Les ressens- tu?
13. 07. 2026
Comme convenu, j’arrive chez toi à 18H30. Quelqu’un se trouve encore à l’intérieur de ton bureau. Je patiente environ cinq minutes devant ton “entrée” puis t’envoie un petit texto pour te prévenir de ma présence: “Suis là!”
Aucun retour de ta part, j’en suis très étonnée. Je passe donc à l’étape suivante et tente un coup de fil mais tu ne décroches pas. Me voilà bien ennuyée ! Je suis plantée comme une idiote devant ta maison en ne sachant trop que faire.
Je compose une deuxième fois ton numéro, en vain... Je me décide donc à “toquer” et... surprise.... c’est ta compagne qui ouvre. Je me présente aussitôt, lui explique en deux mots la situation tout en lui tendant ta carte professionnelle sur laquelle tu as inscrit les modalités de notre rencontre.
Elle frappe discrètement à la porte de ton bureau, tu en sors enfin tout en lui jetant un regard noir presque assassin... Sans piper mot, elle me montre du doigt gentiment tout en te donnant l’annotation. Tu rentres énervé, puis reviens tout en me lançant:
- « Je suis dispo après 20 H ou je te recontacterai »
Choquée par ton attitude, j’effectue un signe de la main pour t’exprimer mon mécontentement puis je commence à papoter avec ta moitié. Tu sors à nouveau et me propose d’attendre 19H15, j’ accepte donc et continue ainsi à discuter écriture sur ton seuil avec l’élue de ton coeur jusqu’à l’heure fixée.
Poliment, je me recule pour lui permettre d’entrer chez vous tout en t’observant et là, se joue un spectacle pour le moins terrifiant... Tu lui lances le plus méprisant des regards tandis qu’elle renonce et déclare, la tête rentrée dans les épaules:
- « Non, ça va, je vais faire le tour par l’arrière... »
Je me fige, mon sang se glace... Au moment de m’asseoir, je remarque d’emblée qu’il n’y a plus aucune photo de ta chérie sur les murs. Ta souffrance est tellement perceptible même si tu prends un air détaché en éludant à merveille mes propos lorsque je mentionne à quel point tu me sembles abattu et infiniment triste...
14. 07. 2026
Après avoir remâché la séance, je me pose encore de nombreuses questions:
- « Comment as- tu pu m’oublier? Serait- ce préparé, voulu ou serais- tu en colère contre moi pour je ne sais quelle raison? »
Autant en avoir le coeur net en te le demandant directement:
- « Hello... Mais qu’ai- je donc bien pu te faire pour mériter un accueil aussi glacial de ta part hier? Sois franc... Je me suis sentie très mal à l’aise durant notre courte séance et ça m’a turlupiné toute la nuit... »
- Aucune froideur selon moi... Très embêté de m’être planté sur l’heure du R.V. et donc très concentré... ça , c’est certain. A l’affût de ne pas te blesser plus... Bon week-end à vous quatre. »
26. 07. 2026
Je suis au plus mal, j'annule donc notre entrevue de ce soir:
- « Bonjour, j'ai chopé une grosse infection , je fais de la fièvre à crever. Je ne peux même plus me lever et vois tout qui bouge. Je file aux urgences ce soir et ne pourrai donc pas venir en séance. Je pensais que ça s'améliorerait mais cela na fait qu'empirer. Désolée.
- Bon rétablissement. Tiens- moi informé. A bientôt.
- Merci, il faudra du temps. C'est une surinfection pulmonaire. Je suis rentrée mais si j'ai toujours une température aussi élevée demain, ce sera l'hospitalisation. Au cas où,merci d'avoir toujours été à mes côtés... »
28. 07. 2026
Après quatre nuits et trois jours à batailler ferme avec une fièvre de cheval, à gérer les convulsions à deux reprises, aujourd'hui à 12h30, le thermomètre affiche enfin la victoire ! Ouf... Je suis liquéfiée, en mode zombie, épuisée, je vais du fauteuil au lit mais... je suis en Vie!
Diagnostic de mon toubib: surinfection pulmonaire avec crise d'asthme, cent quarante- cinq pulsations cardiaques par minute. Je me tenais aux murs pour marcher, je n'y voyais quasi plus! Il a sorti l'artillerie lourde: corticoïdes, puissants antibiotiques, ventoline et interdiction de faire le moindre effort ( mon coeur en a pris un sacré coup).
Il me faudra du temps pour me rétablir complètement puis lorsque l'infection sera guérie, un bilan cardio, pulmonaire et neurologique sera nécessaire. J'ai cru ma dernière heure arrivée mais je sais déjà que je profiterai davantage de chaque seconde de mon existence!
