Le plan était simple et nous étions prêts. Nous devions juste être très coordonnés. Il ne fallait surtout pas que Sophie, Alexandra et moi soyons impliquées plus que de mesure dans ce que nous appelions désormais l'opération Hello. C'était une idée de Brian. Elle lui était venue alors que j'étais entrain de regarder l'épisode de Glee de la saison 1 quand Rachel et Jesse chantaient cette chanson de Lionel Richie. Il m'avait demandée si j'avais déjà vu le clip et devant ma réponse négative, il me l'avait montré. Cela parlait d'un prof amoureux d'un élève. Il trouvait l'occurrence marrante.

-Je pense qu'on devrait faire ça demain.

Cela faisait près de deux semaines que nous avions eu notre conversation lors de la retenue et cela faisait près de 3 semaines que je n'avais plus le droit d'aller en chimie. Je travaillais à la bibliothèque et mon niveau avait considérablement augmenté. Je n'avais besoin de personne. Bon, je m'avançais un peu. dès que j'avais un souci, j'appelai Marc et quand Marc n'était pas disponible, j'appelai Ray et quand il n'était pas disponible j'appelai Clive. Il suivait un cursus universitaire en rapport avec les sciences. Mais ça n'était arrivé qu'une fois ou deux seulement. Mais.. cela me pesait un peu. Comme j'avais refusé de lui présenter mes excuses, je n'avais plus le droit d'aller en cours et moins j'allais en cours, moins j'avais envie d'y retourner. Elle ne me collait même plus d'ailleurs. Elle m'avait oublié cette connasse. 
-Demain ? me demanda Brian alors que je venais de l'arrêter dans les couloirs. 
-Oui. Je n'en peux plus. 
-Okay, on voit ça à la maison. Traine pas dans les parages avec moi.. attends. Tu es pas censée être en cours d'ailleurs ? 
Nous étions seuls dans les couloirs du lycée.
-Je n'ai pas le droit d'aller en cours, je te rappelle. Alors je vais à la bibliothèque.
-Hum. On voit ça à la maison ce soir, après les cours.
-Plus tard, j'ai rendez-vous chez le Dr Cooper.
Brian eut un petit sourire entendu et il me laissa seule. J'allais 3 fois par semaine chez le Dr Cooper. Ça me faisait du bien. Je lui parlais de tout ce que je ne pouvais pas dire à mon père. Je me sentais mieux. Je n'avais pas vu Marc depuis trop longtemps. Il me manquait. Il avait eu pas mal de boulot et il n'avait pas réussi à se libérer, on se parlait par Skype ou par Facetime mais ce n'était pas pareil. Le Dr Cooper m'avait demandée si c'était un manque purement sexuel vu que je le voyais et lui parlais tous les jours. J'avais trouvé cette question difficile. Mais dans le fond, elle avait raison. J'avais aimé nos vacances à Aspen, on avait une activité assez.. fournie. Je voulais juste pas l'admettre devant ma psy, c'était tout.

Mon téléphone vibra. C'était Ray. Il m'appelait tous les lundi désormais, pendant mon cours de chimie raté. J'allais directement dans le jardin de botanique.
-Salut !
-Salut petite criminelle, alors tu as toujours pas présenté d'excuses ? 
-Elle n'a qu'à aller se faire foutre. Bien profond en plus et à sec. 
-Tu l'aimes vraiment pas !! dit-il après avoir ri.
-Pas du tout. Tu sais quand même qu'un jour je vais retourner en cours.. pourquoi tu m'appelles au juste ?
-J'ai une bonne nouvelle à t'annoncer.
-Oh mon Dieu, tu es enceint.
-Enceint ?
-Bah, tu peux pas être enceinte alors..
Je fermais les yeux et j'imaginais la grimace amusée qu'il devait avoir sur le visage.
-Non, rien à voir avec une éventuelle erreur génétique, on a fini les arrangements sur Sarah she's all that et on va la chanter à notre prochain concert.
Je me mis à crier comme une fangirl. 
-JE SUIS DÉGOÛTÉE JE SERAI MÊME PAS LÀ.
-J'ai pensé à tout, t'inquiète pas. J'ai demandé à Bob d'envoyer sa petite sœur au premier rang pour se mettre sur Periscope pendant ce temps là.
-Tu es un amour Ray.
-Merci. Je savais que ça te ferait plaisir, c'est pour ça que j'apprécie ce que je fais. Parce que ça fait plaisir aux gens.
-Je suis super contente, tu plaisantes. C'est ma chanson. Je veux dire, tu l'as écrite pour moi. Je crois que c'est l'une des choses les plus cute de toute l'histoire de la musique. 
-On ne trouve pas tous les jours une muse. En fait, ça va mieux ? Tu m'avais dit que tu avais un rendez-vous médical.
-En fait, c'était un rendez-vous psy. Mais je ne savais pas comment l'annoncer.
-Oh tu sais, moi aussi j'ai besoin de temps à autres de parler à un professionnel avec le stress de la chanson, la pression de la célébrité tout ça. Ma mère a insisté pour que j'aille voir une de ses amies. À se demander comment font nos parents pour avoir des amis partout, hein ?
-C'est vrai. Mon père aussi m'a emmené voir une de ses amies. Comme par hasard. 
-Ça te fait du bien ?
-Oui, presqu'autant que t'avoir toutes les semaines au téléphone. Heureusement que je ne suis pas célèbre, je ne pourrais pas supporter la pression c'est clair... Attends, tu écoutes de la musique ? C'est quoi ?
-Wake me up, la version de Lea.
-De Lea.. Michele ?? TU CONNAIS L'ACTRICE DE GLEE.
-Ouais. Je la connais. C'est une amie de Keito. Enfin de la sœur aînée de Keito. Elles ont fait leur scolarité ensemble. Et j'adore cette version. J'adore cette fille, ce serait un honneur de chanter avec elle. Je pense que je vais l'appeler pour faire un duo avec elle.
-Je ne suis pas rendue là dans la série je l'ai pas encore entendue. Mais ça a l'air pas mal du tout. Vraiment. Je vais écouter plus tard et je te dirai ce que j'en pense. Mais pour revenir à mon psy.. oui je crois que ça m'aide à me sentir mieux dans mon corps.
-C'est quelque chose que je ne peux pas comprendre.
-Être bien dans son corps ? 
-Non que toi tu sentes mal à l'aise dans le tien. Comme beaucoup de filles je suppose. Mais je ne comprends pas. Moi j'ai trop d'admiration pour les filles pour comprendre qu'elles ne s'aiment pas. 
-De l'admiration ?
-Oui, honnêtement, je n'ai rencontré que des filles et des femmes admirables dans ma vie. Tu vois par exemple, ma mère. Elle a une carrière, des enfants et elle arrive à absolument tout gérer ! La mère de Clive, pareil ! Pendant tout un moment, elle cumulait deux jobs et elle n'a jamais baisser les bras.
-Elle cumulait deux jobs ?
-Ouais. Le père de Clive s'est barré avec une pouffe et elle s'est retrouvée toute seule pour élever ses enfants. Et c'était vraiment dur pour elle, Clive me l'a souvent répété et j'ai pu le constater mais ça ne l'empêchait pas de sourire et de rire dès qu'elle le pouvait. Les femmes sont fortes. 
-Tu es une féministe en fait Ray.
-Oui. Je crois. Et je ne prends pas ça pour une insulte.
-Je ne le disais pas pour ça ! m'exclamai-je tout aussi vite.
-Je le sais bien, banane. Mais oui, pour moi, c'est important que le monde soit plus égal entre les hommes et les femmes. Tu te rends compte que si j'étais une fille, je gagnerai moins que les autres de mon groupe ? Je ne trouve pas ça normal.
-Merde Ray, c'est quoi ton défaut en fait ? 
-Je peux être super méchant quand je suis pas de bonne humeur. Mais genre vraiment. J'ai fait pleurer une fille l'autre jour parce que je m'étais réveillé en retard, donc j'ai pas eu le temps de prendre un petit dèj, j'avais juste le temps de prendre un café avant d'aller en cours et la meuf elle m'a demandé un autographe en me barrant le passage. Je l'ai envoyé tellement chier qu'elle est partie en pleurant.
-Ah ouais. Carrément.
-Ouais, mais après je m'en voulais, la pauvre, c'était pas sa faute, alors je l'ai invité à aller prendre un café en terrasse après les cours. Je l'ai retrouvé à la sortie. 
-Bah tu t'es rattrapé, c'est pas vraiment un défaut.
-Je suis chiant au quotidien. En fait je ne crois pas avoir de gros défauts. Ou en tout cas, j'essaye de les atténuer un maximum. Mais après, je ne.. Excuse-moi deux secondes. Oui, bien sûr, je vais les prévenir, pas de soucis madame. Sarah ?
-Je suis là.
-C'est ma surveillante, on a un cours annulé qui ne l'est plus, elle voulait que je prévienne le maximum de personnes. Je vais envoyer un mail groupé.
-Je ne vais pas te déranger alors...
-Sarah, j'ai un iPad, je vais l'envoyer tout en te parlant. D'ailleurs, je t'ai pas dit, j'ai postulé pour Stanford..
-Pour Stanford ??? Tu es sérieux ? 
-Ouais je me suis dit que j'étais pas plus con qu'un autre et que pour des études avancées en management, je pouvais me permettre de postuler dans tout le pays. Et puis, on ne peut pas dire que c'est l'argent qui me freinera. 
-Tu as choisi du coup ? Management et business ? Pas architecture ?
-Je me dis que c'est ce qui va le plus me servir. Alors, ouais on va essayer. Peut-être que je changerai d'avis dans 6 mois. Sinon, toi, tu as une idée.. ? 
-Hum, j'ai demandé à mon père, si je pouvais éventuellement abuser du fait qu'il soit pote avec le chef de la chirurgie pour aller faire un stage dans son hôpital. Pour voir si ça me plaît de faire ça. Je veux dire, Sophie a toujours voulu faire médecine comme son frère tu vois, mais moi, je ne sais pas. Je me sens conne de ne pas savoir ce que je veux faire quand je serai grande. 
-Arrête, tu as le temps, tu es à ta seconde année de lycée, il t'en reste 2. C'est bon quoi. Et puis sinon, au pire, tu viendras faire des études dans ma fac, on rigolera bien. 
-Merci, tu me rassures. D'ailleurs.. comment ça se fait que tu sois un Senior et pas un Junior ? Tu as un an de plus que moi. C'est tout.
-Je suis de fin d'année et j'ai un an d'avance. 
-Je te hais.
Il éclata de rire. Cela me fit tellement de bien. J'étais là au soleil, j'étais bien. 
-Il est possible qu'on aille du côté de New-York pour Pâques, si c'est le cas, on devrait faire en sorte de se voir une fois ou deux.

