La crémaillère

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J'avais toujours trouvé les hôtesses de l'air gentilles et douces. Elles l'avaient toujours été avec moi et ce jour là, elles l'étaient toujours. Surtout avec mon père d'ailleurs qui tenait la main de Tom dans la sienne. On aurait pu croire qu'ils étaient vraiment de la même famille tellement ils se ressemblaient de dos. Tom imitait la démarche de mon père où je ne m'y connaissais pas. 
-Tom, tu veux aller à côté de Sarah ? Elle a peur quand l'avion décolle et je ne veux pas te laisser tout seul.
-Ça peut aller Papa. Vraiment. 
-Oh mais non Sarah, je vais venir à côté de toi, d'ailleurs, j'ai quelque chose à te demander. Pourquoi tu as pris autant de valises ? On part que deux jours.
L'homme en face de moi, se mit à sourire.
-Tom, tu ne comprendras jamais, n'essaye pas. Je n'ai toujours pas compris moi-même.
-Bah écoute si toi tu n'étais pas habituée à retirer les soutiens-gorges, tu comprendrais que ça prend de la place dans une valise et qu'il faut être prêt pour toutes les occasions. J'étais bien contente d'avoir des vêtements de rechange la dernière fois qu'on est venus. 
-Si tu pouvais éviter de te noyer, moi ça m'irait.
-Très drôle papa. Haha. Je suis morte de rire.
Tom s'installa tout de même juste à côté de moi et il glissa sa petite main dans la mienne pendant le décollage. 
-Papa ?
Mon père se tourna vers moi.
-Si on se crashe, je voulais que tu saches que tu es l'adulte que j'aime le plus sur cette Terre. Et ça ne changera pas. 
Il sourit me caressa la joue, mais cela ne l'empêcha pas de dire que Tom et moi étions au centre de son univers. Il ne pouvait pas dire autrement, je le savais et je sentis dans la pression que Tom exerça sur ma main que le petit garçon était ému. Je fermai les yeux au moment du décollage. Le dernier Miller à m'avoir donné la main comme ça, c'était Brian, en se rendant au Texas.
-N'aie pas peur Sarah. Je suis là. 
Tom posa ses lèvres sur moi pour me rassurer et je tournai mes yeux vers lui. 
-Je te protègerai toujours, me promit-il. 
-Je t'aime Thomas Miller. 
-Moi aussi. 
Tom se déplaça près de mon père dès que je lui lâchai la main. Je regardai à travers le hublot pensant à Marc que j'avais laissé à Los Angeles..

Il était arrivé tôt le jeudi soir et mon père lui avait ouvert la porte. J'avais voulu l'en empêcher mais mon père fut étrangement calme.
-Tu as eu le temps de rentrer chez toi avant de venir ?
-Oui monsieur.
-John. Voyons. Je te connais depuis ta naissance. Tes parents vont bien ?
-Oui, d'ailleurs ma mère m'a donné ça pour vous. Salut Sarah ! Tu es ravissante.
Mon père s'était retourné vers moi et m'avait observé. Je ne portais rien de particulier. J'étais habillée tout à fait normalement mais cela me fit un peu rosir de voir le regard de mon père ainsi posé sur moi.
-Oui, tu es ravissante, comme toujours. Vous allez au cinéma ? 
-Oui Papa. Je te l'ai déjà dit.
-Elle a cours demain Marc, ne traînez pas trop longtemps, dehors.
-Je vous la ramène après le film.
-S'il y a un imprévu, et que tu découches, envoyez-moi un SMS, d'accord ?
-Oui Papa.. Bonne soirée à vous. Vous embrasserez Martin pour moi, d'accord ?
Mon père opina du chef et il nous ouvrit la porte d'entrée. Marc m'ouvrit la portière de sa voiture et il démarra au quart de tour. 
-Martin ? 
Je tournai les yeux vers lui. J'avais l'impression qu'il était jaloux. Était-ce dans sa nature ? Je ne trouvais pas juste de le laisser mariner plus longtemps que nécessaire.
-L'oncle de Brian et Tom. Il est.. adorable.
-Ah oui, je crois que tu m'en avais parlé.
Hum, non. Je ne pensais pas avoir parlé de l'oncle de Brian qui ressemblait à Matt Bomer. Mais bon, je n'allais pas le détromper, surtout qu'il changea de sujet assez rapidement.
-Tu sais que tu es sexy ? 
-Non. Mais si tu me le dis Marc, je te crois. On va voir quoi comme film ?
-Est-ce que tu as vraiment envie d'aller au cinéma ?

-Tu as autre chose en tête ? 
-Je voulais juste savoir parce que j'ai un peu l'impression d'avoir imposé le programme.
-Tant que je suis avec toi, tout va bien.
Il posa sa main sur ma cuisse et la serra. Nous arrivâmes devant le cinéma. C'était un vieux film qui passait. J'adorai les vieux films. Il n'y avait pas beaucoup de monde dans la salle. Au milieu du film, je me mis à observer mon petit ami. Il tourna presque immédiatement ses yeux vers moi et il m'embrassa. Je n'avais jamais fait ça. Embrasser quelqu'un au cinéma. C'était amusant. Et puis.. c'était Marc. Je savais que c'était un peu cliché mais.. mon cœur battait plus vite. Je l'aimais tellement. Nous ne regardâmes pas la fin du film, nous étions entrain de nous embrasser comme ce n'était pas possible. Presque comme des préliminaires. Nous fûmes les derniers à quitter le cinéma. Il pleuvait dehors. Nous courûmes jusqu'à sa voiture. Marc passa sa main dans ses cheveux trempés.

-Merde, j'avais l'intention de t'emmener manger en extérieur, c'est mort. C'est le restaurant éphémère là.
-Ce n'est pas grave. Quitte à manger dans un restaurant qui coûte une blinde, on peut aller à l'hôtel. 
Marc me regarda d'un air étrange et il sourit.
-Oui, tu as raison. Allons à l'hôtel. J'ai toujours eu envie d'essayer le room service.
-Tu n'as jamais essayé le room service ? 
-Bah non. Je n'ai eu l'occasion d'aller dans des hôtels qu'assez rarement. 
-Hum. C'est vrai que Papa et moi nous y allons souvent. D'ailleurs.. on est pas là ce week-end. Je retourne à Seattle avec Tom et lui.
-Ah bon ? Vous avez de la chance. De toute façon, j'ai un examen lundi, j'avais des scrupules à te laisser pour réviser.
Nous arrivâmes devant l'hôtel où les Atlas Wild Child s'étaient arrêtés à la Toussaint. Cela me fit bizarre de venir ici avec Marc. Je vis mon oncle Elijah au bar. Il croisa mon regard et eut un mouvement de surprise. Mais il ne bougea pas pour autant. Il était avec une femme. Elle portait une robe avec un décolleté dans le dos vertigineux. Elle avait un chignon coiffé-décoiffé brun. Elle était à deux doigts de tourner la tête vers moi mais mon oncle décala une mèche derrière son oreille. Marc arriva derrière moi et m'embrassa la tempe. Mon oncle l'avait vu et il eut un petit sourire qu'il adressa à son rendez-vous mais je savais qu'il m'était adressé. Marc saisit ma main et nous nous engouffrâmes dans l'ascenseur. Nous arrivâmes devant une petite suite. Je me tournai vers lui. J'avais l'impression d'être de nouveau la Sarah de Chuck. Cette fille insignifiante et vierge. Bon certes, j'étais toujours insipide, mais ça me faisait bizarre. 
-Ça a dû te coûter une fortune, murmurai-je le temps de me redonner une constance.
-Ne fais pas attention à ce genre de détail. Qu'est-ce que tu as ? Tu as l'air d'avoir vu un fantôme.
-Pas un fantôme. Mon oncle. Je vais devoir le supplier pour qu'il ne dise rien à Papa.
-Je ne pense pas que ton père soit dupe sur ce qu'on peut faire de notre temps libre.
-Je préfèrerai qu'il reste dans l'ignorance le plus longtemps possible, tu vois. Déjà que ma belle-mère sait qu'on a couché ensemble sans protec..
-Pardon ? Putain Sarah. Je préfèrerai que tu ne donnes pas de détails sur notre vie sexuelle.
Je le regardai sèchement.
-Je pensais que j'étais enceinte. 
Marc passa au blanc craie.
-Pardon ? 
-Je pensais que j'étais enceinte. Alors, oui, ma belle-mère sait que j'ai eu la stupidité de coucher avec toi sans protection. C'était ridicule et ça ne se reproduira pas.
-Comment ça.. pourquoi tu ne m'as rien dit ?
-J'ai fait le test et il était négatif. Et puis ça ne te regardait pas, pas tout de suite. C'était horrible comme moment Marc et j'ai pas envie de réitérer.
-Tu m'étonnes.. Par contre Sarah.. autant te le dire. S'il y avait un véritable accident... je t'abandonnerai pas. Et si tu décidais de garder le bébé, on l'élèverait ensemble, évidemment. 
-Tu es sérieux ? 
-Oui. 
-Et tes études ? 
-Je ne serai pas le premier. 
Il s'approcha de moi et il me tira vers lui. Il leva ma tête.
-Il va falloir que je te le dise en combien de langues que je t'aime ? Mais, si on pouvait éviter de faire des enfants avant la fin de nos études, ça m'arrangerait c'est vrai.
-Moi aussi. Mais ça veut dire que tu as payé cette chambre pour rien alors..
-Tu crois ça ?
Je poussai un cri quand il me souleva pour me pousser sur ce lit. Il éteignit toutes les lumières. Je trouvais ça troublant. Parce que Chuck avait fait la même chose. Sauf que Chuck n'était pas Marc. 
-Je t'aime Marc. 

