Naples
Mes souvenirs sont bien rangés dans ce désordre,
Fouillis monstre contre qui la mer vient se tordre.
Là, hordes de déchets et merveilles de l’homme
Forment une fourmilière qui défie Rome.
Un peuple naufragé ? Ce n’est pas l’Atlantide !
Mais moi qui pensait trouver une mer timide,
Le cimetière de la Méditerranée
M’a charrié dans l’envers d’un monde suranné.
Sur la pointe des pieds, j’arpente le Vésuve ;
La colline apaisée souffre de nos effluves.
Que l’homme est riche ! La Nature et ses vestiges
résisteront aux colonnes que l’homme érige.
Ici, Jésus s’est sculpté un autoportrait,
Drapé de légèreté, nappé de ses traits.
Sacrilège ! Cathédrales de Napoli,
Prouesses architecturales aux pierres polies,
Ou prières solitaires des constructeurs,
Nous avons mis en colère le Créateur.
Quand pleuvent les désastres de notre orgueil faste,
Les Cassandres pleurent le vivant qu’on dévaste.
Et la grande cité, tout comme mon pays,
Connaîtra les mêmes cendres que Pompéi.
Comme une larme qu’on essuie, une râture,
Reliquats qu’on enfouit, puis, seule, la Nature.
Mars 2021
“Voir Naples et puis mourir, dit le proverbe italien ; et nulle part la vie et la mort ne sont mises dans une si brusque et si prochaine opposition.” Jules Michelet, 1839.
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