Vertes abysses
Note : Ce poème, aux vers relativement libres, avait été écrit en une heure pour un défi (pas sur scribay). Il est plein de maladresses, mais il est en texte final parce que je ne compte pas le reprendre. C'était un exercice basé sur la rapidité d'exécution. Il y avait des thèmes aux choix, j'en ai choisi deux : "abysses souterraines" et une photo d'un homme au dos transpercé par des branches d'arbre.
Il était un monde clos, froid, noir,
Un monde que vous n'auriez pas aimé en somme ;
Dans ce monde viraient, au milieu des miroirs,
Des milliers de tournants et d'escaliers atones
Et dans ces souterrains profonds et ces couloirs
Fleurissaient les corolles de grands arums.
Dans ces abysses vertes, odorantes et feuillues
Désertes, car chacun se terrait fuyant le labyrinthe,
En ces temps reculés, où on ne sortait plus
De chez soi ni de terre, craignant les bombes peintes
Un homme parut soudain, dans le noir absolu ;
Il quitta son terrier, le front ceint de crainte.
Crainte de se perdre, du monstrueux dédale
De ces abysses froides qui l'avalèrent sans bruit ;
Au creux de ses bras forts, contre son cœur loyal,
Palpitait quelque chose, un jeune être meurtri.
C'était un oiseau bleu, aux notes musicales
Venu de la surface dans la terre de nuit.
L'oiseau était blessé, il avait faim et soif
L'homme courut son village, frappa toutes les portes,
Mais on lui rit au nez, on se moqua du "piaf".
Maintenant l'homme court, il court après une morte
Une morte qui, dit-on, sait joindre la surface.
Mais il est sans plan, sans lumière, sans escorte.
Ah, comme il maudit à présent son bon cœur !
Ah, comme il maudit à présent cet oiseau.
Perdu dans la pénombre, maintenant il pleure.
Cents issues se sont dérobées derrière des arbrisseaux ;
Il en a pris cents autres, bien loin de sa demeure
Lorsqu'il monte un escalier et tombe sur un agneau.
Mais que fait donc la bête de neige et de miel
Sous la terre où fleurissent les lianes et la poussière ?
Serrant son oiseau, l'homme suit l'agnelle
Et une femme apparaît, une femme de pierre.
Sans village, sans porte, au centre d'un tunnel.
Son cœur de l'homme s'affole, il tombe sur le lierre.
À genoux maintenant devant la nacrée déesse
Maîtresse des fleurs, de la terre et de la nuit
Jadis née de la guerre, morte dans la détresse,
Elle qui vit les bombes et connut les abris,
Il s'incline et s'incline, baisant la longue tresse
Qui serpente à ses pieds et se perd dans la nuit.
Elle ne parle pas, il ne fait que bégayer ;
Lui tendant cet oiseau dont il s'est entiché.
Mais elle ne bouge pas, blanche et pétrifiée.
Soudain la douleur transperce son dos glacé,
L'homme s'arque sous sa force, il se sent changer.
Et lorsqu'il se relève, le pauvre naufragé
Sent à travers sa peau les longs doigts d'un noisetier.
L'arbre grandit, étoffe ses bourgeons pâles
Et l'homme abasourdi laisse s'envoler l'oiseau
Qui vient vite se poser sur les branches spectrales
De ce bois vert souple comme le roseau.
Bientôt ses griffes tendres viennent transpercer la terre
De ce tunnel opaque habité par les ombres ;
Bientôt ses fleurs timides jaillissent à la lumière
Là où jadis les bombes avaient creusé des tombes.
Percé de rais dorés, meurt le labyrinthe
Désormais les miroirs ne perdront plus personne.
Des êtres errent déjà, débarrassés de crainte
Cherchant cette sortie que quelqu'un leur donne.
L'homme ne pense plus, vidé de sa torture ;
De son corps ne subsiste qu'un tronc fort et puissant.
La déesse et l'agneau, avalés par l'obscur
Ont laissé l'oiseau bleu guider les enfants.
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