J’ai fait un rêve singulier.

J’ai rêvé que la Vénus qui se tient à l’entrée de la maison de mon grand-père bougeait.

D’abord, je l’ai vu baisser lentement les bras. Puis regarder à gauche et à droite plusieurs fois, comme pour vérifier que personne ne la voyait quitter son poste. Ensuite, elle est descendue de son piédestal en s’accroupissant, avant de sauter au sol d’un petit bon gracieux. Dans un second temps, je l’ai observé se diriger lentement vers l’escalier et l’emprunter de son pesant pas de pierre. Puis une fois arrivée là-haut, elle s’est tout de suite dirigée en direction de la porte de ma chambre, dépassant celle de mon aïeul sans lui accorder d’attention. Je me souviens qu’à ce moment j’ai alors vu la lune briller par la fenêtre, au bout du couloir, m’indiquant qu’il faisait nuit noire. J’ai vu la statue pousser doucement la poignée pour rentrer dans ma chambre. À l’intérieur, je me suis vu dormir d’un sommeil paisible. La Vénus s’est allongée à côté de moi, sans que le matelas ne grince en dépit de son poids, tant elle s’y est prise délicatement. Elle m’a caressé la joue avec sa main, où brillait une alliance. La mienne, celle de mon ancien mariage… Puis je me suis réveillé.

Mon alliance était à côté de moi, posée sur l’édredon.

Elle que j’avais pourtant perdue depuis longtemps… !

Je suis descendu à l’entrer, presque en courant.

La Vénus était là, bien à sa place sur son socle.

…

Avait-elle toujours eu ce petit sourire ?