29 - Rafaël

14 minutes de lecture

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Rafaël

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   Lorsque la sonnerie de mon téléphone se met à hurler dans le petit bureau de la shérif, je me lève en m'excusant platement, étreins l'épaule de ma petite amie, avant de quitter la salle.

Le contact qui s'affiche sur mon écran n'est pas de ceux que l'on peut ignorer.

Derrière moi je referme la porte du bureau et m'adosse au mur, prends une grande inspiration, et déroche

— Monsieur Trevis, bonsoir, je marmonne dans le combiné.

— Agent Portgas, vous ne semblez pas ravi de m'avoir en ligne.

Effectivement, il touche juste.

Cela fait plus de deux heures que Ariana se fait littéralement harceler de questions et de reproches, et la savoir seule face à cette horde de policiers avides de détails et de contexte me vrille l'estomac. Sans compter que mon petit frère est tout seul à l'hôpital avec Damian, aka la bombe à retardement qui si elle n'a pas encore explosé, ne saurait tarder.

— C'est un peu compliqué en ce moment.

— J'ai entendu ça, oui. Jay m'a téléphoné il y a une heure.

Une pierre glacée tombe dans mon estomac et un instant, la furieuse envie de briser la nuque de Jay me prend aux tripes. J'essaie cependant de rester courtois, surtout face à mon chef, et inspire avant de répondre.

— Et que vous a t-il raconté ?

— J'ai appris pour le virage à quatre-vingt-dix degrés qu'a pris votre mission. Vous comptiez me tenir informé ou... ?

— Oui, bien sûr que oui monsieur Trevis. J'attendais simplement que la situation se calme ici.

— C'est à dire ?

Je n'en ai vraiment pas envie, mais mon statut incombe de lui raconter ce qu'il s'est passé. De lui expliquer les circonstances de notre départ au Mexique, de l'enlèvement de Damian, du lien entre Donni et l'affaire, de mon incapacité à ce jour à lui donner la localisation exacte de cet enculé.

Je lui parle aussi et surtout, des deux hôtels regorgeants de jeunes prostitués drogués et vendus pour des clopinettes à des hommes ''d'affaires'' infâmes.

Comment va le gamin ? me demande mon chef.

— De vous à moi, je pense que son état va aller en s'empirant, mais que peut-on y faire ? Je n'ai pas réussi à intercepter mon homme dans les temps. C'est entièrement de ma faute.

— Combien de temps est-il resté dans le circuit ?

— Trois jours, je murmure.

J'entends mon chef marmonner au bout du fil, faire des hypothèses, se parler à lui-même comme il le fait souvent lorsqu'il réfléchit activement.

— Il pourrait nous être utile pour l'enquête.

— Non, je rétorque fermement. Il ne nous servira à rien du tout.

— Rafaël, soyez raisonnable. Ce gamin a peut-être des informations importantes à nous transmettre, des choses capitales quant à la suite de votre mission. Ses renseignements pourront peut-être nous aider à sauver tous les autres jeunes.

— Le complexe du héros n'est-il pas censé se tarir avec le temps ?

Je me mords la langue et roule des yeux : voilà que je commence à rabrouer mon chef, bien sûr. La fatigue me monte à la tête, j'ai besoin de dormir.

— Il ne s'agit pas du complexe du héros, mais du complexe du travail bien fait. Depuis deux ans, nous travaillons sur ce trafic, et maintenant que vous avez un pied dedans, vous refusez de vous servir de vos ressources pour...

— Ce n'est pas une ressource, mais un gamin de quatorze ans qu'on vient à peine de sortir d'un hôtel sordide où il s'est fait agresser. Je suis navré monsieur Trevis, mais je me refuse à lui faire revivre tout ça en le faisant parler pour notre compte.

— Parler soigne les maux.

— Pas ce genre de paroles, non.

Je sens mon sang battre plus fort à mes oreilles, car je sais que fatalement, irrévocablement, Damian finira par devoir parler, mettre des mots sur ce qu'il a subi, pour porter plainte, pour aller de l'avant. Et c'est impensable, car pour le moment, est-il seulement en mesure d'y penser sans exploser ?

