Prologue
«Descente aux enfers»
Cette nuit-là, la lune scintillait, parfaite, formant un cercle dénué de la moindre imperfection. La lune brillait, haute dans le ciel obscurci par les ténèbres latentes, teintée de sang humain à l'effet effervescent. Les cris des mortels souffrant, mourant sous la frénésie de l'ombre, s'entendaient partout dans le pays et les gorges saignées se comptaient par dizaines.
Toute ma vie durant, je me reprocherai cette terrible nuit où mes frères et mes sœurs ont payé, de leur vie, leur condition mortelle. De n'avoir rien pu faire pour sauver tous ces innocents, de n'avoir rien pu faire pour sauver leur vie, alors que j'en avais l'obligation morale, m'affligeait d'une culpabilité abject et sans nom.
Malheureusement, certains humains survivaient à ce carnage nocturne et devenaient, à leur tour, d'horribles monstres assoiffés de sang appartenant à des corps périssables. J'étais l'un d'entre eux.
Durant de longues heures, j'agonisai en pensant que la fin était proche. Voyant la mort marcher lentement dans ma direction, elle s'arrêta à quelques mètres de mon corps inerte, me fixant de ses yeux joueurs. Toutefois, quelqu'un, ou plutôt quelque chose, vint me sauver de mon calvaire, éloignant la mort qui s'envola vers une destination occulte.
À ce moment-là, ma conscience se mit à vaciller et finit par me quitter complètement. Que s'était-il passé? Pourquoi mes vêtements étaient recouverts de sang et à qui appartenait-il? Je n'eus aucune réponse avant de longues heures qui me parurent durer l'éternité et même plus.
Rapidement, je compris que, dans ce monde, il existe des choses qui nous paraissent réelles, et d'autres pas, si incohérentes, habillées de simples draps ineptes et mystérieux, qu’elles paraissent inextricables. Certains événements deviennent simplement inimaginables, inexplicables, à nos yeux à nous, les humains. Que dis-je? Je ne suis plus humain désormais... je ne suis qu'un monstre.
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