Leïla
Quand j'avais treize ans, j'étais convaincue qu'aucune fille ne tomberait jamais amoureuse de moi, que je finirais mes jours seule et triste, et que j'y mettrais probablement fin de mon propre chef.
Quand j'avais treize ans, pourtant, j'ai rencontré une fille. Il m'a fallu un moment pour le comprendre, mais elle s'intéressait à moi. Alors, je suis sortie avec elle.
Le soleil m'éblouit et mes larmes se déversent sur l'oreiller
Je ferme les yeux, je ne veux pas quitter ces pensées
Ne t'inquiète pas petite ce n'était pas un rêve
Tu peux te lever sans craindre qu'il s'efface
Je pose un pied au sol, inspirant à pleins poumons
Et l'air habituel prend le goût sucré d'un bonbon
Ne te cache plus dans les illusions et les espoirs
Car la porte de ton cœur est restée ouverte hier soir
Je sauterais de l'escalier, pensant voler comme un oiseau
Car j'ai l'étrange impression d'avoir des ailes
Ces ailes sont celles de ton cœur qui s'envole
Car il rejoint à chaque instant son nouveau détenteur
Je regarde mon plafond blanc et marqué par leurs sang
Taché depuis la bataille de la veille
Les vers qui hantaient tes pensées depuis si longtemps
Ont fini d'agoniser au dessus de ta tête.
Pendant des mois, j'avais eu le sentiment de me battre seule contre tous. Les amis qu'il me restait étaient mon plus précieux soutien, mais dans mon cœur je me sentais seule. Lorsque j'ai rencontré Leïla, je me suis persuadée que son amour me sauverait la vie. Des années plus tard, je me rendrais compte qu'il n'y avait jamais eu une once d'amour entre nous : pour elle, je n'étais rien de plus qu'un jeu, une simple conquête. De mon côté, aveuglée par l'euphorie du premier amour, je n'ai pas réellement cherché à comprendre ce que je ressentais. Pour ma défense, je n'avais aucun point de comparaison valable. La satisfaction d'éveiller l'attention de quelqu'un et de recevoir ses baisers, j'ai bêtement cru que c'était ça l'amour.
Cher Journal,
Elle ne me l'a même pas dit en face.
Je voudrais pouvoir garder un souvenir heureux. Bref. Disons que j'ai rêvé, juste rêvé, que Leïla n'existe pas, n'a jamais existé et n'existera jamais. Elle pense qu'elle sera heureuse avec Nadège ; j'en suis heureuse pour elle. Elle n'aura plus à se préoccuper des problèmes que je lui cause, de ce que ses amis pensent de moi. Elle m'oubliera et je l'oublierai. Il lui a fallu deux jours pour rentrer dans mon cœur, et en aussi peu de temps elle en ressortira.
[...]
Au lieu de pleurer, j'explose de rire. Un rire jaune, douloureux. Je veux arrêter de rire maintenant. J'aimerais savoir pleurer, pouvoir évacuer...
[...]
Aujourd'hui, Leïla m'a dit qu'elle m'aimait encore. On aurait dit qu'elle essayait de me récupérer. Je me suis juré de la rejeter au moins trois fois... Putain, le chat vient de bouffer le câble de mon casque !
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