Une absence justifiée
Paul finit par me prendre par le bras et me relever pour me faire quitter le vestiaire. Il passa son bras autour de ma taille pour me retenir. Je savais qu'il ne savait pas quoi dire. Il me sortit du lycée et je vis une Ferrari se garer. Mon oncle en sortit et mon père aussi. Je courus vers eux et mon père m'entoura de ses bras forts et protecteurs. Je n'avais pas vu Brian du premier coup alors qu'il était à côté de mon oncle. Il lui parlait et Eric me demanda si c'était vrai. J'hochai la tête et il remit en place sa cravate avant de marcher à grandes enjambées vers le lycée.
-Je te ramène à la maison Sarah.
-Mais Eric.
-Il va s'en occuper, s'il avait voulu que tu viennes avec lui, il te l'aurait dit. Où sont tes clefs ? Merci Paul, fit mon père en prenant mon sac.
Il en sortit mes clefs et il me serra contre lui jusqu'à ce qu'on arrive à ma voiture. Il me fit monter à la place du mort et il prit le volant. Il conduisit vite et nous fûmes rentrés plus rapidement que jamais. Une fois à la maison, je m'allongeai sur le canapé.
-Je vais attendre qu'Eric revienne et j'aviserai de ce que je vais faire.
-Tu ne dois pas aller travailler ?
-Si. Mais je vais d'abord m'assurer que tu vas bien.
-Je vais bien.
-Non. Non, tu ne vas pas bien. On ne peut pas aller bien quand on se fait rudoyer dans son lycée et quelque chose me dit que ce n'est pas la première fois, n'est-ce pas ?
-C'est parce que j'ai poussé son petit frère. C'est avec lui que Tom s'est battu hier.
-Brian me l'a dit.
-Tu ne peux rien faire contre ça.
-Si je peux. Après m'être assuré que tu auras des excuses, qu'elle se fera renvoyée..
-Pardon ?
-Même temporairement, je n'accepterai pas qu'elle ne se fasse pas sanctionnée. Et si elle ne se fait pas renvoyer, je te retirerai de cette école et je porterai plainte pour non-assistance à personne en danger. Tel que je connais ton proviseur, elle n'acceptera jamais une mauvaise publicité.
-Je ne veux pas être la fille qui sera pour toujours celle qui a fait renvoyer une autre élève. Tu me condamnerais. Personne ne sera mon ami après ça.
-Si c'est pour avoir des gens qui refusent de dénoncer des actes de barbaries et de violences, aucun ne mérite d'être ton ami. Aucun. Je suis effaré que tu penses plus à ta réputation qu'à ta sécurité Choupi.
On sonna à la porte et j'entendis la voix d'Elijah.
-Eric m'a dit qu'il y avait un problème, disait-il d'une voix blanche. Sarah va bien ?
Mon oncle débarqua. Il était pâle. Il me serra contre lui.
-J'ai eu si peur, tu vas bien ?
-Oui. Par contre, j'ai mal dans le bas du dos. Je n'aurais pas dû m'allonger. Tu peux me masser s'il-te-plaît Papa ?
-Va te changer alors, tu ne vas pas rester en sous-vêtement.
J'allais chercher un legging et mon sweat d'Harvard. Je m'installai sur un tabouret et laissai les mains de mon père me masser. Il finit par s'arrêter.
-Ma chérie, tu as des bleus.
-Oui, je sais. Je suis tombée en vélo hier en revenant de chez Macy's avec Sophie. J'ai vu ça ce matin. J'ai mis de l'arnica même. Demande à Sophie si tu ne me crois pas.
Il n'avais pas l'air convaincu pour autant.
-Papa. Regarde-moi.
Je tournai la tête de mon père.
-Je ne te mens pas. Je me suis vraiment fait ça hier en tombant en vélo.
-Je te crois.
La porte de la maison s'ouvrit et je vis Brian arriver. Il me fixa sans dire un mot pendant qu'il posait son sac de cours dans le salon et il s'agenouilla juste devant moi. Il me prit la main.
-Je suis désolé. Si j'avais été chercher Tom hier, rien de tout ça ne serait arrivé. C'est en partie de ma faute. Quand je suis parti du lycée, ses parents arrivaient. J'ai jamais vu quelqu'un d'aussi remonté que ton oncle pour être honnête... Okay j'ai rien dit, ajouta-t-il en fixant mon père. Je me suis permis de te prendre tes affaires de cours dans ton casier et d'aller prévenir Sophie.
-Merci Brian pour.. tout.
-On ne laisse pas une fille de sa famille se faire agresser sans réagir. On ne laisse pas une fille se faire agresser sans réagir de manière général. Je me serai fait renier par toute ma famille si je ne l'avais pas fait.
De sa famille. Je me jetai à son cou encore une fois. Ses bras se refermèrent sur moi.
-On devrait faire une partie de Kinect. Sauf si tu es.. trop faible, ajouta-t-il avec l'ironie qui le caractérisait si bien.
Je le repoussai pseudo-agacée et j'allumai la console. Je me tournai vers mon père qui était au téléphone. Il acquiesça et je bougeai la table. J'appréciai vraiment l'effort de Brian pour me remonter le moral, même si je ne savais pas ce que cela me coûterait au final. Tout avait un prix avec Brian et je n'oubliai pas sa phrase : Je suis le seul à avoir le droit de te faire du mal. C'est ma prérogative. Mais pour le moment nous jouions à la console et Eric arriva avec Tom. Apparemment, il avait décidé de l'utiliser pour ma.. défense. Sinon, je ne comprenais pas pourquoi il avait été le chercher.
-Eric.. merci.
-C'est normal ma chérie. Je hais ta directrice et ta sous-directrice est une salope. Mon Dieu. Mais la jeune fille qui t'a agressée vient de se prendre un renvoi de quelques jours dans les dents et je ne pense pas qu'il y aura de revanche. Je leur ai bien fait comprendre que mon cabinet ayant été sollicité, j'étais tout à fait prêt à défendre tes droits devant la cour. Ils ont flippé. Mais ce sont des cas soc', ils n'iront jamais jusque là.
-Elle s'est fait renvoyer ?
Je me mordillai la lèvre et Brian me pinça.
-Heureusement, rétorqua-t-il. Je suis content. Au moins, j'aurais pas des envies de meurtre en la voyant.
-De quoi vous parlez ? demanda Tom en revenant avec une orange qui sentait divinement bon.
-Sarah s'est fait taper dessus par la sœur du gars que t'as tapé hier.
Tom arrêta de bouger, la bouche ouverte.
-PARDON ?? Tu vas bien Sarah ? s'inquiéta Tom.
-Oui oui très bien.
Mon père leva le sourcil. Je piquai un quartier d'orange à Tom et c'était divin. Je remarquai que mon père et mes oncles n'étaient plus avec nous dans le salon. Je me rendis dans la cuisine, ils n'étaient pas là. Je me rendis dans le bureau de mon père. Je frappai à la porte et j'attendis que mon père me permette d'entrer. Mon oncle Elijah avait un verre à la main, Eric, quant à lui carburait au café comme mon père. Ils étaient entrain de parler à voix basse et ils s'arrêtèrent en me voyant.
-Papa. Tu devrais aller travailler et vous aussi les garçons.
-Sarah. Assieds-toi. J'ai besoin de te parler.
Je regardai l'air grave de mes oncles. Ils évitaient de me regarder. Je commençai un peu à flipper et mon cœur se mit à battre plus vite.
-Papa, tu n'as pas l'intention de larguer Mary n'est-ce pas ?
-Quoi ? Non ! Pas du tout.
-J'ai eu peur pendant deux secondes.
J'avais posé la main sur mon cœur et je me laissai tomber dans un fauteuil en cuir. Mon père fronça les sourcils et s'approcha de moi. Il prit mon poignet et vérifia mon pouls. C'était.. perturbant.
-Ce n'est pas de ça dont je voulais te parler mon petit trésor. Je voulais que tu me dises ce qui ne va pas.
-Ce qui ne va pas ?
