-Sarah ! Fais attention à toi, les journalistes peuvent être assez.. brutaux quand ils veulent.
Nous étions tous les trois dehors et j'avais ma pizza dans la main qui exhalait une odeur délicieuse. Je leur fis tous les deux un bisou.
-On se voit tout à l'heure. On se rejoint juste à côté du cinéma c'est ça ? 
-Ouais je t'appelle, répondit Clive. 
J'acquiesçai et pris une bouffée d'air frais avant de me jeter dans la gueule du loup. Je lançai bien fort un Merci Angelo ! et j'ouvris la porte en bois sur le côté et je vis une lampe se braquer sur moi. Je mis ma main devant mes yeux, j'étais éblouie. Lorsque je revis ce que j'avais devant moi, les journalistes avaient changé de cap. Mais je vis Alexandra, la copine de Brian. Pourquoi cela ne m'étonnait pas ? 
-Excusez-moi? vous avez vu Ray McClunsky ? 
-Qui ? Ah ? Heu non pas du tout, je vais rejoindre mon petit ami là en fait. Mais j'ai rien vu qui ressemblait de près ou loin à un chanteur pop. 

Je souris au journaliste qui détourna tout de suite son attention de moi. Je l'avais tournée de manière à ce que Ray et Clive puissent sortir discrètement avec la moto, ce qu'ils firent. Ensuite je rejoignis Bob. Je montais à l'avant. 
-Tiens. Je t'ai ramené une pizza, ils sont juste devant nous. 
-Ray t'a larguée ? 
-Non pas du tout, je me suis larguée toute seule, pour faire diversion et ça a marché. On doit les rejoindre au cinéma.
-4 fromages ? 
-Ouais.
-Cool. 
Il en prit une part et j'ouvris la vitre de mon côté. Je tournai les yeux et je vis Alexandra la pouffiasse les yeux ouverts par la surprise. Et je fermai ma vitre. Bob se mit à conduire assez vite et en réalité je trouvais ça plutôt cool. Je lui en fis part et il se mit à rire.
-Tu as l'impression d'être une James Bond Girl ? Si tu continues à trainer avec Ray ce sera un peu le cas. 
-Ça ne durera pas. Je ne suis pas stupide. Vous repartirez aussi vite que vous êtes venus. 
-Ne dis pas ça. Je crois que Ray est très attaché à toi en réalité, tu lui rappelles qu'il y a une vie, une vraie vie et c'est bien plus précieux que n'importe quoi. Il t'a bien écrit une chanson. 
Je ne répondis pas. Je ne savais pas quoi penser de She's all that et j'étais encore un peu sous le choc, le visage de Ray entrain de chanter était imprimé sur ma rétine, comme si j'avais été brûlé à trop regarder le soleil.
-On est presque arrivé. Tu viens ? 
Il hocha la tête et il m'ouvrit la portière. Ray et Clive étaient déjà là. 
-Tu crois que je peux laisser mon sac de cours dans la voiture ? Parce que..

-Ouais bien sûr, il n'y a aucun souci. Mets le dans le coffre avec la guitare de l'autre grand dadet.
Les deux amis nous rejoignirent et ils arrêtèrent de parler au moment même où ils arrivèrent. J'eus la sensation qu'ils parlaient de moi.

-Merci, je te revaudrai ça un jour, me dit Clive.
-Achète moi un gros paquet de popcorn avec du caramel et ta dette sera effacée.
-Non, ce n'est pas équitable, j'adorerai que ce soit suffisant mais ce n'est pas le cas, sourit Clive.
-Qui te fait croire que je le veux maintenant et pas.. je ne sais pas.. dans un an ou dans 10 ans ? 
-Oh. Et bien, ça me va alors, on se fera l'intégrale du Hobbit quand il sortira.
-Give me five ! 