Je sais bien que ce que me dit mon chef est avéré ; si Damian nous raconte ce qu'il a subi là-bas, dans le détail qu'il nous donne des informations sur les lieux, les clients, les gérants, nous aurons plus de facilité à faire cesser le trafic à sa base. Mais comment puis-je lui demander ça alors qu'indirectement, je suis celui qui l'a condamné à s'y retrouver ?

Je ne veux plus lui faire de mal et indirectement, faire du mal à Ariana par son biais.

— Je comptais me retirer de la mission, je finis par marmonner.

Pardon ?

— Je... je comptais arrêter Donovan Ehler, et mettre un terme à mon contrat. Prendre ma retraite.

— Rafaël voyons, vous êtes un agent de terrain formidable, avec Jay vous formez un très bon duo ! Pourquoi vouloir tout mettre en l'air de la sorte ?

Pour Ariana.

— Car mentalement, ça commence à être compliqué. Pour mon petit frère aussi.

— Vous savez que nous avons plusieurs organismes qui prennent en charge les enfants de nos agents, de très bons cadres, de la sécurité, du...

— Il est hors de question que je me sépare de Samuel.

C'est inconcevable. Il y a six ans, lorsque j'ai débuté ma carrière auprès de monsieur Trevis, on m'avait déjà proposé de placer Samuel dans un centre d'hébergement qui s'occupait des enfants d'agents, de leur famille proche. Gérés par des éducateurs eux-mêmes anciens membres du service, j'avais bien sûr refusé. Il était hors de question de me voir séparé de mon petit frère, perdu à l'époque, après l'avoir arraché à notre mère.

— Je vais être honnête avec vous : votre mission est presque terminée. Actuellement, il vous suffit de retrouver ce Donovan Ehler et de le livrer à la police d'État. Nous n'allons pas vous demander d'aller faire cesser l'activité de ces criminels au Mexique, mais simplement d'échanger avec vos collègues sur le terrain, afin qu'ils aient le maximum d'informations avant de faire exploser ces établissements. Après cela, vous pourrez prendre votre retraite mais je vous en prie, terminez au moins cette mission.

— Vous êtes en train de me supplier ?

— De fortement vous conseiller, monsieur Portgas. Je vous laisse y réfléchir ?

J'ouvre la bouche pour lui répondre, mais il a déjà raccroché.

La tonalité plate à mon oreille me sidère, autant que les méthodes de persuasion douteuses de monsieur Trevis.

Pourquoi Diable a t-il fallu que Jay aille tout lui raconter ? Il ne perd rien pour attendre.

Quelques instants, je retrouve une contenance, avant de retourner à l'intérieur du bureau, les mains enfoncées dans les poches de mon jean.

Ariana est blême, a les mains crispées sur ses cuisses, le regard ailleurs.

— Excusez-moi encore, un impératif professionnel, je murmure en m'assaillant.

— Aucun problème, monsieur Portgas. Je disais justement à mademoiselle Cortez que nous allions clore notre entretien pour aujourd'hui. Nous avons déjà beaucoup d'éléments, et madame Kaya vient de décommander sa venue. Elle aussi a un imprévu au travail.

Je remarque le front luisant de sueur de ma petite amie, ses lèvres tremblantes.

— Lorsque Damian ira mieux, il nous faudra son témoignage, pour l'enquête.

— Lorsqu'il ira mieux, répète Ariana. On se donne rendez-vous dans un an du coup ?

— Je trouve cette plaisanterie très mal venue, soupire l'adjoint de la shérif. Surtout en ces circonstances.

— Et moi je trouve que vous devriez réfléchir avant de balancer ce genre de chose : je vous ai expliqué qu'il était actuellement sous sédatif à l'hôpital, tant son état est problématique. Et vous, vous me demandez de le ramener ici pour témoigner ? Vous vous rendez compte de l'impact sur lui ?

— Je vous prierai de bien vouloir garder votre calme.