J'étais entrain de me reposer sur son torse. Je m'étendis et je pris mon téléphone. J'envoyai un message à mon oncle. Si tu dis à Papa que je passe la nuit avec toi, je ne dirai rien sur la meuf avec qui je t'ai vu en rendez-vous. J'attendis quelques minutes et Elijah me répondit. Okay. Je lui dis que tu es avec moi. Passe une bonne nuit. Il précisa son numéro de chambre. Je l'adorai.
-On peut rester là toute la nuit.
-C'est vrai ? Je t'emmènerai au lycée demain. Attends.. il faut que je sorte une minute.
-Pourquoi ?
-Je n'avais pas plus d'une capote et je compte bien t'envoyer au lycée en ayant fait une nuit blanche.
-T'es con. 
Je ris tout de même et il se rhabilla. Je profitai de son absence pour prendre un bain chaud. Mon téléphone vibra. C'était Brian. Il ne m'appelait jamais.
-Oui ? 
-Avoue, tu vas t'envoyer en l'air toute la nuit ?
-Pardon ? 
-Genre. Tu vas rester avec ton oncle alors que tu es avec ton mec ? Tu peux parler en toute sécurité, je suis parti chercher de la glace à la vanille.
-Pourquoi je te répondrai ?
-J'ai passé une partie de ma nuit avec ta tête sur moi, sur un toi, et le reste de la nuit, tu as dormi dans mon lit. Vas-y réponds. Sinon, je dis à John que tu te fous de lui, or, il me croit toujours sur parole.
-Ouais, j'avais oublié que tu avais manipulé mon père. Et pour ta gouverne, oui, je suis dans un hôtel. Plus exactement, je suis dans mon bain. Avec pleins de mousse.
-T'as de la chance.
-Attends, Brian, ne dis rien s'il-te-plaît.
-Sarah. Je vais chercher de la glace à la vanille pour passer un bon moment en famille. Je n'ai pas l'intention de tout gâcher en prouvant à ton père que tu es une menteuse. 
Je ne dis rien pendant une ou deux secondes.
-Si j'étais toi, je prendrai de la glace vanille caramel noix de pécan. C'est la préféré de Papa. On se voit demain au lycée ?
-Profite bien de ta soirée Sarah.
Il raccrocha et je plongeai dans mon bain. Il y avait un grand miroir en pied. Depuis la baignoire, je voyais mon reflet. J'avais des cernes sous les yeux. Je sortis du bain, m'enveloppai dans une serviette moelleuse avant de retourner dans la chambre. Je mis de la musique et je dansai en serviette. Quand Marc arriva, il avait de la glace dans un sac. 
-Je t'adore. Tu le sais ça Sarah ? Je ne pensais pas un jour que je trouverai ma meuf dans une chambre d'hôtel entrain de danser en serviette.
-Si tu préfères toute nue, ça peut s'arranger..
Je laissai glisser la serviette. Je ne m'attendais juste pas à me prendre les pieds dedans et à m'écraser sur le sol comme une idiote. Marc se mit à rire et il m'aida à me relever. 
-Tu es un peu maladroite.
-Oui, c'est ce que me dit Tom régulièrement. Et pourtant.. c'est bizarre parce que je suis bonne au base-ball. 
-Tu sais que quand tu rougis, tu rougis aussi sur le torse ?
Je me cachai et il se mit à rire.

-Mais je trouve ça mignon. J'aimerai te prendre en photo.
-Toute nue ? Je ne suis pas pour..
-Je voulais dire.. pas en photo avec mon téléphone. Mais une photo artistique avec mon appareil photo. Tu sais, j'adore ça. Faire de la photo. J'ai toujours aimé ça. J'ai même une chambre noire à la maison.
-C'est vrai ? Pourquoi tu ne me l'as jamais dit ?
-On a jamais eu vraiment l'occasion de parler de nos hobbies. Mais on a tout le temps pour ça n'est-ce pas ? Toujours est-il que j'adorerai te prendre en photo.. nue, avec des habits.. comme tu veux. 
-Okay. Mais je veux qu'on signe un contrat.
-Un contrat ? 
-Si je fais une photo de nu. Je veux qu'on signe un contrat afin qu'elle ne se retrouve jamais sur internet sans ma permission préalable. 
-Je comprends. Tu as peur que je sois du genre à faire du porn revenge
-Non. J'ai confiance en toi, mais c'est dans les autres que je n'ai pas confiance. Tes potes pourraient tomber dessus. Et puis, ce n'est pas mon petit ami qui me prend en photo, mais l'artiste qui sommeille en toi. 
-Je comprends Sarah. On va faire ça. Tu vas demander à ton oncle de rédiger le contrat, j'imagine. Tu n'auras qu'à me le donner à signer, je ne vois pas de souci là-dedans. Vraiment. Si ça peut te sécuriser, je suis prêt à tout. 
-Okay. Je me sens.. 
-Oui.
-Je me sens vulnérable. Là, tout de suite. je me sens vulnérable.
-Je pensais que tu te sentais nue. 
-C'est en partie parce que je suis toute nue et que toi tu es tout habillé. Je n'aime pas me sentir vulnérable. Je le suis suffisamment le reste du temps.
Marc posa le sac qu'il avait et il retira ses vêtements un à un. J'observais ses gestes, tout en me cachant avec la serviette.
-Tu es super jolie Sarah. Tu n'as pas besoin de te cacher.
-En fait, j'ai froid.
Bon, je mentais. Mais Marc embrassa mon cou et fit de son mieux pour me réchauffer. Ça me faisait bizarre de dormir avec lui à l'hôtel. Le lendemain matin, j'étais claquée et mon oncle Elijah le remarqua tout de suite quand nous descendîmes prendre un petit déjeuner.

-Ton plan cul n'est pas là ? demandai-je en guise de bonjour juste avant de l'embrasser sur la tempe.
-Mais le tien est là, je pense que c'est mieux. N'est-ce pas fils de Line et de Benjamin ?
-Il s'appelle Marc. Et ce n'est pas mon plan cul, c'est mon petit ami.
-Oui, mais là, je veux noter le fait que je vous ai couverts et que vous me devez une fière chandelle. Mais je dois avouer jeune homme que vous avez bon goût. Vous avez dû vous ruiner mais vous avez bon goût. 
-Merci monsieur Evans.
Elijah sourit et il parla totalement d'autres choses. Il fit parler Marc, sur ses études et moi j'écoutais doucement. Nous ne parlions jamais de la fac avec lui. D'ailleurs nous ne parlions pas de grand chose. Enfin... moi je parlais et lui m'écoutait. Et nous faisions l'amour aussi. Beaucoup. D'ailleurs, c'était notre première vraie sortie la veille. Le téléphone de Marc sonna et il s'excusa avant de s'éloigner. De loin je vis qu'il disait Maman. Hum. Avait-il prévenu ses parents qu'il découchait ? 
-Sarah ? Qu'est-ce que tu as ?
-Je pense que Marc va se faire défoncer par sa mère.
-Non. Qu'est-ce que tu as, toi. ? Tu m'as l'air.. anormale. Vraiment. Tu es pâle, je te trouve fatiguée, et je sais que ce n'est pas à cause de ta nuit. Tout va bien à la maison ? 
-Oui. Je suis désolée Eli, mais il va falloir que j'aille en cours. J'ai envoyé un message à Sophie pour lui demander d'aller me chercher mon sac, il faut que je la trouve avant les cours. 
Mon oncle sourit et je l'embrassai sur la joue tendrement.
-On part à Seattle ce week-end. On se voit la semaine prochaine ? 
-Oui,on dîne tous les deux. Promis.
J'avais envie de fuir. Je ne voulais pas être l'objet d'un interrogatoire en règle. Pas avant de partir en WE à Seattle. Je ne voulais plus pleurer pour rien et je savais qu'avec Elijah, j'allais avoir une autre crise de larmes. Je le savais.

