Bon baiser de l'au-delà (part.2)

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 Le géniteur revient à lui, même s’il donne clairement l’impression de se trouver dans un tout autre monde.

 — Miko ? Miko ? peine-t-il à exprimer.

 — Oui papa, c’est moi. Dis-moi ce qu’il se passe ?

 Au même instant, le téléphone posé sur un petit meublé du corridor retenti.

 — Miko ! téléphone… plusieurs fois ! révèle le vieil homme de sa voix cassée et au souffle court.

 — Plusieurs ? rebondit la fille qui s’en étonne.

 Inquiétée, celle-ci court hors de la chambre, avant de se ruer sur le combiné qu’elle porte tantôt sur le côté de la tête tout en lançant un :

 — Oui, allo ?

 À l’autre bout du fil, la professeure de la petite Yuko.

 — Ah ? Bonjour Madame Zyakamaki, c’est Ayako Satomé. Je vous appel pour savoir si votre fille est malade aujourd’hui ?

 — Non ! Elle est partie pour l’école, il y a plus d’une heure. Elle n’est pas en cours ?

 — Non justement ! Et je m’inquiétais, vu que hier elle semblait en pleine forme.

 — Elle… Elle devrait être arrivée depuis longtemps déjà ? Peut-être n’a-t-elle pas entendu la sonnerie ?

 — J’ai regardé par la fenêtre et je n’ai aperçu personne dehors. Dans le doute, je vais demander au concierge d’aller vérifier plus attentivement, tempère la professeur Satomé qui peine à dissimuler la crainte qui la prend au dépourvu.

 — D’accord, je vais venir la chercher, moi aussi, confirme Miko qui raccroche, puis cours enfiler ses chaussures.

 Avant de repartir, elle file aviser son père qui reste inerte sur son lit, toujours assis et le visage décomposé. Elle n’y prête intérêt et se rue hors de chez elle pour emprunter le chemin de l’école. Se renseignant, par la même occasion, auprès des gens qui semblent flâner dans les rues depuis un moment, des boutiquiers toujours leur nez aux fenêtres de leur négoce et autres serveurs de terrasses de restaurants, pour savoir si l’un d’eux ou l’une d’elle n’aurait pas aperçu Yuko passer. Vaine tentative pour ses pauvres nerfs crispés à bloc.

 Parvenue devant l’école dans un état proche de l’hystérie, elle furète les alentours, s’en va voir plus loin, revient, repart, s’en va voir ailleurs et revient. Une danse frénétique qui prend fin lorsque la professeur Satomé, non moins paniquée, l’attrape par le bras pour l’arrêter. Mais la folie a fini par avoir raison de Miko. C’est pourquoi la professeure reste déjà suspendue à son téléphone portable, afin d’aviser la police.

 S’ensuit l’interminable attente avant que n’arrivent les forces de l’ordre qui prennent aussitôt les choses en mains. Ainsi, pendant qu’une équipe fouille le secteur et interroge les individus qui s’y trouvent, une patrouille raccompagne Miko chez elle et tente de calmer ses pleurs pour qu’elle puisse les renseigner. Et lorsqu’enfin elle semble se calmer un brin, le grand père surgi, trainaille des pieds en passant devant les agents et, sans leur accorder le moindre intérêt, s’installe à genou face à la table de tatami.

 — Miko ? pourquoi la table n’est pas mise ? Et c’est qui tous ces hommes ? tu ne m’as pas dit qu’on aurait des invités, déballe le vieil homme en les regardants tous debout dans cette pièce servant à la fois de salle à manger et de séjour.

 — Papa, ce n’est pas le moment ! Je t’expliquerais tout, mais plus tard.

 — Fait comme bon te semble. Mais là, maintenant, j’ai faim. Donc, dit à tes prétendants de partir et de revenir plus tard, eux aussi.

 La jeune femme, à bout, ne peut que reprendre ses lamentations, avant de partir s’enfermer dans les toilettes, afin que personne ne la voit. C’est évidemment sans compter sur l’un des policiers qui s’approche derrière la porte, toque et susurre quelques paroles confortantes, susceptibles d’amoindrir la tourmente de cette mère aux abois.

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