29. 07. 2026
Je voudrais tant me sentir aimée pour ce que je suis et non pour ce que je peux apporter, être chouchoutée et non être utilisée comme un « homme à tout faire », une « domestique »! Je renonce, je n'en peux plus...
Je veux préserver ce qu' il me reste de santé et si possible l'améliorer, m'épanouir auprès d'un compagnon qui me soutiendrait au lieu de me discréditer constamment. Bon, j'imagine que je ne dois sans doute pas mériter cet amour...
04. 08. 2026
Je suis heureuse comme jamais, je viens de m'acheter un scooter. Ma première prise ne main sur le terrain après deux ans sans conduire fut nickel. Ceci- dit, oublions l'épisode de l'ouverture du coffre ( c'est mon jeune voisin qui est venu à ma rescousse) et de mon toutou qui jouait les obstacles soudain devant moi. Hi! Hi! Je sens que nous allons très vite faire corps lui et moi! L'essai sur la route est prévu dans quelques jours, le temps nécessaire pour l'assurer et l'immatriculer. Ah oui, j'oubliais : je l'ai baptisé Scooty!
05. 08. 2026
Quel super moment avec Scooty! J'ai toujours beaucoup de mal à le quitter après l'avoir enfourché. Eureka ! Pas de plantage... J'ai testé sans aucune glissade ses capacités de freinage dans l'herbe et les cailloux en jouant aussi beaucoup du vario. C'est juste impec! Wow! Nous sommes déjà devenus inséparables!
06. 08. 2026
Les lapsus selon Lydie ont le don d'égayer ma journée :
- « Et ta tombe, tu la préfères comment ?
- Heu, c'est- à- dire... »
Je n'ai pas le temps de poursuivre qu' elle me rétorque instamment:
- « Ha oui ! C'est juste... Tu veux être inséminée ! »
Je pars dans un fou- rire mémorable tout en ajoutant:
- « Note, on peut toujours inséminer une vache avec mes cendres, hein! »
Et c'est reparti de plus belle, nous rions aux éclats à l'unisson! Comme j'aime ces parties de plaisir mère- fille !
07. 08. 2026
Je me sens spéciale, je viens de passer un moment magique avec Audric. Je pense immédiatement à ceci : « Il suffira d'une étincelle ou d'un rien et d'un geste pour... »
Cela me replonge dans une de nos dernières séances où nous avions abordé ma quête de l'absolu avec ce côté « fille sanguine » selon tes termes.
Une citation de A. Jardin illustre parfaitement mon tempérament : « Elle désirait un amour parfait, sinon rien. Inapte au compromis, elle ne concevait pas d'aimer ou d'être aimée avec modération. Toute pensée exigüe lui était étrangère. L'Infini était sa mesure, l'absolu son oxygène. »
Comment puis- je en tirer le meilleur parti? Pour l'instant, je n'en ai aucune idée, je nage encore en plein flou artistique dénué de quelque sens que ce soit...
08. 08. 2026
Zut, je dois annuler notre entretien prévu ce vendredi. Chouchou doit se rendre à l' hôpital pour y subir, en urgence, des examens médicaux et je suis donc coincée à la maison avec les filles. Je te préviens tout en prenant, dans la foulée, conscience à quel point ça compte pour moi de te retrouver chaque semaine...
Mes sentiments à ton égard s'amplifieraient- ils ? Non, non, et non... Il ne faut pas, je ne veux surtout pas :
- « Allez, oups, du balai! Fichez- moi le camp d'ici ! Et plus vite que ça! Chuuut, silence... Erin, tais- toi et ne laisse rien transparaître! Tu gâcherais tout ce que tu as construit... »
09. 08. 2026
Rien de tel que de s'aérer pour purifier son esprit : je teste, à cet effet, Scooty sur les routes campagnardes et mouillées de surcroît. Conclusion: pas mal du tout! Le freinage d'urgence et l' évitement des trous dans la chaussée: nickel! Par contre, un petit entraînement afin de me réapproprier certains réflexes de conduite en centre- ville sera nécessaire.
13. 08. 2026
Je découvre une sensation nouvelle : la liberté! Je ne l'avais plus éprouvée depuis longtemps, ça me grise littéralement! Je sillonne durant de longues heures ( bien trop courtes à mon goût) au gré de mes envies tous les chemins de traverse qui s'offrent à moi avec une volupté inimaginable. Ce n'est que du bonheur à l'état pur!
Pour couronner ces instants de grâce infinie, mon humeur étant aussi légère que frivole, j' improvise un resto en compagnie de mes amis. Vive la Vie!
15. 08. 2026
Sophie, ta compagne, annonce son départ de votre maison sur les réseaux sociaux, y évoque sa future vie ainsi que les divers horizons s'ouvrant à elle. Bien que mes craintes en apparence infondées soient à présent confirmées, ça me fait l'effet d'une bombe... Quelle triste situation!
