Bon baiser de l'au-delà (part.6)

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 Sept jours plus tard, alors que s’installe la nuit, Kenji Jun Tomasaki, le concierge de l’école, se rend au sous-sol du bâtiment. Les relents du corps en putréfaction de Yuko ont commencé à envahir tous les étages de l’édifice. Il doit se dépêcher de l’emporter ailleurs, où personne ne trouvera la dépouille avant que l’histoire ne se tasse un peu. Ainsi, il descend les marches, mouchoir sur le nez, jusqu’à atteindre le palier inférieur, d’où il longe l’allée en direction d’une armoire abandonnée dans le fond. Plus qu’un meuble, un leurre derrière lequel se dérobe une porte cachant une petite pièce qui a su échapper à l’inspection policière.

 Le meuble poussé de côté et le battant ouvert, la noirceur de la pièce dépourvue de lumière et bondée de mouches qui s’envolent en tous sens, s’affiche des plus lugubre. Par chance, les pieds de Yuko sont suffisamment proches pour éviter au concierge de pénétrer à l’intérieur. Raison pour laquelle il ne prend peine que de s’accroupir, tendre les bras et attraper les chevilles de la fillette pour tirer son cadavre à lui. Pas le temps de terminer sa tâche qu’un crépitement se laisse entendre dans le fond de la piécette et oblige le concierge à lever la tête. Juste à temps pour entrevoir deux yeux rouges qui semblent absorber le peu de lueur qui se diffuse dans la cave. Puis vient une effroyable douleur après qu’une ombre se fiche devant lui, lui offre un baiser sur le front puis lui passe à travers. Impossible de se retourner pour voir ce qu’il en est, tant la souffrance est rude et la peur croissante. Puis, la partie basse de sa mâchoire s’écrase à terre dans un bruit flasque, encore rattachée à un lambeau de peau allant de ses bajoues à sa poitrine, sa langue, elle, arrachée et emportée.

 Plus que de la peur, c’est dans l’épouvante qu’il sombre, tandis que le bruissement parasitaire reprend, là où il avait commencé. Dans le noir, garnit de ces seuls yeux rouges qui le fixent encore et encore, avant que ne lui soit violemment restitué son organe à travers ce qui lui reste de visage. Impossible de crier, d’appeler à l’aide, alors qu’il se vide de son sang. Dans un ultime espoir, il se lève et cours en direction de la sortie. Mais l’ombre lui repasse à travers et il trébuche sous une souffrance aussi conséquente que la précédente. Ses deux jambes ont été brisées, les os des tibias lui ont déchiré les ligaments et la peau, au point de ressortir par l’arrière de ses genoux. Vient ensuite le tour de ses bras, repliés à l’envers suite à un autre passage de cette ombre sortie d’on ne sait où. Cette chose qui s’accroupi et le scrute encore un instant. Son sang continue de gicler par saccade çà et là, jusqu’à ce que son dernier souffle lui apporte le salut.

 Trente minutes plus tard, un bruit insolite interrompt les corrections du professeur Yang. Soucieux et sachant sa femme endormie, il se rend dans la chambre de son fils, nouveau-né. Il enclenche la lumière et regarde autour de lui, mais rien ne parait suspect. Or, une fois assurer que le bébé est bien endormi, il s’en retourne à ses corrections qu’il doit remettre demain aux élèves. Mais à peine s’est-il assis que le bruit reprend et le contraint à se relever une fois encore. Et comme auparavant, les étranges gratouillis émanent à nouveau de la chambre de son enfant. Il pressent donc le pas et rallume le plafonnier. Mais plus rien ne se passe.

Serait-ce le petit qui bouge et frappe contre quelque chose ? ne peut-il que se demander.

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