Maux de Crâne

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Je me réveillai le lendemain matin avec un mal de crâne épouvantable. J'étais allongée en travers du lit dans notre chambre à Sophie et moi. Je le savais parce que je vis une photo de nous deux sur la table de nuit. Je me redressai et je butai dans quelqu'un.

-Tu pourrais faire attention sérieux.
Brian. Que s'était-il passé ?
-J'ai mal au crâââââne. 
-Tu n'avais qu'à pas boire autant.
-Boire ? Hein ? Je m'en souviens pas.
-C'est bien ce que je dis. Maintenant la ferme, j'ai besoin de mon quota de sommeil.
Je regardai l'heure, il était 6h17. Je me trainais avec difficulté en dehors du lit. J'étais encore habillée. Je poussai la porte de Marc et je descendis dans la cuisine. Paul était lui aussi dans la cuisine avec une aspirine et de l'eau.
-Qu'est-ce qu'il s'est passé ? lui demandai-je. Je m'en souviens pas.
-On a fait une fête surprise et putain, j'arrive plus à m'entendre penser. Mes parents vont me tuer.

Des flashes me revinrent. 
-Est-ce que j'ai fait quelque chose qui pourrait ruiner ma réputation ?
-J'étais entrain de regarder ça.. Apparemment ça va. Sauf quand tu as dansé de manière sexy avec une bouteille de vodka et que tu as roulé un patin à Danny Whitman.
-Tu déconnes ? 
-Non, même pas. Le jeu de la bouteille ça te réussit pas. À moi non plus d'ailleurs. Passe la bouteille d'eau pétillante. 
Il avala directement son contenu au goulot et reposa la bouteille vide.
-Putain ma vie est finie.
-Mais non, j'ai dégueulé dans les bégonias de ma mère. Ma vie à moi est terminée. Fais pas cette tête, quand on fait ce genre de.. fêtes, on met toutes nos photos sur un drive et on ne poste que les plus inoffensives ! Genre toi entrain de te faire ploter par Danny Whitman clairement, ça ne passera pas. Moi entrain de vomir, non plus. Par contre, quand tu as fait le pont sur les épaules de Danny et de Jack.. là, ça va finir sur Facebook.
-Mais Chris était là ?

-Non, elle ne pouvait pas, sa cousine était là. 
-Et Alexandra ? 
-Non plus ! 
-Tu te rends compte que si ça finit sur Facebook tous nos parents vont le savoir ?
-Je dirai à mes parents que j'ai invité quelques potes, ils ne sauront pas que ça a fini en grosse fête. Sauf si je ne nettoie pas les bégonias.

J'avalai un troisième verre d'eau. J'avais besoin de m'hydrater. J'avais des souvenirs de la soirée qui remontaient doucement. 
-Je vais retourner me coucher.. tu sais où est Sophie ?
-Heu.. dans ma chambre. Elle est venue me parler et s'est endormie sur mon lit. 
-Okay. Prends soin d'elle et apporte-lui de l'eau pour qu'elle s'hydrate. Je retourne dans la chambre.
-Je prendrai toujours soin de Sophie, tu le sais bien.. murmura Paul.
J'aurais pu répondre mais j'étais trop mal pour ça. Je me laissai tomber à côté de Brian dans le lit et il ne tarda pas à m'encercler dans son sommeil. C'est dans cette position que Line nous trouva le lendemain matin quand elle vint nous réveiller. Brian semblait aller très bien, contrairement à nous trois. Sophie bouda le petit déjeuner, elle qui aimait tant ce repas. Elle était très pâle et regardait la nourriture avec dégoût.
-Sophie ? Tu ne manges rien ?

-Je me sens un peu barbouillée Line. Je vais me contenter de café ou de thé. 
-Tu ne devrais pas aller au lycée.. je vais appeler ta mère, tu vas rester ici ce matin. 
-Non non..
Elle avait vraiment l'air de souffrir et Paul posa sa main sur le front de Sophie et sur le mien en même temps.
-Tu as de la fièvre So. Désolée pour toi. C'est à cause de la piscine hier soir. 
-Je vais bien.
En entendant le mot fièvre, Line partit de la cuisine et revint avec un thermomètre qu'elle colla dans la bouche de Sophie.
-Désolée ma chérie, mais mon fils a raison. Tu vas rester ici bien au chaud et peut-être iras-tu mieux cet après-midi. Regarde, tu as les mains gelées et tu frissonnes. Va t'allonger un peu, j'appelle ta mère. 
Elle prit son téléphone pendant que Sophie quittait la pièce. J'étais un peu inquiète pour elle, je n'aimais pas voir ma meilleure amie malade. En plus, la partie la plus égoïste de moi-même se demandait comment j'allais survivre au lycée sans elle. C'était assez stupide de ma part parce que Cameron fut adorable avec moi et Cathy aussi. Mais c'était différent. Ils n'étaient pas Sophie. 

Mon téléphone vibra pendant le cours d'histoire où nous regardions encore un film documentaire nullissime. C'était Sophie. Heureusement, j'étais dans le fond de la salle, juste derrière le prof qui avait décidé de s'asseoir à la seule place libre.
« Oublie pas de prendre des notes »

« T'inquiète, tu me déconcentres. Toujours chez Paul ? »

« Ouais, je vomis toutes les 10 minutes, autant te dire que ma mère ne veut pas salir sa voiture :/»

« Merci pour la précision, j'en avais besoin.»

« Me fais pas rire ça me donne envie de vomir. »

« En parlant de vomi, j'ai pas eu de nouvelles de Jay, tu crois que je devrais l'appeler ? »

« Il te préviendra quand il l'aura fait... »

Je pris un peu de notes pour Sophie et je reçus un avion de la part de Cameron. Il me fit signe de le déplier et je vis un message dedans. Je t'ai vu.. Sophie va bien.
Je secouai la tête dans sa direction et il fit la grimace.

« Oui, c'est possible. Je passe te voir à la fin des cours. »

Alors que j'arrivais devant chez les McDust et je vis Paul avec un bouquet de fleurs.
-Le bouquet de fleurs est pour Sophie ?
-Heu.. non ? Il est pour ma mère. Pourquoi ? Sophie est toujours là ?
-Y'a 10 minutes, oui ! 
-Oh. Entre avant moi. MAMAN, on est là Sarah et moi. Tiens, salut Papa. Maman n'est pas là ?
-Elle s'est absentée, un rendez-vous chez l'avocat. Salut Sarah.
Il m'embrassa sur la joue et ébouriffa les cheveux de Paul, ce qui l'exaspéra. Cet homme trompait sa femme ?
-Qu'est-ce qu'elle va faire chez son avocat ? Elle veut divorcer ?
-T'es con ou tu le fais exprès ? lui demanda son père. Elle veut monter sa boîte. Elle va voir pour les statuts de la société.
-Pourquoi tu ne le fais pas toi-même ?
-Elle est avec l'un de mes collaborateurs spécialisés dans le droit des sociétés si tu veux tout savoir. Qu'est-ce que tu as à être gronchon ? C'est parce que Sophinette est malade ?
-Je monte dans ma chambre.
Il me laissa seule avec son père.
-Qu'est-ce qu'il a ? Viens Sarah, tu veux boire ou manger quelque chose ?
-Je veux bien un soda, merci.
Je m'installais dans la cuisine et il me servit un verre de soda.
-Vous êtes revenu pour vous occuper de Sophie ?
-J'avais des dossiers à voir et comme je savais que ça allait me prendre du temps, je suis venu les travailler directement à la maison. Et comme Sophie était là, on n'allait pas la laisser seule. C'était bien le lycée ?
-Oui, ça va. Le cours d'histoire n'était pas intéressant du tout. Et puis, personne ne m'a balancé du soda dans les yeux ou fait de croche-pieds. 
Il me regarda avec inquiétude.