Pour une fois, j'écoute ce que me dicte mon coeur sans réfléchir et te transmets sur le vif quelques mots de soutien:
- « Kikou, juste une énorme pensée pour Toi, des tonnes d'encouragements et des milliards d'ondes positives pour surmonter l'épreuve de votre séparation... Que tu sois psy ne limite sans doute pas ta souffrance dans pareille situation. Bref, l'idée de te savoir mal me fend le coeur. A très bientôt, prends soin de Toi. »
Tu n'y donnes aucune suite. Peu importe puisque je sais pertinemment que tu l'aborderas lors de notre prochaine rencontre.
17. 08. 2026
Notre tête- à- tête me laisse sans voix tant la souffrance marque tes traits. Tu dépéris sur place à vue d' oeil... Comment y rester insensible? C'est mission impossible pour moi en tous les cas! J'en sors particulièrement bouleversée...
Je me réfugie à l' ombre sous un arbre dans un bosquet du village avoisinant pour mieux réfléchir, me recentrer, définir une conduite à adopter. Ce qui ressort de ce face- à- face avec moi- même m' effraie. Je demeure incrédule devant cette évidence que je m'évertue à nier dès qu'elle me rappelle à l'ordre: je t'aime depuis notre tout premier échange.
Six ans que je suis profondément amoureuse de Toi tout en discréditant sciemment cet Amour. J' ai notamment bossé comme une dingue par le biais de mes très nombreuses lectures pour décoder toutes les projections liées à ce ressenti. J'ai également émis des hypothèses plus abracadabrantes les unes que les autres pour le repousser le plus loin possible aux tréfonds de mon être- au- monde.
Je me suis aussi conditionnée pour ne pas éprouver de désir sexuel envers Toi en enfouissant dans un recoin inaccessible de ma mémoire la moindre parcelle de féminité qui pouvait subsister en moi. C'était pour moi l'unique solution car je suis venue à Toi au départ pour quérir ton indéfectible soutien thérapeutique et non quémander de l'amour!
De plus, tu étais en couple et déifiait Sophie. La question ne se posait donc même pas à l'époque... Et pourtant, aujourd'hui, ça m'explose à la tronche ... Ci et là, des bris d'âme épars jonchent le sol de la discordance.
Mon coeur saigne pour Toi, te savoir si malheureux m'est insupportable! Je voudrais tant te serrer dans mes bras, te dire combien je t'aime pour ce que tu es mais je m'abstiens à la fois par pudeur et fierté tant je me trouve ridicule...
Ces derniers temps, tu hantes mes rêves farfelus sans queue ni tête et ça n'arrange absolument rien à l'affaire! J'ai cette funeste impression que la thérapie doit arriver à son terme... Mais ta chérie vient de te quitter, ce n'est certes pas le meilleur moment pour en discourir. Y- en- a- t- il un « bon » d'ailleurs ?
Puis comment m'y prendrais- je pour t'annoncer la fin de notre alliance en t'en cachant les raisons?Tu me grillerais tout de suite, je n'ai jamais su et pu te mentir. Dans ce genre de situation, il serait peut- être préférable que j'y parvienne, ça m'éviterait bien des déconvenues...
24. 08. 2026
Nos entrevues se poursuivent mais elles me laissent désormais un arrière goût amer dans la bouche. En effet, je suis partagée entre ce désir pressant de te retrouver et cette peur atroce de te découvrir encore un peu plus abattu tant physiquement que moralement.
Je n'arrive plus à avancer avec Toi, je tourne inlassablement autour du pot car je sais pertinemment que ce qui se joue en moi, que ce qui me ronge de l'intérieur engendrerait pour et chez Toi une souffrance supplémentaire. J' imagine que ce serait celle de trop...
Je suis manifestement prise au piège dans un cercle vicieux. Comment donc le briser? Aucune réponse ne surgit de mon esprit torturé sans doute parce que là, ici et maintenant, je me pose plutôt la question- réflexion suivante :
- « Quelle serait la moins mauvaise solution pour m'en échapper plus vive que morte? Et si tout était écrit à l'avance? Aucun des moyens mis patiemment en place à tes côtés ne pourrait alors modifier l'avenir ... C'est plus que terrifiant!!! »
03. 09. 2026
Afin de m'aérer les idées dans le but de ne pas craquer, je décide de prendre tous les petits chemins de campagne avec mon scooter pour rejoindre ton domicile. Manque de bol, mon rétro droit se détache et ballote dans le vide en roulant. J'arrive donc chez Toi inquiète et t'expose d'emblée ce souci technique après t'avoir salué :
- « Dis, par hasard, t'aurais pas un tournevis sous la main? Pourrais- tu me le prêter pour que je règle correctement ce fichu rétro?
