Dans la voiture, Alexandre peste parce qu’il y a des bouchons et que nous commençons à avoir du retard. Le simple fait de penser à Lisa le rend nerveux.
A peine sommes-nous arrivés que les deux amoureux s’éclipsent rapidement à l’étage. Dylan et moi nous retrouvons côte-à-côté.
- Je vais chercher à boire. Tu veux quelque chose ?
  Je refuse et vais m’asseoir dans la cuisine.
  Au bout de deux heures, je me décide enfin à sortir après avoir discuté avec la petite sœur de Lisa qui doit avoir mon âge. En passant près d’un arbre, j’entends des voix. On semble acclamer quelqu’un. Je reconnais alors sa voix. Dylan. Il m'apparaît en titubant et s’écroule sur moi. Je ne supporte pas son poids et tombe. Une odeur nauséabonde se fait sentir. Je me relève rapidement tandis qu'il vomit dans la pelouse. S'en suivent des grognements.
- Eau…
  Je me presse d'aller lui chercher pour éviter d'autres dégâts.
- Rentrer...
  Je préviens mon frère de la situation, qui accepte de nous déposer, non sans quelques protestations.
  À la maison, toutes les lumières sont éteintes mais un morceau de papier traîne sur la table de la salle à manger. Je propose à Dylan d'aller se servir.
- Et si je te veux toi ?
  Il se rapproche de moi et je remarque qu’il me dépasse d’une tête.
- Je pense que nous n’allons pas être d’accord sur ce point alors.
  Durant le temps où j’ai marché dans le jardin avant de tomber sur lui, j’ai réfléchi à ce qui s’était passé entre nous. J’ai réalisé que c’était insensé et que je ne voulais pas plus avec lui. Si j’entre dans son jeu, je sais qu’il me détruira; comme il a détruit toutes celles avant moi.
Je décide de l’ignorer et file sous la douche. Une odeur désagréable émane de mes habits.
  Alors que je suis posée sur mon lit, un livre à la main, je l'entends m'appeler : - Tu veux bien m'aider ? Une fenêtre est coincée.
- Comment as-tu fait ça ?
- Qui te dit que c’est moi ?
  Il marque un point. Je le suis dans sa chambre, sauf que toutes les fenêtres sont fermées.
- Quelle fenêtre ?
- De mon coeur. Depuis que tu l’as ouverte, elle ne se referme plus.
  Je restée bouche bée d'être tombée si facilement dans son piège.
- Que racontes-tu ?
  Pour seule réponse, il colle sa bouche sur la mienne. Encore une fois, je perds le contrôle. Comment se fait-il que je n’arrive pas à le repousser ? Il m'allonge sur le lit et retire mon jogging. Chaque minute semble durer une heure. Le plaisir monte en moi lorsqu'il me caresse le visage d’une telle manière que je l’appuie contre la paume de sa main pour qu’il ne l’enlève pas. Je le laisse m'embrasser, me caresser, me toucher. Je ne contrôle plus rien : ni mes pensées, ni mon corps qui suit ses mouvements. Je ne sais combien de temps nous restons lovés l'un contre l'autre, à s'échanger des baisers et des caresses mais le temps me semble bien plus long.
Je ne reprends pas mes esprits avant un bon moment, même après que nous ayons été plus loin alors que nous aurions du nous arrêter.

3 semaines plus tard
Dylan et moi ne nous sommes jamais reparlé depuis les vacances malgré les nombreux regards. Personne n’a rien su sur cette nuit. Alex est partit il y a trois jours pour poursuivre la deuxième année de sa formation tandis que je suis entrée aujourd'hui à la Faculté bien qu'un peu malade. J’ai d'ailleurs pris rendez-vous chez le médecin par mesure de précaution, d'autant que je m'inquiète facilement pour ma santé.
J’interpelle maman : - J’aurai besoin de ta carte vitale pour mon rendez-vous de demain, peux-tu me la donner ?
- Oui, elle est dans mon porte-feuille. T’es-tu fait un thé comme je te l’avais dit ?
- Je vais m'en refaire un.
  Je la remercie et sors de la chambre. Je tombe nez-à-nez avec Dylan.
- Tu es malade ?
- Ce n’est rien de grave, pas la peine de t’en faire.
  Il acquiesce et retourne dans sa chambre.

