Neige
10 janvier
Quel silence ! De mémoire d’homme, je pense que la région n’a jamais connu de telles chutes de neige. Depuis ma fenêtre, assis derrière mon bureau, je devine le haut du massif de fleurs, et j’estime que plus de soixante centimètres sont tombés la nuit dernière.
Je n’ai pas allumé la radio, je n’ai pas non plus utilisé mon téléphone depuis hier soir, je profite encore de cette période de calme imposée par la nature. Mon regard se perd dans cette immensité sans couleurs ; j’essaie d’imaginer la structure qui relie ces milliards de flocons, tous différents, en une masse compacte si belle, hypnotique.
J’ai cuisiné et j’ai lu pendant des heures. L’odeur du bouillon me réconfortait, et le temps filait sans bruit. L’ambiance m’a paru quand même oppressante par moment, limite fin du monde. Le pin de l’autre côté du jardin, les branches chargées de neige, a une allure de fantôme. Le soleil n’a pas réussi à transpercer les nuages encore bas. Les oiseaux n’ont pas chanté de la journée : ils ont fui les arbustes, ou les accumulations ont étouffé leurs piaillements. Aucune voiture, évidemment, n’a circulé sur la route ; je ne vois pas comment ils vont pouvoir la dégager. J’ai de la nourriture pour quelques jours – on ne dira plus que je suis parano.
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