Merlin et la Bonne Fée rentrent de leur agréable promenade, bras dessus, bras dessous. La longue barbe de l’Enchanteur, a, durant la balade, subi des transformations. Des boutons d’or y font une ronde alors que deux roses essayent de les attraper. De jolis colibris, eux, jouent à cache-cache, leurs couleurs bleutées et jaunes se fondant dans le blanc de son menton.

Arrivée devant le domicile, Bédélia s’arrête brusquement et pose sur Merlin un visage angoissé.

— Il y a quelque chose d’anormal.

— Oui, oui, répond son compagnon d’une voix joviale, il semblerait que j’ai eu de la visite.

— Mais qui ?

— Allons le découvrir ! s’exclame l’Enchanteur d’un ton bon enfant.

Dans la cabane, le spectacle qui s’offre à eux est celui du chaos.

— Quel dommage que Blanche-Neige ou Cendrillon ne soient pas là pour nous aider à faire un brin de ménage, lance Merlin malicieusement.

— Mais enfin ?! s’étonne la Bonne Fée, tu n’es pas inquiet ?

— Pas le moins du monde chère amie.

Et sans prendre la peine de regarder autour de lui, il se dirige vers les toilettes. Il reste quelques instants à contempler le couvercle de la chasse d’eau, posé à terre. Puis il se tourne vers Bédélia, expliquant :

— J’avais caché la prophétie à cet endroit, elle n’y est plus. Notre visiteur mystère ne peut donc être qu’une des sœurs Sinistrel ou un acolyte.

— Tu avais dissimulé la prédiction là ! s’insurge son amie. Mais enfin ! Même le petit chaperon rouge aurait pu la trouver !

Merlin tend les mains vers sa compagne en un geste d’apaisement.

— Je reconnais que ma cachette n’était pas des plus élaborée, mais je ne suis pas complètement gâteux malgré mes cheveux blancs. Un sort protège la prophétie. En fait, quiconque tente de la lire en ayant de mauvaises intentions n’aura pas l’intégralité des informations.

— C’est-à-dire ?

— Simplement que les sœurs Sinistrel ne seront pas plus avancées dans leur recherche.

Bédélia reste perplexe, mais se trouve rassérénée par la tranquille assurance de son compagnon.

Les sorcières, de leur côté, prennent justement connaissance du précieux document.