-Dis moi que mon idiot d'adolescent n'a rien à voir avec ça.
-Il n'a rien à voir avec ça ! 
Je ne pouvais pas lui dire que j'avais un peu de mal avec la copine de Paul. Je ne voulais pas encore creuser le fossé entre eux. Benjamin soupira et posa sa main sur la mienne.
-Tu sais que si quelqu'un te fait du mal au lycée, tu m'appelles et je porte ta plainte devant un tribunal, n'est-ce pas ?
-Oui, je sais. C'est très gentil de votre part.
-Tu sais ce que je trouve gentil Sarah ? C'est que tu nous aies soutenus avec mon frère et sa femme.
-D'ailleurs comment vont-ils ?
-Ils vont mieux. Ma belle-sœur est encore sous le choc. C'est bien normal mais je pense que ça devrait aller pour le futur.
-Et pour sa rééducation ? Elle le sent comment ?

-Elle est anxieuse. Mais John lui a présenté des spécialistes dans ce domaine.
-Vous faîtes partie de notre famille. Je ne savais pas que vous aviez pris des jours de congé quand ma mère est morte ajoutai-je après une seconde de silence.
-Ton père était anéanti. Je ne pouvais pas le laisser comme ça. John et moi on se connaît depuis la pré-K. On est devenu ami le jour même de la rentrée. Quand on est sorti de l'école, le premier jour avec des bleus et notre uniforme déchiré, j'ai dit à ma mère avec un grand-sourire sur les lèvres que j'avais trouvé mon meilleur ami. Et c'est le cas. je ne supporte pas de le voir souffrir. Il est plus que mon ami, c'est mon frère. 
-J'ai trouvé dans les affaires de ma mère un dessin où j'avais écrit dessus, « oncle Ben et tante Line » l'autre jour... Ça m'a fait rire. 
Benjamin se mit à rire et avala la fin de son verre.
-Fais comme chez toi, cherche dans les placards de quoi grignoter, je vais dans mon bureau.. tu te souviens où il est ?
-Oui, bien sûr, on a cassé plus d'une fois la vitre avec le ballon de foot !
Il me fit un clin d'œil et à peine était-il parti que Paul revint. Il s'était changé et il se servit un verre de lait.
-Marc m'a expliqué.
-Il t'a expliqué quoi.
-Ce que tu as vu avec ton père à son bureau.. je voulais te dire que si tu avais envie d'en parler à quelqu'un d'autre que ton frère, je suis là. 
-Je sais que tu es là Sarah. Mais si je ne t'ai rien dit, ce n'est pas pour rien. Tu finirais par le dire à Sophie et elle, elle m'envelopperait d'une aura de pitié. Je n'ai pas envie de faire pitié à qui que ce soit.
-Je ne lui dirai rien. C'est Marc qui me l'a dit. Il ne m'a pas autorisé à le dire à qui que ce soit. En plus, je ne dis pas tout à Sophie. 

Paul me regarda avec un air goguenard. Je lui lançais une pomme dessus qu'il rattrapa au vol avant de la nettoyer et de croquer dedans. 
-Viens, on va voir comment elle va...

Je le suivis vers une chambre de l'étage où Sophie était entrain de dormir. J'entendais le filet de sa respiration. Elle était agitée et elle se redressa brusquement. Elle était en nuisette. ça se voyait que sa mère était passée par là...Sa bretelle était tombée et je vis le regard de Paul, posé sur sa peau nue. Il s'avança vers elle et redressa la bretelle. Il s'assit sur le lit à côté d'elle.

-Tu te sens mieux ? lui demanda-t-il.
-Je suis un peu nauséeuse et j'ai un peu mal au foie aussi. 
Je m'assis de l'autre côté d'elle alors qu'elle parlait d'une voix faible. Je posai ma main sur son avant-bras. Elle avait la chair de poule. Avait-elle froid ou était-ce le contact de Paul ? Je ne pouvais pas le savoir avant de lui avoir parlé en privé. Elle se remis dans les draps. 
-Tu veux manger ou boire quelque chose ? insistai-je
-Ta mère m'a fait une tisane de romarin, de citron et de je ne sais plus quoi. Thym, je crois. C'est le seul truc que j'arrive à avaler. Je suis dégoûtée d'être comme ça. 
Son téléphone vibra et elle me fit signe de regarder. C'était un message de Brian lui souhaitant un bon rétablissement. Cela m'exaspéra.

-C'est de Brian ? sourit ma meilleure amie. C'est pour ça que tu fais cette tête là.
-Ouais.
-On se parle depuis une petite heure déjà. Je pense que je vais pouvoir rentrer chez moi ce soir. Je me sens mieux.

-Tu n'es pas obligée, ce n'est pas comme si cette chambre servait au quotidien. Tu peux rester autant que tu veux Sophie. 
-Me dis pas ça, je kiffe la déco de cette chambre, je vais rester à vie.
-Pourquoi pas ? Ma mère adorerait avoir une fille, elle nous l'a suffisamment répétée. Tu ferais forcément l'affaire. Mais je suis pas sûre que ta mère soit d'accord.. 
-Je pense pas non plus. En fait, comme Sarah et Brian vont avoir une salle de billard, j'ai demandé à Papa d'avoir un boudoir dans la maison et il a dit oui !! Je vais avoir besoin de tes petits muscles McDust, il m'a fait comprendre que je devais me démerder toute seule. 
-Tu vas le faire où ?
-Tu te souviens de l'ancien bureau d'Henry ? J'ai demandé à Papa si je pouvais faire une ouverture pour accéder à ma chambre et il a accepté. Je suis trop contente.
-Tu m'étonnes. Ta chambre est gigantesque si j'ai bonne mémoire.
-Je suis la seule fille, regarde, même en tant qu'invitée j'ai la chambre la plus grande. Quand tu auras une petite amie digne de ce nom que tu voudras épouser, elle devra avoir une grande chambre pour mettre tous ses habits.
-Et bien.. je ferai en sorte qu'elle ait un dressing, comme celui de ma mère. Tu crois que je serai pas capable de bien m'occuper de ma femme ?
J'aurais pu ne pas être là, il n'aurait pas remarqué ! 
-Je n'ai pas dit ça. Tu peux me passer la bouteille de tisane, elle est au pied du lit de ton côté. 
-Tu vas faire l'aménagement quand ?
-Il faut que je propose un plan à Papa pour qu'il le soumette à l'architecte pour l'ouverture. Ensuite, soit je supplie Maman de prendre une décoratrice d'intérieure soit je me débrouille.
-Ou alors tu demandes à ma mère, répondit Paul.

-Ta mère ? Mais ouuui, c'est vrai qu'elle est décoratrice d'intérieure ! Tu crois qu'elle accepterait de me faire un prix d'ami ? Non parce que autant pour l'archi, Papa va payer, bien sûr mais pour la déco, je suis pas sûre. Je ne veux pas abuser et j'ai un peu d'argent de côté.
-On va lui demander quand elle reviendra. 
-Tu n'es pas censé avoir un entrainement ? finis-je par demander à Paul. 
-Pas aujourd'hui, le bébé du coach était malade et il est rentré chez lui pour s'en occuper. Ça vous dit de faire un monopoly ou tu es trop fatiguée Sophie ? Je pourrais comprendre..
-Je suis okay. Par contre, est-ce que tu aurais un pull ou un truc comme ça à me passer ? Parce que j'ai un peu froid. 

Il retira son sweat, lui donna et quitta la chambre.
-Oh oui Pauuul, fais-moi des bisouuuus.
Sophie me balança dessus son oreiller.

-Arrête, c'est pas drôle. 
-Vous êtes cute tous les deux ! 
Paul revint et nous jouâmes au monopoly jusqu'à ce que Sophie se précipite dans les toilettes pour vomir. Paul se leva à sa suite et il tint les cheveux. 
-Tu veux que j'appelle un médecin Sophie ?
-Non merci Sarah. J'ai juste trop picolé hier, et je suis malade. C'est de ma faute. Je paye ma stupidité. Merci Paul. 
Il revint dans la chambre et me sourit.
-Tu as piqué dans la caisse ? 
-Non ! m'offusquai-je. 
Nous continuâmes la partie quand Sophie revint et nous nous arrêtâmes quand Line McDust arriva dans la chambre.
-Salut les enfants. Sarah, ta belle-mère aimerait que tu rentres maintenant. Tu vas mieux ma chérie ?
-Elle ne va pas mieux M'man, je pense qu'elle devrait rester encore ce soir. Elle ira mieux demain. 
-Mais non ça va.; je vais..
Elle se leva pour aller vomir et encore une fois Paul alla avec elle pour lui tenir les cheveux. Ma pauvre Sophie. Elle était très mal en point mais je savais qu'elle était dans de bonnes mains avec Paul pour veiller sur elle. 

