Chapitre 38 - Pauvre Anastasie
Anastasie se penche par-dessus la rambarde des escaliers afin de vérifier que Circella ne se trouve pas dans le hall. Une fois rassurée sur ce point, elle ôte ses chaussures à talons rouges qu’elle pose sur une marche, et précautionneusement descend au rez-de-chaussée, traversant ensuite le vestibule désert jusqu’à l’entrée. Ses longs cheveux roux collent à son front. Elle respire un grand coup et empoigne à deux mains, la poignée en cuivre de la porte. Cette dernière reste obstinément fermée malgré l’acharnement d’Anastasie. Des larmes brûlantes mouillent les yeux verts de la jeune femme. Une voix retentit alors, résonnant à travers la pièce chichement meublée.
— Tu t’ennuies déjà de ma compagnie ?
Anastasie s’arme de courage et se tourne, faisant face à Circella.
— Laissez-moi partir, je vous en prie. Je veux retrouver ma sœur, les bals, la lumière du jour.
— Pauvre petite chose tellement futile, observe l’ensorceleuse. Ton existence n’a pas grand intérêt si ces bêtises puériles te manquent. Reste avec moi, de toute manière tu n’as pas le choix.
— Mais pour faire quoi ? Qu’attendez-vous de moi ?
— Tu vas devenir une personne importante, une femme que tout le peuple de Tourloing craindra. Ta vie ne sera plus insignifiante, tu en feras ce que tu désireras. Tous tes rêves se réaliseront et tu n’auras pas besoin d’un génie dans une lampe pour ça.
— Et si je ne veux pas de ce que vous m’offrez ?
Le regard de Circella se durcit.
— Tu n’as pas le choix. Je vais faire de toi une sorcière… ma nouvelle sœur… une copie de Pétunia.
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