-Tu sais très bien de quoi je parle. Je sais que tu ne vas pas bien. Je pensais que tu allais venir m'en parler de toi-même mais tu ne l'as pas fait.
-Papa. Tu vas être en retard à l'hôpital.
-Ils peuvent attendre, rétorqua-t-il sèchement. Alors ?
-Je vais bien. Je ne suis pas malade ni rien.
-Je ne pense pas que ton père parle de ça, me répondit Elijah en parlant sérieusement. Mais je crois qu'on a tous vu que tu étais différente.
-Par rapport à quoi ? Je suis juste plus vieille et plus mature, voilà pourquoi je suis différente, je ne pourrais pas redevenir la petite fille que j'étais.
-Arrête de faire semblant de ne pas comprendre. Tu es loin d'être une idiote. Est-ce que tu as des problèmes avec Marc ? me demanda mon père.
-Je ne le vois pas aussi souvent que je voudrais mais.. ce n'est pas un souci.
-Tu as un problème au lycée ?
Je secouais la tête et je baissai les yeux sur mon père qui n'avait pas lâché mon poignet. Et merde. Il était entrain de voir si je mentais ou pas. Mon père était un vrai détecteur de mensonge, à taille humaine sans mauvais jeu de mot.
-Est-ce que tu as des ennuis au lycée ?
-Pas spécialement. Il n'y a rien de particulier.
-Sarah. Tu ne comprends pas ce qu'il se passe n'est-ce pas ? Si tu te fais martyriser au lycée, il faut que tu nous le dises maintenant. Ce n'est pas rien.
Je regardai mon père droit dans les yeux et je repensai à tout ce qu'il m'était arrivée depuis le début de l'année scolaire. Le soda dans les yeux, l'eau, les vers, les casiers piégés. Je pensais à mes pauvres cheveux et aux brimades.. Ce n'était pas rien. Mais dans pratiquement tous les cas, Brian était au courant ou impliqué. Je ne pouvais pas lui faire ça. Je ne pouvais pas le dénoncer, lui, ni la fille qu'il aimait.. Jamais il ne me le pardonnerait. Et si je parlais de Chris... Paul ne me le pardonnerait pas. Il se fâcherait avec son frère. Je ne pouvais pas être la cause d'une dispute fraternelle.
-Il n'y a rien Papa.
Mon père me lâcha et il se dirigea vers sa fenêtre. Il y eut un silence dans le bureau. C'était angoissant. Très angoissant. Il se retourna.
-Je t'avais demandé de ne plus me mentir Sarah. Si tu es malheureuse dans ton lycée, je peux te changer de lycée, faire en sorte que tout se passe bien.
-Si tu me changes de lycée, je pars de la maison.
-Arrête de dire n'importe quoi.
-Non, je ne dis pas n'importe quoi. Je partirai et en plus je le dirai à Grand-Mère.
-Si tu penses que ma mère te soutiendra dans une fugue tu te trompes.
-Je parlais de Grand-Mère Amelia. Je lui dirai que tu veux me changer de lycée contre mon gré et que ça me rend malheureuse.
-Je n'ai pas dit cela Sarah.
Il avait élevé la voix. Je me recroquevillai sous ce regard paternel un peu fâché.
-Je ne vois pas pourquoi tu m'engueules en fait, répondis-je. Je n'ai rien fait de mal et toi tu me cries dessus.
Il plissa des yeux et il fixa mes mains. Elles tremblaient.
-John n'a pas crié Sarah, me répondit mon oncle Eric d'une voix très calme.
Je me sentais prise au piège. Je tournai les yeux vers la porte. Elle me paraissait à des kilomètres. J'avais envie de partir. Je n'aimais pas ce ton paternel qu'Eric venait de prendre avec moi. Ils venaient de me juger comme si j'étais une gosse. Je le voyais dans leurs yeux.
-Arrête de prendre sa défense, Eric.
-Je suis parfaitement neutre Sarah. Et vu que tu es venue habiter chez moi quelques jours quand tu t'es fâchée avec ton père, il me semble que j'ai plus tendance à prendre ta défense que la sienne. Maintenant, puisque je suis devenu ton avocat par la force des choses, qu'est-ce qu'il se passe ? Au lycée, je veux dire. J'ai l'impression d'être face à une omerta. Est-ce que je dois enquêter par moi-même ? Demander à Sophie ? Au frère de ton petit ami ? À Brian ?
-Ce n'est pas le lycée le problème.
-Alors c'est quoi ? Parce que si cette fille a pu croire qu'elle pouvait..
-C'est moi le problème, murmurai-je en baissant les yeux et en regardant mes mains.
-Quoi ? firent trois des hommes les plus importants de ma vie en même temps. Répète un peu, ajouta Elijah.
-C'est moi le problème. Je suis un boulet. Me changer de lycée, ça ne changera pas ma nature profonde. Je suis une ratée. Je le sais. Où que j'aille, je serai toujours inutile et un poids pour les autres. C'est pas de ta faute Papa c'est ce que je suis. Sérieusement, je serai dans Hunger Games, je me serai fait tuer dès la première minute. Alors.. maintenant que vous savez que je suis une nullité, je vais aller manger, j'ai faim.
Je me levai et je sortis du bureau en fermant la porte. Je descendis rapidement les marches et je me rendis dans la cuisine. Brian supervisait les devoirs de son frère dans la salle à manger, je l'entendais d'ici. Je pris un pot de glace, un paquet de gâteaux et trois cuillers avant de rejoindre les garçons dans la salle à manger. Tom prit une cuiller et la plongea dans le pot.
-C'est trop bon.
-Thomas, concentre-toi, lui répondit son frère en continuant d'écrire sa dissertation sur l'ordinateur.
-Oui, capitaine.
Brian avisa de la présence d'Oreo et il me fit signe de lui en lancer un. J'observai Brian travailler, il tapait sans regarder son clavier et super rapidement, on sentait qu'il ne faisait qu'un avec son clavier.
-Sarah.. tu pourrais aller refaire du thé s'il-te-plaît ?
-Blanc ? Vert ou Noir ?
-Violet. Non je déconne, ajouta Brian en souriant en coin. Celui que tu préfères.
-Moi je préfère le thé blanc, fit Tom en se grattant la tête avec son crayon de bois et en ne détachant pas les yeux de son cahier d'exercice de maths. Mais si tu veux en faire un autre ça me va aussi.
Je me levai et je montai sur la cuisine pour récupérer le thé blanc.
-Choupi ?
Je me retournai rapidement. Je ne l'avais pas entendu arriver et j'avais failli tomber de la cuisine de surprise.
-Je vais y aller. Eric vient de partir pour récupérer sa fille. Elijah reste avec vous.
-Okay. Bonne soirée Papa.
Il me prit dans ses bras. Il passa sa main dans mes cheveux.
-Tu n'es pas un poids, me murmura-t-il à l'oreille. Pas pour moi. ELIJAH ? appela-t-il. SORS DE MON BUREAU AVANT DE VIDER UNE DE MES BOUTEILLES.
Mon oncle descendit les escaliers et il donna une bourrage amical à mon père. Ce dernier partit en me regardant avec amour. Je n'avais toujours pas fait le thé. Je me concentrai troublée.
-Sarah. Je te parle.
-Pardon. Tu disais ?
-Vous voulez manger quoi ce soir ?
-Je m'en fous. Demande aux garçons. Ils sont dans la salle à manger. Attends. Tiens, tu peux leur apporter ça au passage ? Merci Eli chéri.
Il me laissa seule dans la cuisine et j'en profitais pour ranger la vaisselle. Cela me permettait de ne pas penser. Ensuite, je rejoignis les garçons. Ils étaient entrain de parler.. de moi. Je m'arrêtai pour les écouter discrètement.
-Sarah m'a appris à patiner ce week-end.
-Sarah patine très bien.
-On dirait un ange quand elle danse et qu'elle tourne.
-C'est ma sœur qui lui a appris à patiner quand elle était toute petite. Je crois même qu'elle voulait devenir patineuse professionnelle à un moment donné.