Il me tapa dans la main comme si nous étions de vieux vieux amis et nous rentrâmes dans le cinéma. Nous n'étions pas beaucoup dans ce vieux cinéma et nous étions en avance. Je levai les yeux dans l'entrée et je regardai les vieilles tentures au plafond. Et mon cœur se serra. Je n'avais pas remis les pieds ici depuis tellement de temps... J'avais refusé de venir ici depuis des années parce que ça me faisait mal. Je laissai les garçons payer et j'allai dans la salle. 
-Qu'est-ce qu'il y a ? Tu n'aimes pas le décor ? 
-Si. J'adore, c'est juste que.. ça fait tellement de temps que je ne suis pas venue là.

-Pourquoi ça ? s'étonna Ray en tournant les yeux vers moi, assise à sa droite.
-Parce que je venais toujours avec ma mère ici. C'était notre cinéma. Elle habitait dans cette ville  avant quand elle était jeune et j'ai hérité d'un appartement pas loin d'ici d'ailleurs. La dernière fois que je suis venue ici, j'étais avec mon père.. c'était un an pile poil après sa mort et je n'ai plus remis les pieds ici depuis. C'était comme si quelque chose m'en empêchait tu vois mais en fait, maintenant que je suis ici, je me dis que ce n'était pas si difficile que ça. 
-Je ne savais pas..
-Tu pouvais pas t'en douter. Ne t'inquiète pas, ça me fait plaisir d'être là avec vous trois. Vraiment. Je crois que j'ai perdu du temps à ne pas venir ici pour voir des films. Hey Clive, tu as toujours la perruque Lana ? 
-Ouais bien sûr.
-Donne la moi, je vais me prendre en photo avec, histoire de rire un peu. 
Clive se leva, se posa à côté de moi et me mit la perruque sur la tête pour qu'elle m'aille. Il prit mes lunettes de soleil qui pendaient sur le débardeur de Sophie et me les mit sur le nez. Il fit de même avec les siennes et j'entendis un rire amusé juste à côté de moi. Ray venait de mettre ses lunettes aussi. Je sentais qu'on allait avoir un selfie qui vaudrait quelques millions. Clive se pencha sur mon épaule, Ray aussi et je fus envahi par son odeur. Pourquoi Ray sentait aussi bon alors que Brian non ? Une voix dans ma tête me rappela que je n'avais jamais senti mon quasi-frère. Je n'étais pas reconnaissable sur la photo que Clive prit à bout de bras. On avait l'air totalement fou là dessus.
-Tu me l'envoies par SMS stopl ? lui demandai-je. Bob ? Viens avec nous.

-Non merci, les selfies c'est pas mon truc.
-C'est le truc de tout le monde enfin ! Allez, fais moi plaisir ? Je n'accepterai pas de refus. Je t'ai quand même emmené une 4 fromages ! 
Il se rapprocha de nous par derrière comme nous étions au dernier rang. Il se mit juste derrière moi, prit mon téléphone, enleva la perruque Lana Del Rey qui était sur ma tête et mes lunettes de soleil.
-Tu es beaucoup plus mignonne au naturel ! 
Je rougis follement tout en étirant mes lèvres en un grand sourire et je vis un flash au moment où je tournais la tête vers lui. On était tous les deux ensemble. Il me regardait, je le regardais, c'était une superbe photo mine de rien.
-Pas mal du tout, je ne savais pas que tu avais un sens artistique autre que celui de la musique Bobby, constata Ray en me prenant le téléphone des mains.
-Tu ignores beaucoup de choses mais sache que je préfère la photo à la musique. Ça t'en bouche un coin, non ? 
Ray et Clive le regardèrent d'un air halluciné et moi j'éclatais de rire me faisant fusiller du regard par les gens dans la salle attendant en silence que la Communauté de l'Anneau commence. Ray se tourna vers son garde du corps et ami pour en savoir plus sur cette soudaine passion. Clive posa sa main sur la mienne, elle était d'une chaleur incroyable pour moi qui avait tendance à toujours avoir les mains froides.