Je n'avais pas vu Mary depuis plus de 24h et elle m'avait manquée. Je le sus en la voyant assise dans le salon avec un livre. Je me fourrai dans ses bras.
-Tu sais Mary, tu m'as manquée. Mon anniversaire tombe un vendredi, tu sais ce qui me plairait ? Qu'on passe la journée ensemble. Même à ton bureau.. tu crois que tu pourrais me faire un mot pour ne pas que j'aille en cours.
-Je verrai avec ton père. Mais ça me plairait beaucoup. Est-ce que Sophie va mieux ?
-Non pas vraiment. Je sais que les McDust vont bien s'occuper d'elle. Je me souviens une fois mes deux parents étaient de nuit et j'étais chez Paul pendant une semaine.. ils se sont très bien occupés de moi.
-Je n'en doute pas. 
-Tu crois que Duncan va venir à mon anniversaire à Malibu ?
-Il t'avait dit qu'il serait là..
-Oui mais.. il ne changerait pas d'avis, n'est-ce pas ?
-J'ai remarqué une chose avec toi. Tu te préoccupes beaucoup des autres et tu as toujours peur qu'on ne se préoccupe pas de toi. Si tu veux tout savoir, ton cousin a demandé à John de venir le chercher à l'aéroport à 16h45 le jour de ton anniversaire. Il sera là. Il ne manquerait pas ça.

J'allais répondre quand Brian arriva. Il leva le sourcil en me voyant dans les bras de sa mère.
-Heu.. tu te rends compte que c'est ma mère, si tu veux avoir le droit de lui faire des câlins, il faut que tu t'inscrives au tableau. Tu empiètes sur mon temps.
-Quoi ? Mais de quoi tu parles putain ?
-Sarah, ne dis pas de gros mots, me répondit Brian.
-C'est inélégant, je sais. De toute façon, je vais faire mes devoirs. Je monte.
Je m'éloignai du salon et j'entendis distinctement Mary faire une remarque dans la langue de Molière à son fils. Je n'avais pas envie de faire mon devoir de français, aussi j'appelai le plus frenchie de mes amis. Il répondit pratiquement immédiatement.

-On se fait un Facetime ? fit la voix grave de Chuck. Les gars sont avec moi.
-Avec plaisir. Attends, j'allume mon ordinateur. Tu vas bien ? 
-Oui, en fait.. tu n'as pas de problème ?
-Non pas du tout, je voulais que tu m'aides à faire mon devoir de français..
-Envoie-moi ton sujet, je te le rédige et je te le renvoie.

-Sérieusement ?
-Ouais, mais fais des fautes quand tu recopieras. Enfin.. autant de fautes que tu en fais d'habitude.
-T'es un amour..
-Il parait oui. Non, je parle à Sarah. Oui McAllister. Non ! Je te la passe pas Ray. Bah peut-être qu'elle veut pas te parler ?? 
Je souris et je pouvais presque sentir le sourire narquois de Chuck et quelques secondes plus tard, la voix de Ray résonna dans mon crâne.
-Tu voulais pas me parler ?
-Si, je suis entrain d'allumer mon ordinateur pour faire un Facetime avec vous, Ray. 
-Oh. Cool. Non Chuck, je te rends pas ton téléphone, on est entrain d'avoir une conversation sérieuse.. Je.. non. C'est ma pote, à moi. 
J'allai dans l'application Facetime pour chercher Ray et une minute plus tard, je vis sa tête. Il avait son ordinateur apparemment. Il avait l'air d'aller bien. D'ailleurs tous les garçons que je voyais aussi. Il y avait juste Chuck, Clive et Ray.
-Salut les gars !!! Vous avez l'air d'aller bien.
-Toi aussi ! Alors, parait que tu es à quelques jours de la fin de tes 16 ans ?
-Je dirai tant mieux en fait ! m'exclamai-je. Cette année a été.. éprouvante. J'ai hâte qu'elle se termine...

-Oh attends, ton année n'a pas pu être aussi pourrie que ça, sourit Clive.
-Heu.. si on parle de l'année scolaire, si un peu. J'ai passé une année pourrie. Après.. je vous ai rencontré, c'est définitivement dans les plus. Genre c'est du plus à la puissance 6 je pense. 
-Et y'a quoi dans les moins alors pour que tu dises que cette année était pourrie ?
J'allais répondre quand Brian frappa à ma porte et l'entrouvrit.
-Je peux rentrer ou tu es entrain de te masturber ?
Il n'attendit pas à la réponse et la poussa complètement. 
-Est-ce que je t'ai dit de rentrer ?
-Heu Sarah.. c'est toi. Tu sais même pas ce que c'est la masturbation féminine, c'est clair que ce n'est pas le genre de trucs que tu fais dans ta chambre. 
-T'es vraiment un gros con.
-Et toi une pouffe. On se complète bien, non ? Tu vas à la patinoire ce soir ?
-Heu.. je ne sais pas ! Peut-être. Non en fait, j'ai des devoirs. 
-Cool, tu surveilles Tom du coup.
-Pardon ?
-Je vais courir avec ma mère parce que nous on fait du sport, on ne se contente pas de ne pas manger, comme toi, pour avoir l'air en forme. D'ailleurs, en parlant de sport, je trouve que tu devrais t'y remettre, tu commences à devenir un peu.. molle.

Il referma ma porte et c'est à ce moment là que je remarquai que je n'avais pas coupé le son de mon ordinateur. Les garçons étaient bouche bée.
-Lui, il est dans les moins.
-Comment ça tu ne manges pas ? me demanda sérieusement Chuck. 
-Je mange, c'est juste un crétin. Faut pas écouter Brian et..
Ma porte se rouvrit et Brian revint.
-C'était une blague, hein. Non parce que vu que tu la joues anorexique déprimée, je préfère préciser. T'es très bien comme tu es. Faudrait que tu grossisses un peu en plus. Parce qu'une fille cadavérique, c'est pas..
Je lui balançai l'un de mes oreillers dessus et il éclata de rire avant de me le renvoyer.
-Non mais tu te souviens de notre conversation sur le poulet, hein.
-Et bien sûr, tu en sais un paquet ? Vu que tu sors avec un squelette roux.
-Typique des personnes qui n'ont pas beaucoup d'expériences en la matière ! En fait y'a une question qui me taraude depuis un petit moment. Vous étiez complètement saouls quand tu as perdu ta virginité ? Non parce que parait que tu es amoureuse de McDust depuis la maternelle, alors pourquoi tu n'as pas baisé avec lui, la première fois ?
-Dégage !
-Rhooo, c'est bon ! On dort ensemble, on parle de sexe tout le temps, tu pourrais me le dire.
-Je suis en plein Facetime avec des amis qui ne sont pas sur le même fuseau horaire que nous, tu pourrais me laisser. 
-Tu aurais pas pu me le dire plus tôt ? 
Il referma la porte et je soupirai. Je voyais les garçons entrain de parler mais je ne les entendais pas. Je montais le son de mon ordinateur, mais je ne les entendais pas non plus.
-Les mecs ? Vous pouvez remettre votre micro ? Chuck est parti ?
-Non je suis là. Je suis sur mon iPad en fait. Il faut que je fasse ton devoir de français, je te rappelle.
Ray l'invita et le visage de Chuck s'afficha sur mon écran en même temps. Je remarquais plus sa nouvelle coupe de cheveux. 
-Tu es passé chez le coiffeur toi.
-Ouais. Ma grand-mère n'aime pas quand j'ai les cheveux trop long et ma cousine m'a appelée Pocahontas pendant une soirée, j'en pouvais plus.
-Je ne savais pas que vous étiez déjà en France..
-On a fait un Skype. 
-On arrive en France la semaine prochaine ! intervint Ray. En fait tu vas recevoir pleins de carte postale. On en a déjà envoyé quelques unes.
-Vous êtes sérieux ??