  Deux jours passent sans réelle amélioration de mon état. Les quelques nausées que j'ai inquiètent mes parents.
- Mange un peu ma chérie. Bois au moins un verre d'eau.
- Tu es sûre de vouloir aller en cours ? Ne serait-il pas plus judicieux de te reposer ?
- Ça ira, je n’ai pas une longue journée, je réponds.
- Jonathan peut te déposer à la fac avant d’emmener Clara pour t’éviter de prendre le bus.
- Oh, ça m’arrangerai.
  Clara, Julie, Justine et moi avons pris des chemins complètement différents quand à nos études. Nous arrivons tout de même à nous croiser dans le bus ou bien le soir après les cours.
  Durant le trajet vers la Fac, nous parlons de tout et de rien avec Clara jusqu’à ce qu’elle me dise qu'elles aimeraient qu’on s'organise une petite soirée. Je lui réponds avec enthousiasme et la serre dans mes bras lorsque nous nous quittons.
Devant la grille, je souffle un bon coup et entre dans la cour. Je me dirige vers les couloirs et sors mon emploi du temps.
- Chimie organique, souffle une voix derrière moi.
  Je sursaute et me retourne. Un beau blond se tient face à moi.
- On doit aller à l’amphithéâtre.
- On ?
- Nous avons des cours en commun, dont celui-ci. Tu m’aurais remarqué si tu avais fait attention hier. J’étais à ta droite, m'explique-t-il sans reproche.
  La sonnerie retentit.
- On va être en retard, on ferait bien d'y aller.

  Entre deux cours, je me lève pour partir à mon rendez-vous médical. Mathéo me rappelle qu’il me fera part de ses notes et que je n’ai pas besoin de m’inquiéter.
  Je m’installe en salle d’attente mais le docteur Lacourt vient rapidement me chercher.
- Comment vas-tu Emma ?
- Je suis... tourmentée.
- Raconte-moi ce qui te préoccupe.
- Tu sais que je suis toujours angoissée dès que je suis un peu malade. J’ai quelques nausées depuis hier qui ne passent pas.
- Qu’as-tu fait ces dernières semaines ?
- Je ne suis pas beaucoup sortie mais j’ai…
  Des liens se font dans ma tête. Ce que j'ai essayé de cacher et d'oublier remonte trop vite à mon goût. Un tourbillon de souvenir se mettent à tourner dans ma tête, je revois des images, un tas d'images, toute l'histoire de cette soirée se refait, puis je me souviens de la rencontre, de la manière dont je l'ai regardé, dont j'ai pensé que je pourrai l'apprécier avec le temps. Je vois un tourbillon de souvenirs apparaître devant mes yeux, ma tête se met à tourner, je sens la chaleur monter en moi, atteindre mon coeur et me chauffer les épaules. Je ne parviens à articuler que quelques mots, "perdu, virginité" avant que le docteur ne m'apporte un verre d'eau et une serviette humide à poser sur le front. Elle m'allonge sur le fauteuil d'examen et procède à des analyses. Je comprends que quelque chose ne va pas à sa manière de froncer les sourcils. Mon coeur se met à battre plus vite jusqu'à en avoir mal au ventre. Elle passe une sonde sur mon ventre et m'annonce:
- Je crois que tu as ta réponse.
  J’entends un battement, une deuxième, puis trois et quatre. Ils sonnent en harmonie parfaite.
- Tu es enceinte Emma.
  Dans mon cerveau, tout s’embrouille. Mon coeur se met à batte de plus en plus vite. Je balbutie quelques mots incompréhensibles. Le docteur range son matériel et va s’asseoir à son bureau.
- Il va falloir que tu fasses un choix. Tu n’es pas enceinte depuis longtemps, tu peux encore avorter. Mais tu peux également garder le bébé. Cependant, le choix doit venir de toi et doit être réfléchi. Tu vas en parler à tes parents ?
  Je secoue la tête.
- Je vois bien que cela te tombe dessus. Pour ne pas te précipiter, tu vas prendre le temps d’y réfléchir. On va programmer un autre rendez-vous la semaine prochaine.
- Que vais-je dire à maman ?
- Je suis tenue au secret professionnel, je ne leur dirai rien. C’est à toi de décider ma belle. Mais je suis là si tu as besoin de quoi que ce soit.
  Elle me serre dans ses bras et me raccompagne à l’accueil. Je vois qu’elle est touchée.