-Elle devrait parce qu'elle est très douée. D'ailleurs elle m'a dit qu'elle m'emmènerait à la patinoire avec elle.
Le téléphone sonna et je répondis. C'était Mary. Elle voulait juste nous dire qu'elle quittait le bureau et qu'elle arrivait.
-Ta mère va pas tarder à arriver, dis-je à Tom qui était venu me voir dans le couloir.
-Super, fit Elijah. Sarah, enfile ton manteau, on va faire des courses.
-Des courses ?
-Oui. Viens fillette.
Je levai les yeux au ciel et je lui obéis. Il me donna le bras dans la rue et aucun de nous ne parlait.
-Tu n'es pas un boulet Sarah. Je voulais te le dire. Je t'aime très fort, tu le sais et je ne te mentirai pas.
-Je sais que tu ne me mentirai pas mais sans vouloir te manquer de respect Elijah, tu ne me connais pas. Tu n'as pas été là pendant 3 ans, on se parlait de temps en temps via Skype ou Facetime mais.. l'idée que tu as de moi est fausse. Tu ne sais pas comment je suis au quotidien.
-Alors apprends-moi comment tu es, me répondit-il. Parce que visiblement, on a tous une idée fausse de toi. J'aimerai apprendre à connaître Sarah le boulet. Parce que moi je ne connais que Sarah la fille belle et intelligente, la Sarah altruiste, la Sarah qui est capable de recracher son jus d'orange en entendant une blague. J'aimerai bien connaître la Sarah qui est une nullité. Je me sentais seul dans mon clan des boulets.
-Tu ne l'es pas.
-J'habite chez mon frère aîné parce que je n'ai pas de maison. Je n'ai pas de travail, je n'ai personne dans ma vie. Ma mère me fait la gueule parce qu'elle pense que je suis une abomination de la nature. Alors oui, clairement je suis un boulet. Pendant des années, c'est ta mère qui a rattrapé mes conneries et quand elle est morte, j'ai quitté le pays pour ne pas vous le montrer, je suis inutile. Je le sais.
-Non, tu ne l'es pas. Mais moi, oui.
-Si toi tu l'es, alors, je suis content de ne pas être le seul de la famille.
-Tu es l'une des personnes les plus fortes et les plus tolérantes que je connaisse. Je serai honorée d'être comme toi. Vraiment. Mais c'est pas le cas. Moi à part embarrasser les autres, je ne sers vraiment à rien. Dès que je suis quelque part, les gens qui m'entourent deviennent malheureux. Je fais toujours quelque chose qui les rend malheureux. Alors même que je les aime et que je ne veux pas les rendre malheureux. Je ne suis pas faite pour être aimée. Ça doit être ça en fait. Je suis comme maudite. Regarde par exemple Papa. Si je ne voulais pas un Paris Brest, Maman ne serait pas sortie. D'accord Eric l'a appelée ce soir là mais.. elle ne serait pas sortie. Eric n'aurait pas pu l'appeler sur son portable parce qu'elle l'éteignait toujours quand tout le monde était à la maison. Elle ne serait pas morte. Et Papa n'aurait pas été malheureux. Je pense même parfois, que la vie de Papa serait meilleure si je n'étais pas là.
-Pas là ? Tu veux dire si tu n'habitais pas avec lui ?
-Si je n'habitais pas avec lui ou si j'étais morte. Il ne s'occuperait pas autant de moi. Regarde tout à l'heure. Il a failli ne pas aller travailler parce qu'il pensait que j'avais un problème. C'est terrible de penser qu'il est capable d'arrêter sa vie pour moi. Alors que si je n'étais plus là. Il n'aurait plus à s'inquiéter pour moi.
-Est-ce que tu penses à sa souffrance si tu mourrais ? À notre souffrance à tous ?
-Tu t'es remis de la mort de ta jumelle. Tu te remettrais de ma mort. Et Papa.. il est avec Mary et il considère ses enfants comme les siens. Alors.. je crois qu'il s'en remettrait et qu'il serait plus heureux. Je sais que c'est terrible de perdre un enfant mais la vie continue.
-Tu y penses souvent ? À ta mort et à notre vie après.
-De temps en temps. Quand je suis toute seule dans ma chambre. Quand Brian me fout la paix. Quand je suis dans mon bain aussi. Enfin de temps en temps. Mais je ne suis pas folle pour autant. Ce sont juste des questions existentielles. On est arrivé.
Je suivis Elijah dans les rayons et quand il paya à la caisse, je l'observai. Il avait l'air soucieux ? Est-ce qu'il avait des soucis ? Je ne comprenais pas comment mon oncle pouvait penser deux secondes qu'il était un boulet. Je n'y arrivais pas. Je lui pris le bras en partant et quand nous arrivâmes, Mary était là. Elle venait juste d'arriver parce qu'elle portait toujours ses escarpins. Quand elle vit mon oncle, elle lui sourit et lui fit la bise.
-Je suis désolée Elijah, je vais aller mettre des habits un peu moins sexy, je suis claquée.
-Fais comme chez toi, sourit mon oncle. Je vais cuisiner.
Ma belle-mère le remercia et elle me demanda de l'aider à baisser la fermeture éclair de sa robe. Brian et Tom étaient entrain de jouer au Scrabble, ils étaient entrain de commencer la partie et Tom me proposa de jouer avec eux. Je trouvais ça adoable mais je déclinai.
-Est-ce que je peux prendre ton iPad Brian ?
-Oui. Si tu veux.
Je lui pris sa tablette et je pris son iBook. Il avait des tonnes de livres dedans. Le journal de Bridget Jones. Il était sérieux ? Je lui en fis la remarque et il se mit à rire.
-C'est ma mère qui l'a téléchargée un jour où on était en vacances chez mes Grand-Parents. Mais c'est assez drôle en fait. Tu peux le lire si tu veux.
Je m'installai pour le lire et à un moment donné, je frissonnai. Brian me tendit une couverture et je m'enroulais dedans.
-Je ne sais pas ce que tu fais Eli, mais ça sent super bon !! fit Mary.
-Merci !
C'était agréable de dîner avec mon oncle chez moi. Mary et lui s'entendaient à merveille. Brian était sympathique avec moi pour une fois.
-Maman est-ce que je pourrais aller à la patinoire avec Sarah ?
-Oui bien sûr. Je ne savais pas que tu aimais ça ma chérie.
-Si j'adore. En plus, j'ai appris qu'Eli faisait du hockey sur glace. C'est de famille apparemment. Je pense que je vais reprendre des cours.
-Tu aurais dû voir Sarah, elle arrive même à patiner sur un pied. Comme les filles à la télé.
Il y avait tellement d'admiration dans sa voix.
-J'aimerai bien te voir, fit Brian. On devrait y aller après manger.
-OH OUI ! s'écria Tom
-Oh non, marmonnai-je.
-C'est une bonne idée. Qu'en penses-tu Elijah ? demanda ma belle-mère en se tournant vers lui.
-Moi je suis toujours partant.
Et ils m'entrainèrent à la patinoire. Il n'y avait pas grand monde. Tom était surexcité. Il voulait montrer à sa mère ce qu'il savait faire désormais. Dès que je posai mon patin sur la glace j'oubliais les autres. J'étais faible dans la vraie vie. Je m'étais fait agresser dans mon lycée, j'avais appelé Brian pour qu'il me secoure. Mon Dieu. Je l'avais appelé et j'avais pleuré dans ses bras. Qu'est-ce que ça voulait dire de moi ? J'étais incapable de me débrouiller par moi-même. Quand je rouvris les yeux, ceux de Brian me fixait. Il arriva vers moi, les mains dans les poches.
-Tom avait raison. Tu as l'air.. libre sur la glace. Tu n'as jamais pris de cours en plus. Wow. Je suis assez impressionné. Je voulais te dire.. par rapport à tout à l'heure. J'aurais dû te demander avant d'appeler ton père.
-Non, tu as bien fait. Ça te dit de danser avec moi ?