-Sarah ? 
Je tournai les yeux vers mon père et je vis l'hôtesse qui me regardait. Elle voulait savoir si je voulais boire quelque chose.
-Un jus de pommes, ce sera parfait. Je suis désolée, j'étais dans mes pensées.
-Ce n'est rien, sourit l'hôtesse avant de repartir.
Mon père lui, ne trouvait pas que c'était rien. Le regard qu'il me lança me le fit comprendre. Je pris mon ordinateur et je travaillai un peu sur une étude de texte que je devais rendre pour le mercredi d'après.. du moins jusqu'à ce que mon père s'asseye près de moi.
-Tom vient de s'endormir. Tout va bien ? 
-Oui, mais ça me saoule. Je dois faire un travail en espagnol et j'ai l'impression d'être une cruche. J'arrive pas. 
-Donne-moi ça. 
Je lui passai mon ordinateur et je posai ma tête sur lui pendant qu'il lisait le texte et les réponses apportées en corrigeant les fautes au passage. 
-C'est pas mal, tu y es presque.
-Mais je trouve pas le vocabulaire. Je suis fatiguée, je pense.
-Tu as passé une bonne nuit avec Elijah ? J'ai été surpris de son message mais en fin de compte, c'est bien que tu l'aies vu.
-Oui, très bonne. Il m'a l'air en pleine forme. Tu as des nouvelles de son projet d'appartement ou de maison ?
-Non, pas du tout. C'est quoi cette histoire ?
-Il m'a dit qu'il voulait acheter un appartement ou une maison selon ses finances.. pour revenir s'installer ici.. tu n'étais pas au courant ?
-Non, répondit sèchement mon père.
-J'ai l'impression d'avoir fait une gaffe énorme. Je ne veux pas que tu te fâches contre Elijah parce qu'il ne t'a rien dit. Je ne suis même pas sûre qu'Eric et les autres soient au courant. Oh merde. Ça devait être un secret.. 

Je me mordis l'intérieur des joues et je baissai les yeux. Mes mains se mirent à trembler.
-Sarah. Pas besoin de te mettre dans des états pareils. Ce n'est rien, je ne dirai rien à Eli, et j'attendrai qu'il m'en parle.
Il me prit dans ses bras pendant la demie-heure qui suivit. Sans me demander d'explication. Il me parla de son travail. 
-Papa. J'aimerai que tu me payes un prof pour les matières où je suis moins bonne. Si je ne m'améliore pas maintenant, je ne pourrais pas remonter et je ne pourrais pas aller dans une bonne université. 
-Je vais passer une annonce et je ferai une sélection moi-même. 
-Une sélection ? 
-Tu crois que je laisserai n'importe qui entrer dans ma maison ? On parle de toi mon petit cœur. Je ne laisserai rien, ni personne te faire du mal.
S'il savait...
-Et si quelqu'un te fait du mal, je te défendrai, parce que c'est mon rôle de toujours te protéger.
-Je ne vois pas comment tu pourras toujours me protéger.
-Qu'est-ce que tu veux dire par là ?
-Tu n'es pas toujours là et tu ne seras pas toujours là, au moment précis où j'aurais besoin d'aide. Tu ne peux pas promettre des trucs comme ça.

-Que dois-je comprendre ? 
-Rien de particulier.
-Tu peux me parler de tout Sarah.
-Ce n'est ni le lieu, ni le moment Papa. Ça faisait longtemps que je n'avais pas vu ta chevalière. Tu sais que je la prenais parfois quand j'étais petite avec de la cire pour faire un cachet ?
-Oui, je le savais, et je n'ai jamais rien dit. Je trouvais ça mignon. Dès que nous serons de retour à la maison trésor, on reparlera de tout ça. Je comprends que tu ne veuilles pas en parler devant Thomas.
-Papa ? Est-ce que je peux aller à une fête demain soir ?
-Une fête.
-Tu vois les garçons que je t'ai présenté la dernière fois ? Avec qui j'ai regardé Grey's Anatomy ? ils sont à Seattle et comme ils trouvaient que j'avais une petite mine, ils m'ont invité à aller à une crémaillère et comme ils logent dans le même hôtel que nous, ils me ramèneraient.
-Très bien. Mais j'aimerai les rencontrer avant de manière un peu plus.. formel, si c'est possible.
-De toute façon, ils vont venir me chercher. Tu vas voir, ce sont des gars très bien.
-Je n'en doute pas, sinon tu ne trainerais pas avec eux. 
-Je t'aime papa parce que tu as toujours une foi inébranlable en moi. 
-Et moi je t'aime sans aucune condition. Je ne savais pas ce qu'était l'amour inconditionnel avant de t'avoir. J'étais amoureux de ta mère mais.. je n'étais pas si dupe. Ça pouvait ne pas durer. Mais avec toi.. j'étais de garde. Tu es arrivée en pleine nuit et c'est bien la seule fois de ma vie que j'ai refusé d'aller au bloc. Tu as ouvert tes yeux et j'ai su à ce moment là que je donnerai ma vie pour toi, et que tant que tu irais bien, j'irai bien. Et quand Grand-Mère Amélia t'a vu, tu sais ce qu'elle a dit ?
-Non. 
-Vous m'avez enfin fait une petite fille qui pourra hériter de mes bijoux.
-T'es sérieux ?
-Oui.
Je repensai à certaines des parures de mon arrière grand-mère. Parures que je n'avais jamais eu le droit de toucher. Lol.

-Elle t'adorait.. Je me souviens d'une fois où elle avait pris Duncan et toi sur ses genoux et qu'elle vous avait lu une histoire. Tu lui avais dit qu'elle était ta grand-mère préférée.
-Je ne m'en souviens pas. Mais c'est vrai en plus.
-John ?
Tom était entrain de se réveiller et mon père m'embrassa sur le front avant de retourner auprès du garçon. 
-Dis Sarah..
-Oui Tom.

-Est-ce que tu es vraiment devenue toute rouge en buvant ton jus de pommes ou c'était dans mon rêve ?
-Dans ton rêve. On arrive bientôt lapinou.
Tom fronça les sourcils;
-C'est mieux qu'un oisillon mais tu sais Sarah. Moi je suis un félin, pas un lapin. J'ai pas une queue en forme de pompon. 
-Désolé chaton. 
Tom sourit tout en se penchant sur mon père. 
-C'est la première fois que je vais à Seattle. Je sens qu'on va vraiment beaucoup s'amuser. Et tu sais Sarah. Je nage très bien. Comme ça, si tu retombes dans l'eau froide et dégoûtante, je pourrais te sauver.
-J'ai pas l'intention de tomber à l'eau, mais c'est très prévenant de ta part. 
Arrivés dans la ville, Tom poussa un cri. 
-C'est trooop beeeaaau.
Il sautait sur place et il se fourra dans les bras de mon père. Je souris et je faillis rire. Est-ce que j'avais eu la même réaction en voyant cette ville la première fois ? Même dans le taxi, il était surexcité. Il regardait par la fenêtre et posait des milliers de questions. Mais quand nous arrivâmes au Grand Hyatt, Tom resta silencieux. Il nous donna la main à tous les deux et quand mon père récupéra le pass de la suite, il était toujours aussi silencieux. Il observait tout autour de lui avec de grands yeux, comme s'il voulait imprimer à tout jamais sur sa rétine cet endroit. 
-Thomas, on ne t'entend pas beaucoup. 
-C'est le plus bel endroit que j'ai jamais vu de toute ma vie. Alors je profite. Maman dit toujours qu'il faut savoir se taire pour apprécier les choses de la vie. Alors je me tais et j'apprécie.
Mais quand le groom ouvrit la suite avec 3 chambres qu'il avait loué pour le Week-End, Tom poussa un petit cri.
-Mais c'est giganteeeeessssquuuue ! s'exclama-t-il dans sa seconde langue maternelle.
Mon père était entrain de donner un pourboire au groom. 
-Oui, tu as raison. Choisissez la chambre que vous voulez.
-Je veux celle la plus proche de John. 
-Ça me va, dis-je. Je prends celle de droite alors.
Je pris ma valise et mon sac et je filai dans ma chambre. Il y avait une petite salle de bain attenante.

-Bon, on fait quoi ? dis-je après avoir retiré mes chaussures. On reste ici pour ce soir ? Ou on va se promener ?
-Je pense qu'on devrait se détendre un peu et ensuite on sort. Qu'en penses-tu Tom ?
-D'accord. Je vais ranger mes affaires dans les placards en attendant. 
Il fila dans l'une des chambres et moi je me calais sur le canapé. Je pris mon téléphone et j'appelais Mary.
-Salut !! Vous êtes arrivés ?
-Oui; Papa est entrain d'aider Tom à ranger ses affaires. Vous êtes arrivés vous ?
-Notre avion s'est posé quand vous étiez en vol. Tu vas bien ?
-Oui oui tout va bien, je prenais juste de vos nouvelles. Tu veux que je te passe Papa ? ou Tom ?
Ce dernier passa sa tête dans l'embrasure de la porte. 
-Tu parles avec Maman ?
-Oui chaton tu veux lui parler ?