-Hum. On pourra partir à la chasse aux œufs dans un parc.
Il était mort de rire. Moi aussi. Ça tombait bien. J'entendis du bruit et je me redressai. Je vis le club de botanique arriver.
-Désolée, je dois te laisser, je dois partir de mon jardin secret.
-De ton jardin secret ? 
Il paraissait perplexe, je pris une photo et je lui envoyais. 
-Oui, mon jardin secret. On se Facetime ce soir si on a le temps ?
-Avec plaisir. Tu m'envoies un SMS et je me libère. 
-Okay. See ya.

Il m'avait rendu le sourire. Au déjeuner, je remarquais que Sophie avait une petite mine.
-Tout va bien ?
-J'ai mal au crâne depuis ce matin. Ce n'est rien. Tu as bien bossé pendant le cours ?
-Ouais, j'ai téléphoné à Ray aussi. C'était sympa.
-Tu sais que tu as un petit sourire quand tu parles de lui ?
-Je crois que je n'ai jamais eu une amitié aussi pure avec un garçon. J'ai l'impression que je peux tout lui dire. 
-C'est ce que je ressens avec Cameron. Je crois que c'est mon meilleur ami au masculin en plus d'être mon petit ami.
-D'ailleurs, en parlant de ça. Parlons bien, parlons sexe, comme dirait Brian.
-Je me disais bien aussi.. remarque mon père aussi aurait parlé comme ça. Et le tien aussi si je ne m'abuse.
-Ouais grave. Vous avez couché ensemble ou pas encore ?
-Pas encore. Je ne sais pas, je ne sais pas s'il n'a pas envie ou si.. je ne sais pas, est-ce qu'il a peur du manque d'expérience ?
-Je ne vois pas quel mec normalement constitué n'aurait pas envie de coucher avec toi. Si j'étais un mec, je coucherai avec toi.

-C'est le truc le plus mignon que tu m'aies dit, ironisa-t-elle en prenant une bouchée de poisson. 
-Tu as vu, je m'améliore. Tu veux que je lui en parle, on est devenu pote.
Je ne mentais même pas. Depuis qu'il m'avait ramené chez moi après ma coupe de cheveux fortuite, on était devenu pote. On s'envoyait des messages de temps à autres. 
-Non mais ça va pas la tête !! Sarah ! Brian a décidément une très mauvaise influence sur toi. 
Elle était hilare, je le voyais à ses yeux alors que son visage disait le contraire. Elle eut un spasme de douleur. Elle avait vraiment mal au crâne.
-Je n'ai plus d'aspirine ou ce genre de choses dans mon casier.
Théoriquement c'était interdit mais qui le saurait de toute façon ? Je tournai les yeux et je cherchai Brian du regard. Peut-être que lui aurait de quoi faire... Je le trouvai juste derrière ma prof de chimie qui venait d'entrer pour aller vers le réfectoire des profs. Il la matait des pieds à la tête. Je l'appelai alors que Sophie s'était relevée pour aller chercher de l'eau.
-Tu n'aurais pas de l'aspirine pour Sophie.
-Bonjour à toi aussi. 
-Ouais, re-bonjour. Alors ?
-Non. Paul, tu as de l'aspirine pour Sophie ?
Je vis Paul secouer la tête d'un air renfrogné.
-Demande-lui s'il en a vraiment pas ou si c'est juste un connard ?
Brian répéta et Paul tourna les yeux vers moi. Il me fit signe qu'il n'en avait vraiment pas. 
-Okay. Tu peux demander à Cameron qui est juste derrière toi ? Non mais elle va vraiment pas bien. Moi j'ai rien sur moi.
Brian se retourna et je patientais.
-Punette, tu n'aurais pas de l'aspirine pour ta copine.
-Alors déjà, tu ne m'appelles pas Punette et si Sophie avait vraiment besoin d'aspirine, elle irait à l'infirmerie tête de nœuds. 
-Oh putain, lâchai-je en raccrochant. 
-Quoi oh putain, fit Sophie en se rasseyant. 
-Brian va tuer Cameron. Il vient de le trainer de tête de nœuds. Faut que tu le sortes de là. 
Elle ouvrit grand les yeux mais déjà, il y avait une bataille d'alpha au milieu de la cafèt. Ils se regardaient avec mépris tous les deux et ils commençaient à bomber le torse. Brian était plus grand que Cameron et je ne pouvais qu'imaginer la tête qu'il faisait même s'il était loin de moi et qu'il était de profil. Il dut lui dire quelque chose parce que Cameron devint rouge et Brian tourna les talons, il posa son sac à sa table de performers et il demanda un truc à sa copine. Elle lui tendit et il se dirigea vers nous. 
-Tiens Sophie, de l'aspirine. Parait que tu as mal au crâne. 
-Merci. C'était quoi ça ? 
Elle désigna l'endroit où se trouvait son petit ami qui n'avait pas bougé encore.
-Oh rien du tout, répondit Brian en souriant et posant sa main sur l'épaule de Sophie. Ne t'inquiète pas. Si tu as encore mal, Alex a une boîte entière de comprimés. Je vais lui en taxer et en mettre dans le casier de Sarah.
-Pardon ? 
-Bah ouais, tu as encore mis l'anniversaire de ton père. Tu es trop prévisible comme fille. Et oui, pour info, j'ai essayé ce matin pour voir si j'avais raison... et je l'ai ouvert.. sans souci. Je te dépose ça ma belle, du coup. 
Ma belle ? Il se foutait de la gueule de qui ? Il donna une pichenette sur le visage de Sophie et elle se mit à sourire tout en roulant des yeux. Brian eut un air goguenard Je ne me m'attendais pas à la suite. Au poing d'un Cameron rouge de rage, s'écrasant sur le visage de Brian. Il y eut un silence dans le réfectoire. Un silence hébété. Je m'arrêtai de respirer comme tout le monde. Brian avait reculé sous l'impact. Il était plié en deux. Il se redressa et regarda sa main ensanglantée. Un regard meurtrier passa dans ses yeux.