- Heu... quel genre ?
- Mince, je n'ai pas vérifié...
- Permets- tu que j'aille voir pour savoir duquel il s'agit?
- Bien sûr!
- Mais Erin, ce n'est pas un tournevis qu'il me faut mais une clé allen! Attends, je dois avoir ça dans mes outils. J'arrive...
- Oups... je suis douée ... hum... Je t'attends! »
Tu reviens avec ton trousseau, testes et trouves la bonne clé. Scooty est en mode anti- vol ce qui ne te facilite pas la tâche.
Je propose naturellement :
- « Je vais débloquer le guidon et le maintenir droit, ça devrait aller mieux ainsi.
- Ha oui, effectivement. Peux- tu le régler à ta convenance avant que je ne donne les derniers tours de clé?
- Ok... pas comme ça, un peu plus par là... Stop ! Ha, nickel ainsi ! Vas- y, tu peux serrer...
- Terminé ! Tu ne risques plus de le perdre.
- Merci, merci, merci... mille fois merci ... T'es génial! Tu me sauves la vie!
- De rien Erin, no souci... c'était bien trop dangereux. Je ne voudrais pas que tu te crashes sur le chemin du retour... »
Nous rentrons dans ton bureau et nous installons dans nos fauteuils respectifs. Un détail ne m'a pas cependant pas échappé : tu es subitement devenu pâle comme un linge juste avant de t' asseoir. Je t'en fais part:
- « Oulala... Tu n'as pas l'air dans ton assiette. Tu es blanc comme un cachet d'aspirine! As- tu mangé au moins? Je me fais des films ou tu as fort maigri?
- Non, tu as raison Erin. Je ne suis pas bien en ce moment... Tout seul, c'est tout seul! C'est un gros changement, c'est la course tout le temps...
- Elle te manque ?
- Oui, beaucoup...
- J' ai très mal à l'intérieur en te voyant ainsi... »
Tu as la larme à l'oeil tandis que je me concentre pour ne pas éclater en sanglots puis te lance sans réfléchir:
- « Tu sais, même si je l'apprécie énormément, je lui en veux de t'avoir abandonné de la sorte... »
Tu enchaîne la voix enrouée teintée d'une émotion palpable:
- « Erin, dans la vie, il faut savoir passer à autre chose sinon c'est pour en crever... »
A une centaine de mètres de la maison, secouée par les spasmes de mes pleurs d'humeur bariolée, je m' arrête quelques minutes pour me ressaisir.
- « Ce n'est pas le moment de me planter avec Scooty alors que tu as tout mis en oeuvre pour que je sois sécure sur le retour! » me dis- je...
Allez, hop! Je frotte mes yeux avec mes manches, je renifle bruyamment, j'avale ma salive à plusieurs reprises, je baisse mon casque et c'est reparti ! Oufff, me voilà enfin arrivée à destination sans encombre! Quelle après- séance douloureuse!
J' ai failli craquer devant Toi, j'étais à deux doigts de lâcher le morceau, ça ne peut plus durer! Je ne suis qu'une lâche et n'ai plus le courage de continuer de la sorte : il me faut à tout prix me terrer car il est hors de question que je satisfasse les besoins démesurément insatiables de mon ego quelque peu chancelant...
06. 09. 2026
Ce soir, en consultant les dernières news de mes amis, ces quelques mots attirent mon attention: « N'ayez jamais honte de qui vous êtes. Vous avez le droit de ressentir n'importe quelle émotion et d'emprunter n'importe quel chemin si celui-ci vous rend heureux. »
Ils tombent décidément à pic et me reboostent... J'ancre chacun d'eux dans les profondeurs de mon âme car je pressens sans ambiguïté qu'ils vont m'accompagner dans mes futures décisions, aussi délicates soient- elles...
07. 09. 2026
Pour ne pas lâcher prise, Je décommande notre prochain rendez- vous en utilisant le eprétexte suivant:
- « Hello, j' annule pour lundi. Tentative d' effraction chez moi, portes à remplacer. On vient pour les différents devis ce jour- là au matin. Audric et moi avons décidé de sécuriser toute la maison. Cela va nous coûter un os mais nous serons plus sereins. Je te rappellerai.
