- Maman : " Pierre, Pierre, réveille-toi !"

Je grogne suite à ce réveil certes tendre mais inattendu.

- Maman : "Excuse-moi de te réveiller si tôt, mais vous êtes tous endormis et ta sœur doit partir tout à l'heure. Tu pourrais t'occuper du déjeuner pour ton frère s'il te plaît ?"

- Moi : Ummmmmm oui.

- Maman : On vous a laissé quelques tâches à tous les deux pour la journée.

- Moi : Ummmmm d'accord.

Le réveil était trop dur pour prononcer davantage de mots. Maman me fait un bisou sur la joue, une caresse dans les cheveux et sort de ma chambre.

Vers 8h30, j'ouvre un œil et vois l'heure. Je me motive pour me lever et enfile mes vêtements pour la journée. J'avais bien en tête les instructions de Maman et j'étais très motivé car mes parents m'avaient promis de me payer mon code et la conduite accompagnée si je les aidais bien durant les vacances.

Mes 16 ans approchant, c'est empreint d'une grande motivation que je me dirige vers la chambre voisine. Doucement je réveille Jean, mon petit frère de dix mois plus jeune que moi ; il était encore bien profondément endormi. Je me montre très doux, je ne veux pas le brusquer. Rapidement, il ouvre un œil.

- Frérot, il faut se lever, lui dis-je en chuchotant.

Jean grogne quelque peu, la voix étouffée dans l'oreiller :

- Laisse-moi juste le temps de me réveiller.

- Pas de problème, je vais préparer le déjeuner en t'attendant, lui fais-je à voix basse.

Quelques instants plus tard, il me rejoint dans la cuisine pour le déjeuner. Voilà bien longtemps que nous n'avons pas eu l'occasion de nous retrouver tous les deux, nous discutons de tout et de rien, mais surtout de l'année qui vient de s'achever. Mon petit frère n'a pas eu de super notes, mes parents l'ont puni pour qu'il travaille durant les vacances car il a failli redoubler.

- Moi : Alors Frérot ça avance tes révisions?

- Jean blasé: Bof, je rame un peu.

- Moi : Ah bon mais sur quoi ?

- Jean : La SVT.

- Moi : C'est quoi ton problème?

- Jean : Je suis sur le sujet de la puberté.

- Moi : Ah ! Et qu'est-ce qui t'embête?

- Jean : Bah c'est relou, je ne comprends pas l’intérêt.

- Moi : Bin oui, c'est la vie!

- Jean : La vie ?

- Moi : Bah oui c'est ça : je suis en plein dedans moi encore.

- Jean : Ah bon ? Mais ça change quoi ?

- Moi : Dis-moi, tu as lu quoi dans ton livre, lui dis-je après un instant d'hésitation ?

- Jean rougissant légèrement : Bin l'essentiel : les boutons, la taille, les poils et les seins pour les filles.

- Moi : Et alors, c'est quoi ton problème ?

- Jean un peu gêné : Bah euh moi.... j'ai rien de tout ça moi, alors que dans ma classe ils ont tous commencé.

- Moi souriant : Frérot !! Tu es grave !

Jean me regarde, attristé.

- Moi : Ce n’est pas bien grave, ça viendra t'en fais pas ! Moi j'avoue que je m'en serai bien passé surtout pour les boutons.

J'en ai encore quelques-uns mais relativement discrets : mes parents m'ont fait consulter leur dermatologue et j'ai quelques médocs à prendre ainsi que de la crème à me passer sur le visage.

- Jean : Ah bon ? Toi ça a poussé quand ?

- Moi : Je ne me souviens pas précisément, mais tu as dû le lire dans ton livre non ?

- Jean : Oui vite fait, j'ai vu que ça pouvait commencer tard.

- Moi : Alors tu vois, ce n’est pas dramatique !

- Jean : Oui mais qu'est-ce que tu veux comprendre ou t’intéresser à un sujet comme ça?

- Moi rassurant : Tu comprendras bientôt, t'en fais pas.

- Jean : Ah bon ?