-Toi et moi, après les cours, derrière le gymnase, 17h30.
Sa voix avait retenti de manière parfaitement claire. Tout le monde l'avait entendu. J'avais presque l'impression de voir une provocation en duel. C'était ça, il ne manquait que la gifle et le gant jeté devant son adversaire. Brian tourna les talons et sortit du réfectoire suivi rapidement par Alexandra. Elle voulut le toucher mais il fit un geste pour lui dire qu'il ne voulait pas qu'elle le fasse. Un brouhaha pas possible se répandit dans le réfectoire. Je tournai les yeux vers Sophie mais elle rassemblait déjà ses affaires. 
-Sophie.. 
Elle gifla Cameron et il y eut un autre silence gêné. Elle sortit de la cantine et il lui courut après en laissant tomber son sac à côté de moi. Je baissai les yeux. Je n'aimais pas être le centre de l'attention. Je me levai, délaissant mon déjeuner à peine entamé et je pris le sac de Cameron avant de sortir. J'entendis des éclats de voix, c'était Sophie et Cameron. Ma meilleure amie était rouge et elle lui hurlait dessus et Cameron essayait tant bien que mal de la calmer mais ça avait l'effet inverse. Je savais que je devais intervenir avant qu'elle lui balance de nouveau sa main par la figure. 
-Cameron. Je suis pas ta porteuse de sac mec. Tiens. Sophie, tu viens ? On devait aller me chercher de l'essence.. 
-C'est pas le moment Sarah. 
-Tu n'as pas à dire à ma copine ce qu'elle a faire ou pas, je t'ai dit tout ce que j'avais à te dire. Sophie me prit le bras et elle m'entraina sur le parking. Elle s'installa dans ma voiture et elle se mit à pleurer. 
-Je HAIS la violence. Et lui qu'est-ce qu'il fait ? Il frappe Brian ? Ce n'était pas de la légitime défense, c'était juste.. gratuit. Putain. Je ne pensais pas un jour sortir avec un mec violent.
-Il y a toujours plusieurs côtés à une histoire et je ne pense pas que tu lui aies donné sa chance pour qu'il t'explique.
-La violence est la violence Sarah. Toi tu détestes Brian, je suis certaine que tu as pris du plaisir à le voir souffrir mais moi ce n'est pas le cas.
-Alors d'une, je sais que tu as toujours eu un faible pour Brian et que tu ferais n'importe quoi pour ses beaux yeux mais ce n'est pas une raison pour me parler sur son ton. Moi j'essaye juste de faire la médiatrice. Et de deux, Brian l'a provoqué environ 3 minutes avant que tu n'arrives à ton avis, pourquoi Cameron l'a traité de tête de nœuds ? Ils se sont parlés juste après. Il a encore dû lui faire une remarque désobligeante. Alors oui, j'assume, je suis dans la Team Cameron même si je ne conçois pas qu'un conflit se règle par la violence. Si tu n'es pas contente, tu n'as qu'à aller pleurer dans les bras de Brian, puisque tu l'aimes tellement. Je ne te retiens pas.

Elle sortit de ma voiture en claquant la portière. Elle me saoulait. Réellement. Et je m'en voulus de lui avoir parlé comme ça, parce que j'avais compris son choc. Il fallait que je la trouve. Je ne la trouvais pas avant d'aller en cours malheureusement, je la cherchais partout. Je la vis devant la porte de la salle. Elle laissa tomber son sac et me sauta au cou.
-Je suis désolée. Je n'aurais pas dû te parler comme ça Sarah.
-Non, c'est moi. Je t'ai parlé très froidement. Je n'ai pas été de ton côté, c'était pas cool. Tu as reparlé à ..
-Tant qu'il n'a pas fait d'excuses à Brian, il peut aller se brosser !
-Il va se faire laminer par Brian tout à l'heure. Brian a fait du karaté quand il était plus jeune et il m'a affirmé qu'il avait déjà pété les côtes de quelqu'un. Il va se faire tuer. Et en plus tout le lycée sera là.

-Je suis certaine que Brian peut être raisonnable. Quand il verra que Cameron est repenti, je suis sûre qu'il..
-Il ne perdra jamais la face. Jamais. Cameron l'a frappé et il a saigné. Tu sais très bien que tant que le sang coulera, il ne le lâchera pas. Si ce n'est pas maintenant, ce sera demain ou dans un mois. Il aura son dû. Tu le sais très bien. Ça fait parti de la version de l'honneur de Brian. Son honneur a été mis à l'épreuve. Et il ne laissera pas impuni cet acte. À travers lui, c'est toute la caste des performers qui a été frappé. 
-Tu es entrain de politiser un coup de poing. 
-Tu verras ce qu'il se passera à la fin des cours. J'ai raison et tu le sais.
J'avais raison. Il était 17h20 et il y avait du monde devant la gymnase. Comme si personne ne voulait rentrer chez lui sans voir le dénouement de cette agression d'un des chouchous du lycée. Je me frayais un chemin parmi les élèves tout en appelant le Dr Cooper pour l'informer que j'aurais peut-être un peu de retard. Normalement je m'étais laissée 15 minutes d'avance pour y aller mais avec les évènements, je ne pouvais pas laisser Sophie toute seule. Nous arrivâmes rapidement au premier rang. Près de Brian. Pas très loin de lui, je veux dire. Je me dirigeai vers lui.
-C'est pas une bonne idée, laisse tomber Brian.
-Parce que tu sais ce que je compte faire ? C'est marrant, je ne le sais pas moi-même. 
-Brian, intervint Sophie. Ne fais pas quelque chose que tu regretterais par la suite. Et ne laisse pas les autres altérer ton jugement. Promets-le moi.
Brian releva une mèche rebelle qui était placée devant ses yeux. Il avait les cheveux plus long que d'ordinaire. Il se les laissait pousser ou je ne m'y connaissais pas. Son nez était violacé sur le côté droit. Là où Cameron l'avait frappé à midi. 
-Et s'il te présente ses excuses, promets moi de ne pas le frapper, il n'en vaut pas la peine.
Brian ne disait rien. Il observait Sophie et il pencha la tête sur le côté.
-Soit. S'il me présente ses excuses, j'en resterai là. Tu as ma parole Sophie.

Je plissai des yeux, cela ne lui ressemblait pas. Cameron arriva à l'heure dite. Il semblait très mal à l'aise. La foule qu'il y avait, était impressionnante et dense en plus. Certaines personnes étaient en hauteur.. montées sur des voitures manifestement. Brian s'avança vers lui et ils s'arrêtèrent à un mètre l'un de l'autre. Je n'arrivais pas à entendre ce qu'ils disaient. Les gens parlaient autour de moi. Je vis simplement l'air tête à claque de Brian. Pour toute réponse Cameron retira ses lunettes et ferma les yeux. Brian secoua la tête et se détourna. J'arrivai à lire sur ses lèvres. Tu es tellement un tocard que je ne veux pas me blesser en te frappant. Sophie avait raison, tu n'en vaux pas la peine. Cameron rugit et lui sauta dessus en l'agrippant par le cou. Brian positionna ses jambes et le passa par dessus son épaule. Cameron se retrouva au sol en deux secondes.
-Même te battre, tu en es incapable. 
Brian essaya de s'éloigner mais Cameron se redressa et ils commencèrent à se battre. Brian restait visiblement en mode passif. Il jeta un coup d'œil de mon côté. C'était pour Sophie. Il ne voulait pas l'amocher pour Sophie. Je ne fus pas la seule à m'en rendre compte. Alexandra nous jeta un regard mauvais. Visiblement à un moment donné, il en eut marre parce qu'il donna un coup dans l'abdomen de Cameron avec son genou droit et il lui assena un coup de coude comme pour l'achever. Le petit ami de Sophie tomba au sol dans un râle douloureux. Brian s'écarta, reprit son sac et il s'éloigna avec sa copine sous le bras. Les gens se dispersèrent. Cela n'avait pas duré longtemps mais Sophie s'était agrippée à mon bras et j'allais sûrement en garder les marques longtemps.

-Oh Cameron.
Elle s'approcha de lui et elle hésita à le relever. 
-Tu n'aurais pas dû. 
-Si. C'est une question d'honneur. N'en parlons plus jamais Sophie.Jamais. Je n'en vaux pas la peine n'est-ce pas ?
-J'ai juste essayé de te protéger du mieux que je pouvais.
Il allait dire quelque chose mais il se tut tout en se redressant. Il avait l'air mal en point le pauvre. Brian n'avait pas été assez doucement avec lui, apparemment.
-Merci alors. Il aurait pu me laminer je l'ai senti tout de suite mais il s'est retenu. Pour toi.