-De.. danser ? La dernière fois qu'on a dansé, tu as mis tes pieds sur les miens. Je préfère pas avec des patins..
Je souris et je lui pris les deux mains.
-Danse avec moi.
-Je ne suis pas aussi à l'aise sur des patins que ça..
Il avait peur de se ridiculiser. Je souris largement et je plaçai sa main gauche autour de mes hanches.
-Aie confiance en moi. Tu m'as appris à ne pas avoir peur d'un cheval, je vais t'aider à ne pas avoir peur de tomber sur la glace.
Je fermai les yeux et je me laissai porter par mes envies.
-J'aimerai bien que tu m'apprennes à danser vraiment.
-Ça dépend combien tu payes Troll Snot.
-Donne-moi ton prix.
-75 par leçon.
-Je préfère encore prendre un Tuto sur Youtube.
Il se mit à rire et il tomba m'entrainant dans sa chute.
-La dernière fois qu'on s'est retrouvé comme ça, tu as vanté la grandeur de mon pénis devant ton grand-père, me dit-il.
-Chuuuuut. Ne dis rien. Agent Double Zéro Sexe.
Je me redressai et je l'aidai à se relever. Je ne savais pas pourquoi j'étais gentille avec lui. Quand nous rentrâmes à la maison, il me proposa son bras pour marcher. Elijah nous laissa et il me serra contre lui. Comme si.. c'était la dernière fois qu'il me voyait. Et Mary vint dans ma chambre alors que j'étais entrain d'enfiler mon pyjama.
-Sarah, est-ce que je peux te parler ?
-Oui, entre.
-Ton oncle m'a appris ce qu'il t'était arrivée au lycée..
-Je vais bien.
-Ce n'est pas ce que je voulais te dire. Je me doute que tu vas bien, sinon je ne t'aurai pas vu rire et t'amuser ce soir avec mon fils. Mais j'aimerai que tu prennes des cours de Self Défense.
-Pardon ?
-Oui, tu m'as entendue. Je veux que tu puisses te défendre. J'en ai fait un peu moi-même à San Francisco et je pense que ça serait bien que tu t'y mettes. J'ai un de mes amis qui connait de très bons professeurs en ville et si tu es d'accord, je vais t'inscrire.
-Tu crois ?
-Oui.
-Qu'en a dit Papa ?
-Ma chérie, je n'ai pas besoin de l'autorisation de ton père pour te parler, et si tu veux que je t'inscrive, je l'en informerai, je ne lui demanderai pas la permission.
-Si tu viens avec moi, je suis d'accord.
-Très bien. La première séance est samedi matin.. vers 11h.
-Ça te dit qu'on se mate un film d'amour super cul-cul que Brian déteste dans ta chambre ?
-Avec plaisir.
J'étais calée à la place de mon père dans le lit pendant que Mary se changeait. Des cours d'auto-défense. C'était une bonne idée. Une très bonne idée même. Je m'endormis avant la fin du film. Et quand je me réveillai, j'étais toujours dans les bras de Mary. Elle dormait profondément. Elle ne faisait pas de bruit. Je me levai et je croisai Brian dans les couloirs. Il était 3h30 du matin. Sauf que lui ne me calcula pas du tout. Il rentra dans sa chambre sans me voir. Je n'arrivai plus à dormir. Je me trouvai comme une idiote sans pouvoir fermer l'œil. Je me relevai et j'allais dans la chambre de Brian pour prendre un de ses livres que je n'avais pas lu. Je savais que j'abusai mais je sentais que je n'allais pas dormir du tout.
-Qu'est-ce que tu fous là ?
Je sursautai et je laissai tomber le livre que j'avais en main. Brian me fixait. Il était fatigué.
-J'arrivai pas à dormir, je suis venue t'emprunter un livre en fait.
-Tu as pensé à faire des exercices de méditation ?
-Je ne sais pas faire.
Il se leva et me tendit la main.
-Hum. Viens.
Il me ramena dans ma chambre et je vis qu'il avait pris son iPod avec lui. Il me demanda de me mettre dans la position du scribe. Il positionna son écouteur dans mon oreille gauche et il me demanda de fermer les yeux. Une chanson avec un chœur. C'était beau. C'était un chant répétitif mais je ne comprenais pas la langue.
-Qu'est-ce qu'ils disent ?
-Mon âme t'a désiré pendant la nuit, au plus profond de moi, mon esprit te cherche.
-C'est beau.
Brian était juste derrière moi et il m'attrapa par les hanches pour me coller contre lui. Ma tête reposait contre lui. Je l'entendis chanter Iedere nacht verlang ik naar u, o God, ik hunker naar u met heel mijn ziel. J'avais vu les paroles sur son iPod. Je ne connaissais pas la langue mais c'était beau. Je m'endormis et quand je me réveillai au petit matin, il n'était plus là. J'étais reposée. Brian était dans la cuisine. Mon père était là, je regardai l'horloge. Il était 10h passé.
-Heu.. vous savez que j'avais cours aujourd'hui ou..
-Tu avais l'air fatiguée. Je n'ai pas osé te réveiller, me répondit Brian. De toute façon, tu avais sport non ? C'est pas une grosse perte.
-C'est clair. C'est pas comme si tu en avais besoin.
-Oh arrête, j'ai des cuisses énormes Papa. Tout le monde a besoin de faire du sport. Prétendre le contraire, c'est faux.
-Toi tu as des cuisses énormes ?
-Oui, moi, j'ai un cul énorme.
-Hum. Brian. Arrête de mater le derrière de ma fille.
-Je connais un tas de gars qui aimerait une fille avec un gros cul comme le tien. Moi le premier.
Je rougis et il se mit à rire. Mon père fit celui qui n'avait pas entendu et je le vis entrain de sourire.
-Vous savez quoi les enfants ? Ça vous dit de ne pas aller en cours aujourd'hui ? Je peux appeler le lycée pour leur faire croire qu'on a tous eu une une indigestion.. qu'en pensez-vous ?
-Ce serait trop cool John.
-Super. J'ai toujours eu envie de faire quelque chose dans ce genre avec vous mais.. ta mère n'aurait pas été d'accord. Passe-moi mon téléphone ma chérie.
Il composa le numéro du lycée et s'assit sur le rebord de la cuisine.
-Oui, bonjour Madame. Je suis le Dr McAllister, je vous appelle pour vous signaler l'absence de ma fille Sarah et de mon fils Brian Miller. Oui, je pense qu'ils font une indigestion. Oui. Bien évidemment. Je vous remercie. Au revoir.
Il raccrocha, posa son téléphone et il nous sourit.
-Bon, on fait quoi de cool ?
-Malibu ? fis-je en souriant.
-Ah ouais, je suis okay, approuva Brian.
-On y va alors, les petits. On fait en sorte d'être là pour récupérer Tom.
-Papa, tu ne seras pas fatigué ?
-Mais non. Ne t'inquiète pas pour moi. Vous conduisez par contre, histoire que je pique un somme.
-Ça me va, répondit doucement Brian.
C'est lui qui prit les commandes. Mon père ferma les yeux et j'entendis bientôt sa respiration. Il avait l'habitude de dormir n'importe où de toute façon.
-Brian, par rapport à hier.
-Tu as vécu une journée difficile, c'était logique que tu n'arrives pas à dormir. Ce n'est rien. Vraiment. En fait, c'est vrai que Punette bosse chez Macy's ?
Il avait une pointe de rire dans la voix.
-Oui et ? En quoi ça te regarde ?
-Non, ça me fait rire, c'est tout.
-Pourquoi ?
-Punette chez Macy's. Je veux dire.. il sort avec Sophie quoi. Il est de votre monde.
-Et qu'est-ce que ça veut dire ?
-Bah.. tu es la fille unique d'un millionnaire. Sophie est loin d'être pauvre.
-Tu te fais des idées sur Cameron. Il est loin d'être de notre monde. Sinon il ne bosserait pas. Et puis notre monde ? Tu en fais partie, je te signale. Ta famille est loin d'être pauvre.