-Ah oui. Je veux bien si ça ne te gêne pas.
Je lui donnai mon téléphone et j'en profitais pour aller faire un câlin avec mon père. Il était dans sa salle de bain entrain de se laver consciencieusement les mains. 
-Tom appelle Mary. 
-Très bien. J'étais à deux doigts de lui proposer. En fait, j'ai un cadeau pour toi ma chérie. Dans ma valise. Va voir. C'est le paquet emballé. 
-Il ne fallait pas Papa.

J'étais contente tout de même et je ne protestai pas longtemps avant d'aller voir. Il y avait un paquet assez épais et léger à la fois. Je déchirai le papier et je vis une robe splendide. Elle était bleu claire, un peu vaporeuse avec un bustier et de la dentelle par dessus. Je l'avais vu en boutique quelques semaines plus tôt. D'ailleurs, j'étais avec Brian. C'était le jour où il avait décidé de me rhabiller.
-Comment tu as su ???
-J'ai de la chance d'avoir un beau-fils qui prête attention à ce genre de détail. Il m'a dit que tu avais regardé avec insistance une robe et quand j'ai été la voir, j'ai su qu'elle t'irait à la perfection. Tu devrais aller l'essayer quand même. 
-Je pique ta salle de bain.
Je l'essayai et elle m'allait comme un gant. Je me regardai dans le miroir. Je me trouvais mignonne avec, et comme ça ne m'arrivait pas souvent, j'étais contente. Je tournai sur moi-même et je sortis dans le salon de la suite. Tom arrêta de parler au téléphone.
-Sarah. Tu es tellement jolie !! On dirait un ange. 
-Merci Tom.
-Attends Brian, je t'envoie la photo.
Je vis un flash et Tom envoya la photo avant de reprendre sa conversation, comme si de rien était.
-Brian dit, je cite : Tu es potable. Mais je crois que ça veut dire que tu es canon. Non j'interprète pas Brian. Je suis sûr de ce que je dis. Repasse-moi Maman. Elle, au moins, elle sait reconnaître une fille jolie quand elle en voit une.
Je levai les yeux et mon père me fit tourner
-Je ne t'ai pas faite aussi belle pour rien. Tu devrais porter cette robe avec tes amis demain soir. 
-Oui, je crois. Je pense même que Grand-Mère Maddie approuverait cette robe. C'est pour dire !!
-Oui. C'est vrai. Tu sais ma chérie.. je..
-John. Maman veut te parler.
Je lui fis signe de répondre et j'allais me changer. C'était juste merveilleux comme vêtement. Tout en douceur. Mon père aimait me faire des cadeaux. Il ne m'en avait pas fait depuis longtemps d'ailleurs. Et cette robe. Elle était juste parfaite. Chuck allait l'adorer.. Pourquoi est-ce que je pensais à lui tout à coup ? Je me regardai une dernière fois dans le miroir avant de l'enlever. Ce soir là, nous allâmes au restaurant et nous nous promenâmes dans la ville. Mon père la connaissait par cœur. Il répondait à chacune des questions de Tom sans tiquer une seule fois. Il tenait la main du fils de Mary et me donnait le bras de l'autre côté. Il s'arrêta brutalement. Je levai les yeux et je vis que nous étions devant la patinoire de la ville. 
-On y va ? 
Mon père se mit à rire et nous entraina à l'intérieur. Je n'avais pas patiné depuis des années et cela me fit presque peur de tomber sur la glace. Mais ce n'était rien comparé à Tom.
-Je vais tomber.
-Thomas. Je vais te retenir et si tu tombes, je peux te jurer que tu ne te feras pas mal. Aie confiance en moi.
On sentait que mon père en avait fait toute sa vie. Il prit les deux mains de Tom et il l'entraina sur la glace.
-C'est bien mon garçon continue comme ça.
Il n'y avait pas si longtemps, c'était moi qu'il prenait ainsi par la main. Je souris et je pris mon téléphone pour les prendre en photo. Ils étaient si mignons. 
-Je vais essayer tout seul, mais tu me retiens, hein ? 
Tom ne tomba pas. Il poussa un cri de joie, voulut venir vers moi qui étais plus loin et il se retrouva sur les fesses. Mon père le releva immédiatement mais je vis un grand sourire sur ses lèvres. 
-J'ai presque réussi. Je pense que je vais réessayer. 
Ce garçon était persévérant. Est-ce que Brian était ainsi au même âge ? Aussi insouciant ?Je secouais la tête pour m'enlever la vision de Brian Miller de la tête. Je fermais les yeux et je m'élançais sur la piste. J'étais à l'aise sur la glace et depuis que j'avais appris que mon oncle avait fait du hockey sur glace, je me disais que c'était de famille. Avant, je voulais faire du patinage artistique, j'aurais adoré, mais ma mère était morte. Et.. ma joie de vivre s'était envolée avec elle. Je tournai sur moi-même et quand je les rouvris, Tom me fixait avec admiration. Le voir comme ça.. cela me comblait de joie. C'était mon petit frère à moi aussi et j'adorai voir de l'admiration dans ses yeux, et voir que je pouvais être un modèle pour lui. Il patina jusqu'à moi et je le réceptionnais.
-Tu sais quoi Tom. On devrait danser sur la glace.

Je lui pris les deux mains et je tournai avec lui de plus en plus vite. Quand je nous arrêtai, il était rouge de rire. Nous retournâmes sur le bord où mon père parlait avec une dame, qui, manifestement, le trouvait canon. Il y avait des signes qui ne trompaient pas.
-Nous devrions rentrer, dis-je en m'approchant de lui. Tom commence à être fatigué..
-Mais je..
Je lui donnais un petit coup de coude et il se mit à faire semblant de bailler parce que c'était un chouette gosse ce Tom. Mon père salua la dame et me lança un regard soulagé.
-J'en connais une qui aurait bien déchiré ta chemise.
-Si y'avait que la chemise encore. Si tu n'étais pas venue ma chérie, j'aurais pu me faire violer je crois. 
Je me mis à rire parce que vraiment mon père pouvait avoir des réflexions stupides dignes de Brian Miller. Nous rentrâmes à l'hôtel et il racontait tellement de stupidités que je pleurais de rire. C'est à ce moment, alors qu'il était près de minuit, que Tom était claqué (et dormait à moitié dans les bras de mon père) et que mon mascara avait coulé que je vis Owen Bridges entrer dans l'ascenseur. Il ne m'avait même pas calculé.
-Owen ?
Il tourna la tête et je remarquai que ses cheveux roux étaient plus longs qu'avant. Il venait juste de rentrer dans l'ascenseur. Il me fit un grand sourire.
-Désolé, je ne t'avais pas vu. Ça te change vraiment les cheveux courts mais tu es toujours aussi mignonne Choupi.
-Choupi. ?

Il avisa de la présence de mon père qui portait Tom. Ce dernier avait levé le sourcil.

-Pardonnez-moi. Owen Bridges. Je suis un ami de votre fille, se présenta mon ami en tendant la main à mon père qui la serra.
-Ah oui, je me souviens de vous, nous nous sommes vus ici la dernière fois que nous sommes venus à Seattle. C'est vous qui emmenez ma fille demain soir, c'est ça ?
-Oui absolument. Je comptais venir me présenter à vous dans la journée Monsieur. Et vous donnez l'adresse de la fête aussi. Ça me paraissait normal.
-Hum. En effet. C'était très prévenant de votre part, jeune homme.
-C'est très gentil à vous de laisser Sarah venir avec nous, c'était la moindre des choses. 
La porte de l'ascenseur s'ouvrit. Mon père me regarda.
-J'arrive Papa.
-Très bien. Et bien, au plaisir de vous revoir.. Monsieur Bridges.
-Vous pouvez m'appeler Owen. 
La porte de l'ascenseur se referma et Owen me prit dans ses bras.
-Tu vas bien ?
-Oui, super et toi Owen ?
-Mieux depuis que je t'ai vu. Les autres arrivent demain, je crois. C'est cool que tu sois là, tu vas pouvoir m'aider à trouver une chemise qui dépote. 
-Une chemise qui dépote... ?
-Ouais. J'utilise des expressions du siècle dernier mais j'assume. Je sors, j'ai envie de bai.. j'ai envie de sortir et j'ai besoin d'être à mon avantage.
-Tu es toujours à ton avantage. Mais je veux bien te trouver une chemise pour baiser si tu veux.