Dès qu'il commençait à faire un peu froid, mon père passait de choupette à bonhomme de neige  ou petit glaçon dans la liste de ses surnoms pourris. Je n'en avais pas honte, c'était une de mes particularités que je tenais de ma mère. Mais là sous la main chaude de Clive, j'avais un peu honte. 
-En fait je voulais attirer ton attention sur une chose en particulier. Tu sais que ça peut être dangereux les écrans de smartphone pétés ? Pourquoi tu ne changes pas de téléphone ? 
-Parce que je me le suis acheté toute seule. J'ai dû faire le jardin de mes voisins pendant des mois avant d'avoir suffisamment d'argent pour le faire. Tu te rends compte ? Des mois ? Alors je le garde jusqu'à ce que j'ai suffisamment d'argent pour un payer un autre. Argent que j'aurais gagné honnêtement, parce que demander de l'argent à mon père serait trop facile.
-Il fait quoi ton père Sarah en fait ? me demanda Ray qui de toute évidence suivait notre discussion discrètement. 
-Il est chirurgien.
-Un chirurgien qui s'appelle McAllister ? Ça me dit quelque chose.
-C'est possible, il est assez connu dans son domaine en fait. Maintenant les garçons, on ne me déconcentre pas. Le film commence. Vous croyez qu'ils font des pauses entre les films ? 
-J'espère, pouffa de rire Ray. 
-Autant vous prévenir, annonçai-je alors que les lumières se baissaient. Le premier qui parle pendant la musique de Howard Shore, je le tue.

Ils n'eurent pas le temps de répondre que les rideaux s'écartèrent et que je m'enfonçai profondément dans mon siège. J'adorais ce film et plus que ça j'adorais être entourée de personnes que j'avais choisi. J'adorais être entourée de gars soi-disant inaccessibles mais qui prenaient une soirée entière, non pas à faire la fête, à picoler et à se droguer mais pour aller au cinéma voir un film qui datait de plus de 10 ans avec moi. J'adorais ces gars là. Nous étions si semblables en réalité. La fin de journée que je venais de passer m'avait fait prendre conscience que derrière le strass, les paillettes et les millions, il y avait des hommes et des femmes qui avaient une vie parfaitement normale ou du moins qui aspiraient à la normalité. Dans cette salle obscurcie où résonnait la musique d'un des plus grands compositeurs de notre temps, il n'y avait plus de différence entre nous. Il y avait juste Clive, Sarah, Ray et Bob qui allaient passer du super bon temps. C'était tout. Il n'y avait ni journalistes, ni paparazzi pour gâcher notre bonheur. Je connaissais le film par cœur et mes nouveaux amis aussi. C'était amusant notamment pour les répliques.  

Vouuus ne passerrrezzzz paaaaas ! hurlait Gandalf dans le film et à ce moment précis je tournai les yeux vers Ray qui avec Clive étaient entrain de reproduire la scène assis dans leurs fauteuils. Ce devait être un délire entre eux mais je ne pouvais pas m'empêcher de rire. Un fou rire pourri dans une scène tragique c'est le pire qui peut arriver. C'est un peu comme si je riais à la fin de Titanic quand Jack lâche la main de Rose ou quand Eddard Stark se fait décapiter. C'était pareil. J'arrêtai de les regarder faire les guignols pour me re-concentrer sur le film mais l'instant était passé. Mes yeux piquaient un peu sous les larmes mais je réussis à endiguer le flot de rire qui me prenait. C'était juste incroyable d'avoir une telle maîtrise de soi quand deux comiques en herbe faisaient les singes juste à côté. Nous étions devant le premier film et il me restait près de 9h à tenir sans éclater de rire face aux pitreries de mes amis d'un soir. Au bout du deuxième film, je m'étirais. Il était dans les 3h du matin. Je ne sentais pas vraiment la fatigue, mais c'est surtout parce que je n'y pensais pas. J'avais juste envie de boire un thé bien chaud ou quelque chose comme ça. Je savais qu'il y avait un distributeur. Je me levai pour aller me chercher un café noisette. Ce n'était pas aussi bon qu'un Caramel Macchiato mais ça allait faire l'affaire. Je sortis de la salle et allai vers le distributeur de l'entrée. Je retournai dans la salle prête pour le troisième opus. 