Ils sourirent tous. J'aimais ces gars. Clive finit par partir et Chuck m'envoya un message qui apparut sur le côté de mon ordinateur, pendant que Ray me parlait du voyage interminable pour arriver en Europe. « tu veux parler de ce que t'a dit le fils de Mary ? » « à quelle propos ? » « de tout. Il ne te traite pas comme il devrait le faire avec une fille comme toi »
-
Non mais Ray, tu es en Europe ! J'ai toujours voulu aller en Europe ! De quoi tu te plains ! 
-Tiens d'ailleurs, c'est vrai tu n'es jamais allée en Europe.
-Non, mais j'ai été deux fois au Canada et au Mexique aussi pendant des vacances mais tu es en Europe. Chuck ! Dis-lui d'arrêter de se plaindre.
-Arrête de te plaindre petite bite.

Je vis Ray se retourner et un coussin arriver sur le visage de Chuck. Je me mis à rire.
-Je me vengerai McClunsky. 
-Arrête de dire des conneries. Tu passes pas ton temps à mater ma..
-Tu te rappelles que Sarah est en vidéo ? On règlera ça plus tard. Je dois finir sa dissertation. Je dois relire et je te l'envoies.
-Pas la peine de relire. Envoie. Merci Charles, tu es un ange. En fait, je ne sais plus si je vous l'ai dit mais j'adore Go fourth. C'est une chanson hyper bien.
-Loin de.. comment tu as dit ? Toute cette soupe populaire qu'on vous sert d'ordinaire ?
-Ne répète pas tout ce que j'ai dit !
-Tu te prends pour Elizabeth Bennet maintenant ? ironisa Ray.
-Ça dépend, tu te considères comme mon monsieur Darcy ?
Ce fut au tour de Chuck d'avoir un sourire narquois. Quelques secondes plus tard, je recevais mon devoir de français. J'ouvris le dossier, et je pris une feuille pour le recopier à la main.
-Non. Je ne pense pas. Enfin, si je me base sur ce que je sais de Darcy. Je suis pas si vaniteux que ça.

-Il est orgueilleux, pas vaniteux, répondit Chuck. Sinon Sarah. Parait que tu manges pas ?
-Je mange ! Faut pas croire tout ce que tu peux entendre. Je peux vous poser une question ?
-Tu veux qu'on te chante une chanson ? demandèrent les garçons en chœur.
-Non ! enfin oui, mais j'ai un peu l'impression de vous exploiter, vous autres, les troubadours, dis-je en français.
Chuck éclata de rire, Ray aussi. Owen arriva et poussa Ray du canapé. Je poussai un cri.
-MAIS QU'EST-CE QUE TU AS FAIT À TES CHEVEUX ?
-Pari avec Keito.
-MAIS TES CHEVEUX SONT ROUGES. 
-C'est une perruque Sarah.
Il retira son sa perruque de cheveux longs et rouges. 
-Tu m'as fait peur Owen.
-En plus, si j'avais teint mes cheveux en rouge, j'aurais été obligé de faire les poils pubiens aussi et ça me perturbe un peu de devoir colorer cette partie de mon corps.
-Histoire que tout le monde sache que tu es un vrai.. cheveux rouges ? 
-Exactement, connaisseuse peut-être ?
-Tu ne le sauras pas de si tôt Owen.
Chuck leva les yeux au ciel et coupa la communication Facetime. Je le vis arriver près d'Owen. 
-Il faut que j'y aille, salut Sarah ! 

Il avait un regard très tendre. 
-Merci encore pour mon devoir.
-C'est normal. Salut ! 

Je restais encore un moment à parler avec les garçons et mon téléphone sonna. Je leur envoyai des bisous et je coupai la communication. C'était Cameron. 
-Est-ce que j'ai fait quelque chose de mal ?
-Heu..
-Avec Sophie ? Elle ne veut pas me voir.
-Elle n'est pas chez elle, elle est chez Paul.
-Ah.
-Nos parents se sont arrangés hier pour que les parents de Paul nous babysittent. Et comme elle est tombée malade à vomir partout, elle est restée chez eux. C'était le plus raisonnable. Tu te sens menacé Cameron ? Par Paul ?
-Je ne suis pas comme lui. Je ne suis pas aussi beau, je ne suis pas aussi riche, je ne suis pas aussi populaire. 
-Ne te dénigre pas. On dirait moi.

-En plus pauvre.
-L'argent ne fait pas tout dans la vie.
-C'est facile de dire ça quand on en a jamais manqué et qu'on en manquera jamais. 
-Tu as raison. Excuse-moi si je t'ai blessé Cam, mais tu sais.. ce n'est pas important. Je pense parler au nom de Sophie en disant que nous sommes d'incorrigibles romantiques ! Peu importe l'argent ou la popularité, ce qui compte c'est la personne. Ce qu'elle nous fait ressentir. Savoir qu'on peut compter sur elle dans les moments graves. Sophie t'aime comme elle n'a jamais aimé quelqu'un. Je le sais, elle me l'a dit. Ne pense pas être inférieur à qui que ce soit. Parce que ce n'est pas le cas. Ne donne pas cette importance à Paul qui n'est rien d'autre qu'un frère pour nous.
-Je sais mais.. c'est dur ! 
-Est-ce que tu veux que je passe chez toi ? ou venir chez moi ?
-Non, je suis privé de sortie. J'ai déjà le droit à mon téléphone. C'est déjà pas mal. Tu as fini l'exercice de maths ?
-Je l'ai pas commencé.
-Tu devrais, je galère pour le faire personnellement.
-Je vais m'y mettre et on se rappelle ?

-Okay ! 
Cameron avait raison. C'était inhumain comme exercice. Je ne pouvais plus appeler Ray. Ils étaient en concert. Je n'avais plus qu'une seule solution. Je frappai à la porte de Brian. Il m'invita à entrer.
-Qu'est-ce que tu me veux ?
-Je ne comprends rien dans mon exercice de maths ? Tu peux m'aider ?
-Heu.. ouais. J'arrive dans une minute, je finis d'envoyer mon mail.

Lorsque Mary vint frapper à ma porte pour m'annoncer que le dîner était prêt, je vis un mouvement de surprise quand elle nous vit, Brian et moi. Nous étions sur mon lit avec mes livres ouverts. Je ne comprenais rien du tout mais, je devais bien l'avouer, Brian était très pédagogue quand il voulait. On sentait qu'il avait dû s'occuper de Tom souvent dans sa façon calme de m'expliquer.
-Vous venez manger ? J'ai eu la flemme de cuisiner, j'ai commandé chinois ! 
Brian se mit à sourire.
-Tu aurais pu me le dire, j'aurais cuisiné Maman.
-Je sais, mais je dois avouer que j'avais envie de manger chinois depuis un petit moment. Vous venez.
Nous nous installâmes sur la table dehors. Le temps était très clément.
-J'ai réfléchi et je vais te faire un mot pour que tu viennes avec moi le jour de ton anniversaire, si c'est vraiment ce que tu veux.
-Ouiii !!!! 
Brian était dégoûté mais pas Tom. Il était content comme tout pour moi. 
-Sinon Tom, c'est quand ton exposé sur la France ? lui demandai-je.
-C'est le jour de ton anniversaire. Maman va faire des chouquettes pour l'école et des langues de chats. Enfin..
-Pardon ? hoqueta Mary.
-Je veux dire, rougit le petit garçon. Je vais faire des gâteaux pour l'école. D'ailleurs j'aurais besoin d'aide, Brian.
-Je vais t'aider Tom. Je finis un peu plus tôt jeudi. Tu as de la chance. 