-Tu n'as pas idée par quoi je suis passé. Et ma mère n'a pas toujours eu son salaire. Juste après la naissance de Tom, ça n'a pas été nécessairement hyper facile pour nous. En tout cas, je ne savais pas qu'il était pauvre. Tu penses que ça va durer entre eux ?
-Ils s'aiment.
-Et alors ? Si l'amour pouvait vaincre tous les obstacles, ça se saurait.
-Moi je crois en l'amour Brian.
-Moi aussi. Mais je suis réaliste et je connais la nature humaine. Ça parait présomptueux mais c'est la réalité. Ça ne durera pas, je le crains. L'amour ne peut pas battre les conventions sociales. J'ai pu le constater de mes yeux. Ma mère était amoureuse mais.. les types étaient trop différents d'elle. Après, peut-être que Punette est l'exception mais au fond de lui, il ne se sentira jamais à la hauteur.
J'avais l'impression qu'il parlait de lui-même. Je trouvais ça troublant. Aussi je décidai de ne pas le contredire. Je tournais les yeux tandis qu'il cherchait de la musique. Je fermai les yeux. Il avait dit que j'avais un cul d'enfer.
-Qu'est-ce qui te fait rire ?
-Tu as dit que j'avais un cul d'enfer.
-Je t'ai dit au Texas qu'il fallait connaître ses atouts et tu as des jolies courbes. De toute façon, Marc ne serait pas sortie avec toi si tu n'avais pas un petit truc que les autres n'ont pas.
-Arrête Papa est là, je te rappelle.
En guise de réponse, le ronflement de mon père se fit entendre. Il dormait profondément.
-Mais avoue, ce n'est pas pour tes performances sexuelles qu'il t'apprécie. C'est pas dire que tu as une expérience de folie.
-Moi en effet, je n'ai pas couché avec des tonnes de personnes contrairement à toi.
-Je ne trouve pas ça nécessairement glorieux. Je me dis que je dois avoir un problème. Parce que beaucoup de personnes disent mais ne font rien. Moi c'est le contraire. Je ne préfère pas en parler parce que je sais au fond de moi que j'ai eu un comportement sexuel que je n'aurais pas dû avoir à mon âge et j'ai profité du fait que ma mère soit dépassée par certains évènements pour me comporter comme un adulte que je ne suis pas.
-Wow, toi disant que tu n'es pas un adulte, je ne pensais pas entendre cela un jour pour être honnête.
Brian ricana et sifflota pendant que la chanson passait. Depuis notre séjour au Texas, je trouvais que nous parlions beaucoup plus. Peut-être qu'il fallait juste que nous apprenions à nous connaître. Arrivés à Malibu, mon père se réveilla.
-Je vous adore les petits. On fait quoi de beau ?
-On va se promener à vélo ???
Mon père sourit de toutes ses dents. L'air frais me fit du bien, je pédalai et je me sentais bien. Libre. Tellement libre. J'étais un oiseau. Alors que nous étions au restaurant donnant sur le rivage et que Brian était parti se laver les mains, je pris la main de mon père.
-Merci Papa. Tu ne peux pas savoir à quel point ça me fait plaisir d'être là. C'est une vraie bouffée d'oxygène.
-Je sais que tu en avais besoin. Je n'ai pas été très présent pour toi depuis le mariage et je vois bien que tu ne vas pas bien. Tu auras beau dire le contraire.. je le ressens. J'ai essayé de te laisser te débrouiller seule mais je pense que tu te noies plus qu'autre chose.
-Tu as raison, marmonnai-je.
-Je ne sais pas quand tu as cessé de croire en toi. Que tu as cessé de t'aimer telle que tu es. Mais je ferai tout pour que tu t'aimes de nouveau ma chérie et que tu te vois comme on te voit tous. Une jeune femme merveilleuse dont tu peux être fière.
Brian arriva avant que je réponde mais j'embrassai mon père.
-Oh une scène d'amour filial. C'est mignon, se moqua Brian. En tout cas, merci John pour nous avoir offert cette journée. Tout est parfait pour le moment. On va veiller à ce que Sarah ne tombe pas à l'eau et je suis certain que tout se passera bien.
-Vous n'avez pas fini d'en rire ?
-Non, répondirent mon père et Brian en chœur.
-Vous savez que c'était l'expérience la plus traumatisante de ma vie ? C'est pas forcément cool de vous en moquer tout le temps.
-On ne se moque pas Sarah. On essaye de dédramatiser la chose, John et moi.
Il approcha sa fourchette de ma garniture et il la plongea dedans.
-Tu te fous de moi ?
Il sourit et je le tapai avec ma serviette avant de lui tendre ma garniture. Je ne lui en voulais pas vraiment. Je passais un super moment. Mais pour compenser, je pris deux desserts. La serveuse était entrain de draguer mon père et cela faisait beaucoup rire Brian.
-Non mais vas-y choppe son numéro.
-Je te rappelle que je suis marié, avec ta mère.
-Pfff. C'est juste parce que tu n'en es pas capable c'est tout.
Mon père eut un sourire narquois et il changea de conversation. Ce n'est qu'à la sortie que mon père tendit une serviette à Brian. Il y avait le numéro et l'adresse de la fille.
-John, tu es mon héros.
-Si tu montres ça à ta mère, je nierai.
-Pas de souci. Je ne dirai rien.
Nous nous promenâmes tout l'après-midi. C'était.. soulageant. J'adorai. Je passai un super moment. J'étais revigorée. Nous allâmes sur la plage. Je retirai mes chaussures et je mis mes pieds dans l'eau glacée.
-Ma chérie ? Il faut qu'on y aille.
-Merci Papa. J'ai passé une super journée.
Il me souleva et me prit sur son dos et remonta sur la plage. C'est fou comme je l'aimais. Nous arrivâmes devant l'école de Tom à la seconde où la sonnerie retentit. Il fut dans les premiers à sortir. Je le trouvais un peu bizarre mais quand il nous vit tous les trois, il courut vers nous et se jeta dans les bras de mon père. C'est alors que je la vis. La fille qui m'avait frappée. Elle me fixa d'un œil torve. Brian se plaça dans mon champs de vision et me poussa presque dans la voiture. Et il se dirigea vers la fille d'un pas raide et je la vis sursauter. Elle baissa les yeux, rougit et elle fila avec son petit frère. Il monta en voiture juste à côté de son petit frère à l'arrière.
-Tu peux démarrer John.
-Qui était-ce ?
-La fille qui a tapé la tienne.
-Ah. Et qu'est-ce que tu lui as dit ? répliqua sèchement mon père.
-Que si elle envisageait des représailles envers Sarah ou mon petit frère, je ferai de sa vie un enfer sur cette terre et qu'elle n'avait pas envie de se mettre toutes les personnes populaires du lycée à dos.
Brian croisa mon regard dans le rétroviseur mais je n'arrivais pas à déterminer ce qu'il essayait de me dire. Tom posa sa main sur moi comme pour me rassurer.
-Je t'ai fait un dessin. Regarde.
C'était un paysage, que je reconnus comme étant la forêt du Texas et il y avait un cheval au milieu
-Tu dessines mieux que moi Tom.
Mon père se mit à rire, mais comme il conduisait, il ne put pas regarder, Brian lui tendit la main pour le récupérer.
-La prochaine fois, tu pourrais essayer de mettre des nuances de verts dans les arbres. Ce serait plus réaliste. Et ton cheval est un peu.. court sur pattes. Tu t'améliores Tom, c'est bien.
Ce fut son commentaire. Moi je trouvais ça un peu dur mais Tom se mit à rosir de plaisir. Je trouvais ça bizarre quand même.
-Moi je l'aime comme il est ce dessin Tom. Papa, tu crois qu'il nous reste des cadres à la maison ?
-Oui, oui, dans le grenier, j'en ai vu.
-Cool. Je vais pouvoir le mettre dans ma chambre sans l'abîmer comme ça. D'ailleurs Papa, j'ai décidé que j'allais me remettre au patinage artistique, de manière assidue. Pendant que Sophie fait son théâtre. Ce sera bien. Et puis Tom, tu pourras venir avec moi si tu veux, après l'école. La patinoire n'est pas loin. Elle est à 5 minutes à pieds.