Je devais être un peu maso. Qui allait au cinéma un jeudi soir, ou plutôt devrais-je dire un vendredi matin, alors qu'il y a cours à 8h30 et le lendemain ? Je passai aux toilettes avant. J'avais une tête de zombie. Peut-être que finalement j'irais au bal de Halloween. J'aurais juste à ne pas dormir la veille au soir, je n'aurais même pas besoin de maquillage. J'allais me laver les mains et il y avait une autre fille à côté de moi. Elle avait un look de Geek Gothique. C'était un mélange étrange mais je n'aimais pas du tout la façon dont elle me regardait à travers le miroir. J'avais l'impression que j'allais me faire agresser. Je calculais même l'acoustique de la pièce pour savoir, dans le cas où elle commencerait à essayer de m'étrangler et de me noyer dans la cuvette, si Bob pouvait arriver avant que je meure. Mon esprit commençait à délirer. Il était trop tard. Je n'avais pas l'habitude de veiller aussi tard autrement qu'en pyjama et enroulée dans un plaid. Je retournai dans la salle, mon gobelet à la main. Je revis la fille passer un peu après, elle nous regarda et retourna s'assoir à sa place. 

Je posais ma tête sur l'épaule de Clive en espérant que je n'allais pas m'endormir. Mais en même temps, en ingurgitant de la caféine à 3h30, ça n'allait pas être possible de m'envoler dans les bras de Morphée. À la fin du film, alors qu'Aragorn chantait, Ray se pencha vers moi pour chanter de sa belle voix : Et Eärello, endorenna utulien.. Sinome Maruvan ar Hildinyar tenn' Ambar-Metta.. J'avais l'impression d'être au sein d'une chorale. Sa voix se mariait merveilleusement bien avec celle de Viggo Mortensen. Je tournai les yeux vers lui. Il avait les yeux pétillants, brillants, brûlants d'un feu que je ne lui avais pas encore vu. J'approchai mon visage de lui et posai mes lèvres sur sa joue avant de poser ma tête sur lui. Il piquait un peu, sa barbe avait commencé à pousser un peu plus, il n'avait pas dû se raser avant de venir me chercher au lycée. Il sentait bon. Je fermai les yeux et inspirai doucement avant de les rouvrir. Quand le générique arriva, notre petit groupe resta assis. Les gens commençaient à partir mais pas nous. On avait l'intention de profiter de cette nuit jusqu'au bout. Le générique prit fin et les lumières se rallumèrent.

-Wow. C'est une tuerie cette trilogie ! s'exclama Clive. 100 fois que je la regarde, 100 fois que je suis impressionné. Ray, quand on ira voir Howard, rappelle moi de lui dire que sa musique déchire.
-Howard.. Howard Shore ? Vous connaissez le Howard Shore ? 
-Ah.. Tu lui as pas dit Ray ? 
-Ouais.. il a épousé ma grand-mère en fait, du coup c'est mon.. grand-père par alliance.
Je tombais des nues. 
-Tu es entrain de me dire que tu es le petit fils de Elizabeth Cotnor ? Je peux pas y croire ? 
-Premier mariage. Enfin bref. Ne parlons pas de ça. Ça me complexe un peu. Avoir des compositeurs dans la famille, c'est pas nécessairement facile. 
-Je peux faire ma groupie ? Tu pourrais me faire dédicacer un CD du Seigneur des Anneaux ? Je te serais plus qu'infiniment reconnaissante.
Ray recula sa tête, plissa des yeux et leva un sourcil.
-Tu refuses de faire ma groupie mais pour faire la fan de mon grand-père alors là tu fonces quoi !
-Alors écoute bonhomme, le jour où tu seras Howard Shore, je te fais un strip-tease et je serais ta fan numéro un, en attendant, tu peux me faire dédicacer un CD ? C'est mon compositeur préféré. Tu te rends pas compte que quand le Seigneur des Anneaux est sorti ma mère m'a fait écouter la musique pendant des heures et..
-Pas de problème, sérieusement. Je te faisais marcher. Évidemment que je vais lui demander, je ne sais pas trop quand on se reverra alors tu me donneras ton adresse. 
-C'est vrai ? tu ferais ça ? 
Je me jetai à son cou et l'embrassai sur la joue. Nous étions debout et nous allions ouvrir la porte. Il n'y avait plus que Clive et Ray avec moi. Je n'avais pas vu Bob s'éclipser. Mais quand il revint dans la salle, son visage était grave.