Mary fixait toujours son dernier-né avec les sourcils haussés. 
-Je peux t'aider aussi mon chaton, mais je ne veux pas être obligée de le faire.

-Ce serait marrant. Ça ferait comme avant. Enfin.. je veux dire.
Il me regardait d'un air gêné.
-Pas de souci Tom, tu as le droit de faire des trucs avec ton frère et ta mère. Je vais chercher une autre bouteille de Perrier. Quelqu'un veut autre chose ?
Ils déclinèrent. En réalité, ça m'avait un peu blessée que Tom ne pense pas à moi. Je fis chauffer de l'eau et je vis ma main entrain de trembler. Je cherchais le thé et je constatais qu'encore une fois, Brian avait mis le thé tout en haut. Je grimpais sur la cuisine et comme une idiote, je tombais à la renverse, déversant le thé partout sur moi, par terre, sur la cuisine.. enfin partout.
-Sarah ? Tu vas bien ?
-Si tu ne mettais pas le thé tout en haut, j'irai mieux.
-Tu es maladroite et c'est de ma faute. Attends.
Il me releva. J'avais mal au coude et à la tête. 
-C'était mon thé préféré. C'est pas grave, tu peux m'apporter un balai ? Je vais nettoyer. Refais un thé.. Tu as pas l'air d'aller bien.
-Je viens de chuter de la cuisine et je suis tombée sur la tête. C'est normal que j'aille pas bien. 
-Tu saignes du nez. 
Je touchais ma narine et je vis du sang. Je sortis de la cuisine.
-Mary ? 
-Oui ? fit la voix de ma belle-mère.
-Je vais aller aux urgences, je reviens.
Elle se tourna vers moi et vit le sang. 
-Aux urgences pour un nez qui saigne ? C'est pas un peu exagéré ?

-Vu que je viens de tomber de la cuisine, non je ne crois pas. Saigner du nez après une chute peut être un signe de traumatisme crânien. Mais reste, je ne veux pas exagérer en te demandant de venir avec moi.

Je tournai les talons et j'attrapai mes clefs avant de sortir de la maison. Je démarrai au moment où je vis la porte d'entrée se rouvrir. J'arrivai aux urgences et j'attendis mon tour. Mon nez n'arrêtait pas de couler. L'un des collègues de mon père me vit et arriva vers moi.
-Aux urgences pour un nez qui coule ?

-J'ai chuté et je me suis mise à saigner. Je préfère être prudente. Mais ça peut attendre hein, pas la peine de bipper mon père. 
Un résident que j'avais déjà vu vint m'examiner rapidement et mon père débarqua.
-Tu aurais pu m'appeler.
-Mais non. C'est rien.
-Tu es toute seule ?
-J'ai pas voulu déranger les Miller et.. Mary est là.
Elle fronça les sourcils en me voyant. J'allais me faire réprimander probablement. Ils me firent un scan, je n'avais rien. C'était un concours de circonstances. Mary était venue en taxi et insista pour prendre le volant au retour.


-Tu aurais dû m'attendre Sarah. Je serai venue avec toi. Je ne sais pas pourquoi tu réagis comme ça. 
-Que je réagis comment ? J'ai flippé et tu n'étais pas prête, alors je suis partie. Point. Il n'y a pas à revenir dessus.
-C'est exactement de ça dont je parle.
Mary arrêta à un feu et me fixa. 
-Tu fais toujours comme si je ne faisais pas partie de ta famille dans les moments graves. Comme s'il n'y avait que ton père qui comptait. Et ça me blesse beaucoup. Sache-le. Je ne comprends pas pourquoi tu ne veux pas t'intégrer..
-Ce n'est pas que je ne veux pas m'intégrer Mary. Mais.. tu vois à table ? Vous étiez là, entrain de vous parler, j'aurais pu ne pas être là, ça aurait fait pareil. Vous êtes une famille tous les trois. Je peux pas m'intégrer à une famille aussi soudée que la vôtre. C'est impossible pour moi et je ne sais pas si j'ai vraiment envie d'essayer pour le peu qu'il me reste à vivre avec vous. Dans un an, j'irai à la fac et on finira par se voir deux fois par an. 
-Tu es cynique.
-Je suis réaliste. Je ne m'entends pas tellement bien avec Brian, c'est hyper inégal notre relation. Tom prendra toujours la défense de son frère face à moi, en me rappelant que je ne suis pas sa sœur à la première occasion. Et tu sais quoi . Je vais te révéler un truc. Pour les fêtes de famille, Brian et moi on a fait une trêve, pour ne pas qu'on se fasse engueuler par nos familles respectives, c'était juste ça. Un putain de contrat. 
-Mon fils t'apprécie beaucoup et il prend soin de toi. Tu n'en as pas l'impression, je le sais, mais si tu as un minimum confiance en moi, tu devrais me croire. 
-Mary, je t'adore, vraiment, je t'adore. Mais tu ne sais rien de ma relation avec Brian. Tu n'en sais pas la moitié. Brian à la maison n'est pas le Brian du lycée. Et toi tu n'es pas au lycée. Tu ne sais pas comment il peut se comporter avec les gens qu'il n'aime pas, ajoutai-je plus bas. J'ai encore des devoirs à faire, j'ai un examen demain, je dois encore réviser.

C'était faux, mais cela me permit de partir directement dans ma chambre, le moteur à peine coupé. Et Brian débarqua sans prévenir. Il avait une tasse de thé à la main.
-Il parait que tu as un examen demain.
-J'ai menti, j'avais juste pas envie de rester avec vous.
-C'est ce que je pensais. Je voulais te dire que tu étais une conne. C'est dégueulasse ce que tu as reproché à ma mère. Ne t'étonne pas si on ne t'intègre pas si tu te comportes comme si tu étais encore une fille unique à son papa. Je veux bien croire qu'on a des efforts à faire mais de ton côté aussi. Tu as blessé ma mère, je ne te le pardonnerai pas. Tu serais un mec, je t'aurais probablement fracassé. 
-Je suis déjà fracassée Brian. Sinon, je n'irai pas chez un psy. Parfois, je ne sais même plus qui je suis, alors tu crois que j'en ai quelque chose à foutre de froisser l'amour-propre des autres ? En plus, tu me dis ça comme si ce n'était pas moi qui avait été blessée. 
-Mais de quoi tu parles ?
-Tu te rends compte qu'à table, vous avez oublié mon existence, fais vos petits plans à trois comme si je n'étais pas là ? Et bien tu sais quoi ? Être le spectateur d'une scène de famille qui prétend être la vôtre, dans sa propre maison, c'est humiliant. Alors tu vois, j'ai pas envie de voir un Miller ce soir. Que ce soit ta mère, ton frère ou toi. J'ai envie d'être toute seule, chez moi. Et comme mon chez-moi se résume désormais à ma chambre parce que la présence des Miller est partout, je reste dans ma chambre et tu n'es pas le bienvenue.

-Typique des connasses. Affronte tes problèmes au lieu de les fuir. Descends dire à Tom, qui s'inquiète parce que tu es partie à l'hôpital et que Maman t'a suivie, que tu fais une scène parce que tu es jalouse de notre lien. Assume. Je suis certain que tu te retrouveras comme ça. Tiens, cette tasse est pour toi. Je ne sais pas si tu la mérites.

Il la posa sur ma table de nuit et sortit en refermant doucement la porte. Il avait raison. J'agissais comme une connasse. J'avais pété ma crise comme une diva. Je pris une gorgée de thé. C'était mon thé favori. Je soupirai, ouvris ma porte de chambre et tombai sur Tom.