- Ok, bonne journée. »
19. 09. 2026
Une citation de Saint-Exupéry me colle à la peau depuis hier soir: « Bien sûr, je te ferai mal. Bien sûr tu me feras mal. Mais ça, c'est la condition de l'existence. Se faire printemps, c'est prendre le risque de l'hiver. Se faire présent, c'est prendre le risque de l'absence... C'est à mon risque de peine que je connais ma joie. »
Treize jours que je rumine... Je suis grave en manque de Toi. Puisque la pensée est un oiseau d'espace qui dans la cage des mots saura peut- être déployer ses ailes et voler, je me décide enfin à te recontacter pour te déposer avec délicatesse ce que j'éprouve à ton égard et mon choix de cesser notre partenariat.
22. 09. 2026
J'essaie de préparer notre entretien mais je suis larguée quant à la manière de te présenter la situation. Ne sachant trop comment m'y prendre, je pense à ceci : « Nous devons accepter la fin d' une chose afin de commencer à construire quelque chose de nouveau. »
24. 09. 2026
Je me suis tâtée jusqu'à la dernière seconde, mais je suis finalement là, au moment convenu. Me voilà assise dans ton cabinet, pressée d'en finir. Rien ne se passe comme prévu, enfin... du moins comme je l'espérais car tu abordes d'emblée le sujet « Sophie » :
- « Ecoute Erin, je suis en train de prévenir tous mes clients. Il est probable que ma maison soit vendue.
- Oh nonnnn ! C'est à ce point?
- Pfff... Oui, en fait, c'est elle qui gérait nos finances.
- Comment ça ? Tu ne t'en occupais pas?
- Non, comme elle ne travaillait pas au départ, on s'est arrangé comme ça. C'était naturel... Je lui faisais totale confiance...
- Et j'imagine que aujourd'hui, tu es dans une merde noire...
- Exactement et c'est peu de le dire! Quand j'ai découvert ça, je suis tombé des nues ... Bref, en gros, je me suis bien fait baiser à sec dans tous les sens du terme.
- Ouftiiii ! Et que comptes- tu faire? Où vas- tu aller?
- Je tiens à te rassurer car je perçois ton inquiétude. J'ai déjà trouvé une solution de rechange pour rester dans la région et ne pas léser mes patients. »
Je reste sur le cul de ce que je viens d'entendre ! J'en tombe des nues et tes confidences me peinent au- delà de l'imaginable... Bien que tu aies meilleure mine, je me tâte puis renonce à te parler de ce qui me mine au moment où tu t'exprimes sur tes congés passés. Je te laisse donc poursuivre:
- « Pour les vacances, c'était encore pareil. Elle me forçait sans cesse la main. Toujours partir... Je n'en avais pas spécialement envie, j'aurais aimé aussi profiter des autres pièces de ma maison...
- Aie, aie, aie! Je suis sincèrement navrée de ce qu'il t'arrive, c'est affreux de voir tout son monde s'écrouler brusquement... »
Sur le pas de la porte, même si nous avons déjà fixé un futur entretien, j'ai cette sensation étrange que nous ne nous verrions plus à l'instant précis où tu m'expliques que le départ de Sophie était lié à une soudaine prise de conscience, qu'il n'y avait jamais eu une quelconque dispute laissant présager une telle décision...
En enfourchant mon scoot, une réflexion s'impose à moi :
- « Pourtant si tu avais pris la peine de décortiquer à minima ses articles et publications sur le net, tu aurais pu réaliser l'ampleur de ses doutes, comprendre ses peurs, découvrir ses souhaits bien avant qu'elle ne te largue... Ce sont décidément les cordonniers qui sont les plus mal chaussés!»
25. 09- 30. 09. 2026
Je bosse comme une dingue. J'effectue les derniers travaux de peinture autour de mon petit nid avant l'hiver. C'est une manière de t'oublier un peu. Par contre, il m'apparaît rapidement qu'il s'agit là de remplacer cette souffrance psychique par une autre : je casque physiquement, le moindre effort, le plus petit geste déclenche des douleurs intenables: je suis obligée de me droguer aux anti- douleurs en permanence pour accomplir cette rude tâche...
01. 10. 2026
Je reporte notre entrevue. Mon excuse est toute trouvée: je me suis déchirée les ligaments du pied lors d'une chute dans ma salle- de- bain en nettoyant le plafond avant- hier. J'en profite à la place pour faire du shopping,clopin- clopant munie de béquilles, avec mes puces.
Afin de me protéger, je me refuse dorénavant à t'entendre t' étendre sur ta vie personnelle: quand les confits dansent, c'en est bien trop bousculant au regard des sentiments secrets que je nourris à ton égard.