-Sarah. Si j'étais toi, je remettrais la perruque et des lunettes de soleil. Il y a une marée humaine de journalistes devant la porte. Je ne pense pas qu'on puisse joindre la voiture sans passer en travers.
-Quoi ? Mais comment..
Je repensai à la fille des toilettes qui m'avait regardé avec insistance.. Je venais de comprendre pourquoi. 
-Et ma moto ? hoqueta Ray dégoûté.
-Je l'ai fait enlever pendant les films, j'allais pas te laisser rentrer alors que tu es crevé en moto, mon job est de te garder.. en vie de préférence. 
-Ok. Voilà ce qu'on va faire. 

Clive portait une écharpe, il la retira et il m'enroula la tête dedans. 
-On marche le plus vite possible vers la voiture. Bob, tu y vas, tu emmènes la voiture le plus près possible et une fois que c'est fait, tu me bippes. T'inquiètes pas Sarah, on te protège. Tu crains rien et ton anonymat sera préservé. 
J'avais le cœur qui battait. Je me doutais que quelque chose allait clocher. Le téléphone de Clive sonna et ils m'entourèrent comme si j'étais une star de cinéma et que c'était moi qu'on devait protéger. Je me demandais comment on allait s'en sortir.
-T'inquiètes pas. Ça va aller, me dit Ray en me prenant par les épaules et en mettant ses lunettes de soleil. Regarde tes pieds tu risques de te retrouver avec la rétine cramée par les flash, nous on a l'habitude. Tu es prête ? 

