Chapitre 1 : bagarre de Sanroys.
Quelques jours plus tard,
Cela faisait un moment que Yuki se sentait observée. Agacée, elle finit par se retourner et chercha du regard celle ou celui qui l’espionnait. Il ne lui fallut pas longtemps pour trouver une jeune femme à demi-cachée derrière un rayon.
Un fantôme.
La jeune femme, en voyant que la médium l’avait repéré, se jeta à genoux devant elle. Yuki la regarda avec de gros yeux tandis qu’elle joignait ses mains.
– J’ai besoin d’aide ! sanglota-t-elle. Je t’en priiiiis !
La médium poussa un petit cri de surprise quand elle lui « agrippa » la jambe.
– Aide-moi ! J’ai besoin d’aide ! Je veux la retrouver !
/////
– Cet entraînement sera en fait une petite compétition, annonça Lanilla. La première manche consistera à mettre au sol Théo. Puis, vous devrez vous combattre tous les deux. Le gagnant sera celui qui remportera le duel finale. Compris ?
Iris et Callen acquiescèrent. Satisfaite, elle se tourna ensuite vers la blonde.
– Aurore, tu es chargée des illusions. Je te laisse le choix du terrain et des obstacles que tu leurs imposeras. La seule chose que je te demande est d’avantager Théo.
– Ok, répondit la Sanroy sans réel conviction.
– Ah et une dernière chose…
Elle posa son regard sur son fils avant de continuer :
– … N’oublie pas ce que je t’ai appris durant ces derniers jours. Pense bien à ne pas laisser trop d’ouvertures.
Puis elle rajouta à l’attention de ces deux disciples :
– Ce n’est pas un « vrai » combat donc pas avec vos vrais épées mais n’oubliez pas que des coups d’épée en bois, ça fait quand même mal.
Ils acquiescèrent à nouveau puis allèrent se placer au milieu de la pièce avec Théo. Tout aussi motivée, Aurore les rejoins.
– Fais pas ta mauvaise tête ! lui lança Lux, assit à côté de Lanilla.
Elle le foudroya du regard puis se tourna vers les trois combattants.
////
Un homme se berçait près d’un mince filet de lumière dépassant du volet. Il était en piteux état avec ses yeux cernés et ses joues creusés par la faim.
Il semblait nagé dans ses vêtements froissés et sales. Mais cela ne le dérangeait pas tout comme comme sa barbe qui prenait une teinte blanchâtre.
Chaque jour – combien de temps s’était-il écoulé depuis ce faux suicide ? –, il pensait encore et encore à la même chose. Oh, il ne pouvait pas ce concentrer sur autre chose que sur ce désir de vengeance qui l’avait mené dans ce sinistre endroit.
Il avait fait tout ça pour rien.
Ça le faisait rager.
Il avait eu de la chance que Raphael crève. Il ne l’aimait pas trop ce gars-là. Solitaire, doué, d’une logique à toute épreuve et qui s’était mêlé de ces petites affaires avant sa mission fatale. Oh qu’il avait été heureux le jour où il a apprit son décès ! Ce salaud n’avait pas pu révéler ce qu’il savait à son propos !
Puis, ça avait été l’apothéose. Il était considéré comme le meilleur espion de l’agence, il était respecté et commençait même à voire une vie de couple se profiler. Mais voilà que ces petits secrets avaient été dévoilé. Les faux témoignages, les tortures et les interrogatoires interminables .
La personne qu’il croyait être le suspect l’était forcément. Celle-ci savait juste bien cacher les preuves, voilà tout.
Ah… Le bâtard et l’espagouin lui avait bien pourrit la vie en révélant tout ça. Il l’avait même humilié publiquement. Il n’aurait jamais cru que cette brindille aurait pu contrer son attaque et mettre un homme comme lui à terre.
Oh, il se souvenait du regard de dégoût qu’il lui avait lancé. Il avait cru revenir en arrière quand ce mec solitaire l’avait prit à part pour lui cracher qu’il savait tout.
À ce moment-là, il s’était demandé s’il n’était pas le rejeton de Raphael.