J'arrivai dans sa suite et je choisis ses vêtements avant de redescendre avec lui. Il m'avait donné une enveloppe pour mon père avec l'adresse de son ami. Je trouvais sa réaction très adulte. Et mon père aussi manifestement parce qu'il eut un sourire satisfait. Il était entrain de lire une histoire à Tom dans son lit. Je m'installai avec eux pour l'écouter. Entre mes deux parents, je préférais toujours quand c'était mon père qui me lisait des histoires. Il avait une voix profonde, calme et il faisait des voix différentes pour les personnages. Tom s'endormit et mon père me fit signe de le suivre. Nous nous installâmes sur le canapé.
-Ton ami a l'air de quelqu'un de bien.
-Il l'est.
-J'ai l'impression que je l'ai déjà vu quelque part.
-Il est musicien dans le groupe des Atlas Wild Child. Mais.. je préfèrerai que tu ne le dises à personne. Quand ils sont avec moi, ils apprécient le fait d'être traité normalement. Si tu le dis, Brian pourrait aller le répéter. C'est mon truc à moi. Tu comprends.
-Oui bien sûr que je comprends. C'est notre truc à nous, reprit-il. Ce qu'il se passe à Seattle, reste à Seattle.
-Oui. Voilà. Merci Papa.
-Tu sais que je ferai n'importe quoi pour te faire plaisir. 
-Même jouer du piano ?
Je regardai le piano qu'il y avait dans la suite. Mon père n'avait pas touché un piano depuis des années. Il hocha la tête et il se leva pour jouer. Mon père, cet artiste. Il avait sensibilité quand il jouait et ses doigts frôlaient à peine les touches. Je me levai pendant qu'il jouait pour regarder ce qu'il y avait dans le bar. Une bouteille de whiskey Hum. Je la débouchai et j'en servis un verre à mon père et je la posai à côté de lui sur le piano qui était fermé pour ne pas gêner Tom. 
-Merci ma chérie. Tu veux goûter ? C'est meilleur que tous les alcools blancs dégueulasse et forts que vous prenez vous les jeunes.
-Je veux bien. Mais je ne sais pas si je vais aimer.
-Vu que cette bouteille va me coûter dans 150$, je pense que tu vas l'apprécier.
-Mary te manque ? lui demandai-je en me servant un fond de verre pour goûter.
-Non. Pas encore, j'ai un peu d'elle avec Tom et elle ne me manque pas vraiment quand tu es avec moi de toute façon. Mon attention est accaparé par toi.
-Cet alcool est pas très bon.

Mon père le goûta et il grimaça.
-Non, en effet. On a connu mieux. 
Il se mit à rire et il finit son verre en deux gorgées. Il secoua la tête.
-Tu m'as l'air fatiguée, va te coucher Choupinette.
-Oui Papa. En fait.. tu peux venir me border et attendre que je m'endorme avant d'aller te coucher ?
-Avec plaisir.
J'étais un bébé avec mon père. Mais je trouvais le sommeil rapidement. Quand je me réveillai le lendemain, il n'était plus là. Mais je l'entendis parler dans le petit salon. Il était 8h37. Est-ce que Tom était réveillé ? Je poussais légèrement ma porte et je vis qu'il était au téléphone, debout, entrain de regarder la vue. Il était en caleçon et avait une serviette négligemment posée sur son épaule.
-Essaye de le cuisiner de ton côté. Oui. Tu as eu raison. Je ne vois.. ah oui. Exact. Oui. Oui. Salut. 
Mon père se tourna et il vit ma tête dans l'embrasure de la porte. Il me fit un grand sourire et il m'ouvrit ses bras. En fait, c'était pour ça que ça ne me faisait plus rien de voir Brian ou n'importe quel garçon en caleçon. Parce que je voyais tout le temps mon père en caleçon. 
-Salut beauté, tu as bien dormi ?
-Oui, c'était cool. 
-Tu peux retourner dormir si tu veux ? 
-Tom ne va pas tarder à émerger je pense. Alors, ce n'est pas la peine. Je vais me laver, je reviens dans 15 minutes.
-Tu peux prendre ton temps. Je vais commander un petit-déjeuner.
-Qui a parlé de petit-déjeuner ?

Tom apparut en pyjama. 
-Va te laver avant pendant que je commande. 
-Ohhhh. Je peux te regarder faire ? Je n'ai jamais commandé au room service. 
-Okaaay. 

Je souris. Son enthousiasme était palpable et même mon père rit. J'allais me laver et je m'observais devant le miroir. Mes cuisses étaient vraiment énormes. Il allait falloir que je me mette au régime. Mais pas ce Week end. De toute façon.. grosse pour grosse... Je mis un jean, mon gros sweat d'Harvard et j'arrivai en même temps que le gars du personnel. Mon père s'était habillé. Il tendit un billet de 50$ au serveur. Les 3/4 de mon argent de poche quoi. Mais le petit déjeuner en valait le coup.
-C'est le meilleur petit déjeuner que j'ai jamais mangé.
-Ne parle pas la bouche pleine Tom. 
-Je peux te poser une question John ?
-Vas-y.
-Est-ce que tu pourrais m'apprendre à jouer au base-ball ?
Il n'aurait pas pu faire plus plaisir à mon père. Ses yeux se mirent à pétiller et un sourire illumina son visage. 
-À mon prochain week-end de libre, je t'apprends. Tu vas suer mon garçon. Je ne te lâcherai pas.
-Je ne veux pas que tu me lâches. Brian sera ultra jaloux, ajouta-t-il en faisant la moue. Mais il pourra venir avec nous, n'est-ce pas ? 
-Évidemment. Sarah.. tu es encore dans les vapes.
Je regardai le temps dehors. Je n'avais même pas remarqué. Je rougis et Tom se mit à rire. Le téléphone de mon père sonna et il décrocha à table. Tom lui fit de gros yeux et mon père se leva pour répondre. 
-C'est à dire que je suis en week-end avec mes enfants, Clara. 
-Il y a un souci Papa ?
-Attends une minute. C'est une amie du Swedish Hospital. Elle voulait que je l'assiste sur une opération.
-Bah, vas-y, répondit Tom. Sarah et moi on ira se promener pendant ce temps là.
-Il a raison Papa. Vas-y. Tu ne vas pas laisser un enfant mourir parce que tu es en week-end, tu t'en voudrais.
-Hum. J'arrive dans 40 minutes Clara. Ouais. Comme tu dis. Salut. Bon, je suis vraiment désolé.
-Est-ce qu'on peut assister à l'opération ? demanda Tom avec les yeux brillants.
Il était entrain d'imiter sa mère quand elle voulait quelque chose et je sus que mon père allait craquer. Tom avait de la chance de ressembler autant à sa mère. 
-Okay. Je vais voir, mais autant te le dire tout de suite Tom, ce sera.. sanglant.
-Peu importe, si je n'aime pas, Sarah et moi nous partirons.
Mon père me jeta un coup d'œil et j'acquiesçai. Dans le taxi, mon père expliquait calmement à Tom ce qui allait se passer et je crus que le chauffeur allait faire une syncope. Nous nous installâmes dans une salle au dessus du bloc, et pendant toute l'opération Tom était presque collé à la vitre. Il ne disait rien. Il observait. Jusqu'à ce que mon père sorte du bloc.
-Bah, il va où ?
-Je sais pas Tom.
-Hum.
Il s'assit en tailleur devant la vitre, captivé par l'opération qui se déroulait sous ses yeux.
-Thomas, viens avec moi.
Je sursautai en entendant la voix de mon père derrière moi. 
-Est-ce que je peux vraiment ? 
-Je crois que oui.
Tom suivit docilement mon père et quelques minutes plus tard, je le vis entrer dans le bloc dans une mini-blouse, avec un calot sur la tête et un masque qui lui couvrait la moitié de la tête. Il était super mignon et il me fit un signe. C'était bizarre de le voir comme ça. Il monta sur un tabouret et je pouvais l'entendre.