-Ça me plairait beaucoup Sarah.
Il m'embrassa sur la joue et nous rentrâmes à la maison. Tout était parfait. Mon père partit presque aussitôt pour aller travailler mais je le rejoignis dans sa chambre juste après sa douche. Il était en caleçon et cherchait une chemise. Il était indécis. Je pris une chemise blanche et je lui lançais dessus.
-Tu veux bien m'emmener ma chérie ?
-Ouais bien sûr.
Je pris mes clefs de voiture et une fois seule avec mon père, je me détendis.
-C'était une super journée.
-Je trouve aussi.
-Papa ? Est-ce que je pourrais aller à New-York en juillet ?
-Oui bien sûr. Tu connais la meilleure ? Je ne sais pas si je te l'ai dit. Grand-Mère aurait décidé d'habiter là-bas les mois d'hiver, elle se serait achetée un appartement.
-À New-York ? NAAAAAN ! C'est trop cool. Je pourrais aller chez elle alors.
-Elle ne me l'a pas encore dit, c'est James qui a entendu une conversation entre sa femme et Maman. Enfin.. tu imagines quoi. Grand-Mère à New-York. Je n'arrive pas à m'en remettre.
-Elle habite déjà sur la côte Est de toute façon. Je trouve ça trop cool. J'ai hâte de la revoir.
-Parce que tu n'as pas eu ton cadeau de Noël ? me taquina mon père.
-Oh non, j'ai été plus que gâtée à Noël. Je ne m'attendais pas à ce que les Miller me fassent un cadeau. Ils sont tellement gentils.
-J'ai eu deux belle-familles dans ma vie, j'ai eu de la chance, elles sont toutes les deux super.
-J'avoue. Mme Miller t'adore, je suis contente d'ailleurs, je t'ai bien dressé. Tu présentes bien je trouve.
-On dirait ma mère. Arrête. N'oublie pas ton clignotant.
-Ne stresse pas comme ça. Je conduis très bien, c'est toi qui m'a appris, je te rappelle.
-Je te dis ça parce qu'il y a une voiture de police à 3 voitures de nous. Ne vas pas faire une bêtise.
-Eric m'a dit qu'il me paierait toutes mes contraventions.
-Je pense qu'il ne sera pas très content si c'est le cas.
Je gloussai et mon père aussi. J'arrivais à l'hôpital en temps et en heure. Et comme par hasard l'ami psy sortait de l'hôpital, le Dr Cooper. Mon père fuyait mon regard. Comme par hasard.
-Très drôle Papa. Ha ha. Je suis mais morte de rire. J'irai pas voir de psy, je ne suis pas folle.
-Alors d'une, il n'y a pas que des fous qui vont voir les psy et de deux, je n'étais pas au courant. Tu as son numéro personnel, tu te débrouilles. Sauf si bien sûr, tu veux aller lui parler. Mais je te jure sur la tête de ma mère que je ne savais pas qu'elle serait sur le parking.
-Mouais. Si j'apprends que Grand-Mère a fait une crise cardiaque, je saurais que c'est de ta faute. Allez file, jeune homme, tu vas être en retard.
-Avoue, tu aimes bien te prendre pour ma mère.
Je souris et mon père m'embrassa sur la joue avant de quitter ma voiture. Je roulais comme une dingue en revenant. Brian était avec sa petite amie dans le salon. Je la saluai uniquement parce que j'étais polie. C'était mécanique. Mon téléphone sonna alors que j'étais entrain de chercher où j'avais bien pu mettre mon livre dans le salon
-Salut Marc chéri, ça va ?
-Ouais ça va. Je voulais juste te dire que tu m'as beaucoup fait rire avec ton dernier SMS
-Lequel ?
-Je suis entrain de lécher une glace, mais c'est autre chose que je voudrais lécher.
-Pardon ?
-Le SMS que tu m'as envoyé.
Brian commença à me regarder et à se bidonner alors même que sa copine était là, la tête posée sur son torse.
-Ah oui, ce SMS. Désolée, j'ai la tête ailleurs.
Je fis signe à Brian que j'allais le tuer et il embrassa sa petite amie avant de me faire un doigt d'honneur. Il ne voulait pas qu'elle voit ça. Puis, il la souleva pour l'emmener dans sa chambre. Je m'allongeai sur le canapé et je fixai le plafond.
-Désolée, Brian et sa copine..
-Ce n'est pas grave. Ça me fait plaisir de te parler au téléphone, tu m'as manqué et je dois t'avouer que ce SMS me fait regretter notre petite nuit à l'hôtel.
Je souris. J'aimais tellement entendre sa voix.
-Je pourrais t'écouter pendant des heures. Tu sais que tu as une voix sexy au téléphone ?
-Sexy à quel point ?
-Sexy au point de te dire que je ne suis pas dans ma chambre et que ce à quoi tu penses ne sera pas possible tant que je n'aurais pas monté les escaliers pour m'enfermer.
-Et si tu montais ses escaliers qu'on en finisse ?
Je le fis et je fermai ma porte à double tour après avoir vérifié que Tom ne risquait pas de débarquer. Cette petite.. séance avec Marc me fit du bien physiquement et moralement aussi. Il me désirait. Il était peut-être l'une des seules personnes de la planète qui me désirait. On frappa à ma porte de chambre alors que j'étais encore en culotte. J'ouvris et je vis Sophie.
-Dis-moi que je n'interromps pas une séance Just say me.
-Pas du tout, répondis-je en riant intérieurement.
-Le lycée, c'était horrible. Je te jure. Cette petite pute de prof de chimie, je vais me la faire.
-Pardon ?
-C'est une pute, je vais me venger. Elle m'a collée parce que j'aurais soi disant été insolente. Moi ? Insolente ? Je suis jamais insolente. Même Alexandra la pouffiasse a été collée sérieusement. Alors qu'elle ne disait rien du tout, elle a juste demandé à une pote un mouchoir. Collée pour un mouchoir.
-Alexandra est dans la chambre de Brian.
-Cool.
Elle tourna les talons et frappa. Brian ouvrit sa porte, il était torse nu.
-Habille-toi Pilgrim. Faut qu'on parle, lança Sophie. Pardon, beau gosse.
Whaaaat ? Beau gosse ? J'avais bien entendu ? Visiblement, ce qualificatif plut à Brian parce qu'il sourit et la laissa passer. Je la suivis.
-Vous êtes sérieuses ?
Alexandra était dans le lit de Brian, assise. Elle ramena le drap sur elle pudiquement.
-Je pense qu'il faut qu'on fasse un pacte.
-Maintenant ? On était occupé les looseuses.
-Tu auras tout le loisir de t'envoyer en l'air après. Il faut qu'on fasse en sorte de dégager cette prof de chimie minable de notre lycée. Elle est entrain de coller tout le monde, alors qu'on ne fait rien, et en plus on apprend rien. Alors ?
Je vis Alexandra réfléchir. Je me demandai si ça lui faisait mal. Je faillis lui demander mais je croisai le regard de Brian.
-Je suis d'accord, répondit la rouquine en rejetant sa chevelure en arrière. Mais je pense qu'on devrait mettre à profit cette heure de colle demain soir. McAllister, je pense que tu devrais te faire coller pour demain.
-Heu.. non.
-De toute façon, vu qu'elle te déteste, tu te feras sûrement coller demain pendant le cours en labo. Il vous suffit de ramener des gens. Maintenant, si ça ne vous dérange pas, sortez.
Brian nous poussa vers la sortie et il me dit le fond de sa pensée qu'une fois que Sophie et Alex furent reparties chez elles, chacune de leur côté.
-Vous êtes tarées, on ne peut pas s'en prendre comme ça à une prof. Vous allez mal finir. Il faut savoir ruser dans la vie et j'ai l'impression que vous allez vous enfoncer.
-Je..