— Ce sera possible une fois sorti de ce bureau, oui.

Elle se redresse, récupère son sac à main, et s'éclipse de la salle après avoir jeté un sec ''bonne soirée'' à l'adjoint au shérif de Soledo.

Je la suis après m'être excusé pour sa montée en pression, et rattrape Ariana dans le couloir du poste.

— Hé, ça va aller, je lui lance.

— Évidemment que ça va aller ! Bien obligé ! Comment on fera sinon, hein ?

Elle me hurle dessus, s'attire la curiosité de plusieurs policiers, dont Elena, qui hausse les sourcils à notre vue, esquisse un geste pour nous rejoindre. De la tête, je lui indique que ce n'est pas le moment, et escorte Ariana dehors, mes doigts enroulés autour de son poignet. Elle est tendue comme un arc, comme une corde prête à se rompre. À moins justement, qu'elle vienne justement de craquer.

À peine arrivés sur le parking, elle se défait de mon emprise et se recule pour inspirer à pleins poumons.

Depuis que je connais Ariana, elle n'a jamais faibli. Jamais pleuré, ou presque. Mise à part le soir de l'enlèvement chez Lorenzo, elle n'a jamais flanché, est toujours restée droite et stable quand les autres se cassaient la figure. Durant chaque épreuve qu'elle a pu traverser, de la fusillade au match en passant par le passage à tabac au parc, le rendez-vous en prison, l'entrevue avec la maîtresse des jumeaux, une autre fusillade chez Duke, tout, la pression, l'horreur de sa situation, jamais elle n'a montré un signe de faiblesse.

Jusqu'à ce soir.

— Si jamais je pétais un câble là maintenant, on ferait quoi hein ? Bah rien, rien du tout ! Plus de mère, le père en taule, le grand frère irresponsable, ils iraient où les petits hein ? Ils vont m'être retiré Raf, cette fois c'est sûr ! Demain, quand Kaya m'appellera, elle me dira ça « On a tout essayé, mais là, c'est plus possible ». bye Dam, bye Danny, bye Mikky !

Elle gronde, tourne sur elle-même en gesticulant, je ne sais pas quoi faire.

Le côté social à nouveau, me met en difficulté, et pourtant il ne s'agit ici que de Ariana. Ma moitié, ma continuité, ma connexion.

— J'ai tout foiré Raf, tout. Je...

Sa voix craque, mais elle ne pleure pas. Non, elle ravale sa colère, son dégoût et sa culpabilité pour planter ses yeux bruns dans les miens.

— Ils ont tué mon petit frère. Peut-être pas physiquement, mais...

— Damian va s'en sortir, je rétorque en m'avançant vers elle.

— Ah ouais ? À ton avis, quels dommages sur le développement d'un ado de quatorze ans, le fait de se faire... de se faire...

Elle n'arrive pas à prononcer ce mot, ce putain de petit mot de six lettres, verbe ignoble et douloureux. Je vois bien qu'elle essaye, qu'elle essaye vraiment, mais...

Je me rapproche encore, et la prends contre moi. Ferme, elle ne peut se défaire de ma prise, et se retrouve obligée d'accepter l'étreinte que je lui prête, que je lui offre, qui l'englobe et la sécurise, ne serait-ce que le temps d'un souffle.

Ses doigts se nouent derrière ma nuque, elle m'attire à elle avec l'énergie du désespoir, prend mes lèvres entre les siennes. Son baiser sent le désespoir et l'empressement, le besoin vital. Mes mains passées dans son dos la rapprochent de moi, la pressent contre mon torse, morceau de femme fragile entre mes mains.

Prête à se casser en deux ou au contraire, prête à casser le monde.

Nous restons ainsi, forme confondue dans une étreinte, dans une sorte d'accalmie entre deux orages. Elle se contenant, moi la sécurisant. Son cœur bat vite contre le mien, son souffle est chaud.

