04. 01. 2024

La magie des fêtes s'estompe doucement avant de s' évanouir brusquement de mes pensées. Et pour cause : je viens de recevoir une nouvelle convocation à la médecine du travail ! Ils vont enfin me communiquer leur décision définitive. Vivre avec une épée de Damoclès constante au- dessus de ma tête me rend littéralement dingue !

C' est donc le crâne sous pression comme dans une cocotte minute et d' une humeur mi- figue, mi- raisin que je te retrouve pour notre première séance de l'année . Après notre traditionnel échange de voeux, nous entrons dans le vif du sujet :

• « Alors Erin, que pourrais- je te souhaiter pour les mois à venir ?

• Qu'on me fiche enfin la paix une fois pour toute !

• Ha bon ? Qui est ce « on » ?

• Heu... Ben ... tu sais bien...les docs !

• Ha non, je ne sais pas. Comment veux- tu que je devine si tu ne me le dis pas clairement...

• Oui... C'est vrai... En fait, les docs m' énervent, ils veulent me revoir dans quinze jours et se baseront sur les différents rapports pour décider de mon avenir... Je suis fichue quoi !

• En es- tu certaine, Erin ?

• Greee, tu as parfois de ces questions à la con, toi ! »

Tu souris face à mon coup de gueule et reprends très patiemment :

• « Je vais te le formuler différemment Erin. En quoi et de quelle manière cette décision pourrait anéantir ta vie ? »

Tu as le don particulier de me titiller à l'extrême, je sors de mes gonds et t'envoie royalement promener :

• « Laisse- moi tranquille, tu connais de toute façon la réponse ! »

Je n'en reviens pas, tu conserves ton calme apparent malgré mes attaques ! Tu répliques aussi délicatement que lentement :

• « Erin, au risque de me répéter et bien que j' ai ma petite idée, j' aimerais t' entendre me l' expliquer. Je me refuse à jouer avec toi au chat et à la souris !

• Pfff... Bon ! En fait, qu'elle soit positive ou négative, ça revient à choper soit la peste dans le premier cas, soit le choléra dans le second !

• Comment ça ?

• Parce que je ne rentrerai jamais dans leurs putains de cadres qu' ils veulent à tout prix m'imposer ! C'est hors de question !

• Enfin ! Tu viens de me le sortir... Dis, Erin, je ressens aussi à travers ta révolte une profonde tristesse. Ai- je tort ? »

Les joues en feu, les larmes au bord des yeux, je dois bien admettre que tu as encore vu juste. Je me cache à moitié dans mon foulard et tortille frénétiquement mes mains. Mon genou me fait souffrir, je décroise donc mes jambes pour m'asseoir en tailleur. Je me lance ensuite timidement:

• « Non, tu as raison.

• D'accord, de quelle ordre est - elle ?

• Elle est trop difficile à cerner...

• Pourrais- tu tenter de me la définir ?

• Avant de venir chez toi, j' avais rendez- vous avec Lony. J' en ai profité pour régler mes comptes entre quatre yeux avec lui concernant ce qu'il m' avait sorti suite au rapport. Et c'est là qu' il... »

Je me fige soudainement, je ne parviens plus à émettre le moindre son. Tu m'aides :

• « Vas- y , continue... Je t' écoute attentivement. Tu en étais à « C'est là qu'il »...

• Qu' il... qu' il... m' a annoncé froidement que Corentin avait lancé une campagne de dénigration dans la région à mon encontre...

• Je comprends à quel point cela doit être difficile pour toi de m' en parler. As- tu des informations plus précises à me donner ?

• Mon père raconterait partout que je suis une grande malade mentale, une folle mythomane qui aurait tout inventé de A à Z..

• Aie aie aie !!!! Selon Toi, quel pourrait être le but de son intervention ?

• Me prévenir ? Mais... J' ai l' impression... heu... Le truc c'est qu' il me connaît suffisamment pour savoir que cela me retournerait...

• Je conçois à quel point c'est pénible. Si tu veux, on peut faire une pause...