J'acquiesçai et ils ouvrirent la porte. Depuis le hall j'entendais les crépitements des flash et les voix des journalistes et des paparazzis qui campaient devant l'entrée. J'avais peur et Ray me dit qu'il ne le fallait pas. Il ouvrit la porte et le bruit m'assourdit les oreilles, et les flash dans les yeux... C'était une véritable agression en réalité. J'avais l'impression qu'on violait mon intimité. J'avais toujours pensé, alors que j'étais de l'autre côté des flash, que les stars aimaient ça, tout le tralala autour d'eux mais je venais de comprendre qu'une image peut dire beaucoup et parfois même l'inverse de ce qu'on voulait montrer. Tout se passa très vite en réalité, Ray et Clive tentaient de se frayer un chemin quand Bob arriva et qu'il me colla contre lui pour me faire entrer dans la voiture. J'entrai et je fus bientôt suivie par Ray. J'allais enlever le foulard mais Ray m'en empêcha.
-Non. Pas tout de suite, on a pas encore démarré. 
Clive était monté à l'avant et pestait contre les médias et les collabos qui se permettaient de gâcher la vie des autres. 
-Tu sais quoi ? Court-circuite les. Publie le selfie du cinéma et écris un commentaire assassin sur les paparazzi, c'est ce qu'il y a de mieux à faire. 
-Sarah.. Si quelqu'un te reconnait tu..
-Personne n'imaginera que c'est moi. Personne. Je suis une toquarde dans mon lycée alors crois-moi, personne ne le verra jamais. N'empêche qui aurait pu croire qu'on ferait un remake de Gandalf à la sortie.. Vous ne passserreeezzzz paaaaas ! 
Les garçons éclatèrent de rire et l'ambiance changea radicalement. Il y avait quand même pas mal de monde sur la route et Clive mit la radio et commença à battre la mesure. Je regardai par la vitre et je commençai à somnoler et à sentir les longues heures du jour. J'avais à peine dormi la veille et avec une nuit blanche la journée de lycée serait très dure. Vraiment très dure. Nous arrivâmes devant l'hôtel qui lui était vierge de tout flash. il était environ 7h du matin. Je m'engouffrais à la suite de Ray dans l'ascenseur après avoir récupéré mon sac. Il me tenait la main et nous arrivâmes dans sa suite.
-Bon, petit dej ? Ou il est encore trop tôt ? 
-Hum.. J'aimerais bien prendre une douche si ça ne te dérange pas. 
-Tu as de quoi te changer ? s'enquit-il en se frottant les yeux de fatigue. 
-Je demanderais à une copine de me ramener des sous-vêtements propres au lycée. Mais merci de ta sollicitude. 
J'allai dans la salle de bain. Elle était gigantesque. Il y avait une baignoire incrustée dans le sol, tel une mini piscine. Il y avait aussi une douche. Je souris et fis couler un bain très chaud. Je fermai les yeux et je plongeai la tête dedans. C'était déstressant à souhait. J'avais fait de la mousse, c'était une tuerie. Elle sentait très bon en plus. Lorsque je rouvris les yeux, je vis Ray. Il avait un grand sourire sur les lèvres et je sentais le rouge venir sur mes yeux. 
-Excuse-moi de te déranger. J'ai un caleçon pour toi si tu veux. Il sera un peu grand mais ce sera mieux que de porter des sous-vêtements sales. Et je t'ai mis un de mes T-shirts aussi. Vu que tu n'as pas dit à tes parents qu'on était ensemble hier soir, autant qu'ils ne te voient pas avec les habits de la veille.
-C'est très prévenant. Mais à moins que tu n'aies envie de me voir toute nue, tu peux me passer une serviette pour que je sorte ?