Depuis le début, je vois Damian comme une bombe prête à exploser. Mais là où je peux le comparer à une simple grenade, qu'en est-il de sa sœur ? Qu'en est-il de toute cette colère, de toute cette rancœur contenue dans un seul corps depuis si longtemps ?

Au fond de l'eau, Ariana vient de rejoindre son frère. Enchaînés plusieurs mètres sous la surface, j'ai déjà plongé pour aller les aider, Samuel à mes côtés.

Sauf que l'oxygène, ce putain d'oxygène, commence vraiment à manquer.

   Nous arrivons à l'hôpital, sur les coups de vingt-et-une heures. Normalement, le service est fermé. Cas dramatiquement exceptionnel, dérogation exceptionnelle.

Ariana a eu le temps de se calmer durant le trajet en voiture, a posé son sac, un minimum.

Sa plus grande peur, celle de perdre ses petits frères, c'est ça qui la bouffe, c'est ça qui le tue de l'intérieur. Je l'ai rassurée, bien sûr : si jamais il devait y avoir placement, je me débrouillerais, je demanderais la garde, je deviendrais famille d'accueil. Je ne sais pas encore comment ça se passe, mais moi vivant, les jumeaux et Damian ne finiront pas en foyer, ne finiront pas chez de parfaits inconnus.

Dans la chambre de Damian, mon petit frère est à moitié avachi sur le lit de son petit ami, qui lui-même dort du sommeil du juste, le souffle régulier. Ses mains au creux de celles de Samuel.

En nous voyant arriver, il hausse les sourcils, essaye de se redresser, en vain : l'étreinte de Damian ne lui permet pas de trop bouger.

— Comment tu as réussi à... ?

— Il a fait une crise tout à l'heure je... je suis désolé je t'ai pas écouté et je...

— On s'en fout, c'est génial, putain ! 

Ariana s'approche de lui, lui ébouriffe les cheveux et pose un baiser sur son front, avant de se tourner vers Damian qui face à l'agitation soudaine de la chambre, bat péniblement des cils.

Il nous dévisage un à un, avant de rester bloqué sur sa sœur.

Un sourire se dessine sur ses lèvres, il ouvre la bouche pour parler, mais Ariana est plus rapide : elle se jette presque sur lui, l'étreint avec toute l'affection dont elle est capable, le couvre, le protège, se le réapproprie.

— Mon Dami, mon cœur...

Face à la réaction de Ariana, Samuel se recule légèrement, et vient me rejoindre pour attraper mon bras. L'aspect de son visage m'interloque : à quel moment a t-il autant vieilli ? Son visage reste le même, avec ses grands yeux et ses courbes encore trop rondes pour être adultes mais... quelque chose a changé, indéniablement.

— On devrait peut-être les laisser ? propose t-il doucement.

— Non !

Le cri nous fige sur place tous les deux. Nos regards restent plongés l'un dans l'autre quelques secondes, avant que d'un commun accord, nous ne dirigions notre attention vers la source du cri, désespéré et strident.

— Il faut que Samuel rentre, murmure Ariana. Et toi il faut que tu dormes donc...

Elle tente de le tempérer. Elle essaye vraiment, en vain. L'expression de son frère reste fixe, rivée sur mon propre frère que je rapproche de moi dans un geste presque défensif.

La distance, prendre de la distance, s'éloigner, prendre du recul.

— On reviendra demain à la première heure, je lance à Damian en m'approchant.

Ses yeux perçants me suivent, me dévisagent. Le vide qui m'a retourné l'estomac au Chill's hotel n'est presque plus, remplacé par une colère sourde, glaciale et qui grandit, de seconde en seconde.

La bombe, toujours la bombe, qui devient de plus en plus dangereuse.

Soudain, quelque chose dans la chambre me dérange, m'écrase d'un poids infernal. Une tension, une rancœur, je ne serais exactement le décrire, mais un sentiment, une pensée, qui rend le souffle court et la réflexion compliquée.

— On revient demain, promis.