• Non, ça va aller... Plus je réfléchis et... heu... plus je me dis qu' il m' a lancé une espèce de signal...

• Quel serait- il ?

• Du style : « Si tu t'entêtes à maudire ton papa, tu seras considérée comme une pestiférée par tous, moi y compris ! »

• Qu' en tires- tu comme conclusion ?

• Heu... je deviens peut- être parano... hum... mais... En fait, j' ai cette étrange impression que je dérange et qu' il veut me réduire au silence total !

• Comment comptes- tu agir ?

• J' ai des envies de meurtres !

• Erin, ta rage est compréhensible... Je tiens cependant à te rappeler que les passage à l' acte sont interdits ici.

• Bien évidemment, c' était juste une manière de parler...

• Peux- tu envisager une solution qui puisse ne pas te blesser davantage ?

• Forcer les choses pour le croiser et lui balancer toute la douleur qu' il m' a infligée dans la figure!

• Admettons que tu le fasses, te sentiras- tu pour autant soulagée ? Qui te dit qu' il reconnaîtra ce que tu lui reproches ?

• Il ne va tout de même pas nier l' évidence absolue !!!!

• Erin... Heu... Comment vais- je m'exprimer pour ne pas te heurter plus que tu ne l' es déjà... Ah, j' y suis ! Dans ce genre de situation, il est très rare que le parent responsable reconnaisse ses erreurs...

• Pourquoi !!!! Ce n'est pas si compliqué que ça !!! Lorsque je réalise avoir commis une connerie, je m' excuse et tâche d' y remédier !

• Tout le monde ne fonctionne malheureusement pas comme toi. En réalité, pour répondre à ta question, la plupart des gens n' ont pas le courage ou la volonté nécessaire pour affronter leur propre vérité. Ce serait remettre en question toutes les valeurs sur lesquelles ils ont basé leur vie et cela leur est insupportable... Ils préfèrent se complaire par facilité dans leurs dysfonctionnements.

• C' est atroce ! Je suis coincée quoi que je fasse alors... En gros, je ne peux plus rien attendre de lui hormis du mépris et de l' indifférence...

• Erin, je ne cherche pas à te choquer... Loin de là... mais te rends- tu compte du pouvoir immense que tu lui accordes encore après plusieurs années de rupture familiale ?

• Snif... Je... Je... Snif... Je... Ben oui... Co... Comment puis- je faire autrement ?

• Si tout pouvait s' arranger sur un claquement de doigt... Je te propose que nous découvrions ensemble des pistes qui t' amèneraient à ne plus laisser autrui influencer négativement ta vie... Qu' en penses- tu ? Veux- tu , Erin? Cela te conviendrait- il ?

• Oui... Oui... Sorry, je me retiens de pleurer...

• Laisse venir, Erin.

• Non, pas moi ... J' peux pas, j' ai pas l' droit ! Pas devant toi ! »

06. 01. 2024

Après m' être torturée les méninges durant ces deux derniers jours, je laisse ma plume s' aiguiser sur ces mémoires ancestrales :

« Consternation, appréhension, affliction , mais quel dédale face à ton hermétisme larvé Ô Vil Archétype Intemporel : vestiges nécrotiques de la moindre mémoire ancestrale dont l'exorcisme conflictuel par tout enchevêtrement pictural esquisse ainsi une dialectique muselée, gangrenée, extirpée pour enfin se muer en tonitruantes fresques scripturales -Scission, morcellement, ou bien fragmentation à l'extrême peaufinée- puisque je me refuse sciemment à quelque clonage caricatural !

Comment échapper à votre streap- tease carcéral, Ô Ames Confinées ? Encenserez- vous mes perceptions dans une symphonie libertaire où vos vibrations incantatoires à travers ces défunts râles fustigés boycottent toujours de ces dérives sociétales les exigences précaires exacerbées par leurs prétentions omniscientes de sens dénuées ? Que ne m' aveuglerais- je donc point devant ce miroir- réfractaire ! »