Était-ce de la jalousie ? J'aurais bien aimé le savoir mais j'avais rendez-vous avec le Dr Cooper et en conduisant vers l'hôpital, je me demandais si mon petit ami se serait battu comme ça, juste pour mes beaux yeux. Je me doutais que Brian l'avait provoqué en parlant de Sophie ce midi. Mais dans le fond, je ne savais pas grand chose à part que Mary allait criser en le voyant comme ça. Et si elle me demandait je ne pouvais que lui parler de ce que j'avais vu à savoir, Brian tout faire pour retenir ses coups. J'arrivai un peu en retard chez ma psy et quand elle m'invita à lui parler de ma journée comme d'habitude ma première réaction fut de soupirer.
-Tu as passé une mauvaise journée ?
-Elle a été éprouvante, pas pour moi mais pour ma meilleure amie et ça m'a amené à réfléchir sur ma relation avec Marc.
-Ton petit ami.
-Oui. Je me demandais s'il serait capable de se battre pour moi. Le petit ami de Sophie ma meilleure amie s'est battu pour elle aujourd'hui avec Brian. Et.. ils se sont battus pour elle. Brian ne lui a pas fait le mal qu'il aurait pu lui faire pour ne pas la blesser et lui.. je suis persuadée que Brian l'a provoqué pour qu'il se ridiculise devant tout le monde. C'est tellement évident. Du Brian tout craché mais.. je me demande si quelqu'un se battrait pour moi. À part Tom, je veux dire parce que Tom est adorable et qu'il pense que je suis sa sœur et que c'est son devoir de me protéger mais.. est-ce que deux garçons de mon âge se battrait pour moi ? Je ne sais pas.
-J'aimerai revenir, si tu le permets, à Tom et ta relation avec lui. Tu viens de dire, il pense que je suis sa sœur mais toi comment te vois-tu par rapport à lui ?
-Par rapport à lui ? Oh.. et bien. Je crois que je suis devenue sa sœur.
-Alors pourquoi as-tu utilisé cette expression qui sous-entend que la relation n'a qu'un seul vecteur, qu'elle est unilatérale alors qu'elle est bilatérale.
-Je ne sais pas. C'est nouveau pour moi, lui a toujours eu un frère et ils ont veillé l'un sur l'autre mais moi j'ai toujours été toute seule, ce n'est pas pareil avec Sophie. J'ai beau l'aimer comme ma sœur, elle ne l'est pas totalement mais là.. je veux dire, oui, Tom est mon petit frère et je protège ses arrières comme il protège les miens. Alors oui c'est mon petit frère. J'ai employé un mauvais vocabulaire.
-Et Brian ? 
-Quoi Brian ?
-Que peux-tu me dire de ta relation avec lui ?
-C'est un connard 90% du temps, mais les 10% restant, il est plutôt sympa. Il est protecteur aussi. Il faut juste qu'il soit dans ses bons jours. Et c'est pas souvent. Mais.. en fait, je crois qu'avant on se détestait vraiment. C'était radical mais maintenant.. je n'arrive pas à dire que c'est mon frère. Quelque chose me bloque, je ne sais pas trop pourquoi. CE n'est pas mon frère mais on est de la même famille parce que j'adore sa mère, j'adore son frère mais lui.. je ne sais pas. C'est flou en fait. C'est pas mon frère et pourtant.. quand on s'engueule, on peut se réconcilier. Mais je dirai pas que c'est mon ami non plus. En fait je crois que le terme quasi-frère est le meilleur pour le désigner. On est d'accord sur le fait qu'on soit une sorte de famille sans l'être vraiment. 
-Ah ?
-Bah oui, si l'envie nous prenait de coucher ensemble, je ne dis pas que ça arrivera un jour, hein, mais si l'envie nous en prenait, ce ne serait pas incestueux ou illégal. On est pas du même sang, je veux dire. Mais après je n'ai pas l'intention de le faire mais.. vous voyez ce que je veux dire ? J'ai l'impression que je dis que de la merde quand je suis avec vous. Un peu comme si je disais tout ce qui me passe par la tête. 
-Est-ce que tu as déjà ressenti une attirance sexuelle pour Brian ?

-Non, jamais. Sérieusement, on dort ensemble et tout, c'est chelou dit comme ça mais c'est très bon enfant. Vraiment. J'ai jamais eu envie de coucher avec lui. Et c'est ce que je disais à Marc parce qu'il était un peu jaloux, vous voyez ? Je lui ai dit qu'on aurait couché ensemble depuis belle lurette si ça devait se faire mais.. en fait, je peux revenir sur ce que j'ai dit ?
-À quel propos ? 
-Et bien, en fait je crois qu'il est plus mon bro que mon ami. Pour une raison très simple, j'ai pas d'attirance sexuelle envers lui. Alors qu'il est canon, on ne peut pas dire le contraire et qu'il m'a dit que la première fois qu'il m'a vu, il m'avait trouvé mignonne mais.. maintenant c'est le calme plat. Je veux dire, on se trouve pas attirant. 
-Et la première fois que tu l'as vu, tu as pensé à quoi ? 
-La première fois ? Je ne sais pas trop; On ne peut pas parler d'autres choses que de Brian Miller ? Je veux dire, je suis censée être fâchée contre lui là. Il a frappé un de mes amis. Vous pourriez être de mon côté ! ajoutai-je en riant. 
-On reviendra sur ce sujet Sarah. J'ai envie de faire quelque chose avec toi, tu me le permets ?
-Tant que vous ne voulez pas porter atteinte à mon intégrité physique, j'accepte. 
-Lève toi.
-Faire du sport entre dans la catégorie susmentionnée. 
-Suis-moi. 
Je la suivis dans l'hôpital, direction le service de chirurgie.. Où est-ce qu'elle m'emmenait ? Elle frappa à un bureau et j'entendis un homme nous dire d'entrer.
-Sarah, je te présente le Dr Cooper.

-Mari ou frère ?
-Frère, répondit le mec ultra canon en face de moi.
-Ah ouais. Votre frère est canon.
J'avais décidé que pendant le temps de ma séance avec le Dr Cooper, j'étais sans filtre, et je laissais tout passer. Le frère de ma psy avait des cheveux très courts et de grands yeux marrons.
-Mais vous savez je suis mineure alors pour le Speed Dating, faudra attendre quelques années, Doc', dis-je à ma psy en souriant.
il éclata de rire et me demanda de m'asseoir juste en face de lui. Il était à moitié assis sur son bureau.
-Avant de commencer, tout ce qu'on dira ici est soumis au secret médical, je sais que tu es la fille de John et sache que je ne lui dirai rien même sous la torture.
-Heu.. si Papa venait à vous torturer, crachez ce que vous savez. Vraiment. Mais je comprends. Vous êtes aussi un médecin de la caboche ? 
-Ah non, moi je suis chirurgien esthétique.
-Ah ouais. D'où le physique de Superman. Histoire de faire rêver les clientes.. patientes, me repris-je. Qu'est-ce que je fais là ? Attendez.. vous m'avez pris un rendez-vous avec votre frère pour qu'il me dise que je suis bien comme je suis ? Sans avoir besoin de chirurgie ? Je trouve ça un peu chelou mais soit. Parlez Dr Nibard. 
-Y'a pas à dire, tu es la fille de John.
-Merci. Je prends ça pour un compliment.
-C'est le cas. Tu peux nous laisser ? Je n'aime pas avoir du monde pendant mes rendez-vous. Je te préviens quand on a terminé. 
Ma psy nous laissa et soudainement, je me retrouvai toute seule devant un chirurgien esthétique. Il prit mon visage en photo. Je ne comprenais pas pourquoi.
-Est-ce que tu peux te déshabiller ?
-Ne le prenez pas mal mais je me sens mal à l'aise à l'idée de me déshabiller devant vous..
-Pourquoi ça ?
J'avais envie de lui répondre Parce que vous êtes un homme. Mais ce n'était pas le souci dans le fond. C'était moi le souci, j'avais honte de mon corps.
-Parce que je suis un homme ? 
J'avais l'impression qu'il lisait en moi. Je secouais la tête. Non ce n'était pas ça. 
-Écoute, je suis médecin, j'ai vu toute sorte de corps, toute sorte de choses dans ma carrière et je ne vais pas porter de jugement sur ton corps. Tu veux que je fasse revenir ma sœur ?
-Oui s'il-vous-plaît.