-Vous n'aurez jamais gain de cause face à l'administration.
-Aide nous.
-Quoi ?
-Aide-nous Brian. Tu sembles assez au courant de ce qu'il faut faire ou pas pour se venger. Comme si c'était ta tasse de thé.
-Je ne veux pas être mêlé à ça. Ce n'est même pas ma prof.
-Alors ne me donne pas de conseils et ne va pas nous dénoncer. S'il-te-plaît.
-Je ne le ferai pas, je ne suis un collabo. Mais.. Sarah, tu crois vraiment que c'est le moment pour toi de te faire remarquer alors que tu es dans le collimateur de la directrice ?
-Dans la vie, Brian, il faut avoir la force de ses convictions.
-Je suis bien d'accord.
-On ne peut pas laisser sévir dans notre lycée, une prof incompétente qui colle ses élèves pour un oui ou pour un non. Tu sais pourquoi Alex a été collée ? Parce qu'elle a demandé un mouchoir. Un mouchoir. Et puis, il faut qu'elle apprenne. Elle a probablement autant à apprendre de nous que nous d'elle.
Brian finit par rire.
-Tu es effarante, effrayante mais tu sais quoi ? J'aime bien te voir un peu rebelle, je voulais juste tester ta détermination. Je sais parfaitement ce qu'il faut pour que votre prof dégage plus vite que l'éclair.
-Ah ?
-Il faut juste qu'elle couche avec un élève ou une élève selon sa préférence et que ça se sache. Ils vont la changer d'établissement.
-On ne veut pas la faire renvoyer, enfin.. je ne crois pas.
-Soit vous vous en débarrassez, soit vous ne le faites pas. Mais il n'y a pas de demi-mesure. Réfléchis à ce que je te dis. Et viens manger, ma mère nous attend.
J'essayai de toutes mes forces de ne pas penser à ce que m'avait dit Brian. Elle aurait vraiment des soucis si elle couchait avec un élève et qu'on la voyait. Ce serait inscrit dans son dossier pour toujours.
-Alors vous avez fait quoi aujourd'hui ?
-On était à Malibu, répondit Brian à sa mère.
-Pardon ? Comment ça on ?
-Sarah, John et moi. Et on est revenu pour aller chercher Tom.
-Vous étiez à la plage sans moi, commença à bouder Tom.
-C'est quand John est arrivé, il n'a pas osé te sortir de l'école pour ça mais il a dit que pour compenser, on irait juste tous les trois la prochaine fois que les filles auraient envie de se faire une journée juste toutes les deux.
-Okay. Ça me va aussi.
-Je n'étais pas au courant..
-Je ne me sentais pas bien. De toute façon, j'aurais été en cours et j'aurais été collée parce que je n'aurais rien fait, ou alors je ne me serai pas pointée, répondis-je parce que visiblement Mary semblait fâchée par cette entreprise. Papa a préféré anticipé le fait que je fasse l'école buissonnière et il a proposé à Brian de venir dans la foulée parce qu'il était là.
-Et ton père fait toujours ce que tu lui dis de faire, je présume.
-Non mais il est inquiet pour moi. Je ne sais pas trop pourquoi. Si tu dois être mécontente, ce doit être contre moi, pas contre Papa. J'ai profité de son amour pour moi. C'est tout.
Brian plissa des yeux. Il savait que ça ne s'était pas passé comme ça, lui.
-De toute façon, je ne vois pas ce que je peux faire maintenant. Mais je trouve ça un peu irresponsable.
-Tu sais Mary, sans vouloir te manquer de respect, tu devrais essayer de faire des choses hors normes de temps à autres. Je ne parle pas du fait de boire un coup et de reprendre le volant juste après mais je parle de faire des trucs qu'on attend pas du tout de toi. Comme un jour appeler à ton boulot, leur dire que tu es malade et passer ta journée au SPA. Enfin ce genre de choses.
-Tu sais que quand on a un travail et qu'on est adulte, on peut se faire renvoyer pour ça ? Je n'ai personne pour me sauver dans une telle situation contrairement à vous. Mais j'en parlerai pas à John. Je ne préfère pas que Brian fasse ce genre de cho..
-Ah. Évidemment, l'interrompis-je.
-Je peux savoir ce que tu veux dire par là Sarah ?
-Chacun ses enfants. Je pensais qu'on était une famille, je me trompais c'est tout.
-Je n'ai pas dit ça.
-Non, tu l'as sous-entendu. Tu as dit que tu ne voulais pas que Brian fasse ce genre de choses. Ça sous-entend que tu te fous que moi je fasse ce genre de choses avec l'aval de mon père. Sous entendu, ce n'est pas l'éducation que tu veux pour tes enfants mais pour moi tu t'en tapes. Alors je réitère que je pensais qu'on était une famille mais je me trompais. Mais ce n'est pas grave.
-Je n'ai pas dit ça et tu m'as interrompue.
-Ce n'est pas grave Mary. Tu as le droit de faire des préférences avec tes enfants. Je veux dire, tu as souffert le martyr pour les mettre au monde, c'est quelque chose que je comprends, c'est animal, on protège sa lignée avant les autres. C'est tout à fait logique. Est-ce que je peux sortir de table ? J'ai fini. C'était très bon.
Elle était estomaquée, Brian aussi mais ce n'était rien comparé à Tom.
-Comment ça tu as souffert le martyr ? demanda-t-il à sa mère.
J'en profitais pour m'éclipser dans la cuisine mais Mary me suivit. Elle me fit sursauter et je fis tomber mon verre qui se brisa. Je me penchais pour ramasser les morceaux. Quand j'étais petite, j'aimais bien polir les morceaux de verre et une fois qu'ils étaient sans danger, on jouait avec Sophie et moi.
-Je n'ai pas dit ça Sarah.
-Tu n'as pas à te justifier.
Elle essaya de me prendre la main mais je la reculai brusquement.
-Si tu divorces, eux ce seront toujours tes enfants mais moi je ne serai plus rien pour toi. C'est tout à fait normal que tu réagisses comme ça. Moi aussi je réagirai comme ça. Tu n'as pas à t'inquiéter, je ne le prends pas mal. J'ai des morceaux de verre en main et y'a plus de sacs poubelles, tu pourrais m'en passer un ?
Elle me fixait sans me comprendre.
-Tu sais quoi ? Oublie ce que j'ai dit. Je suis fatiguée, je vais aller me coucher.