Puis, il s’était associé avec cet homme pour se venger d’eux. Il devait les anéantir. Pour cela, il devait lui donner des renseignements sur eux et les heures où ils devaient espionner le Néant.
Des coups à la porte le sortit de ces pensées dans un sursaut.
Il resta alors immobile, priant en silence que la personne parte.
– Ne fais pas le mort, le réprimanda une voix familière. Je sais que tu es là.
Son cœur rata un battement.
Se sentant revivre, l’homme se leva avec ses dernières forces et tituba jusqu’à la porte.
Non, tout n’est pas perdu finalement. Il pouvait se venger.
Il se retint de pleurer de joie lorsqu’il ouvrit la porte sur lui.
– Vous ne m’avez pas oublié…, balbutia-t-il d’une voix tremblotante.
– Bien sûr que non. Oh mais dans quel état tu es mon pauvre !
Ils s’en fichaient de ça.
– Dites… dites… vous allez m’aider à me débarrasser de lui, n’est-ce pas ?
Un grand sourire étira les lèvres de son sauveur.
– Sache que j’accomplis toujours ma part du marché.
//////
Callen évita de justesse l’illusion d’un arbre devant lui. Mais, en conséquence, ne put échapper à la rafale de vent. Il tomba en arrière dans un cri.
Un rire retentit dans la salle tandis que le jeune brun se relevait, énervé.
– AURORE ! hurla-t-il.
Il lui était impossible de savoir où se trouvait la Sanroy qui, telle un caméléon, s’était fondue dans le décor grâce à une de ses illusions.
Enfin un caméléon est muet contrairement à la blonde.
– Qu’est-ce qui t’arrive mon petit Callen ? se moqua-t-elle. On est tombé par terre encore une fois ?
Grâce à sa sérieuse envie de meurtre, l’espion réussit à se concentrer pour essayer de la positionner dans la salle.
Cela faisait au moins la dixième fois que cette enflure le faisait soit tomber soit approcher d’un sceau. Bien entendu, il n’aurait rien dit si Iris subissait le même traitement.
– Ça t’amuse, n’est-ce pas ? lui lança-t-il.
– Oh ! Tu es vexé ?
« Ça a l’air de venir de la gauche... » songea-t-il, concentré sur la provenance de la voix. « Il faut qu’elle continue de parler ».
– Je trouve juste ça injuste de me traiter comme ça.
– Aurore, tu pourrais éviter ce genre de débordement ? intervint Lanilla. On est là pour entraîner Callen et Iris, pas pour que tu t’amuses à maltraiter mon fils.
– Je l’entraîne à son futur, nuance, répliqua la blonde.
Tel un chat qui traqua sa proie, il avança à pas de velours.
– Parce que j’espère sincèrement qu’il a conscience qu’il risque sa vie en sortant avec Linoa. Les habitants de l’Harmonie ne vont pas l’épargner parce que c’est un humain en apparence.
Chaque mots le confortait sur la direction qu’il avait prit.
– Aurore, avoue que ce n’est qu’un prétexte pour t’attaquer à Callen, lui lança Théo.
– QUOI ? Comment tu peux penser une chose pareille ? s’offusqua-t-elle – malheureusement son ton trahissait son mauvais jeu d’actrice –. Je l’adore lui et son arrogance envers moi.
Sa voix devient plus forte comme s’il était face à elle. Il ne savait pas si elle pouvait le voire à travers son illusion mais, en tout cas, elle semblait trop occupée à tenter de persuader sa mère et le Sanroy au pouvoir de sorcier pour se préoccuper de lui.
Il levait autant que possible sa jambe pour préparer son attaque quand Aurore déclara :
– Callen est pour moi un…
Il l’abattit avec violence sur sa cible. L’illusion se détruisit, révélant la blonde qui s’effondra sur le sol. Au bout de quelques secondes, toujours à moitié recroquevillé sur elle-même, elle remonta sur le brun un regard embrasé.
– … un salopard, grogna-t-elle.
Le concerné lui accorda un grand sourire.
Une heure plus tard,
Je tombai à nouveau sur sa messagerie.
Dans un soupir, je raccrochai et me lançai tomber sur une chaise de la salle à manger.
