Prude absurdité
09. 02. 2024
Une petite citation de Nietzche me trotte dans la tête, comme pour me rassurer, depuis mon réveil: " Ce n' est pas le doute mais la certitude qui rend fou."
J' ai pourtant si souvent l' impression de tourner en rond, de me perdre un peu plus chaque jour en raison de celui que j' appelle "ce cruel doute constant…"
11. 02. 2024
Je lis l' article suivant : « Lorsque la fibromyalgie mène à l' euthanasie, faute d'un traitement ».
Je ne peux m’ empêcher de réagir :
- « Je suis profondément choquée et révoltée, non contre cette dame qui voulait juste cesser de souffrir mais contre le système qui permet de mettre fin à ses jours légalement pour soulager les symptômes liés à la fibromyalgie plutôt que d' investir dans le suivi psycho-médico- social de ces personnes en souffrance bien souvent marginalisées en raison de leur état ...... ( je spécifie que je suis fibro diagnostiquée depuis onze ans) Mais où va notre monde! »
Je pousse à nouveau un grand coup de gueule, toujours sur le même sujet mais concernant les mineurs:
- « Que l' euthanasie soit proposée aux malades en phase terminale souhaitant mourir dignement ne me pose aucune difficulté, j' y adhère d' ailleurs entièrement; ce qui me terrifie, c' est que l' état ait aboli, par le passé, la peine capitale mais propose aujourd'hui une loi pour l' euthanasie des mineurs atteints de maladies incurables tout en la permettant aux personnes atteintes d' un handicap lourd permanent et de fibromyalgie. Ce n' est point une avancée en matière humaine mais un terrible gain pour combler les trous de la sécu! En arriverons- nous, au terme d' une dérive sociétale qui ne fait que commencer, à une loi proposant l' euthanasie systématique de tout être marginalisé par la souffrance sous couvert d' un humanisme dictatorial dont le véritable but serait d' éradiquer le non- conformisme? Vaste sujet, et j' ajoute, spécifie, à prendre au second degré car il ne s' agit que de supputations de ma part... »
Le dialogue s' amorce:
- Jean-Mi: « Je crois qu'on atteint les limites de l' éthique et de l' éthologie. Je rappelle ce que j' écrivais dans un article au sujet de André Comte Sponville: seule une transcendance peut servir de fondement. Si elle n' existe pas, il nous faut respecter "une morale sans fondement". André Comte-Sponville a montré dans "morale sans fondement", que nous ne pouvions fonder nos valeurs et notre morale ni sur l' homme (comme le pensent les humanistes matérialistes) car il est capable du pire, ni sur la nature (comme le pensent les écologistes) car elle est amorale, ni sur l' histoire (comme le pensent les marxistes) car elle ne possède pas un sens précis, ni sur la science (comme le pensent les scientistes) car, comme la nature, elle ne peut aborder les questions de morale. Un philosophe comme André Comte-Sponville en est certainement capable, mais on peut douter qu' une société dans son ensemble le soit, si son unique cadre conceptuel est celui du "désenchantement du monde". D' autant plus que Luc Ferry a montré l' extrême difficulté, voire l' incohérence, qu' il y a pour un matérialiste à parler de morale: il est incohérent de se dire matérialiste et d' envisager la moralité des actes humains comme si elle pouvait dépendre d' une liberté qu' on déclare par ailleurs tout à fait illusoire. Par où il me semble qu' un matérialisme conséquent devrait toujours se borner à une "éthologie" sans jamais parler de morale autrement que comme d' une illusion plus ou moins nécessaire. Saint Exupéry nous a déjà dit que l'humanisme matérialiste est sans issue et que le fondement de la liberté, de l' égalité et de la fraternité provient de notre "grande image de l' homme né de Dieu", en fait de la laïcisation d'un concept judéo- chrétien. Donc, si les fondements disparaissaient, toute forme d' humanisme risquerait bien d' être engloutie. Lorsque les religions dominaient les sociétés humaines, celles- ci n' étaient guère brillantes en termes de droits de l' homme, mais c' était bien parce que,ceux qui les représentaient, faisaient exactement le contraire de ce que disaient les textes sacrés qu' ils devaient enseigner! On devrait réfléchir à nos positions dans ce domaine. »
- Véro: « Ne mettons pas de Colère et de Haine là- dessus... Mieux vaut encore ne rien y mettre du tout et de la Lumière sur Ceux et Celles qui souffrent, Erin. C’est un suicide assisté et Toi comme moi savons ce que cela veut dire… »
- « Je ne porte pas de jugement sur la personne faisant ce choix de mort mais simplement , je souligne les dérives sociétales qui pourraient permettre à d' autres de programmer pour leurs proches ce genre d' acte à défaut d' une législation bien spécifique!!!!!!! C' est MON opinion tout simplement et je pense qu' elle a le mérite d' être explicite! », ajoutai- je, décontenancée.
- Véro: « Etant Fibromyalgique, je sais fort bien ce qu' est la souffrance, mais je sais aussi que nous avons notre tête bien à Nous et perso, je n' encourage nullement ce genre de débordement (toute personne fibromyalgique désireuse de mettre fin à sa vie peu le faire seule). Trouvons plus de moyens pour accompagner les personnes en fin de vie en respectant leur dignité alors là, oui, à fond. »
Je termine la discussion, soulagée de nous être enfin comprises:
- « Bien, c'est la conclusion à laquelle j'arrivais aussi... »
13. 02. 2024
Mes divers ressentis s' expriment, les mots défilent à la vitesse de l' éclair pour composer - Prude Absurdité- :
« Ô cadavres exquis d' une sophistication raffinée, laborieuses élucubrations toujours poétiquement étayées, superpositions anecdotiques d' humeur bariolées, allusions pittoresques sur cette aphasie compulsive affalées : que ne vous esclafferiez- vous donc point âmes ainsi exhibées à travers ce manifeste surréaliste dont toute personnification ramifiée, y compris damnation existentielle et profanation idéologique censurées, demeure assimilée à ton éventuelle fornication Ô Prude Absurdité ??? »
Chaque commentaire en réaction à ce poème me touche profondément:
- Carole: « Superbement dit comme toujours !! Respect ma Erin »
- Peppino: « Des mots qui volent, qui semblent privés de sens ou sans connexion, absurdes, mais le lecteur doit savoir que nous vivons dans un monde absurde, et que les mots qu' on prononce tous les jours sont le résultat d' un cerveau poli, bien rangé, pas libre. Ces mots sont les fils des esclaves, enchaînés. Les mots de tes vers au contraire sont plutôt le résultat de la liberté, d' un cerveau libéré après des siècles d'esclavage. »
- Gniagne: « Idem pour moi, tu choisis bien tes mots. »
- Marie: « Comme toujours, aussi parfait dans tes mots pour tes jolis poèmes; ne change rien (une de tes lectrices qui te suit depuis ton début et qui adore tous ce que tu écris). Continue, gros bisous, Erin »
- Fabienne: « Pur bonheur, merci pour tes beaux partages, bisous. »
- Maminou: « J' adore, un rayon de soleil dans la grisaille. »
- Alain: « Eloquente et kafkaïenne évocation de la pudibonderie existentielle suggérant UBU ROI! Félicitations, Erin et bonne soirée... Amitiés… »
- Lisa-Béa: « Merci chère Erin pour ton superbe partage, très très belle journée de Saint- valentin, et plein de gros bisous du coeur! »
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