Il ouvrit la porte et elle entra immédiatement. Je n'avais pas remarqué que je m'étais recroquevillée.
-Tu te sens plus rassurée avec une femme à côté de toi ?
-Ce n'est pas ça le problème Dr Cooper. Je ne veux pas que vous voyez à quel point je suis laide et difforme.
-Difforme ? Laisse-moi en juger par mon œil de chirurgien, veux-tu ? Tu sais quoi ? On va commencer par ton visage. Je l'ai mis sur mon iPad. On va faire quelque chose de très simple. Je vais prendre mon stylet et on va déterminer ce que tu voudrais changer chez toi.
-Mes pommettes, dis-je tout de go. Je les trouve énorme. Il faudrait les raboter. On dirait Igor et Grishka sérieusement. Je ne peux pas rester comme ça. Et il faudrait du botox sous mes cernes. Des canyons. Et j'ai une bouche de mérou aussi. Mais bon.. je sais pas si on peut se faire raboter les lèvres aussi.
-Okay. Donc, tu aimerais être comme ça ?
Il tourna son iPad et je ne vis pas une humaine devant moi. Il n'y avait plus de pommettes, presque plus de lèvres et en dessous des yeux, c'était complètement bombé.
-Non mais je veux rester humaine, pas être photoshopée. 
-Très bien. Et comme ça, ça te va ? 
Le visage que j'avais en face de moi avait des lèvres très légèrement pulpeuses, et des pommettes hautes, pas énormes et elle avait moins de cernes. C'était juste une humaine. Une humaine canon en plus. Une belle adolescente. 
-Ah ouais, carrément, si vous êtes capable de faire ça, franchement, je demande à mon père de vous faire un chèque diiiiirect. 
-Tu aimes ce que tu vois ?
-Bah ouais. J'adore, je serai canon comme ça.
-Tu accepterais qu'on travaille aussi sur ton corps alors ? Je te montrerai à la fin ce que ça fera ?
Je tournai les yeux vers ma psy qui hocha la tête et je me déshabillais petit à petit. Mon téléphone sonna.
-Vous pouvez regarder qui m'appelle ? demandai-je à ma psy alors que je retirai mon jean.
-Brian.
-Raccrochez-lui au nez. Il va comprendre que je suis avec vous.
Je continuais de montrer au chirurgien ce qui n'allait pas chez moi. Il me regardait gentiment et prenait des notes. Et il me montra son travail.
-C'est pas mal du tout, mais vous n'avez pas un peu déconné Dr Nibard ? Ça m'irait pas du tout cette paire de seins. 
-Tu as demandé un bonnet D.
-Ouais bah je viens de changer d'avis. Qu'est-ce que vous en pensez Dr Cooper ?
-Qu'est-ce que tu penses toi ? Tu te préfères comme ça ?
Elle tourna l'ordinateur de son frère et je la vis tripoter un truc. Et je me vis en gros. Projetée via le vidéo-projecteur. 
-Oh merde, on se dirait dans Belle toute nue. C'est flippant. On fait un avant après ? demandai-je en me rhabillant.
-Voici l'après. On est bien d'accord que toutes les modifications que tu voulais ont été faite.
-Ouaip. On est bien d'accord. On peut voir l'avant ? 
Il changea la diapo et je fus vraiment choquée. 
-On avait dit, voir l'avant mec. On ne me l'a fait pas à moi.
-C'est toi Sarah.
Je m'approchai et quand je me retournai j'eus la luminosité du vidéo-projecteur dans les yeux.
-Mon visage n'a pas changé, je pense que vous avez fait une connerie informatique.
-Absolument pas. J'avais modifié ton visage comme tu le voulais mais tu m'as dit que tu étais inhumaine. Mais comme ça, tu as dit que tu étais canon. Et vois le changement sur ton corps. Qu'est-ce qui a changé selon toi ? La poitrine... c'est tout.

Je vis un petit laser montrer les deux photos de corps. 
-Je peux te dire qu'à ton âge, ton corps n'est pas totalement formé. J'ai déjà vu des cas où des filles ont pris de la poitrine un peu plus tard. Tu veux un.. fessier plus ferme, plus bombé.. je t'invite à faire des squats. C'est radical. Et pour le reste, il me semble que tu étais assez satisfaite. 
-Vous vous moquez de moi c'est ça ?
-Absolument pas. Tu n'aimes pas tes fesses, tu n'aimes pas tes seins. Beaucoup de filles sont comme ça. Beaucoup de femmes sont comme ça. Mais pour le reste.. pour ton visage...
Il me remontra mon visage en gros.
-Ton visage est un losange plus arrondi. Comme un ovale. Tu as des pommettes hautes. De grands yeux en amande, un petit nez. Tes joues sont creusées. Tu as dit toi même que tu te trouvais canon. Si tu regardes bien...
Un trait apparut au milieu de mon visage.

-Tu as un visage plutôt symétrique. Notamment au niveau des yeux. Maintenant, je constate, en tant que mathématicien, que ta bouche du côté droit est plus grande que du côté gauche d'un ou deux millimètres mais cela peut-être dû au petit sourire ironique que tu avais en prenant la photo. Selon les standards de la beauté occidentale, tu es canon. Beaucoup de mes patientes tueraient pour avoir ton visage. Quant à ton corps, tu es encore adolescente. Il peut changer. Alors ? Tu voulais mon avis en tant que médecin, non ? Qu'est-ce que tu penses ? 
-Vous venez de me conforter dans l'idée que j'étais folle. Vous êtes entrain de me dire que médicalement je ne suis absolument pas anormale ?
-Je ne te dis pas que tu es folle. Je te dis, en tant que médecin, que si un connard ou une connasse te dit que tu es laide, tu peux leur dire que beaucoup de femmes tueraient pour avoir ton visage et ton corps. Tu n'es pas anormale. Loin de là. Et si tu l'es, ce n'est pas dans le sens négatif du terme. 

Je sentis un gouffre s'ouvrir et je regardai de nouveau mon visage. 
-Tu penses que tu es énorme, continuait-il. Mais tu ne l'es pas. À vue d'œil, je dirai que tu as un IMC de 18. Peut-être moins. Tu es à la limite de la maigreur. Mais tu ne l'es pas totalement. J'aimerai que tu comprennes que physiquement, tu n'as rien à te reprocher. 
Je tournai les yeux et les baissai pour ne pas leur montrer mes larmes. Il avait dit que je n'étais pas bizarre. Ce n'était pas un ami de mon père. Ce n'était pas une personne qui me connaissait depuis ma naissance et pourtant.. il m'avait dit que j'étais normale. 
-Vous avez raison. La prochaine fois que quelqu'un me fait une remarque sur mon physique, je l'ignore. Ou alors je lui plante mon poing dans la gueule et vous l'aurez comme patient après. Ça paiera les études de vos futurs enfants.

Ma psy me tendit un mouchoir pour m'essuyer les yeux.
-Qu'est-ce que tu ressens Sarah ?
-Je me sens bizarre. Un peu comme si.. on m'avait libéré d'un poids. Je n'ai jamais cru quand mes proches me disaient que je n'avais pas de problèmes physiques et toutes les critiques négatives ont pris le pas sur.. sur mes certitudes. Quand j'étais petite, je ne me trouvais pas laide. Pas du tout mais.. je crois que c'est après la mort de ma mère, à mon adolescence. 
-Je pense qu'on peut arrêter là pour aujourd'hui. Mais ne frappe personne Sarah. 
-Je vais essayer.

Je me levai et j'allais prendre congé mais je me retournai soudainement avant de prendre une carte de visite sur son bureau et je fixai le chirurgien droit dans les yeux.
-Je vous recommanderai si j'en ai l'occasion. Et si un jour j'ai envie de me refaire faire les seins, je viendrais vous voir.. au moins vous, je ne vous connais depuis ma naissance comme Wolf.
Je lui fis un sourire et je partis. Je passai devant le tableau où ils écrivaient les opérations. Je cherchai le nom de mon père. Je me rendis devant l'accueil où mon infirmière préférée se trouvait. Je lui fis un grand sourire.
-Excusez-moi de vous déranger. Vous savez combien de temps dure un pontage coronarien ?
-Entre 3 et 6 heures environ. 
-Ah ouais. Quand même.. Si je vous donne un petit message pour Papa, vous pourriez lui transmettre ou je vais lui coller la honte dans son bloc ?
-Comme vous voulez mon petit..
-Je vais aller lui coller la honte alors, si je change d'avis, vous lui transmettrez son message ? Je vous dis ça parce que..
Je regardai autour de moi et je me penchai sur le comptoir pour m'approcher d'elle.
-Vous êtes sa préférée. Il me l'a répété une dizaine de fois.
-Bien sûr que je lui donnerai. Rappelez lui dans son message qu'il me doit un verre. 
Je souris et je me rendis dans la salle d'observation du bloc de mon père. J'actionnais l'interphone.
-Salut Papa. Je voulais juste te dire que je voulais t'attendre mais 3h, c'est trop long. Alors je vais rentrer. Et aussi tu dois payer un verre à l'infirmière Gisèle, celle qui me donnait des caramels en douce quand j'étais petite.
-Okay, okay. Ne conduis pas trop vite Sarah.
Il était entrain d'observer un de ses poulains. Il était chirurgien secondaire. Il me fit un coucou de la main et je sortis de l'hôpital. Je ne savais pas pourquoi mais je me sentais mieux. Au lieu de m'embrouiller, la séance avec Cooper et Cooper m'avait redonné confiance. C'était étrange de penser ça. Je me regardai dans mon rétroviseur et je vis mes grands yeux qui pour une fois avaient une certaine confiance. Oui, je me sentais bien. Je roulais rapidement. J'avais hâte de parler à Sophie. Elle n'allait pas bien. Même quand je n'étais pas là, je le sentais. Je l'avais vu mais.. je n'avais rien fait. J'étais une mauvaise amie. Mais au moins, ça je pouvais me rattraper. Je commençais tard le lendemain. Au moins, ça s'était cool. Je garai ma voiture dans le garage et je constatai que Mary n'était pas encore là. Okay. Elle devait être avec Thomas à son bureau. Elle le faisait parfois.

