Saint Scribay, priez pour nous ! Avec foudre et poussière.

Où est ce monument de la littérature ?

Oyez, oyez ! vous tous scribayens, scribouillards

Rimailleurs, pisse-copie et écrivassiers

Plumitifs, procrastinateurs et pantouflards

Producteurs de page blanche et gâte-papiers

Condamnés aux galèr's de votre inspiration

Souvent critiques implacables pour les autres

Mais ne supportant pas la moindre correction

Je vous entends me dire "vous, le bon apôtre,

Qu’avez-vous donc produit méritant l’attention,

Où est ce monument de la littérature ?’’

Ai-je touché par là quelque corde sensible ?

Écrivaillons, rimeurs, mes frères et mes sœurs

Nous sommes confrontés à la peur indicible

De ne pouvoir écrir' ce qui plaît au lecteur,

D’avoir l’idée d’un texte et puis de l’oublier,

De vouloir dire un mot et d’en écrire un mal,

De ne plus trop savoir comment bien exprimer

Une idée passionnante, ou une idée bancale

La peur enfin qu’on puisse un jour vous demander

"Où est ce monument de la littérature ?’’

Quand je vous vois souffreteux, malingres et tristes

Cherchant dans la poussière un peu de ce talent

Cet éclair de génie pour vos protagonistes

Et vous tous qui pleurez de vraies larmes de sang

Ce sang qui coule ainsi sur vos plum's et permet

De rédiger peut-être un best-seller, ce Graal

Dont vous rêvez, copistes, gratte-papiers

Fafioteurs, brodancheurs, besogneux du mental

Scribayens, scribayenn's, galériens du papier,

"Où est ce monument de la littérature ?’’

Ô vous Muses à qui nous sommes enchaînés!

Esclaves de la bell' rime, vos dictatures

Mènent parfois où nous ne voulons pas aller.

Par saint Scribay, pour nous, damnés de l’écriture,

"Où est ce monument de la littérature ?’’

(pas sur cette page en tout cas !)

Semaine 27

JI 28/03/19