Chapitre 7
— Diex Aïe !
Le cri de guerre normand couvrit les hurlements de douleur de Loup. Le démon jeta sa proie sur le côté. Imane fut aussitôt auprès de Loup et du forgeron.
Guilhem ne perdit pas de temps, l’épée de Loup dans une main et sa hache dans l’autre il plongea entre les jambes du monstre qui ne cessait de grandir et de se transformer en une sorte de molosse immonde. Sa gueule grande ouverte sur d’impressionnantes rangées de dents claqua à quelques centimètres du flanc du Normand, brisant net le bouclier qui protégeait le dos du guerrier, l’éclaboussant d’une bave acide. Agile, Guilhem se retourna, ne laissant aucun répit à son ennemi. Habitué au combat depuis son enfance, le Normand évitait les crocs, attendant l’ouverture qui lui permettrait de vaincre. Il vit nettement les fils qui reliaient le démon au plan immatériel où il puisait sa force et son invincibilité. Le Viking percevait, aussi, nettement tous les liens qui aspiraient la foi des humains.
Imane se dressa à l’autre bout de la ruelle où elle avait aidé Loup à traîner le forgeron, toujours inconscient.
— Guilhem ! On ne peut pas le tuer ! Il est devenu trop puissant ! hurla-t-elle.
Du coin de l’œil elle vit des ombres se profiler à la lueur de torches dans les ruelles adjacentes. Le bruit du combat attirait du monde. Il fallait faire vite.
— Je l’emporterai avec moi !
Le Normand déchaîna sa fureur, multipliant les passes d’armes. Imane le trouva bien maladroit, jusqu’au moment où elle comprit : il ne tentait pas de le tuer ! Grâce à un pouvoir dont elle soupçonnait l’origine viking, le guerrier tranchait un à un les liens du démon avec son plan d’existence. Elle quitta rapidement ses gants et balaya la neige d’un coup de botte. Agenouillée, elle invoqua des sorts de scellement et plaqua ses mains nimbées d’une puissante lueur bleutée sur les pavés. À chaque fois que Guilhem coupait un tentacule rougeâtre le sort d’Imane empêchait le démon de le reformer.
La bête recula dans l’impasse, impuissante mais toujours dangereuse. Elle demeurait coincée sous la forme d’un énorme canidé, féroce et terrifiant. Guilhem recula pour protéger ses amis. D’un bon prodigieux, le monstre se projeta loin dans la ruelle derrière eux et s’échappa dans un silence surnaturel.
Les moines et les habitants arrivaient, juste à temps pour voir cet étrange animal fuir le combat. Ils voulurent aider les combattants mais les trois étrangers prirent aussitôt la route, à la suite de l’Adversaire.
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