-C'est moi !! ! Dis-je en ouvrant la porte. Brian ? T'es dispo pour une partie de Kinect ou tu es entrain de te branler comme.. 
Je m'arrêtais soudainement.
-D'hab..
Il n'était pas tout seul dans le salon et il devint rose tout en me lançant un regard meurtrier. Il n'était pas tout seul et je piquai un fard direct. Parce que mon arrière Grand-Mère Amélia était dans le salon entrain de boire une tasse de thé. Du moins.. elle aurait bien aimé parce que là, sa tasse était figée dans l'air.
-Tiens.. Salut Grand-Mère !! 
Ma voix me parut trop aigüe sous le regard perçant de mon aïeule.
-Mon jeune ami, auriez-vous la gentillesse d'aller chercher une tasse de thé pour ma petite-fille ?
Brian lui fit un sourire 100% Miller qui drague et il lui prit sa tasse des mains.
-Je t'ai appelé, murmura-t-il en passant près de moi.
-Est-ce ainsi que tu salues ta grand-mère Sarah ? Aurais-tu oublier le savoir vivre en plus de ta politesse ? Je ne pensais pas entendre un jour un vocabulaire dans ta bouche. Dois-je en parler à ton père ?
Je m'approchai de la grand-mère de mon père pour l'embrasser et je m'agenouillais juste devant elle. Je lui pris les mains pour poser un bisou dessus. Je faisais ça quand j'étais petite. J'attrapai un coussin pour rester au sol au plus près d'elle.
-C'est à cause du lycée. Mais tu as raison. Pardonne mon vocabulaire. Ça me fait vraiment plaisir de te voir. Tu m'as beaucoup manqué Grand-Mère. Tu as coupé tes cheveux n'est-ce pas ?
Mon arrière grand-mère était coquette. Elle prenait grand soin d'elle et d'ailleurs, je ne la trouvais pas si ridée et vieille que ça alors qu'elle avait plus de 80 ans.
-Absolument.
-J'adore. Je trouve que ça te va très bien. C'est très élégant.
Elle me fit un sourire amusé. Mon père lui ressemblait physiquement. Il avait le même sourire. Elle caressa ma joue.
-Tu m'as l'air fatigué. Tu étais chez ta psychiatre ?
Brian arriva à ce moment là et je le fusillai du regard.
-Tu n'as pas besoin de le regarder comme ça. C'est John qui me l'a dit, tu sais très bien qu'il ne peut rien me cacher.
-Ouais je sais. Et oui, j'étais chez elle. 
-Tu aurais dû me dire que tu n'allais pas bien la dernière fois que tu m'as parlé ma chérie. J'aurais dit à ton père de t'envoyer à la maison pour que tu puisses te reposer loin de tout cette atmosphère nauséabonde.
-Heu.. Grand-Mère, t'excite pas trop vite, ça va. Je ne sais pas ce que Papa a pu te raconter mais apparemment, il a exagéré. 
-Hum.. 
Elle fronça les sourcils. J'avais l'impression qu'elle lisait en moi. Je ne pouvais aller nul part.
-Et pourtant tu as perdu du poids. Je l'ai vu tout de suite. Si tu continues, tu t'envoleras au premier coup de vent. 
-Brian me rattrapera, j'en suis certaine.
-Je n'en doute pas.

Elle lui fit un sourire.. chaleureux ? Il avait réussi à amadouer ma Grand-Mère en combien de temps ? Une heure ?
-Tu es arrivée depuis longtemps ?
-Oh non, pas tellement, j'ai juste eu le temps de poser mes affaires à l'hôtel, et je suis venue ici. J'ai été accueillie très gentiment par ce beau jeune homme.
Okay. Clairement, il avait fait du charme à Grand-Mère Amélia qui d'ordinaire, n'aimait pas grand monde. Brian baissa les yeux. 
-Alors dis-moi ma chérie. Comment se passe le lycée ? 
-Ça va. J'ai fait des progrès en chimie, je comprends mieux je trouve. J'ai pris du temps pour étudier et ça parait plus clair. Et toi ? Comment ça va ? Tu sais que si j'avais pu j'aurais fait le voyage en Allemagne.
-Je sais ma chérie.
-Ce doit être affreux de perdre sa sœur. J'ose même pas imaginer. Tu te sens comment par rapport à ça Grand-Mère ?
-Elle était malade, tu sais.. je crois qu'elle est dans un monde meilleur. Heureusement qu'il me reste mon frère.

Elle reposa sa tasse de thé sur la table et quand Brian lui demanda si elle en voulait d'autre, elle refusa poliment. 
-Vous me disiez Brian que vous aviez beaucoup déménagé au cours de votre vie ?
-J'ai déménagé 4 fois, c'est vrai. 
-J'imagine que ça n'a pas dû être facile pour votre frère et vous.
-Je pense que Thomas et moi avons la chance d'avoir une faculté d'adaptation assez grande.
-D'adaptation ou de survie ? demanda ma Grand-Mère.
Son portable vibra et il s'excusa avant de regarder et de le poser face contre écran sur la table.
-Un peu de des deux. Beaucoup de survie, en réalité. 
-C'est pout ça que tu es comme ça alors ?
Brian tourna ses yeux vers moi et il me fit signe de continuer.
-Que tu es aussi... froid avec les gens, c'est de la survie ?
J'allais dire aussi con mais avec Amélia dans les parages, je ne pouvais pas, elle m'engueulerait.
-Si je suis froid, c'est uniquement parce que je n'aime pas les gens qui en font les frais. Voilà tout. Je suis poli et je fais en sorte de leur faire comprendre que je ne veux pas d'autres relations avec eux. Je ne vois pas ce qu'il y a de mal là-dedans.
-Je ne disais pas ça pour ça. Je crois bien que c'est la première fois que je t'entends parler de survie. J'étais étonnée.

Ma Grand-Mère parla avec Brian et moi l'heure suivante. Elle prit même des nouvelles de Sophie. Je trouvais ça sympa, elle savait que c'était ma meilleure amie. Je reçus un message de mon père qui me disait qu'il avait fini, qu'il sautait dans ses habits et qu'il arrivait. 
-Ne dis pas à ton père que je suis là, j'aimerai lui faire la surprise.
J'acquiesçai et une dizaine de minutes plus tard alors que ma Grand-Mère parlait de James; j'entendis la porte d'entrée s'ouvrir.
-MAIS MAMAN J'AIME PAS FAIRE ÇA.
-Je ne veux pas que tu apprennes le français de manière approximative mon chéri, alors tu feras tes exercices de grammaire. 
-C'est pourri.
-Thomas. Tu sais très bien que je n'aime pas quand tu emploies cette expression. 
-Excuse-moi Maman. Attends, je vais prendre le sac de course. 
-Je préfèrerai que tu prennes mon sac à main. Merci mon petit amour. Ne laisse pas ton manteau à trainer.

Thomas arriva dans le salon et il se figea en regardant ma Grand-Mère. 
-Bonjour madame. Est-ce que c'est vous la Grand-Mère de John et de Sarah ?
-Absolument. 
Tom sourit largement dévoilant ses dents qui repoussaient et il s'approcha d'elle en lui tendant la main pour qu'elle la serre. Ma Grand-Mère lui serra la main.
-Je suis content de vous voir. John vous aime beaucoup.
-Je l'aime beaucoup aussi.
Tom pencha sa tête sur le côté.

-Je trouve que vous êtes très élégante, comme Sarah.
-Merci jeune homme. 
Ma Grand-Mère se leva soudainement et je compris que Mary venait d'apparaître dans mon dos. Je me retournai et je vis de la surprise dans les yeux de ma belle-mère alors même qu'elle souriait d'un air avenant.
-Ainsi donc, voilà la femme qui a volé le cœur de mon petit-fils. 
-Je ne sais pas si je lui ai volé son cœur mais en tout cas, je lui ai confié le mien. C'est un grand plaisir de vous rencontrer Mme McAllister, j'ai tellement entendu parler de vous. 
Mary s'avança sur ses hauts talons. Si ma Grand-Mère n'était pas venue, elle les aurait sûrement retirés et serait restée pieds nus une bonne partie de la soirée. Elle devait souffrir le martyr et ma Grand-Mère lui prit les mains avant de l'emmener vers le canapé. Brian abandonna le navire en emmenant son petit frère pour qu'il fasse ses devoirs.
-John avait raison, vous êtes une très belle femme. Vous me rappelez sa première petite amie physiquement. J'espère que je m'entendrai mieux avec vous qu'avec elle. 
-Tu ne l'aimais pas ?
-Je la détestai.
Mary blêmit encore un peu plus et je vis que ma Grand-Mère avait l'intention de lui faire passer un message. 
-Elle n'avait aucune valeur, aucune éthique et ses parents étaient des campagnards mal dégrossis racistes et homophobes qui venaient du fin fond de l'Amérique. 
-Je m'étonne que John lui ait trouvé quoi que ce soit d'attirant dans ce cas. 
Grand-Mère Picsou sourit et son sourire s'agrandit quand mon père arriva. Il arriva dans le salon et ses yeux s'écarquillèrent. Un sourire gigantesque illumina son visage et j'eus soudain un bref aperçu de ce que devait être mon père plus jeune. 
-Grand-Mère ! 
Amélia s'était levée et mon père non seulement la serra contre lui et l'embrassa mais avant il la souleva de terre.