-Je ne pensais pas qu'un cœur pouvait être aussi gros.
-C'est beau n'est-ce pas ? fit mon père. Approche ta main.
-Tu veux que je le touche ??? 
-
Si tu ne veux pas..
-Tu plaisantes ? 
Tom approcha sa main et la referma sur le cœur. 
-C'est trop cool. C'est le plus beau jour de ma vie. Mais c'est quand même moins cool d'avoir du sang partout après. 
Il s'essuya et se contenta d'observer en posant des questions. Les internes à côté de moi hallucinaient parce que mon père répondait de manière tout à fait normale.
-Un gosse au bloc ? Sérieux ? fit un médecin en arrivant avec ce qui me semblait être des fiches de révisions.
-Arrête. C'est le fils du docteur McAllister.
-Et alors ? Je trouve ça débile, je trouve ça débile.
-J'espère pour vous que vous ne ferez jamais de la cardio en spécialité, lâchai-je.
Ils arrêtèrent tous de parler et le mec qui venait de parler blêmit. 
-Parce que vous n'avez pas l'étoffe d'un cardiochir'. 
-Je peux savoir qui vous êtes pour me dire que je n'ai pas l'étoffe d'un cardio-chirurgien. Et qu'est-ce que vous faites là vous aussi, ce n'est pas un spectacle ici. 
-C'est la fille du Dr McAllister, répondit un homme qui venait d'arriver. Elle devait aller au bloc avant même que vous n'envisagiez de faire médecine. À quel âge avez-vous été au bloc pour la première fois ?
-5 ans.
-Et à quel âge avez-vous eu le droit de toucher votre premier cœur ?
-6 ans monsieur. 
-Il me semble qu'elle est tout à fait qualifié pour déclarer si oui ou non vous ferez un bon chirurgien cardiaque selon les critères de son père. 
-Sauf votre respect, je ne pense pas qu'emmener des enfants soit bien pour leur développement. Je ne vois pas en quoi cela ferait de moi un mauvais un chirurgien cardiaque.
-Le programme de chirurgie cardiaque de mon confrère est le meilleur du pays. Si le Dr McAllister apprend que vous trouvez.. comment avez-vous dit déjà ? Que c'était débile d'emmener des enfants au bloc, de leur enseigner sa passion, son programme vous refoulera. Vous devrez vous contenter de programmes de second rang. C'est peut-être ce que vous voulez après tout. Et pour votre gouverne, j'ai aussi emmené mes enfants aux blocs avec moi et ils sont devenus d'excellents chirurgiens. Vous allez bien Sarah ?
-Oui, Dr Clayrin.
Je le connaissais. Il avait été le mentor de ma mère. Je l'avais vu en photo avec elle et il était déjà venu à la maison quand j'étais plus petite.Il s'installa auprès de moi et me sourit.
-Je me demandais si vous alliez vous souvenir de moi. Si je peux me permettre de vous donner un conseil, si vous partez en médecine, faites de la chirurgie générale. On s'amuse beaucoup plus.
-C'était l'éternel discussion à la maison. Qui a la meilleure spécialité. 
-J'imagine que votre mère gagnait.
-La moitié du temps seulement. 

Mon téléphone vibra alors que certaines personnes prenaient des notes. C'était un message de Chuck. Hâte d'être à ce soir. Moi aussi. J'avais attendu ça toute la journée. Hâte d'être à ce soir aussi. C'était fou comme ils m'avaient manqué. Il me fallait une dose pratiquement hebdomadaire des Atlas Wild Child. Après l'opération de mon père nous nous promenâmes dans la ville. C'était drôle. Tom ne cessait de dire qu'il voudrait habiter là quand il serait plus grand. Je mangeais comme quatre. J'allais prendre du poids, mais peu importait. Mon père aimait me voir manger avec appétit. Tom dégustait chaque plat en roulant des yeux. Nous retournâmes à la patinoire et Tom s'améliorait de minutes en minutes.

-Avoue. Tom c'est le fils que tu n'as jamais eu.
-Ouais j'avoue. Mais j'ai souvenir d'avoir fait exactement la même chose avec toi Choupi. Et tu vaux trois fois plus que tous les garçons que j'aurais pu avoir. 
-Girl Power.
-Si tu veux. 
-Bon, je pense qu'on devrait faire semblant d'être un couple, juste pour faire chier la bonne femme blonde qui te mate depuis tout à l'heure.
-Pardon ? 
-Je protège les arrières de Mary. Et oui c'est comme ça quand on est une famille. 
Je relevai la tête de mon père et frottait mon nez avec le sien. Il était hilare. Je le voyais.
-Tu es un peu toquée toi. Mais je t'aime.
-Moi aussi je t'aime mon cœur, répondis-je un peu plus fort. 
Je relevai les yeux et croisai le regard choqué de la femme. Je la narguai et retournai sur la piste avec Tom. 
-Quand on retournera à la maison, je t'emmènerai à la patinoire si tu veux. Ce sera notre truc. 
-C'est vrai ? Ah oui, j'adorerai. Ce sera notre truc. Je suis d'accord. C'est l'un des meilleurs WE que je n'ai jamais passé. Et ce soir, on ira sur la Spaceneedle pendant que tu ne seras pas là. 
-C'est super. Tu feras attention à Papa n'est-ce pas mon Tom ? Fais en sorte que les femmes ne lui tournent pas trop autour. Ça le met mal à l'aise.
-Ah oui, et ça ne plairait pas à Maman. Or, je lui ai promis de tout lui raconter ce soir avant d'aller me coucher. Tu peux tourner sur toi même comme une vrai patineuse artistique ? 
-Bien sûr. Que ne ferai-je pas pour toi ? 
Je me mis à tourner sur un pied, comme une vraie danseuse. J'avais la tête qui tournait, j'étais euphorique et je l'étais encore plus juste avant qu'Owen vienne me chercher. 
-Papa ? Tu me trouves comment ? 
Mon père se tourna vers moi et s'arrêta.
-Tu ressembles à ta mère comme ça. 
-Merci.
Je savais que dans sa bouche, il n'y avait pas de plus beau compliment que celui-là. J'avais juste maquillé mes yeux. Owen frappa à la porte et mon père lui ouvrit. Je l'entendis depuis ma chambre où je cherchai la pochette que j'avais taxé à Mary. Ils étaient entrain d'échanger des banalités. C'est alors que je remarquai qu'il y avait Keito et Chuck. Tom n'était pas là. Il devait être entrain de se préparer.
-Oh vous savez, tant que vous me la ramenez en vie et sans blessure, il n'y a pas de souci. Tiens Sarah. Tu es là. Amuse-toi bien. 
-Merci Papa. On y va ? 
J'étais comme Tom, surexcitée. L'ascenseur arriva et il y avait du monde dedans. Je me retrouvai collée contre Chuck. 
-N'en profite pas pour la tripoter Chuck. Je t'ai à l'œil, rit Owen en me voyant rougir. 
-Mais non voyons. Et puis si je veux la tripoter, je ferai en sorte de le faire ailleurs que dans l'ascenseur avec vous. 
-Ou alors personne ne me tripote sans ma permission et tout ira pour le mieux dans le meilleur des mondes. Bob ????
Je courus dans ses bras. Cela me faisait tellement plaisir de le voir. 
-Et oui, j'ai été embauché comme gardiens des bébés là.
-Tu vas pouvoir me sauver s'ils essayent de me tripoter.
-Évidemment. Tiens. Regarde ce que j'ai apporté pour toi.
-Ma perruque Lana !! Il y a des paparazzi ?
-Un tas. Il faut dire que quelqu'un de la soirée a tweeté que vous y seriez là les garçons.
-Et merde, lâcha Chuck en regardant son téléphone.
-Désolé Sarah, on ne savait pas, continua Owen. Mais voyons l'intérêt.. tu es rousse comme moi maintenant. Tout le monde va croire que tu es ma cousine.
-Tu veux que je t'appelle cousin. Ça peut se faire. 
-Tiens prends des lunettes, me fit Bob
-Attends. Je vais t'aider.

Chuck se mit devant moi et plaça son écharpe de tel sorte qu'elle cachait mon visage en partie. Mais je crois que le pire c'est que je fus envahie par son odeur. Il sourit et moi aussi. Il avait compris ce que je ressentais à ce moment là. Owen prit mon bras en m'appelant chère cousine, ce qui fit rire Keito. J'aimais bien le rire de Keito. Il était tellement communicatif, que nous étions entrain de rire en sortant sous la foule de fans et de paparazzi. Bob nous ouvrit la porte alors que Chuck et Keito signaient des autographes pour faire diversion, c'est ce que m'expliqua Owen alors qu'il s'engouffrait dans la voiture derrière moi.

-Qu'est-ce qu'on ne ferait pas pour toi ? sourit Keito en entrant dans la voiture.
-C'est gentil merci ! Je vous ferai une tarte pour vous remercier ! 
-Une tarte à quoi ?
-Chocolat caramel noix de pécan.
-Vendu ! soupira Owen. Tu viens de me donner faim là. 
Nous arrivâmes devant un petit immeuble de banlieue. Il n'avait pas plus de 4 étages. Chuck me tendit sa main pour que je sorte de la voiture et il la garda dans la sienne le temps de monter les marches. 
-C'est quoi déjà l'étage ? demanda-t-il dans le hall
-Le dernier, dis-je. C'est le seul endroit où il y avait de la lumière depuis l'extérieur, ajoutai-je en rougissant.
-Tu es trop forte. On prend les escaliers Sarah et moi. Je vous parie 50$ qu'on arrive avant vous. 
Je fixai mes ballerines et je les retirai.