Mon regard tomba sur Cassandre. Il venait à peine de se réveiller et, comme à son habitude, mangeait ses céréales.
Comment je savais qu’il était à peine réveillé ?
Il était encore en pyjama. Celui avec un débardeur où étaient imprimés un petit poussin jaune tout mignon – motif du pantalon qui allait avec – et la phrase « piou piou power ! ». J’avais déjà hésité à l’utiliser lors de nos disputes aux lycées mais je me souvenais rapidement du mien où un nounours était entouré par la phrase « le réveil du nounours ».
Papa pouvait vraiment ce montrer machiavélique.
– Laisse-moi deviner, lâcha le rouquin en levant les yeux de son bol de céréale. Callen ne réponds pas.
– Pourtant il m’a dit qu’il finirait son entraînement à 8h50, soupirai-je. Aurore et lui devaient être là à 9h00 pour qu’on puisse aller en ville tous ensembles.
– Il a peut-être été retenu.
– Et pour quoi ?
Il évita de justesse le coup d’Aurore et tenta de lui en rendre un. Cela rata. Elle en profita pour lui donner un coup dans l’abdomen.
– Arrêtez ! tenta vainement Théo. Votre bagarre ne rime à rien !
Il finit par hausser les épaules avant de rependre une bouchée.
– Je suis pas voyant tu sais.
– C’est ridicule ! clama le Sanroy.
Les quelques sorts qu’il envoya dans l’espoir de les séparer ratèrent.
Les deux « ennemies » avaient chacun encaissés un nombre incroyable de coups. Il ne comprenait pas comment il était possible qu’ils soit encore debout. Bon, ils titubaient mais ils tenaient encore sur leurs jambes !
Dans un coin, Lanilla avait recouvert son front avec sa main, désespérée.
Théo évita souplement le coup d’Iris et répliqua :
– Je jette l’éponge. Si tu veux gagner, bas-les deux.
– Mais c’est super facile ! s’exclama-t-elle réjouie.
La jeune blonde se voyait déjà gagnante. Après tout, il n’y avait que Théo qui résistait à son célèbre pouvoir de persuasion. Callen ? Elle n’avait jamais testé sur lui mais il était impossible que deux exceptions existent dans ce monde, non ?
Elle s’avança près des deux combattants qui, malgré leur apparente fatigue, continuaient de se battre à coups de pieds et de poings.
Elle plaça ses mains serrées près de sa joues et borda ses yeux de larmes. Des yeux de chien battu en bonne et du forme. Pour se donner plus de chance, elle agita doucement ses petites ailes blanches.
– Oh mes pauvres…, minauda-t-elle. Vous ne voulez pas abandonner cette dispute ridicule ?
Ni Callen, ni Aurore trop occupés à se taper dessus ne remarquèrent Iris. Et si ils ne plaçaient pas leurs attentions sur elle alors ils ne se laisseraient pas piégés.
Elle allait perdre.
Elle était si près du but.
Non, elle ne pouvait pas abandonner maintenant !
– REMARQUEZ-MOI !
Elle accompagna ses paroles par deux violents coups de poings. Un toucha Callen et l’autre Aurore.
Le coup de trop.
Les deux, sonnés, tombèrent lamentablement au sol tandis que le rire de Lux s’élevait dans la pièce.
La blonde les admira un instant avant de réaliser qu’elle les avait mit K.O. Un grand sourire étira ses lèvres.
– J’ai réussi ! clama-t-elle ravie.
– On a du boulot…, soupira Lanilla.
– Et… et je n’ai même pas utilisé mon pouvoir de persuasion ! se rendit-elle compte avec émerveillement. Hé ! Lanilla ! Je les ai battus à la loyale !
Puis elle se tourna vers Théo et lui montra son poing.
– Je peux te battre maintenant ! Prends garde à toi !
Le concerné fit quelques pas en arrière, les mains en avant pour lui demander de ne pas l’attaquer.
– C’est bon, on a compris Iris.
– C’est bien le seul point positif…., chuchota la mère de l’espion en posant son regard sur les deux vaincus qui gisaient au sol.
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