- Moi : Mais oui! Si tu veux bien, on en reparlera plus tard, car on a pas mal de choses à faire pour Maman et Papa.

- Jean : Ok.

Je sens bien qu'il veut en savoir plus, mais je n'ai pas très envie de lui expliquer la vie, et comme je n'ai aucune envie de lui avouer que je suis puceau...

- Moi : Je pars faire les courses et tu t'occupes de la vaisselle et la lessive ?

- Jean : Oui ça me va !

- Moi : Ok, à tout à l'heure

Je pars avec quelques sacs et le caddie à roulettes.

Une fois dans le magasin, je passe dans les rayons de promos, de boissons et raye les premiers articles de la liste de Maman.

- ??? : Pierre ? C'est toi ?

Surpris, je me retourne, et je vois devant moi Amandine, la petite fille de la voisine ; elle vient souvent durant les vacances.

- Moi : Tiens salut Amandine, tu vas bien ?

- Amandine : Oui ça va, si ce n'est que mes parents se séparent.

- Moi : Ah bon ? Mais comment ça se fait?

- Amandine : Pour faire simple et résumer, mon père a trompé ma mère.

- Moi : Ah oui... pas classe!

- Amandine : Non pas vraiment.

- Moi : Et tes petites sœurs, elles le vivent comment ?

- Amandine : Pour le moment, Océane et Jade ne sont pas encore au courant, elles sont chez nos autres grands-parents. Mes parents essayent de les préserver, mais il va falloir leur dire.

- Moi : Oui c'est sûr.

- Amandine : M'enfin! Et toi du coup, ça va ?

- Moi : Moi oui, Marie est partie ce matin avec ses copines en colonie pour 1 mois, Jean est puni à la maison, et Papa et Maman vont bien

- Amandine : Puni pourquoi ?

- Moi : Il a failli redoubler sa 4ème.

- Amandine : Si c'est failli c'est bien.

- Moi : Oui, mais les parents lui ont donné plein de devoirs pour les vacances, en plus des tâches qu'on a à faire à la maison

- Amandine avec humour: Oui pas cool pour lui mais fallait bosser dans l'année

- Moi riant : Oui !

- Amandine : Tes parents vont bien lui laisser du temps libre?

- Moi : Oui je pense, ils ne sont pas sadiques non plus !

- Amandine: Oui je sais bien, nos familles se connaissent bien.

- Moi : Ouais !

- Amandine : Tu veux qu'on finisse nos courses ensemble ?

- Moi enjoué : Volontiers !

Nous voilà partis, à parcourir les rayons, en barrant nos listes respectives, et papotant de musique, de la météo et d’autres futilités.

- Moi : Mais j'y pense, tu te retrouves toute seule du coup chez tes grands parents : tu dois t'ennuyer ferme !

- Amandine riant : Oui, ce n’est pas complètement faux ! Heureusement qu'il y a la piscine.

- Moi : Oui mais elle n’est pas trop froide ?

- Amandine riant : Non, elle est couverte et chauffée tu sais !

- Moi : Couverte je savais mais chauffée... non !

- Amandine : La classe !

- Moi : J'avoue.

- Amandine : Mais je croyais que tu étais déjà venu t'y baigner, depuis le temps qu'on est voisin.

- Moi : Bin non, en plus je ne suis pas un grand nageur.

- Amandine : Faudra corriger ça.

- Moi souriant : Pourquoi pas?

Nous avons presque fini nos courses, nous nous dirigeons vers les caisses.

- Moi : Si tu veux, on se retrouve dans l'après-midi, je n'ai rien de prévu.

- Amandine : Moi si, en début d'après-midi je dois nettoyer la piscine justement, je viens d'arriver. Ça fait un petit moment qu’elle n’a pas été faite, mais après si tu veux on se retrouve vers notre passage.

"Notre passage", cette expression résonnait dans ma tête de façon magique. Le passage en question était entre deux "Thuyas" et un trou dans un grillage.

- Moi : Ok ça marche!

Chacun à notre caisse nous nous séparons ainsi et retournons à nos maisons respectives.