-Vendu, lâcha Owen. On vous laisse un étage d'avance. Allez. Go.

Chuck m'entraina en courant dans les escaliers, c'était drôle. S'il avait pu, je sais qu'il m'aurait porté pour qu'on aille plus vite.
-Quelle idée de mettre une robe !
-Quelle idée de faire un pari pareil ! 
Au troisième étage, nous vîmes les portes de l'ascenseur s'ouvrir et un couple entrer. Owen tirait une tête pas possible. Je lâchai Chuck pour aller plus vite et nous arrivâmes 30 secondes avant l'ascenseur. J'étais morte de rire et Chuck aussi. Nos deux rires se mêlèrent en voyant la tête dépitée d'Owen. J'avisai à ce moment de la présence d'un gardien de sécurité à l'entrée. Je pense qu'il était là juste pour la soirée parce qu'il vérifiait les cartons d'invitations. Chuck rouge de rire, sortit le sien et passa son bras sur mes épaules. C'était un super studio. Il était un peu industriel, décoré avec goût. Il me faisait penser au studio des filles dans Mozart in the jungle. Il faisait très New Yorkais. 
-Chuuuuuck !!!
Je vis une fille se précipiter sur mon ami et sauter dans ses bras.

-Salut Ju. Ça me fait tellement plaisir de te voir. Je te présente Sarah. Sarah, voici notre hôtesse, Ju.

Je ne l'imaginais pas comme ça. Pour moi ces gars là ne pouvaient être amis qu'avec des bombasses et je faisais juste l'exception à la règle. Mais ce n'était pas le cas. La fameuse Ju était belle. Enfin, moi je la trouvais belle. Elle était tout en courbe et en rondeur. Clairement une fille comme Alexandra l'aurait traitée de baleine alors que son surpoids la rendait super sexy.
-La fameuse Sarah. J'ai pas mal entendu parler de toi. Bienvenue à la maison.

Elle avait des cheveux frisés bleus foncés et des lunettes à grosses montures. Elle respirait la liberté. Elle était sûre d'elle. Je la remerciais et elle serra Owen et Keito dans ses bras aussi. 
-Vous m'avez manqué, les garçons !! Toujours avec Miss Bomba Latina Keito ?
-Toujours. D'ailleurs, elle m'a donné ça pour toi.
Il sorti un paquet et la fameuse Ju lui fit un bisou. Visiblement, ils s'adoraient tous les quatre. 

À un moment donné, alors que la fête battait son plein et que les garçons étaient entrain de faire les marioles, je m'isolai sur le balcon. J'avais un verre à la main et je regardai la circulation.

-Alors, tu t'amuses bien ? 
C'était Chuck. Il avait une flûte de champagne à la main et il s'avança vers moi. Il posa la flûte sur le rebord du petit balcon
-Beaucoup oui. Elle est très gentille votre amie.
-Ne sois pas jalouse, me murmura Chuck. Tu es très gentille toi aussi.
-Je ne suis pas jalouse. J'avais juste envie de prendre un peu l'air. Il fait chaud.
-Oui, mais ta petite robe et toi vous allez attraper froid.
Il retira sa veste et la posa sur mes épaules, restant en pull. 
-Tu vas avoir froid.
-Mais non, me rassura-t-il. Et puis, Owen a promis à ton père de s'occuper de toi. Si tu reviens avec un rhume, ce ne serait pas bien. Est-ce que tu m'accorderais cette danse ? 
-Avec plaisir.
Il m'attrapa par les hanches.
-Pose tes pieds sur les miens si tu veux. Tu es un poids plume, tu ne vas pas m'écraser.
Je souris et je posais le bout de mes pieds sur les siens. J'avais les mains froides. J'avais un peu honte. Je posai ma tête sur son torse et je fermai les yeux. Il était entrain de fredonner et je sentais les vibrations de sa voix. Je ne sais pas combien de temps, je restai là, à danser les yeux mi-clos. 
-Alors là, pour le coup, je commence à avoir froid; Viens on rentre.
J'aurais pu le suivre n'importe où. Owen arriva vers nous.
-Tu permets ?
Il m'emmena avec lui près de la console où Keito était entrain de jouer à Just Danse. Il était le vainqueur incontesté, il bougeait son corps avec une grâce inimitable.
-Alors Sarah, tu veux te mesurer au Just King Danse 
-Avec plaisir.
Je n'avais pas joué depuis longtemps. Je devais être un peu rouillée. Je retirai la veste de Chuck et je m'étirai. Nous lançâmes la partie. Je bougeais vite. J'étais une vraie concurrente pour Keito. Je le vis à son petit sourire. Il gagna la première manche mais je gagnai la suivante. Il commençait à fatiguer. Mais il était d'un tempérament de gagnant. Je ne sais pas s'il aurait accepté de perdre sans se battre jusqu'au bout. Pendant la belle, plusieurs personnes s'étaient attroupés autour de nous. Keito gagna avec une très légère avance mais je m'étais tellement amusée que je ne lui en voulais pas.

-Tu t'es bien débrouillée. Pour une fille qui n'est pas une danseuse.
-Merci, tu étais pas mal non plus pour un chanteur. 
Owen éclata de rire alors que je me laissai tomber sur le canapé juste à côté de lui. J'avais fait mon sport de la semaine là. Je tournai les yeux. Je n'avais pas bu une goutte d'alcool mais j'étais crevée. Je vis Chuck danser avec une fille alors que j'étais entrain de parler du lycée avec Owen. 
-Mais qu'est-ce que fait Chuck ? fit leur amie Ju.
-Il danse avec son ex, apparemment. Pourquoi tu l'as invitée ?

-J'ai pas eu le choix en fait. Elle s'est ramenée en tant que +1 d'une amie.
-Son ex ? demandai-je en observant la fille.
Elle avait de longs cheveux bruns rassemblés en une queue de cheval et un corps magnifique. Elle avait une taille ultra fine, des fesses rebondies et des seins. Elle était loin d'être comme moi. Elle portait une robe qui lui arrivait mi-cuisse, dévoilant de longues jambes
-Ouais, il l'a quittée à la fin du lycée. Je ne sais plus pourquoi. Ils étaient en mauvais termes. Ils ne le sont plus apparemment, constata Keito en haussant un sourcil.
-Elle ne doit probablement pas savoir qu'il l'a traité de salope d'arriviste. 
-C'est clair. Et d'idiote incapable d'aimer autre chose que l'argent, ajouta Keito à la remarque de son ami.
-Et aussi de suceuse de bas étage.. 
Les deux garçons se tournèrent vers leur amie.
-Ah vous étiez peut-être pas là quand il m'a dit ça. C'était mon voisin, on se parlait souvent vous savez, ajouta-t-elle pour se justifier.
-Comment va ta petite amie en fait ?
-Super bien. Elle n'a pas pu venir malheureusement, sa grand-mère a fait un infarctus hier. Je voulais annuler mais elle a insisté pour que je le fasse alors..
-Tu es bi ou tu es gay ? lui demandai-je en souriant.
-Vu que j'ai couché avec l'autre andouille d'Owen et que j'ai trouvé ça pas mal du tout... je dirai bi. Mais je ne suis sortie qu'avec des filles pour le moment. J'étais juste curieuse avec Owen. Et c'est un super coup. Mais que ça ne te donne pas des idées surtout, ajouta-t-elle en me regardant droit dans les yeux.
-Non non, je suis déjà prise.
-Je ne savais pas que Chuck avait une copine.

Je rosis et Owen se mit à rire.
-Elle ne sort pas avec Chuck. Elle a son propre petit ami. Marc, c'est ça ?
-Oui, c'est ça. 
La fille me sourit en amenant son verre à sa bouche. Elle n'était pas si dupe que ça. J'avais l'impression qu'elle savait.
-Charles, viens donc t'asseoir avec nous, finit-elle par dire.
Il était accompagné de son ex. C'était une Alexandra en puissance. Elle m'avait l'air plus néfaste que Maeva Monroe. Ju se leva, il s'assit et elle s'assit sur ses genoux. Chuck me fit un grand sourire. Il avait l'air heureux d'être là. Il serra la taille de l'hôtesse de la soirée et elle passa un bras par dessus lui.
-Alors comment va Nathan ? Ma mère m'a dit qu'il s'était foulé le poignet ?
-Ouais, c'est probablement pour ça que je ne vais pas rentrer à la maison avant longtemps. Je squatte chez Owen en ce moment. Mon père est insupportable. Et je ne vais pas te faire un dessin de l'humeur de ma mère quand mon père est insupportable.
-Ah non. Et toi Biz ? Comment vont tes parents ?
-Aucune idée, je ne leur ai pas parlé depuis au moins 3 mois. 
-Ah ?
-Ils ont décidé d'aller habiter dans une yourte en Mongolie ou je ne sais où. Moi et les hippies tu sais..
J'étais un peu choquée de la manière dédaigneuse dont elle venait de parler de ses parents devant une étrangère. 
-En fait, quand est-ce que vous nous jouez un morceau ? continua-t-elle en regardant. 
-Un morceau ? répéta Keito incrédule.
-Bah oui, vous êtes des musiciens non ? 
-Ouais mais.. enfin, on ne va pas bousiller l'espace sonore de tout le monde hein, répliqua Owen. 
-Tout le monde n'attend que ça. Faites-moi plaisir...
Je levai le sourcil et cela n'échappa pas à Chuck. 
-Okay. Sarah, tu as un morceau en particulier que tu veux écouter.
-Heu.. Eye of the Tiger.
Les garçons se mirent à sourire et ils se levèrent. Ju leur désigna une pièce et ils revinrent avec des guitares. Et ils commencèrent à jouer et Chuck se mit à chanter.

