6 septembre 2017, 2h00 du matin…

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Il fait nuit. Tout est noir, mais je n'ai pas besoin de lumière pour savoir où je vais. Mon œil unique est rivé en oblique sur la terre. La mer s'affole, tempête et rugit.

Le monde s'ébranle, voilà j'arrive. Je culbute tout sur mon passage, pulvérise cases de guingois disséminés dans la montagne, les ajoupas branlants et les paillotes de bord de mer. J'ébranle les fondations, malmène les plus solides constructions, arrache du sol tout ce en quoi les hommes croyaient, leurs possessions terrestres. Je les réduis à néant, à l'unique possession de leur seule carcasse.

Je les entends gémir, je les entends prier. Depuis combien de temps n'avaient-ils pas prié ?

Leurs litanies se mêlent à mes hurlements furieux.

Je prends mon temps, je me délecte. Je me nourris de larmes.

La mer, galvanisée par ma présence, reprends ses droits divins, entre en fureur à son tour, soulève les énormes mastodontes de métal qui lui grattent le dos et les recrache avec mépris sur la civilisation. J'entends leur monde se briser, leurs immeubles s'effondrer.

Dans les maisons les plus dures, les générateurs tournent à plein régime. Les humains refusent l'obscurité, ils veulent le feu et la lumière. Ils ne gagneront pas si facilement. J'arracherai le foie de leurs machines de malheur. Je les plongerai dans les ténèbres et le froid.

Je m'échine, je m'acharne, j’échevelle les cocotiers, je décapite les forêts, je pulvérise leurs constructions, j'anéantis leurs voitures, je coule leurs bateaux et parfois même je prends des vies. Je dévore, je broie dans mes anneaux de vent, je me repais.

Quel bonheur, ah mais quel bonheur cette toute puissance ouranienne.

Demain, je partirai. Alors ils lécheront leurs plaies et panseront leurs blessures, mais pour l'heure, ils se terrent et ils pleurent. Ils prient aussi. Qu'ont-ils fait à D… pour mériter tel châtiment ? Ils jurent que s'ils survivent, ils iront faire leurs dévotions.

Quand je serai partie, ils sortiront de leurs taupinières et s'ébroueront, hagards, dévastés. Ils contempleront leur univers dévasté, compteront leurs morts et leurs blessés, et s'écriront « nous sommes vivants ». Alors ce sera la chaos. L'homme redevenu primitif laissera parler ses instincts animaux. Et moi, je partirai vers d'autres destructions.

Un dernier baroud d'honneur, je frotte, gratte la surface des mornes pelés. Qu'il ne reste rien de la végétation. Mon amie la mer a envahi les villes et gorgés leurs tanières. Que c'est joli toutes ces voitures et ses débris qui voguent en suspension sous des chariots de boue. Quelle extase ces voiliers pris au piège dans le lagon, broyés, fracassés les uns sur les autres. Et ces horions arrachés à leurs vies, prisonniers de mes anneaux de vent.

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