-John mon chéri, repose moi au sol, je n'ai plus 20 ans.
-Bah si, répondit-il d'un air taquin. Tu as plusieurs fois 20 ans, même. Qu'est-ce que tu fais là ?
-Ai-je besoin d'une raison pour venir voir mon petit-fils ?
-Non mais à chaque fois que tu viens, tu as une bonne raison à m'avancer alors..
-Je voulais voir ma nouvelle petite-fille par alliance puisque tu as été incapable de me l'amener. 
Elle ne lui avait pas dit ça méchamment, plutôt avec humour. Elle savait très bien qu'il travaillait beaucoup et qu'il n'avait pas pris beaucoup de vacances. 
-Et je voulais aussi l'inviter à dîner pour que nous fassions plus ample connaissance toutes les deux, du moins, si cela ne vous dérange pas de dîner en ma compagnie très chère.
-Absolument pas, j'en serai ravie. Je vais seulement aller me changer, si cela ne vous dérange pas.
Mary se leva et mon père en profita pour l'embrasser. Je fus très surprise quand ma Grand-Mère annonça qu'elle avait des cadeaux pour nous et qu'elle me demanda d'aller chercher les garçons. Elle voulait sûrement parler à mon père en tête à tête. Je montais les escaliers et je trouvais les garçons dans la chambre parentale, allongés sur le lit.

-Nan, tu as pas un truc un peu moins sexy, disait Brian en français.
-Si tu cherches un truc pour ma Grand-Mère, dis-je en entrant, sache qu'elle aime les femmes féminines, pas les nonnes. Je pense que la robe que tu as mise pour ton rendez-vous avec Papa.. celui qu'on a organisé, fera l'affaire avec une belle paire d'escarpin. Ma Grand-mère a sûrement réservé dans un grand restaurant. Je crois qu'elle t'aime bien. 
-Tu crois ? 
-Ouais. Elle est in love de Brian déjà, elle ne peut qu'aimer la mère.
-Tu as préparé le terrain ??? Je t'aime tellement mon petit chéri. 
-Ma Grand-Mère aimerait que vous descendiez les garçons. Elle a parlé de "cadeaux"..
Tom se redressa et fila au salon et Brian me suivit.
-Je pense que tu aurais pu nous envoyer un SMS, c'était pas la mort, lui reprochai-je.
-Je suis bien élevé, je ne prends pas mon téléphone quand j'ai des invités et puis.. rien que pour voir ta tête quand tu as dit branler devant ta Mère-Grand.. je suis bien content de ne pas t'avoir prévenue.
Je faillis le taper mais mon père montait les escaliers. Il nous ébouriffa les cheveux et nous descendîmes dans le salon. Tom avait un paquet dans la main. 
-Je ne sais pas si je le mérite, je n'ai pas été très gentil vous savez. 
-On m'a toujours dit qu'une faute avouée était à moitié pardonnée et je vois du regret dans tes yeux mon garçon. Alors si tu le mérites.
Elle tendit un autre paquet à Brian et à moi aussi. Moi je n'avais pas les scrupules des garçons et je l'ouvris. 
-Grand-Mère... C'est magnifique. Tu n'aurais pas dû. 
C'était une bague en forme de plume. Elle était splendide. Elle devait sûrement être en or et elle brillait de mille-feux, ma grand-mère adorait les diamants.. Et puis, sur le boîtier, il y avait CHANEL en gros. J'imaginai qu'ils n'utilisaient pas de la bouse. Il y avait une gravure à l'intérieure que je lis à voix haute : Cor ad Cor loquitur.
-Qu'est-ce que ça veut dire ?
-Le cœur parle au cœur, répondit Brian en défaisant délicatement le papier cadeau.
Je le regardai avec surprise. Apparemment ça ne choquait personne qu'il arrive à traduire du latin comme ça. 
-J'ai remarqué que tu portais rarement des bagues, me dit ma Grand-Mère. Je me suis dit que c'était l'occasion ou jamais.
J'embrassai ma grand-mère et je la mis. Elle m'allait à la perfection. Je me tournai vers Brian mais je le vis refermer une boîte.
-Je suis désolé madame mais je ne peux pas accepter, c'est beaucoup trop.
Ma Grand-Mère tendit les mains vers lui. Elle appréciait l'honnêteté Elle ouvrit la boîte et je vis une splendide chevalière. Elle avait l'air ancienne. 
-Non, je vous assure. Dans la famille McAllister, il est d'usage d'offrir un tel bijou lorsque l'on estime que l'un de nos enfants est entré dans l'âge adulte. Mon petit-fils vous considère comme son fils, il me l'a dit une multitude de fois, il est très fier de vous. Vous n'avez pas à vous sentir gêné par ce cadeau. Vraiment.
-Je vous remercie Mme McAllister, murmura Brian. 
-Appelez-moi Grand-Mère Amélia, sourit ma Grand-Mère. 
Elle faillit être déstabilisée quand Tom la serra contre lui. Il avait un livre à la main. Un magnifique livre de collection. Les Aventures d'Huckelberry Finn. Elle n'aurait pas pu faire de plus beaux cadeaux à Tom, lui qui aimait tellement les livres et qui en prenait tellement soin. Ce livre était sûrement une édition originale. Il la remercia avec effusion et par la suite, il se mit à crier le prénom de mon père et il courut dans les escaliers. Quand il revint, Mary descendit avec lui, elle avait enfilé la robe que je lui avais désigné, elle était parfaite. 
-Maman, tu es magnifique.
Elle rosit comme à chaque fois que Brian lui faisait un compliment. Et elle partit avec ma grand-mère me laissant avec les garçons. J'avais vu de l'appréhension dans le regard de ma belle-mère. Elle craignait ce tête à tête avec mon aïeule et mon père me le confirma alors qu'il était entrain de cuisiner avec moi. Enfin, il cuisinait et je le regardai faire assise sur le plan de travail.

-Je n'aime pas voir Mary aussi stressée, me confia-t-il. Je crois que Grand-Mère l'intimide.
-Elle intimide tout le monde, même toi. 
Papa se mit à rire.

-Tu n'as pas tort ma chérie. Ta séance s'est bien déroulée avec Cooper ?
-Oui, très bien. Je crois qu'on a franchi une étape. Papa, je peux te poser une question ?
-Tout ce que tu voudras tant que ça ne concerne pas ma vie sexuelle.
-Je ferai comme si je n'avais pas entendu ces trois derniers mots.Tu trouves que je suis maigre ? 
-Je pense que tu es mince. Mais pas nécessairement maigre.. tu penses que tu l'es ?
-Tu sais que je flotte dans ma robe du mariage.
-Non, je ne le savais pas. C'est pour ça que tu l'as essayée quand tu es revenue de Kernville ?
-Oui, je voulais rabattre le caquet de Brian... Bref, je crois que Grand-Mère l'aime tu sais. Je parle de Brian. Il l'a Millerisé. Il parait que ta première petite amie était homophobe et raciste ?
-Haaaan, soupira Papa. Elle a parlé de ça, devant Mary ?
-Oui, mais change pas de sujet ! 
Je le tapai avec le torchon. 
-Elle était homophobe et ta mère la dé-tes-tait. Mais vraiment. 
-Tu essayes de faire croire que tu l'as quitté parce que Maman la détestait. Je. Ne. Te. Crois. Pas.
-Je l'ai quitté parce que Grand-Mère m'a fait comprendre qu'elle la détestait, elle aussi et parce qu'elle traitait Eli de petit pd, à chaque fois qu'elle le croisait. Et quand je l'ai entendu, je l'ai largué. Je ne tenais pas vraiment à elle. Grand-Mère t'a beaucoup gâtée à ce que je vois. 
-Oui, tu as raison. Elle est belle n'est-ce pas ? dis-je en mettant ma main devant moi pour faire briller la bague. Je l'aime beaucoup. Je sens que je ne vais pas pouvoir la quitter. Je pense qu'elle a fait exprès. Je pense que je vais la porter au lycée. 
-Ne la perds pas.
-Oh non, pas de souci. Mais.. je ne sais pas. Je me sens jolie avec. Tu ne trouves pas qu'elle me va particulièrement bien ?
-Si, Grand-Mère a toujours eu un goût exquis.
-Un goût exquis. J'adore la façon dont tu parles quand Picsou est dans les parages.
-Arrête de l'appeler comme ça ! 
Cela ne l'empêcha de rire. Mon père était entrain de découper un poisson entier et comme à son habitude, il travaillait avec une précision chirurgical, avec des gants et des couteaux très aiguisés. 
-À quoi tu penses Sarah ?
-Je me dis que tu es très habile. Moi je suis maladroite. Tu es sûre que je suis ta fille ?
-Tu me ressembles banane.
Banane. Il venait de m'appeler comme Ray. Ray. Mince, on devait se faire un Facetime. 
-File, je vois à ta tête que tu as un truc à faire. Alors file.
-Mais on devait cuisiner ensemble. Ça me gêne.
-File.
Je lui obéis. Et je me connectais tout en envoyant un message à Ray. Il répondit pratiquement instantanément à mon appel.