Je ne le touche pas, ne désirant pas déclencher une nouvelle crise, préfère lui adresser un signe de tête auquel il ne répond pas. Samuel lui, se rapproche pour l'étreindre, lui souhaite une bonne nuit, se raccroche à lui aussi fortement que Damian ne le fait. Ils se maintiennent l'un l'autre, se gardent proche, s'appartiennent.

Et c'est ça qui me dérange.

   Arrivés à la maison, je laisse Samuel monter dans sa chambre, muré dans un silence étrange depuis que nous avons quitté l'hôpital. Au rez-de-chaussé, je fais un rapide résumé à Jay de mon appel avec monsieur Trevis, lui indique ma façon de penser quant à sa prise de décision, puis vais rejoindre Samuel.

Quelque chose ne va définitivement pas.

Lorsque je passe la porte de sa chambre – après avoir frappé – je le trouve écroulé contre le mur du fond de la pièce, les genoux sous le menton. Il fixe le mur face à lui, l'air aussi concentré que s'il se livrait à un débat intellectuel violent.

— Tu as faim ?

J'essaye de le prendre par les sentiments, de l'amadouer.

Il plante son regard perdu sur moi, hausse un sourcil.

— … non.

— À d'autres. Qu'est-ce qui se passe ?

Pour toute réponse, il resserre sa prise autour de ses genoux, et y enfouit son visage. Ses épaules se voûtent, il se recroqueville sur lui-même.

Mon cœur rate un battement : en face de moi, je retrouve le Samuel de huit ans, celui sale et affamé, lorsque nous sommes venus le prendre à notre mère il y a six ans. Même détresse dans le regard, même position, une régression qui me rend fou.

Je me rapproche de lui, m'assois à ses côtés, et pose une main sur son épaule, l'étreins lentement.

— Tu peux m'en parler, tu sais.

— Je sais pas quoi faire Raf.

Il frissonne, et relève la tête vers moi. Ses grands yeux hurlent « Aide-moi ! », ses traits crient à la fatigue, il va s'écrouler.

Avec des mots maladroits, une difficulté certaine à s'organiser, il m'explique que face à la douleur, au besoin et à tout ce qui va désormais de pair avec son petit ami, il ne sait pas comment composer. Il m'avoue vouloir rester à ses côtés, tout le temps, à chaque moment, ne plus vouloir le quitter des yeux une seule seconde. Puis, il m'avoue avoir du mal à gérer la colère qu'il sent gronder en lui, la peine et la violence qui se sont accrues il en est certain, depuis son retour du Mexique.

Il n'est resté que deux heures, seul avec lui, et son analyse est déjà aussi pertinente que la mienne.

Il veut aider, mais il sait qu'en le faisant, il finira par irrémédiablement se noyer avec lui.

La métaphore de la noyade, encore et toujours, mais qui marche tellement bien dans leur cas.

Dans mon cas.

— Il faut que tu sois là pour lui, je murmure en caressant sa tête. Mais il faut aussi que tu te protèges. Tu es... tu es trop jeune pour devoir gérer tout ça, seul. Il va être pris en charge tu sais, par des psychiatres, des psychologues, des médecins qui eux, sauront exactement quoi dire ou faire pour l'aider. Toi, sois juste là, près de lui. Ça suffira amplement.

— Tout à l'heure il... il a dit qu'il voulait que tout s'arrête ça... ça me fait flipper.

— Je sais Sam. Il nous fait peur à tous, mais c'est... normal en quelque sorte. Lorsqu'on a vécu comme lui un traumatisme... sévère, oui sévère et bien... il arrive qu'on ait des passages à vide.

Il hausse les sourcils.

— Tu te rappelles de la métaphore de Rue dans Euphoria ? « High are really high and low are really low » ?

— C'est une métaphore sur la drogue, me rétorque t-il.

— Ça peut aussi marcher pour Dam. Il va avoir des moments où il sera bien, très bien, trop bien même, et des moments où il sera plus bas que terre, comme tout à l'heure. C'est... c'est une réaction normale, pour le coup. Il va falloir apprendre à faire avec.

— Et il ira mieux quand ?

— … personne ne sait Sam, personne.

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