que ce soit un rendez-vous entre ami que galant, déclara mon père. Moi, je penche plutôt pour la deuxième proposition.
- Je suis sûr que c’est la première.
Ils se défièrent du regard.
- Je suis rent…
Yuki posa son sac à main sur la table tandis que ses yeux jonglaient entre les deux hommes.
- Qu’est-ce qui se passe ici ?
- Papa et Philippe se disputent à propos d’Edward, répondit Cassandre. L’un pense que c’est un rendez-vous entre amis et l’autre que c’est un rendez-vous galant.
- Si ça continue comme ça, ils vont finir par parier quelque chose, soupirai-je.
- Bonne idée Linoa ! s’exclama notre père.
Hein ?
- Un pari ? répéta Philippe. Mais tu veux que l’on pari quoi ?
Mon père se pencha au-dessus de la table sans quitter son fils des yeux.
- Si j’ai raison, tu devras passer un mois avec moi en expédition.
Notre grand frère sembla rentrer dans son jeu.
- Sinon tu ne devras ne plus partir en expédition pendant cinq mois.
- Marché conclu.
La tension était palpable.
Qu’est-ce que j’ai pas dit !
- Bravo Linoa, ironisa Cassandre. Tu as toujours de merveilleuses idées dis donc !
- La ferme crétin, marmonnai-je, une main sur le front.
- Linoa, Cassandre ! lancèrent les deux hommes en même temps, nous faisant sursauter au passage. Allez espionner Edward.
- Euh… Philippe, c’est pas toi qui était contre tout à l’heure ? lui rappela le rouquin.
- Sauf que c’est différent maintenant, contesta-t-il. Et puis, vous avez juste à ramener la preuve que ce ne sont que des amis.
- Ils ne pourront pas te ramener cette preuve parce que ce n’est pas un rendez-vous entre amis ! répliqua papa.
- Je peux venir ? s’enquit Lilo. Ça l’air amusant !
Mon regard tomba sur lui.
C’est tout sauf amusant Lilo…
- Bon bah moi je vais aller faire des courses, déclara Yuki, ne voulant visiblement pas rester avec les deux hommes.
- Bon Linoa, on va y aller, annonça Cassandre en se levant de table.
Je posai des yeux suppliants sur lui.
- On a pas vraiment le choix.
- Vous n’avez PAS le choix, confirmèrent-ils à l’unisson.
Je me levai à mon tour en poussant un profond soupir.
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