-Oh mon Dieu, qu'est-ce que tu as fait à tes cheveux ??????
Il les avait coupé. Je fus limite choquée mais clairement ça mettait son visage en valeur et ses yeux aussi. On ne voyait plus qu'eux. 
-Je suis passé chez le coiffeur. Tu n'aimes pas ?
-J'adore. Ça te donne un côté plus vieux, je trouve. Mais.. le choc. Il va y avoir des pleurs chez les ado en chaleur. Je peux lancer l'info sur twitter en mode : oh my God, Ray McClunsky a coupé ses cheveux ! smiley pleurs, smiley peur, smiley pleurs. ? 
-Ouais vas-y. 
-Je vais le faire, tu le sais ? 
-Sarah. Tu en meurs d'envie, fais-toi plaisir. Au moins toi, tu as la gentillesse de me prévenir avant de balancer des infos sur moi.
-Si ça te gêne.. je ne le fais pas.
-Fais la tendance. Vas-y. 
Je postai mon Tweet et la minute d'après, Ray l'avait retweeté avec son compte perso qui me suivait. 
-Merci, ça me fait plaisir. 
Il me fixait attentivement et je rougis et je remis mes cheveux en arrière.
-Qu'est-ce qu'il y a ? sourit-il.
-Arrête de me regarder comme ça, j'ai l'impression que quelque chose ne va pas.
-Pas du tout. Tu es très bien comme ça. Je trouve que tu as de très jolies boucles d'oreille. À chaque fois d'ailleurs qu'on se voit, tu as toujours de beaux bijoux. Tu peux avancer ta main gauche de la caméra ?
Je le fis et il se mit à sourire.
-J'ai vu cette bague. C'est une Chanel, non ? Elle te va très bien. Ton petit ami a très bon goût.

-Heu.. désolé de briser ta fibre romantique mais ce n'est pas mon petit ami qui m'a offert mes bijoux. Mes boucles d'oreilles appartenaient à ma mère, c'est son père qui lui avait offerte quand elle était adolescente. Il n'y a que mon collier que mon petit ami m'a offert.
-Ah okay.
Il avait l'air.. soulagé ? What the fuck ?
-C'est ma Grand-Mère qui me l'a offerte aujourd'hui.
La porte de ma chambre s'ouvrit. C'était Brian. Il était en caleçon et avait des cheveux mouillés. Il se rendit dans ma salle de bain sans me dire un mot.

-Tu peux me dire pourquoi une meuf comme toi a autant de capotes dans sa salle de bain. C'est pas comme si tu t'en servais.
Je devins rouge pivoine. Je savais que Ray l'avait entendu. 
-Non mais tu avais peur que je te saute dessus quand on a dormi ensemble mais j'aurais dû me poser des questions sur toi. Rappelle moi la prochaine fois que tu insistes pour me dormir dessus que tu es en réalité une perverse sexuelle folle de mon corps.
-DÉGAGE. T'es bouché ou tu es débile ? repris-je alors qu'il n'avait pas bougé.
-Tu n'es pas polie. Je te prends ton sèche cheveux. C'est bon, je t'ai pas surprise en pleine masturbation non plus, tu peux te calmer.
Ray était devenu un peu rose. Brian avait fermé la porte et je ne savais pas comment faire pour m'en dépatouiller maintenant. 
-Tu sais que ça me fait bizarre d'être un Senior et de me dire que je ne serai plus là l'an prochain. C'est très sécurisant quelque part le lycée. Je suis plein de doute quant à mon avenir. Je veux dire, je ne sais pas si je te l'ai déjà dit mais.. les garçons sont des petits génies. Je me sens un peu con par rapport à eux tu vois. Moi je n'ai que ma voix mais.. j'ai l'impression parfois que je n'ai pas de talent autre.
-Tout le monde ne peut pas prétendre avoir talent. Tu as de la chance. Je pense que tu es venu sur cette Terre pour comment on dit déjà ? 
-Le faire fructifier ? 
-Oui. Je pense que tu es là pour ça.
-Mais ce n'est pas un talent utile. 
-Tu es un artiste, tu donnes du bonheur aux gens. Tu ne crois pas que c'est utile ? 
-J'aimerai faire plus.
-Tu en fais déjà beaucoup Ray alors que tu n'as que 18 ans. C'est génial. Tu ne trouves pas ? Tu as fait beaucoup pour moi, je ne crois pas que tu t'en rendes compte.
-Comment ça ? demanda-t-il d'une voix plus grave.
-Tu es devenu mon ami. Tu te rends pas compte de ce que ça veut dire pour moi. Je n'avais qu'une seule amie avant toi. Sophie. Les autres, c'était pas.. je veux dire. Je sais que je ne peux plus me passer de toi. Ça me fait vachement plaisir de te parler toutes les semaines. Tu me procures du bonheur à moi. Et donner du bonheur à déjà une seule personne, c'est déjà beaucoup Ray. C'est beaucoup. Et je sais, que tu fais la même chose avec les gens qui t'entourent. Tu es notre petit rayon de soleil.
-Hit me like a ray of Suuuuun. Burning through my darkness night..Oups pardon.
Je ris, lui aussi. Il tourna les yeux.
-Je suis entrain de parler avec Sarah Maman. Je peux pas t'aider à plier les draps. Donne-moi une petite minute.
-Vas-y, dis-je. Va aider ta mère, on se parle plus tard. Je te fais plein de bisous Ray. 
Je raccrochai et je me mis à rire. Il avait fait une de ses têtes quand je lui avais dit plein de bisous. J'eus la surprise de recevoir un appel de Marc pratiquement juste après.

-Salut beau gosse.
-Salut belle gosse, je suis désolé.
-Pourquoi ?
-Je suis au courant pour ce que mon frère t'a dit. C'est vraiment un petit con. Sophie a bien fait de lui coller sa main par la figure. Sérieusement. Si j'avais été là.
-Mais ce n'est pas le cas, ne te fais pas de mouron. Vraiment. 
-Oui, tu as raison. Ce n'est pas le cas. Je reviens mercredi, j'ai pas de cours. Je viendrais te chercher au lycée et on ira se promener, ça te dit ?
-Oui, avec grand plaisir. Trois semaines sans toi c'était vraiment trop nul.
Je ne pouvais pas lui dire que ça m'avait fait aussi du bien parce que j'avais pu réfléchir avec ma psy sans avoir la tentation d'être avec lui. 
-Tu m'as énormément manqué Sarah. Plus que je ne serai le dire. Je crois que je ne te dis pas assez que je t'aime et que tu es parfaite à mes yeux. J'aime ton rire, j'aime ton esprit. Ce que je veux dire c'est que ce n'est pas que physique. J'aimerai pas que tu crois que c'est juste physique tu vois ? Parce que c'est pas le cas. Enfin, tu me plais énormément mais..
-Moi aussi je t'aime. Bon c'est avant tout physique mais..
Il se mit à rire et moi aussi. Cela me faisait tellement de bien de l'entendre. Son rire me réchauffa le cœur. J'avais besoin de lui comme on avait besoin de l'air. Je l'aimais. Je l'aimais tellement. Face au Dr Cooper c'était la seule chose dont j'avais la certitude pleine et entière. Ça et aussi que mon père m'aimait et que je l'aimais. Je me levai et je me regardai dans mon miroir nouvellement réparé.
-Je m'appelle Sarah et je suis.. 
J'aurais voulu dire que j'étais belle.Mais c'était trop tôt. Je n'arrivais pas. Mais je savais que le jour où j'y arriverai, plus rien ne pourrait m'arrêter.