-Tom ? Je vais bien. Merci pour le thé. Je sais que c'est toi. Tu es le seul à savoir que c'est mon thé préféré.
-Je suis content que tu ailles bien. 
Il se mit sur la pointe des pieds pour me faire un bisou. 
-Je vais aller lire un peu avant de dormir, me dit Tom. À demain Sarah. 
-Salut chaton. 
Je descendis les escaliers. Brian et sa mère regardaient un film d'horreur à la télé. Je m'assis à côté de Brian. Il se leva pour aller réchauffer sa tisane et je me glissai à sa place.
-Je suis désolée de t'avoir blessée Mary. Je ne le voulais pas. Je me comporte mal parfois et j'en ai honte. Je t'aime vraiment beaucoup. Je ne veux pas être une cause de souci pour toi.
-N'en parlons plus. 
-Putain, mais c'est ma place ! s'exclama Brian. 
-Qui va à la chasse.. commençai-je.
Il soupira et s'assit à côté de moi. Les Miller étaient fous de regarder ce genre de truc avant d'aller dormir. Même Brian en sursautait. Moi, j'étais terrorisée. Surtout à la fin du film, quand nous vîmes une silhouette dans le salon allumer la lumière. Nous hurlâmes tous les trois. C'était Tom. Il était en larmes.
-Bianca est mooooorte. Je hais les livres. JE L'AIMAIS BIEN. À CHAQUE FOIS QUE J'AIME BIEN QUELQU'UN, IL MEURT. 
Mary se précipita vers Tom et le souleva dans ses bras pour le ramener dans sa chambre. Quand elle descendit, elle eut un sourire.
-On enchaîne sur Paranormal activity ?
-Ça me va, dis-je.
À la fin du film, j'étais crevée et je serrai tellement fort la main de Brian qu'il me demanda de bien vouloir le lâcher. Je passai une sale nuit et le lendemain, j'étais claquée, j'avais mal au crâne de fatigue. Brian se moqua de moi avec ma tête de zombie et Mary s'inquiéta parce que je ne voulais pas manger.
-J'ai envie de..
-CROISSANTS !! cria mon père en entrant dans la maison. 
Il arriva dans la cuisine. Tom lui sauta dessus. Il embrassa Brian, sa femme, et moi en dernier. Il me regarda attentivement.
-Papa, tu lis dans ma tête à distance. J'avais envie de croissants. Tu sauves mon petit déjeuner.
-Tu as une tête de zombie. Tu as l'air plus crevée que moi qui ait passé 5h au bloc ! 
-Papa ? J'aurais besoin d'un mot pour ne pas aller en cours le jour de mon anniversaire. Je veux aller faire une journée de stage avec Mary à son bureau.
-Okay. J'appellerai le lycée. D'ailleurs, mercredi prochain, je serai dans votre lycée. 
-Pardon ?
-Oui. Wolf n'a rien trouvé de plus drôle que de m'envoyer pour attirer des jeunes au Med Camp. J'avais refusé de faire le forum des métiers déjà.
-Tu veux attirer des meufs au Med Camp ? Non parce que c'est le seul truc que tu vas pouvoir faire.
-Très drôle honey. Qui veut du bacon ?
-Bacon-croissant ? Tu me dégoûtes, grimaça Mary. D'ailleurs, Sarah, tu pourrais aller chercher Tom ce soir à l'école ? Je vais finir un peu tard.
-On va aller patiner. 
Tom hurla de plaisir et mon père sourit. Je tournai les yeux et je vis la tête de Sophie devant la fenêtre de la cuisine. 
-Papa, ouvre la fenêtre à Sophie. 
Il le fit et ma copine se glissa chez moi, suivie de Paul McDust.
-Et passer par la porte ? demanda Mary.

-On voulait d'abord voir si vous étiez tous réveillés ! Sarah déteste être réveillée par la sonnette, répondit Paul. Oh yes, je peux taxer un pancake ?
Brian lui tendit l'assiette et Paul sourit de contentement.
-Bon, il faut que j'aille me préparer, fit Mary. Tom, tu es prêt quand je descends. 
Tom fila hors de la cuisine pour chercher ses affaires de classe et mettre un pantalon, accessoirement.
-Te préparer ? Tu es déjà bien comme ça ?
-Sarah.. Je ne suis pas coiffée, je suis maquillée à la va-vite. Ça ne va pas du tout.
-N'essaye pas de comprendre ma mère Sarah, répondit Brian en servant du café à Sophie. Elle est mariée avec son miroir.
-Brian, tu ne serais pas mon fils, je te dirai sûrement d'aller te faire foutre. Je ne le dirai pas bien sûr, mais je le pense. 
Elle sortit de la cuisine et je me mis à rire. Brian me donna un coup de coude. J'étais heureuse que Sophie soit là. Elle avait l'air d'aller bien. J'allais en voiture avec ma meilleure amie au lycée.

-Sophie ? Tu devrais moins trainer avec Paul, lui dis-je une fois garée au lycée.
-Pourquoi ?

-Parce que Cameron est jaloux. Il me l'a dit. 
-Oh. Vraiment ? 
Sophie sourit.
-Ça veut dire qu'il tient vraiment à moi.
-Tu en doutais ?
-Non. Mais c'est bien d'en avoir la confirmation. Prête pour entamer la dernière semaine de tes 16 ans ? 
-Absolument... je suis sûre qu'il ne va rien se passer d'anormal ou de dingue en plus.

C'était sans compter sur la capacité de ma prof d'algèbre à me déplaire. Elle ramassa nos exercices et nous colla une dizaine d'exercices à faire en silence pendant qu'elle les corrigeait. 
-McAllister, me dit-elle au bout de 40 minutes alors que je finissais mes exercices.
-Oui madame. 
-Je peux savoir qui a fait l'exercice pour aujourd'hui à votre place ?
Tout le monde se détourna vers moi. Même Sophie. 

-Je vous demande pardon ?
-Qui vous a fait votre exercice ?
-Je l'ai fait toute seule.. Vous voyez bien que c'est mon écriture, non ? 
-Je connais votre niveau en mathématique et je sais que vous n'avez pas pu le résoudre aussi parfaitement. 
-Et bien vous faites erreur. D'ailleurs j'ai fini mes exercices, vous voulez vérifier si c'est bien moi qui les ai fait ou c'est bon ?
Sophie me regarda d'un air qui voulait clairement dire : « tu vas te faire virer et je peux rien pour toi ».
-Sortez de mon cours. Immédiatement. 
Je me levai, pris mes affaires et lui donnai mes feuilles d'exercice au passage. Je sortis et je me rendis directement à la serre sur le toit. J'étais dégoûtée. Bon d'accord, Brian m'avait aidé, mais elle n'avait pas à me parler comme ça...
-Sarah ? C'est bien ce que je pensais que c'est toi.
C'était Brian. Il regardait autour de lui.
-Je connaissais pas cet endroit.
-Normal, personne ne le connait, je préfèrerai pas que tu en parles à tes potes. C'est mon jardin secret au lycée.

-Je dirai rien. Qu'est-ce que tu fais là ?

Je lui racontai et il se mit à rire.
-Pardon. Tu lui as mal répondu, que voulais-tu qu'elle dise ?
-Je sais mais.. je vais me faire tuer par Papa.
-Mais non. Pas du tout. Tu avais réussi les exos ?
-Oui. Parfaitement. C'est juste sur les gros problèmes que j'ai un peu de mal mais les petits exercices je les réussis. 
-Bah y'a pas de souci alors ! Elle ne te présentera pas d'excuses, mais fais profil bas. Tu as déjà été virée du lycée. Oh en fait. Jay voulait que tu le rappelles ?-

-Ah oui. Je voulais faire un site internet et je lui ai demandé de me donner un coup de main quand il aurait une minute.
-Okay. Je vais être en retard à mon cours. On se voit ce soir.
J'hochai la tête et une bonne vingtaine de minutes plus tard, Sophie apparut.
-Elle était fumasse. Mais genre, tellement fumasse qu'elle a collé une bonne dizaine de personnes. Tiens. Tes feuilles d'exercices. Je me suis permise de regarder, tu arrivais aux mêmes conclusions que moi. Elle doit se sentir conne. 
-Je viens de prendre une décision Sophie.
-Je t'écoute.
-Si ma situation au lycée ne s'améliore pas avant la fin de l'année, que ce soit avec les profs ou les élèves, je demanderai à Papa de m'envoyer dans un autre lycée.
-Quoi ?
-Je.. Ça ne changera rien entre toi et moi. Mais j'ai l'impression qu'on s'acharne sur moi. J'ai pas réussi à avoir une semaine tranquille depuis des mois. Je sais que ça voudrait dire quelque part qu'ils ont gagné mais je me suis fait virée du lycée alors que je n'avais rien fait. Si personne n'est de mon côté, je vois pas l'intérêt et si les profs m'enfoncent, je ne vois pas l'intérêt non plus. J'ai pris ma décision.
Sophie avait presque les larmes aux yeux.
-Je suis peut-être égoïste de penser ça mais je ne veux pas que tu partes sans moi. Si tu décides de partir, je demanderai à mes parents de faire le transfert pour moi aussi. Je ne supporterai pas d'être une minute ici sans toi. Prends ta décision et je te suivrai.