La petite phrase- citation suivante d'un illustre inconnu exprime pourtant parfaitement ce que je vis : « Croyez- moi sur parole quand je n'écoute pas les gens, ce n'est pas de l'insolence mais de la légitime défense! »
08. 10. 2026
Aujourd'hui, je me sens enfin prête. Il faut que cela cesse absolument sur le champs! Je t' écris donc ce texto:
- « Kikou , ce serait plus juste pour moi de prendre mes distances pour me préserver autant que possible car mes sentiments pour Toi prennent le dessus sur la thérapie. Je t'aime... Ce n'est certes pas un crime mais c'est malsain d'aller en séance juste pour te voir. L'amour à sens unique, c'est trop dévastateur! »
09. 10. 2026
Aucune réaction de ta part. Tant pis... Je me décide en soirée de te partager le fruit de mes réflexions via messenger :
- « Aussi pénible, douloureux, déchirant ( aucun adjectif n'est malheureusement assez puissant) soit- il, mieux vaut parfois s'éloigner sur la pointe des pieds, prendre délicatement ses distances avec autrui pour ainsi préserver en Soi, comme le plus précieux des souvenirs toute la richesse d'une rencontre et de l'Amour Incommensurable qui a pu en émaner plutôt que d'en arriver à sombrer dans la haine envers soi et l'autre à force de renier constamment l'ampleur inouïe de ses propres sentiments condamnant irrémédiablement à vivre dans le déni de son propre être- au- monde. Je t'aime et t'aimerai toujours, je te garderai dans mes pensées et tout contre mon coeur »
Comme d'hab, tu n'y donnes aucune suite et me laisse une fois de plus dans le vide, peut- être celle de trop.... Tu es cruel, non? Ne crois- tu pas?
10. 09. 2026
Ce matin, je me prends en selfie puis après observation, ces mots paradent dans mon esprit : « Enfouis en quelque énigme féconde, Hier, aujourd'hui et même demain se confondent! »
Fermement décidée à franchir ce cap supplémentaire qui me bloque dans mon accomplissement sentimental, je regarde une vidéo qui se révèle être une magnifique présentation de la zone de confort. Enfin quand on dit « confort », il s'agit tout de même de la somme de nos habitudes bonnes comme mauvaises. Et si on se remettait en question? Comment? En apprenant de nouvelles choses! Comme croire en soi, prendre conscience que nous sommes les créateurs de notre vie, oublier la peur du changement et de l'échec, se jeter à l'eau pour acquérir de nouvelles compétences.
Je demeure assez perplexe après ce visionnage et en proie à une subite lassitude, je m'exclame intérieurement: « Je dois sûrement mal m'y prendre parce qu'il faut se rendre à l'évidence: me remettre en cause fait partie intégrante de mon quotidien, je ne fais pratiquement que ça!!! »
11. 10. 2026
Je m'approprie ceci : « Le feu qui anime votre passion ne doit pas s'éteindre. Etonnez, surprenez, dérangez... Bref, créez ! »
Effectivement, la création, c'est ma spécialité! Ni une, ni deux, j' improvise la réalisation d'une mille feuilles en mousse au chocolat nappé de moka pour le goûter- anniversaire de Lydie puis enchaîne avec la préparation de pommes de terre farcies au lard et reblochon accompagnées de champignons à la crème. Mmmh, je sens déjà que ce sera un pur régal et une chouette surprise pour ma Princesse d'Amour qui pointait le bout de sa frimousse d'Ange farceur il y a 14 ans!
14. 10. 2026
Je lis un article super intéressant sur l'extraordinaire cerveau émotionnel des personnes hypersensibles. En effet, nous avions abordé cette hypersensibilité présente chez l'un comme chez l'autre durant une séance juste après le départ de Sophie.
Voici ce que j'en retiens:
« Il est parfois difficile de s'adapter à ce monde trop bruyant, empli d'égoïsme et d'autres doubles intentions. Les sens des personnes hypersensibles sont à la fois une chance et une faiblesse. Elles peuvent percevoir ce que d'autres ne perçoivent pas et le faire si intensément que le monde leur présente un éventail de réalités qui échappent aux autres.
A quoi est- elle due? Est- ce génétique? Pourquoi ces êtres souffrent- ils plus que les autres? Pourquoi pour eux, l'amour est- il si intense mais aussi si douloureux? Pourquoi apprécient- ils tant la solitude? Pourquoi ressentent- ils une si profonde incompréhension des autres depuis leur plus jeune âge?
Environ vingt pour cent des personnes présentent les caractéristiques basiques de l'hypersensibilité selon une étude menée par les chercheurs de l'université de Stony Brook. Souvent elles ignorent la majeure partie de leur vie qu'elles appartiennent à ce groupe de privilégiés car elles ont toujours portés ces lunettes invisibles qui leur permettent de voir le monde différemment avec un coeur plus ouvert mais aussi plus vulnérable.