Risin' up, back on the street

Did my time, took my chances

Went the distance

Now I'm back on my feet

Just a man and his will to survive

Owen enchaîna et ils chantèrent ensemble le générique, c'était super drôle, on voyait qu'ils s'éclataient. Ils avaient fait abstraction des gens autour d'eux et quand Keito sauta sur la table du salon, Ju leva les yeux au ciel et retira son verre de la table.

It's the eye of the tiger

It's the thrill of the fight

Risin' up to the challenge

Of our rival

And the last known survivor

Stalks his prey in the night

And he's watching us all with the

Eye of the tiger (1)

L'ex de Chuck me fixa alors qu'ils chantaient. Chuck me fit un clin d'œil. Je vis quelqu'un avec son téléphone. Il était entrain de prendre des photos. À la fin du morceau, il y eut des applaudissements, ou plutôt un tonnerre d'applaudissements. Cette soirée allait se finir en un concert privé. À un moment donné, je m'éloignais parce que Marc était entrain de m'appeler. J'allais dans une des chambres pour téléphoner à ma guise.
-Salut belle gosse ! Qu'est-ce que tu fais de beau ? J'avais envie d'entendre ta voix.
-J'ai rencontré des amis et je suis à une fête. Et toi tu fais quoi ?
-Je bosse ma biochimie. C'est vachement moins glamour. Tu vas bien ?
-Oui oui, j'ai passé une très bonne journée. On a même assisté à une opération avec Tom.
-C'est super cool. Je me disais.. ça te dirait de partir quelques jours avec moi ?
-En vacances ? Toute seule avec toi ?
-Hum. Oui.
-Ça me plairait énormément. On devrait s'organiser ça. En pensant que mon père peut éventuellement refuser.
-Tu lui demandes ou tu veux que je le fasse ?
-Je vais lui demander, je suis dans ses bonnes grâces en ce moment. Ce serait juste super et..
J'entendis la porte s'ouvrir et je vis l'ex de Chuck. Elle referma la porte derrière elle.

-Est-ce que je peux te parler ? 
-Marc, mon chéri, je te rappelle tout à l'heure quand je rentre.
-Je t'aime moi aussi. À tout à l'heure. 
-Oui ? Tu veux quelque chose ? 
-Je veux savoir ce qu'il se passe entre Charles et toi ?
-Pardon ? 
-Je veux savoir ce qu'il se passe entre Charles et toi.
-Je ne vois pas en quoi cela te regarde.
-Cela me regarde parce que je suis sa petite amie. 
-Son ex. D'après ses potes. Prends pas tes rêves pour une réalité ma fille. Tu es ridicule.
-Chuck et moi sortons de nouveau ensemble. Sinon je ne serai pas là. Alors je vais te dire les choses extrêmement clairement. Ne t'approche pas de mon mec, sinon je ferai en sorte que ta photo sorte partout. C'est clair et tu tiens à ton anonymat, sinon tu n'aurais pas mis cette perruque pouilleuse. Tu seras détestée. Tu crois que je ne connais pas les filles comme toi ? Tu lui tournes autour mais tu ne l'intéresseras jamais. Il couchera avec toi mais il te laissera, c'est tout. Tu n'es pas de son monde. Tu ne peux pas le comprendre. Alors pas touche. 
Dès qu'elle avait parlé de photo, j'avais pâli. Heureusement que nous étions dans l'obscurité. J'avais l'impression que mon univers venait de s'écrouler.
-Chuck et moi ne sortons pas ensemble, tu m'as interrompue dans ma conversation avec mon petit ami. Maintenant excuse-moi.
Elle me retint par le bras et elle le serra.
-Ne t'approche plus de mon mec.
-Ne me touche pas.
Je me dégageai. Il y avait une ambiance de folie. Je pouvais m'éclipser sans que personne ne le remarque. Je plaquais un sourire avenant sur mon visage et je m'approchai de Ju.
-Merci encore pour cette soirée, elle était géniale.
-Tu pars déjà ? Attends, je vais prévenir les garçons ! 
-Non, je vais prendre un taxi, profite de tes amis. 
-Et bien écoute, ça m'a fait plaisir, tu peux venir quand tu veux. Attends, tiens.
Elle prit une petite carte dans un tiroir avec son numéro.
-Et toi si tu passes du côté de Los Angeles n'hésite pas à m'appeler. 
Je griffonnai sur un papier mon numéro et je lui tendis. Et je repris mon manteau avant de sortir. L'air frais me fit du bien et je marchais dans la rue à la recherche d'un taxi. Mais je n'en trouvais pas. Ou alors je ne faisais pas d'effort pour en trouver un. En fait je venais de trouver la source à tous mes problèmes; C'était moi, le problème. J'étais un problème pour la copine de Brian, pour la copine de Ray, pour la copine de Chuck. J'étais un souci ambulant. Elles ne se connaissaient pas et pourtant elles me détestaient. Le problème venait de moi. 

-Sarah !! cria une voix derrière moi.
Je me retournai et je vis Chuck courir vers moi.
-Attends ! Tu vas où ?
-J'avais besoin de prendre l'air. Je voulais pas te déranger. 
-Ce n'est pas le cas. Qu'est-ce que tu as ? fit-il en approchant de moi.
-Rien du tout.
-Alors pourquoi tu pleures ? 
Je pleurais ? Je n'avais pas remarqué. Je baissais les yeux avant qu'il en voit plus. 
-Je.. Tu devrais y retourner, je cherchai juste un taxi mais je n'en trouve pas.
-Ne me mens pas s'il-te-plaît.
Il me releva la tête et je crus un instant qu'il pouvait lire dans mon âme
-Qu'est-ce que j'ai fait Sarah ? C'est.. 
-Tu n'as rien fait du tout Chuck. C'est moi. Je pense qu'on devrait arrêter de se voir et de s'appeler pendant un certain temps. 
Il allait parler mais il se retint. Il devint très pâle. Il baissa les yeux. J'eus l'impression qu'il était désorienté.
-Donc, finit-il par dire la voix un peu brisée, j'ai bien fait quelque chose de mal. Tu n'avais pas besoin de me mentir. 
Je voulais lui dire mais je tournai les yeux et je vis sa petite amie au bout de la rue avec Bob.
-C'est vraiment moi. Tu n'as rien fait de mal. Vraiment. 
-J'ai l'impression que tu romps avec moi.
-Il faudrait qu'on sorte ensemble pour ça, non ?
J'eus l'impression que je lui filai un coup de poignard en plein cœur. Son visage se ferma et il siffla. Un taxi s'arrêta. Il m'ouvrit la portière. Je lui rendis son écharpe.
-Tu diras bonne nuit aux garçons.
-Oui. 
Il donna le nom de l'hôtel, sortit un billet de 100 et le donna au chauffeur en lui disant de garder la monnaie. Il referma ma portière et je le vis se diriger vers Bob et sa copine. Il ne me jeta pas un regard. Pourtant à sa démarche sèche, je pouvais sentir que je l'avais blessé. Le regard victorieux de sa copine sur ma voiture acheva de me rendre malheureuse. Je me tournai dans le taxi pour le regarder. Il eut un sourire en coin et il remonta dans l'immeuble, la main posée sur les hanches de la fille. J'arrachai ma perruque et je sentis les larmes couler de mon visage. C'était plus fort que moi.. Le chauffeur me tendit un mouchoir d'un air contrit.
-Ça va aller mademoiselle? 
-Oui, merci.
Je sanglotai et je m'en voulais parce que je voyais à sa tête qu'il pensait que Chuck était un connard. Alors que c'était tout le contraire. C'était l'être le plus adorable de la Création. Je l'avais blessé. J'avais été froide, j'avais été cruelle. Et je savais que plus rien ne serait comme avant.

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(1) Extrait de Eye of the Tiger, Survivor, 1982


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