Je pris le sac poubelle dans le placard à côté d'elle avant qu'elle ne réagisse et je montais me coucher. Je me lavais les dents et je me couchais sans me déshabiller. Évidemment qu'elle préférait ses garçons. Je ne comprenais pas pourquoi je réagissais comme ça. C'était normal. Normal. Alors pourquoi avais-je mal ? J'avais cru qu'elle ne ferait pas de différence entre nous. Mon père ne faisait pas de différence entre nous. Mais peut-être que mon père ne m'aimait pas autant que Mary aimait ses enfants. Comment pouvais-je quantifier l'amour ? J'aurais aimé avoir un mode d'emploi de la parfaite famille recomposée. On m'aurait expliqué ma place avec précision. Je me mis à sourire dans le noir. J'avais déjà un guide de la parfaite famille recomposée. Ça s'appelait la littérature. Si on prenait la Bible, Joseph, Marie et Jésus. C'était l'exemple même de la famille « recomposée ». Mais Jésus était le fils de Marie. Et non pas de Joseph. Cela ne marchait pas dans mon cas avec mon père et ma belle-mère.. Aucune transposition n'était possible, si ce n'est que son beau-père l'adorait autant que mon père adorait les enfants de sa femme. Il ne restait plus que les contes de fée. Blanche-Neige, cette greluche. Cendrillon, la bonniche. Leur belle-mère ne pouvait pas les piffrer pourquoi ? Parce qu'elles étaient les filles de leur mari en plus d'être sottes. Bingo. C'était écrit. Les filles des maris ne pouvaient pas être aimées des belle-mères. Dans aucune histoire ça ne marchait comme ça. Ce n'était pas pour rien. On protège toujours ses enfants avant ceux des autres. On protège les enfants de son sang, de sa chair, ou encore ceux qu'on a reconnu comme étant siens. C'était humain. Je savais où me placer désormais. Je passerai toujours au second plan par rapport aux garçons. Le féminisme venait de s'en prendre un coup. Je me retournai dans mon lit en entendant ma porte s'ouvrir. Je fis semblant de dormir et je sentis le parfum de Mary. Elle se pencha vers moi, je crus qu'elle allait m'embrasser mais elle se ravisa et sortit. Des larmes coulèrent de mes yeux. Je me sentais mal. J'avais envie de fumer une cigarette, de boire un verre et de danser jusqu'au bout de la nuit. De faire quelque chose d'interdit. J'avais envie de me sentir vivante. De ne pas gâcher complètement cette journée. Je me levai et j'enfilai mes chaussures. Je pris juste mon téléphone et je fermais ma porte de chambre à clef. Je marchais dans la ville presqu'endormie. Cela me fit du bien mais de retour dans ma rue, près de deux heures plus tard, j'avais une certaine appréhension. Comment allait réagir Mary si elle me voyait ? Et puis cette voix fourbe dans ma tête me rappela qu'elle s'en ficherait sûrement. Je rentrai par la porte d'entrée. Il n'y avait plus un bruit dans la maison si ce n'est celle de la télé mais comme c'était un match, je présumai que Mary n'était pas devant. J'avais raison. Je remontai et je rouvris ma porte de chambre. Je me laissai tomber sur mon lit comme une masse mais je savais que le sommeil ne viendrait pas, j'avais mal au crâne, comme quand on a trop pleuré.. Je farfouillais dans ma table de nuit, je trouvais la bouteille que j'avais prise dans le bureau de mon père et la boîte d'aspirine. Je pris un cachet et le fit passer avec de l'eau. Puis je me rendis dans la salle de bain de l'étage. Je pris la boîte de médicament. Je pris la boîte de somnifère avec moi et j'en pris un cachet. Je ne tardai pas à m'endormir. Mon réveil fut rude, j'avais fait un sommeil sans rêve aucun. C'était bizarre. Je descendis les escaliers une fois lavée et je fus frappée par le bruit qui se dégageait de la cuisine. Cela réveilla une petite douleur au fond de mon crâne.
-Salut.
-Bonjour Sarah. Tu veux du thé ou un café ?
-Heu.. un truc qui n'aggrave pas mon mal de tête.
-Ma pauvre chérie. Tu as pris de l'aspirine ?
-Non pas encore. Je vais aller en chercher.
-Je vais le faire, prends ton petit déjeuner, me répondit ma belle-mère.
-Non, parce que la boîte est dans ma chambre. J'y vais. Je suis capable de m'occuper de moi, tu sais ? J'ai plus 5 ans et demi.
Brian me jeta un regard noir. Et quand je revins dans la cuisine, il était seul, assis devant le comptoir.
-Je peux savoir ce que tu as ? Tu as tes règles ou quoi ? Tu n'as pas besoin d'être désagréable avec ma mère.
-Ce n'est pas le cas.
-Tu l'es depuis hier.
-Ce n'est pas vrai.
-Si. Tu lui as super mal parlé hier soir. Quand je pense que je t'ai aidé face à l'autre connasse qui t'a frappée.. je ne sais pas si tu le mérites dans le fond.
-Tu l'as dit toi-même Brian. Je suis un boulet. Ne te mêle pas de mes affaires, je risque de t'entrainer dans le fond de l'océan avec moi. En fait, j'ai pas faim. MARY ? dis-je une fois en bas des escaliers. J'Y VAIS. À TOUT'.
J'ouvris la porte et je tombais sur mon père. Il était d'une pâleur incroyable. On sentait qu'il était crevé. Je le laissai passer, je l'embrassais et je filais. Je devais aller chercher Sophie, sa voiture était en révision. Nicholas m'ouvrit la porte.
-Salut ma belle ! Entre !
-Salut Nicholas. J'adore votre cravate, elle est super belle.
Elle était verte foncée. Il me sourit, m'embrassa et me dit que Sophie était dans la salle à manger.
-Tu es.. tôt, fit mon amie en épluchant une banane.
-J'avais mal à la tête et j'avais pas envie de manger non plus.
-Genre rien du tout ? Tu devrais te forcer à manger. Tu vas avoir un malaise sinon. Mais je crois que c'est pas tout.
-Je me sentais mal à l'aise aussi vis à vis de Mary parce qu'hier, elle a nettement noté sa préférence à Brian par rapport à moi. Je sais que ça ne devrait pas me surprendre mais.. j'avais la sensation que nous étions sur un pied d'égalité alors..
-Tu as peut-être mal compris, me répondit Nicholas en reprenant sa place autour de la table du petit déjeuner.
-Je ne crois pas.
-Sarah, si tu ne te sens pas à ton aise dans ta propre maison, la notre t'est grande ouverte. Tu peux venir passer quelques jours ici si tu veux. Je ne pense pas que John y verra un inconvénient.
-C'est gentil. Merci.
-Maintenant, fais-moi plaisir mon enfant, prends au moins un fruit.
Je pris une banane et je me forçais à la manger mais je n'avais pas faim. Je voulais juste lui faire plaisir. Arrivée au lycée, je n'avais pas plus faim. Mais j'avais la flemme monumentale. Je tournais les yeux au dehors. Plus que quelques heures et le week-end serait enfin là.
-McAllister ! Serait-ce trop vous demander de vous concentrez ? Vous n'étiez déjà pas là hier.
Je ne détournai pas les yeux du petit oiseau qui venait de se poser sur le rebord de la fenêtre.
-McAllister !
-Oui Gordon ?
Ma prof de chimie ouvrit grand les yeux et je vis du rire dans les yeux de la copine de Brian.
-Je vous demande pardon ?
-Je pensais qu'on s'appelait tous par nos noms de famille maintenant. Vous m'appelez McAllister, je vous appelle Gordon, non ?
-Dehors. Vous sortez de mon cours et vous irez en retenue ce soir.
-Parfait. Au moins j'apprendrai quelque chose contrairement à vos cours.
Il y eut une rumeur qui se propagea dans la salle. Je pris mes affaires et je sortis de ma salle de cours pour me rendre à la bibliothèque. Personne ne m'avait vu. Je m'installai sur une table dans le fond et j'étudiai ma chimie, à fond. J'envoyais des SMS à Marc quand je ne comprenais pas et il m'envoyait l'explication. Je trouvais ça adorable. Il me manquait. J'avais envie de le voir ce week-end mais il ne pouvait pas revenir. Je sursautai quand j'entendis un sac se poser sur la table près de moi. C'était Brian. Il avait mis une casquette et des lunettes de soleil.
-Mais qu'est-ce que tu fais ?
-Je suis en incognito, se mit-il à sourire. Mais bref, trêve de plaisanterie, reprit-il en retirant ses lunettes à moitié. Ce soir, toi et moi, on trace la route. Comme Christophe Maé.
-Comme qui ? fis-je sans comprendre.
Il se mit à rire doucement.
-Je vais laisser ma voiture à Alex après sa colle, on prend la tienne et on part.
-On part où ?
-Tu verras. En fait, comme j'ai eu un trou d'une heure, je suis parti à la maison faire nos valises.
-Tu as fouillé dans ma commode ?
-J'ai pris la pile sur ta commode, je l'ai mise dans un sac de voyage. Point. J'ai pas sniffé tes culottes ou autre perversion de ce genre.
-Dieu merci. Il ne manquerait plus que ça !
-Bref, après mon entrainement. On file. Sois à l'heure, sinon je peux te jurer que je te traine parce qu'il te reste de cheveux comme un homme des cavernes.
Il me fit un clin d'œil, un petit sourire en coin et il remit ses lunettes de soleil avant de quitter la bibliothèque. Ce soir, on trace la route. Je ne savais pas qui était ce Christophe Trucmuche mais je souris. Pourquoi pas après tout ?
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