Elles disposent donc d'un cerveau émotionnel doté d'une grande empathie pleinement orienté vers la sociabilité et l'union avec leurs semblables. Leurs processus cérébraux se traduisent par une surexcitation dans les zones neuronales relatives aux émotions et à l'interaction. Elles sont ainsi dans la capacité de déchiffrer et deviner les sentiments des autres situés en face d'elles. Par contre, elles doivent dans le même temps gérer un problème très simple : en effet, autrui ne fait pas preuve de la même empathie ce qui crée inéluctablement un déséquilibre évident entre leur propre sensibilité et celles des personnes non- hypersensibles. Par conséquent, elle en arrivent à se considérer comme différentes...
Les chercheurs parviennent à ces conclusions grâce à une batterie de tests basés sur les résonances magnétiques et la comparaison des études des processus cérébraux entre HP et non HP. Toutes les personnes ont été ainsi exposées à différents stimuli pour observer l'activité biochimique s'opérant dans les différentes structures cérébrales. Les résultats sont très concluants à deux niveaux.
Le premier: les neurones miroirs qui, situés dans le cortex frontal inférieurs du cerveau et très proche de la zone du langage, sont particulièrement liés à l'empathie et à la capacité de capter, traiter et interpréter les émotions des autres. Chez les HP, leur activité est continue et très marquante depuis l'enfance.
Le second: l' insula, siège de la conscience, est une petite structure cérébrale située dans le cortex insulacre liée au système limbique ( structure basique de nos émotions apportant cette vision plus subjective et plus intime de la réalité). Elle réunit nos pensées, intuitions, sentiments et perceptions de vécus. Elle est nettement plus active chez les HP que chez les non HP. Cette étude relève néanmoins un point assez curieux : en plus d'être réceptives aux stimuli visuels liés aux visages humains et aux émotions, les HP présentent aussi un seuil plus bas en réaction à de nombreux stimuli physiques comme les lumières intenses ou les sons puissants. Cela active les structures cérébrales liées à la douleur!
En conclusion, les HP ont une façon de ressentir et de comprendre le monde qui passe par un système neurosensoriel plus pointu. Ce n'est pas ce qu'elles ont mais ce qu'elles sont. Elles doivent apprendre à composer avec leurs fortes émotions et ce don merveilleux car la souffrance n'est pas un passage obligé mais une option qui ne vaut pas la peine d'être retenue... »
Je complète cette lecture par l'écoute d'une intervieuw très instructive de J. Salomé concernant la relation à soi- même.
- « Hé bien, Erin, t'as du pain sur la planche! Commence sur le champs! », me dis- je à voix basse.
15. 10. 2026
Je laisse ma plume dicter mon élan passionnel: « Ô Toi, Source intarissable, je t'aime à n'en plus finir. Tu fis renaître en moi la Femme Essentielle! Comment donc, de ton eau limpide, ne point se nourrir? Déjà scintillante, j'atteins ta cime ô Arc- en- Ciel ! »
Puisque une vraie rencontre provoque une influence réciproque au cours de laquelle deux mondes interagissent et où chacun modifie l'autre, Je te crie, sans doute en pure perte, mon Amour Véritable à travers ces quelques lignes : « Durant toutes ces années, il avait vécu en retrait de celle qu'il déifiait en vain tout comme je l'aimais secrètement avec passion et le désirais ardemment dans l'ombre, sans succès, depuis notre rencontre. Il m'avait d' abord fallu oser me l' avouer pour pouvoir enfin rompre cette boucle infernale. »
Je réalise en me relisant qu'il est grand temps pour moi de verbaliser. Je te téléphone à cet effet mais tu ne décroches pas. Tant pis, je me lance tout de même et laisse sur ta boîte vocale un très long message dans lequel je t'explique mon ressenti et mes décisions. Je te remercie également de ta présence et du travail accompli ensemble avant de prononcer un ultime « au revoir ».
Ma voix tremble par moment mais j'y suis parvenue, c'est le principal ! Ton choix de ne pas décrocher, ni de me rappeler me brise le coeur au propre comme au figuré. Que puis- je y faire? Rien, si ce n'est garder la tête droite et jeter mes larmes au vent...
16. 10. 2026
Hier soir, j'ai longuement discuté avec mon conjoint. En m'appelant durant la journée, Il avait compris au son de ma voix que ça ne tournait pas rond. Je lui ai donc montré les messages que je t' avais transmis.
Il m'a touché de plein fouet : il savait, depuis longtemps et bien avant que je n'en prenne conscience, mon Amour pour Toi... Il m'a rassurée, consolée et par- dessus tout écoutée! En tant que psy lui- même, Il m'a aiguillé sur diverses pistes.
Cela peut paraître surréaliste mais ce fut un partage d'une intensité incroyable durant lequel nous avons échangé sur nos diverses expériences...