Ray devint rouge pivoine. Je n'en revenais pas,  j'avais réussi à faire rougir un garçon. Est-ce que j'avais changé et que je devenais plus forte ? Plus folle ? Il sortit de la salle de bain après m'avoir tendu une serviette et je sortais du bain, toute fripée. Je m'enroulai dans ma serviette de bain et pris une autre serviette pour mes cheveux. Je m'habillais avec les affaires prêtées par Ray. Je reconnaissais ce T-shirt. Il le portait lors d'une interview à la télé. Je paraissais tellement insignifiante dedans... Et avec mes cernes sous les yeux.. ce n'était juste pas possible. On aurait dit une tige malingre et pâle. Je ressemblais à un salsifis. J'étais ridicule. J'étais en caleçon dans une chambre d'hôtel d'un garçon hyper beau et moi, je ne ressemblais à rien. Mais à rien du tout. Au moins, le seul avantage, c'est que mes cheveux étaient propres. 
-Ray ? Dis, tu n'aurais pas un.. sèche-cheveu ? 
J'avais ouvert la porte et je me retrouvais face à son agent. Je ne savais pas vraiment ce que je devais faire. Surtout que moi apparaissant avec les vêtements de Ray, cela donnait une impression plus qu'étrange. Je vis dans le regard de l'agent qu'elle croyait que nous avions fait plus qu'aller au cinéma. Je balbutiai un bonjour gênée alors que Ray fusillait la femme du regard. 
-Tu as regardé dans un des placards ?
-Oui justement. Non mais c'est pas grave. Je vais me débrouiller.
-Ça te dérange d'aller dans le salon deux secondes ? 
Je secouai la tête et en réalité je m'enfuis là-bas après avoir récupéré mon jean. Il y avait une table dressée et Clive était déjà attablé. 
-Votre agent est là en fait.
-Peu importe. Viens prendre un petit dèj. Je me souviens quand j'étais au lycée je mangeais comme quatre le matin.
-Tu manges toujours comme quatre, retentit la voix de Ray derrière mon dos.
Je me retournai, il posa une main sur mon dos et il me tira ma chaise comme le gentleman qu'il était. Vu de l'extérieur, nous ne devions pas avoir fière allure avec nos têtes crevées. Vers 8h, Clive déclara forfait. Il était trop fatigué et il me souhaita une bonne journée de cours.
-Ne crois pas que j'ai oublié qu'on doit se faire l'intégrale du Hobbit, hein ? Parce que c'est pas le cas. Et puis, tu es une fille bien Sarah. Ne change pas. 
-Toi aussi tu es un gars bien. Comme je viens à votre concert, si j'ai pas le temps de te le rendre avant, j'apporterais ton blouson.
Il acquiesça et nous laissa tous les deux en tête à tête. C'était pratiquement l'heure pour moi d'aller au lycée. Il déclara qu'il allait me ramener en moto. Nous arrivâmes devant l'établissement 10 minutes avant le début de mon cours. J'étais décalquée mais cela ne m'empêcha pas de le remercier pour cette soirée qui avait été formidable. 
-C'est à moi de te remercier Sarah. C'était la meilleure soirée que j'ai passé depuis longtemps. Très longtemps même. J'espère que tu passeras une bonne soirée. Et si tu as envie qu'on se fasse un film ou un billard dans la semaine, tu sais où me trouver. Je vais donner des instructions pour qu'on te laisse entrer. 
-Ok. Bonne journée à toi aussi. 
J'embrassai ma main et la plaçai sur le haut de sa joue qu'on voyait avec sa visière levée. Il redémarra et je lui fis un signe de la main avant de me précipiter en cours. J'arrivai en courant au moment même où la prof fermait la porte. Je la bloquai avec mon pieds.
-Mademoiselle Mcallister. Allez vous asseoir, vous avez de la chance, une seconde plus tard, vous auriez été obligée de chercher un mot chez le surveillant.
-Oui madame. 
J'allais à côté de Sophie, et je vis Alexandra me regarder d'un air bizarre et me suivre du regard.
-Tu as fait quoi cette nuit ? Tu as l'air décalqué me dit-elle alors que je passais devant elle. 
-Nuit blanche ! Et je peux te dire que je te raconterais tout en détail. 
Je fis un clin d'œil à Sophie et je me suis mise à bailler sans faire attention alors que la prof se retournait.
-McAllister ?! Peu importe ce que vous faîtes la nuit, mais vous pourriez éviter de bailler ouvertement, je vois votre glotte d'ici. Vous vous êtes déjà fait remarquer, alors ne me forcez pas à vous renvoyer de cours alors que vous venez d'arriver. 
-Excusez-moi madame. 

Voilà. C'était fait. Tout le monde me regardait bizarrement. J'allais passer pour la fêtarde du coin. Celle qui baillait au premier cours de la journée. Génial. J'avais besoin de ça en plus de ma réputation plus que désastreuse. Je regardais dehors à un moment donné et vit un arbre illuminé par le soleil. Je me suis mise à penser à cette chanson de Ray. Celle qu'il avait écrite pour moi et cela me redonna le sourire. Et je repensais à cette soirée de dingue que j'avais passé. Entre paparazzi et fou rire. Une soirée comme celle-là... C'était juste ce qu'il fallait pour recharger les batterie au niveau émotionnel. J'en étais ressortie plus forte et je pouvais affronter la journée à venir. Bon, ok, j'étais crevée physiquement, mais mon esprit, lui était prêt pour la lutte. Un sourire s'afficha sur mon visage. Oui. Aujourd'hui serait un bon jour.