Ma meilleure amie était une perle. Je le savais. Je l'embrassai tendrement sur la joue. J'avais deux heures de littérature après. Le prof vit tout de suite que j'avais un souci. Il m'en parla à la fin du cours.
-Vous n'êtes pas comme d'habitude...
-Non, ça va. 
-Sarah, je vous connais depuis quelques temps, vous n'avez jamais paru autant dans les nuages.
-Vous allez me manquer. Vous étiez mon prof préféré. 
Je sortis sans une explication de plus. Sophie et moi nous mangions à l'extérieur, j'avais envie de sushis. Nous les commandâmes et nous nous rendîmes sur le toit du lycée. Il faisait un temps clément.
-Je pense que tu vas faire flipper James Potter. Il va penser que tu vas te suicider ou un truc comme ça. 
-Mais noooon...

Seulement Sophie avait raison. Mon professeur principal était en pleine discussion avec mon prof de littérature et quand ils me virent au bout du couloir, ils me firent signe d'approcher. Ils m'emmenèrent dans le bureau du conseiller d'orientation qui n'était plus là.
-Asseyez-vous Sarah. Je dois vous avouer que je suis assez inquiet.
-Vous.. vous avez téléphoné à mon père. Qu'est-ce qu'il vous a dit entre deux siestes ? Que j'étais névrosée et fragile ?
Je le scrutai et je vis mon prof principal s'agiter.
-Okay. Merci Papa.
-Vous m'inquiétez aussi Sarah. 
-Monsieur, je vous ai dit ça parce que je ne sais pas si je vais rester dans cet établissement l'an prochain. C'est tout. Il faut que je prenne une décision. 
-Mais pourquoi ?
Mon prof de littérature était abasourdi.
-Parce que j'en ai marre de me faire maltraiter. Entre les élèves qui me balancent du soda dans les yeux, qui pourrissent mon casier. Entre les profs qui me virent de cours ou ne m'acceptent pas en cours parce que ma tête ne leur revient pas. J'en ai marre. Et puis la directrice, cette vieille conne qui m'a renvoyée parce que Chris ou un de ses sbires m'a piqué ma serviette dans les douches et que je me suis retrouvée à moitié à poil devant tous les mecs de l'équipe de basket que je connais depuis mon enfance. J'en ai marre. Et si les choses ne s'améliorent pas pour moi, je demanderai à mon père de m'envoyer dans autre lycée, je n'ai pas l'intention de rester encore un an de plus dans un environnement toxique pour moi. Et ce qui est triste dans l'histoire, c'est que si je fais ça, Sophie va partir aussi. Si Sophie part, Paul ira hyper mal et ses parents l'enverront ailleurs. Si je fais ça, je vais me faire tuer par Brian et tous ses potes et ma vie sera peut-être plus imbuvable que maintenant. Je suis piégée en fait. Putain. Je suis piégée. 
Je me pris la tête entre les mains. 
-Il faudrait que j'aille assez loin pour que Sophie soit obligée de rester. Ce serait la seule solution. Peut-être en Europe ? Si encore j'avais encore de la famille en Allemagne, ça pourrait le faire mais mon arrière grande-tante vient de mourir. Et Papa voudra pas que je parte aussi loin.
-Comment ça vous vous faites maltraiter ? 
J'avais oublié leur présence. J'étais entrain de réfléchir à voix haute. Ils étaient ahuris.
-Je ne suis pas névrosée, je ne prends aucun plaisir à venir au lycée sauf pour les cours de littérature. Vos collègues sont des connards avec toute personne qui n'est pas un performer. C'est ça la vérité. Rien que ce matin, la prof de maths m'a accusée d'avoir demandé à quelqu'un de faire mon exercice à ma place. C'était faux, je lui ai dit et elle m'a virée de cours. Alexandra n'avait pas fait son exercice, elle lui a dit : ce n'est pas grave, mais la prochaine fois, vous m'en rendrez un second. Y'a deux poids deux mesures dans ce lycée. En plus je ne suis même pas une mauvaise élève. Je fais facilement partie du top 10 de la classe. On s'acharne sur moi, tout ça parce que mon oncle a couché avec la cousine de la prof de maths et qu'il l'a largué comme une merde. Sérieusement. Je paye le fait d'être une McAllister. Je paye le fait que Brian soit un génie et du coup je lui arrive pas à la cheville. Je paye le fait d'être un looser. Et c'est pas normal. Ne me regardez pas comme ça. C'est pas de votre faute. C'est sûrement de la mienne. Faut que j'aille en cours de macramé.. je veux dire, j'ai un cours d'arts plastiques. 

Je me levai de ma place. J'avais dit ce que je voulais dire. Qu'il aille répéter à mon père après. J'allais à mon cours. J'étais en retard mais la prof ne me dit rien. Je m'assis à côté de Sophie. Cela me travailla une bonne partie de l'après-midi et en conduisant aussi pour la ramener chez elle. Je pris mon téléphone et j'appelai mon oncle.
-Salut James, je te gêne ? 
-Non, pas du tout. Je suis en voiture.
-Moi aussi, j'ai juste une question. Est-ce que je pourrais venir chez toi ?
-Quand tu veux ma chérie.
-Je veux dire, si j'avais envie de changer de lycée pour l'an prochain. Est-ce que je pourrais aller dans celui où est allé Duncan et habiter chez vous pendant ce temps là ? 
Il y eut un silence au bout du fil.
-Qu'est-ce qu'il se passe Sarah ?
-Je me suis fait la réflexion que je devais peut-être quitter mon lycée pour aller dans un autre. Et j'en suis venue à la conclusion que si je partais chez toi, je serai pas toute seule et j'aurais ma famille avec moi. Ah merde, y'aura le bébé. Oublie ce que j'ai dit. Je trouverai une autre solution. C'est pas grave.
-Sarah, tu m'effraies. Je suis bientôt chez moi, on se fait un Facetime dans 10 minutes. 
-Si tu veux...

J'eus juste le temps de me garer. Mon oncle m'appela alors que j'étais dehors. 
-Je prends mon ordi et je vais dans le jardin, je te rappelle dans 3 minutes.
-Okay.

J'allais dans le hamac et j'ouvris mon ordinateur. Mon oncle avait l'air fatigué.
-Comment va Val ?
-Très bien et le bébé aussi. Mais pas toi. Je peux savoir pourquoi tu veux quitter ton lycée ?
-Tu.. tu ne pourrais pas comprendre. 
-Explique-moi.
-Tu t'es déjà pris du soda dans les yeux ?
-Oui. Par mes ex. Et ton père parce que ton père est une peau de vache.
-Tu as déjà jeté du soda à la tête de quelqu'un ? Sérieusement James, ça t'est déjà arrivé ?
-Je ne vais pas te mentir. Oui.
-Tu as déjà humilié quelqu'un au lycée ? 
-Pourquoi on parle de moi ?
-Tu ne peux pas comprendre ce que je vis. Tu ne peux pas comprendre que ça fait de se faire jeter du soda dans les yeux en plein milieu de la cafet parce qu'on ne t'aime pas, tu ne sais pas ce que ça fait quand on piège ton casier juste parce que tu es un loser. Tu ne sais pas ce que ça fait quand on te donne un surnom humiliant que tout le lycée utilise. Tu es un performer. Tu l'as toujours été. Toutes les personnes autour de moi sont des performers. Il suffit qu'un de ces connards arrogants te prennent en grippe pour que ta vie devienne un putain d'enfer. Tu le sais très bien. Alors je me suis donnée jusqu'à la fin de l'année pour savoir si j'ai envie de rester dans un endroit où je ne suis pas heureuse la moitié du temps. Et je cherche des plans B. Sophie m'a dit qu'elle partirait dans le même lycée que moi. Et si je pars suffisamment loin, elle ne gâchera pas sa vie en me suivant. Alors je me disais que peut-être que toi tu voudrais bien de moi.
-Juste pour savoir, ton père le sait ?
-Qu'une connasse m'a pris en grippe. Il sait certaines choses, il l'a appelée et maintenant, la moitié du lycée fait comme si je n'existais pas. Mais ce n'est pas cette connasse le plus grave, tu vois. Y'a elle et y'a les profs. 