Cet après- midi, je poste à ton attention sur le net cette citation dont je ne connais pas l'auteur: « Se taire et brûler de l'intérieur est la pire des punitions qu'on puisse s' infliger »
Je la précède de cette petite note : « Avec ou sans Toi, je t'aimerai jusqu'à mon dernier souffle. Et « ça », même ce que je pourrais assimiler à de l'incompréhension, peut- être à de l'indifférence ou simplement à un profond mépris par ta manière de laisser résonner mes cris d'Amour dans le vide ne pourra le changer. Mais je ne peux plus accepter qu'autrui puisse me considérer comme une quelconque source de revenus quelque soit l'Amour Incommensurable que je lui porte. ..Il me fallait rompre cette boucle infernale - Payer pour espérer secrètement, en vain, être aimée en retour- afin de respecter enfin ce que je suis au plus profond de mon être- au- monde quitte à renoncer définitivement à Toi. Je t'aime »
17. 10. 2026
Cette définition de Agnes Desartes me fait craquer alors que tu occupes mes pensées: « C' est quoi d'ailleurs l'amour... C'est quand on pense à l'autre en souriant » #Atousnosfousrireenséance
18. 10. 2026
Mike et moi discutons sous ce post : « Sois comme un appareil photo : développe le positif à partir du négatif. (Jimmy Sévigny)
- « Ma technologie est à l'inverse, Erin.
- Ah...
- Oui car je préfère l'ombre...
- Ce doit parfois être douloureux dans l'ombre de ce et ceux qu'on aime, non?
- Non car l'ombre est le passé et il ne faut pas le renier. Il fait partie de notre histoire. La lumière est devant nous, elle est l'avenir qu'il soit incertain ou non...
- Juste, Mike, mais... Quid des compulsions de répétitions? Il ne s'agirait alors que de rendez- vous manqués avec la lumière... si l'ombre te colle malgré tout à la peau par choix inconscients...
- Erin, je relativise. L'ombre ne me colle pas à la peau car je suis quand même un optimiste mais le passé et donc l'histoire m'intéresse aussi. Entre le passé et l'avenir s'intercale l'évolution.
- Mwouais... pas convaincue... Tes propos sont justes mais entre la théorie et la pratique, ce sont des années lumières de séparation...
- Erin, je vais insérer alors la génération spontanée...
- Ah... Je cale... Quelques explications sur la génération spontanée me seraient nécessaires pour mieux comprendre... Ceci- dit, j'ai fini par choisir la lumière et ça me sied beaucoup mieux!
- Oui, la lumière, c'est l'espoir, Erin...
- L' espoir, certes mais surtout bien au- delà la liberté d'être... »
19. 10. 2026
Ce matin, une illumination soudaine sur ma condition existentielle me percute brutalement: tel Rimbaud, j'écrivais des silences, des nuits, je notais l'inexprimable et fixais des vertiges...
21. 10. 2026
J'adhère à la philosophie suivante lorsque je t'évoque ( non, non, je n'en suis pas encore au point de t'invoquer!) lors de mes longues discussions avec Audric: « Il vaut mieux se retirer et laisser un bon souvenir que d' insister et de se transformer en quelque chose de pesant. On ne perd pas ce que l'on n'a jamais eu, on ne garde pas ce qui n'est pas à nous et on ne peut pas s'accrocher à ce qui ne veut pas rester. Si on a le courage de dire au revoir, la vie nous le rendra avec un nouveau bonjour. »
21. 10. 2026
La fantaisie étant l'activité propre de l'âme qui éclate partout où cède l'entrave de la conscience, j'exprime tant bien que mal en un mot comme en cent cette grâce ingénue et ce charme innocent qui te font à mes yeux exceptionnel à travers maints inconventionnels questionnements mais... les ressens- tu?
« Quel désastre! L'illustre étoile pare, donne, hais : Ô suis ton cours, Rage! Est- ce pardonner? Des astres illustrent les toiles de soie en suie : courage!
Soudain un signe: sous la Lune Noire, place aux Cons Damnés, tu l'acquittas. Seul le cygne condamné par les gens de Saturne saoula: « Tue- là! Quitte à... »
Décor? Sang, sons, avoirs : Dame, exigeante, y revêt son étole, se mire, lévite. Des corps sans son savoir? « Exit gentes âmes, en taule! » émirent- ils, « Et vite! ».
D' un oeil borgne, le deuil lorgna son valet en grogne sur le Pont des Soupirs. Valait- il tes cris, Talent Banni : « A bas l'écrit vain! » ? Sûr... Lui pondait sous, pire!
Là, ici et maintenant, ton Essence mène à la tombe : les ressens- tu ces douleurs? « Tombe ou encense ! » tonne Minerve puis aphone : « -L'ère sans Tu- sait : doux leurres! »
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