Je lui racontai le truc de la prof de maths, la sorte d'opération commando de mon prof de littérature et je lui racontai même le coup de la prof de chimie.

-Sarah. Pour ta prof de chimie, tu aurais dû prévenir ton père immédiatement. Et ta prof de maths.. je vais l'appeler. Je la connais. 
-Non, je ne fais pas ça pour ça. C'est juste que.. tu ne crois pas que je devrais partir d'un endroit toxique ?
-Il me semble que ton père t'a déjà proposé de quitter ton lycée et tu as refusé.
-Oui mais..
-Tu lui as dit que tu ne voulais pas les laisser gagner Sarah. Tu sais ce que fait un performer quand la personne qu'il martyrise part du lycée ? Il jubile. Je le sais non pas parce que j'étais un harceleur mais parce que j'en connaissais. Tu veux laisser cette fille jubiler ? Tu veux baisser les yeux quand tu la reverras dans quelques années ? Non. Tu sais pourquoi ? Parce que tu es une McAllister, parce que tu es une Evans et que tu ne supporteras pas une telle injustice. Alors tu vas m'écouter bien attentivement Sarah. Voilà ce que tu vas faire. Tu vas lui faire payer toutes les crasses qu'elle a pu te faire. Tu vas la faire baisser les yeux devant toi. Je sais que je ne devrais pas te dire ça parce que je suis un adulte prétendument responsable. Mais je ne vais pas laisser ma petite Sarah chérie souffrir. Nous allons la détruire, et nous ne le dirons ni à John ni à personne d'autres.
-T'es sérieux là ?
-Ils ne peuvent pas être au courant, ils sont beaucoup trop moralisateurs. Je vais envoyer un de mes stagiaires pour récupérer tout ce que je peux apprendre sur elle et sa famille. Donne moi son nom.
Je lui donnai et il fronça les sourcils lorsque je lui avouai ses liens avec Paul.
-C'est...Hum. Je ne peux pas mettre Benjamin au courant de mon plan non plus. Je vais demander à Elijah. Il est beaucoup plus fun que son frère aîné. Et tu es sa petite princesse chérie, tu es la fille d'Elena. Très bien. Ne t'occupe plus de rien.
-Heu en fait.. j'avais déjà prévu de faire un truc..
Je lui racontai le plan avec Jay et il sourit au fur et à mesure.
-Je te donnerai les informations que j'obtiendrai alors. Et tu en feras ce que tu veux. En tout cas Sarah, sache que tu peux toujours compter sur moi. Et si après l'avoir fait payer tu veux toujours partir, tu pourras venir ici.. mais dans notre famille, on ne fuit pas. On se bat jusqu'à la mort. 
-Et si je me fais encore plus écraser ? Ou si je me fais repérer.
-Ton père engagera tous les meilleurs avocats que ce pays a engendré. Tu as de la chance d'avoir Eric à côté de toi en plus. Il est brillantissime. De plus, je connais le procureur de Los Angeles. Il fera un exemple. Et quand cette fille aura fait perdre à sa famille, son argent, son toit et sa dignité, crois-moi, elle ne fera plus la maligne.
-Tu es vraiment capable de faire ça ?
-De faire tout perdre à quelqu'un ? Elle est mineure, ses parents sont responsables d'elle. Ils te devront des millions en dommage et intérêt. Eric fera en sorte de leur demander plus qu'ils ne pourront en payer. Ils voudront passer un accord et ils déménageront hors de Californie avec une interdiction pour elle d'être dans la même ville que toi où que tu sois. Or, on peut naturellement penser que tu n'iras pas t'enterrer dans l'Idaho. Aussi, elle ne pourra pas se retrouver à Los Angeles, à New-York, à Washington.. partout où tu as tes habitudes. Si tu la croises, elle pourra aller en prison pour ça. Elle sera fichée comme étant une harceleuse. Voilà ce qu'elle risque. Et puis.. 
Je vis James sourire.
-Ne sous-estime pas l'importance de la famille McAllister. Si l'on combine tous les connaissances qu'on a ton père, tes oncles et moi, on connait des personnes dans tous les secteurs d'activité. Elle ne pourra pas accéder à une bonne fac, elle n'aura pas de bon job. Et puis soyons sérieux, Grand-mère Amélia paierait un tueur à gage. Je te rappelle qu'elle fait de la contrebande de chocolats.

Je me mis à rire et James sourit de soulagement.
-Tu as raison. 
-Je serai toujours ton allié Sarah. Tu tuerais quelqu'un, je te ferai partir dans un pays sans accord d'extradition après avoir fourni l'acide pour dissoudre le corps. Je serai toujours ton allié, répéta-t-il. Et tant que tu m'as, tant que tu as ton père, tant que tu as ne serait-ce qu'une seule personne qui t'aime en ce monde, tu ne seras pas seule. Tu sais pourquoi tu la vaincras toujours ?
-Parce que j'ai une famille unie et soudée ?
-Parce que tu as une famille unie et soudée. Et je ne parle pas seulement de ta famille de sang. Sophie ne te laissera jamais tomber. Paul non plus. Et je sais que tu t'entends plus ou moins bien avec Brian mais je suis certain qu'il ne te laisserait pas tomber lui non plus. Tu sais pourquoi ? Parce qu'il tient autant à toi que nous tous. Je l'ai vu dans ses yeux. Et ça ne peut pas tromper. 
-J'ai envie de me fourrer dans tes bras. 
-J'ai cru comprendre que tu venais à New-York en fin d'année.. on se fera une virée rien que toi et moi.

-Oui, j'adorerai.
Je levai les yeux en entendant mon père m'appeler. 
-Papa m'appelle, tu ne lui dis pas ce que je t'ai dit... ça m'a fait du bien de te parler. C'était libérateur, j'en avais besoin. Tu as joué mes psy.

-J'ai joué les chefs de guerre. Sarah. Je t'aime. Ne l'oublie pas. Et dis à ton père qu'il me doit 20$.
-Il arrive justement, dis-lui toi-même. Salut P'pa. Oh la vache, qu'est-ce que tu as à la lèvre ?
-Montre-moi.
Je tournai l'ordi vers mon père qui avait sa lèvre explosée.
-Disons qu'on a fait de la boxe avec Eric avant de revenir et qu'il en avait besoin. 
-Mon pauvre papa chéri. Viens que je te fasse un câlin.
il s'assit dans le Hamac et je me fourrais dans ses bras. Nous continuâmes à parler avec James, jusqu'à ce que sa femme arrive en nuisette.

-Vous êtes mignons, mais j'ai besoin de récupérer mon mari pour.. John c'est quoi ta lèvre là ? Tu t'es encore battu ? On a l'impression d'être de retour à la fac. James arrête de me tripoter, va coucher les filles plus tôt si tu veux faire quelque chose de tes mains.

Cela me fit du bien d'entendre une conversation entre Valentina et mon père. Déjà, elle était en espagnol et je compris pratiquement tout. Je participais même. James me soutenait. Il me soutenait moi et ma folle entreprise de déstabilisation de Chris. Ce serait mon prochain objectif pour aller mieux. Il fallait vaincre ses peurs. J'allais la vaincre et j'en sortirai.. grandie.

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