Sable et Sang
Après avoir mangé dans un immense réfectoire, je me suis rendue dans la chambre qui m'avait été attribuée. Simple, avec un lit une place dans un coin, un bureau dans un autre et, dans le dernier, une haute armoire en bois. Elle suffira largement pour cette année.
Je pose mon sac en bandoulière sur le lit et m'allonge, le cœur battant. Je l'ai fait, j'ai réussi à entrer à l'Académie de Solace. Désormais, l'Article 2 me lie pour quatre ans, à la vie à la mort, à cette école. Soit j'en ressors avec mon diplôme, soit je meurs ici. Je préférerais la première option.
Je m'assieds et enlève la capuche qui cache mes cheveux. Ma longue tresse tombe dans le bas de mon dos. Je la prends entre mes doigts. La teinture noire a fait son effet, on ne voit plus une trace du blanc immaculé de ma chevelure d'origine. La famille impériale a les cheveux blancs, c'est caractéristique de son sang. Mais me voilà, dans une académie où mon père refusait de m'envoyer. Il préparait mon mariage avec un prince du royaume voisin et, bien sûr, je n'avais aucun mot à dire là-dessus. Depuis la mort de ma mère, quand j'avais huit ans, je suis restée enfermée dans le palais à me morfondre sur mon sort, en attendant le mariage auquel j'avais été prédestinée.
À mes vingt ans, j'ai été testée et déclarée sensible à l'Art. Rien de bien étonnant, toute la famille impériale l'est. Mais comme l'Art n'est plus autorisé dans l'Empire, chaque membre de ma famille préfère laisser son pouvoir mourir. Pourtant, je n'ai pas eu le choix pour ma part, ce à quoi je me suis fermement opposée. Alors, un soir, j'ai pris la fuite pour me rendre dans cette académie.
On frappe à ma porte, puis celle-ci s'ouvre. Cyndra passe sa tête par l'entrebâillement. Savoir qu'elle est ma voisine de chambre me rassure étrangement.
— Ça va ?
J'hoche la tête, chassant mes pensées au sujet de ma famille.
— Oui, j'ai du mal à croire que je suis ici, j'avoue.
Cyndra m'adresse un sourire compatissant.
— Tu m'étonnes. Même moi, je ne sais pas ce que je viens foutre ici, dit-elle en ricanant.
Je suis étonnée par sa phrase. Moi qui pensais avoir en face de moi une aristocrate au langage soigné, je m'étais encore trompée. Je l'invite à s'asseoir à côté de moi sur le lit.
— On va devoir aller à l'entraînement, je soupire.
— Tu n'as pas l'air très effrayée à cette idée, remarque-t-elle, ses yeux perçants.
Je hausse les épaules.
— Toi non plus.
Nous nous taisons. Ce silence est réconfortant. Ni l'une ni l'autre ne sait si nous nous reverrons après cet entraînement, mais nous commençons à nous apprécier.
Tuer ou être tué.
La loi résonne dans mon esprit.
— Tu sais te battre ? je lui demande.
Cyndra secoue la tête.
— On n'apprend pas aux dames à se battre, seulement aux hommes, crache-t-elle.
Quatre-vingt-dix pour cent de la promotion sont des hommes.
Par Arianne, nous sommes sauvées, je pense ironiquement en m'adressant à la Déesse de la Guerre.
Tout cela est une farce. Et nous en sommes les dindes.
Quelqu'un frappe encore à ma porte. Kaeton apparaît et cligne des yeux en voyant Cyndra sur mon lit. Il se reprend et nous dit :
— On est attendus pour l'entraînement dans la Salle des Combats.
Un frisson parcourt mon corps. L'atmosphère est pesante entre nous trois. Chacun se prépare à la perte des deux autres. Mais au fond, je prie pour les revoir tous les deux vivants. Même si je ne les connais que depuis quelques heures, ce sont les seuls à m'avoir témoigné du respect et non du dédain, contrairement au reste de la promo. Toutefois, ils n'ont pas encore ma confiance.
Je fais le vide dans mon esprit et me lève du matelas.
— Allons-y.
Lorsque j'entre dans la Salle des Combats, je ne peux pas retenir le souffle émerveillé qui s'échappe de mes lèvres. Bien qu'habituée aux locaux du palais, cette salle n'a rien de comparable.
C'est un grand amphithéâtre fait d'une pierre presque noire, où des élèves plus âgés s'installent dans les gradins. Des bougies flottent sous le haut plafond, donnant une ambiance lugubre à la pièce. Au centre, l'arène est recouverte d'un sable immaculé, brillant sous la lumière des torches.
La troisième année qui nous a répartis dans les dortoirs s'avance. Durant le repas, j'ai appris son nom : Moyrah Mailly. C'est une Haut-Sang, bien que je ne connaisse pas sa famille. Quant au troisième qui l'accompagnait, Aiden et elle, il s'agit d'un bâtard au nom douteux de Ney. Impossible de savoir de quelle lignée il est issu. Ney se tient toujours aux côtés de Moyrah, trépignant d'impatience.
Tous les futurs premiers années se tiennent dans les escaliers de l'arène. On attend les consignes, et je suis presque capable de sentir leur peur.
— Bien, l'Épreuve du Tri va débuter, annonce Moyrah d'une voix traînante. Vous devrez relever trois défis pour prouver que vous êtes capables d'entrer en première année dans cette académie.
Je dois survivre à trois défis. Rien d'infaisable. Alors pourquoi les yeux de Ney brillent-ils d'une lueur inquiétante ?
— La première est un duel dans l'arène, continue la troisième année. Vous vous affronterez entre vous. Si vous remportez le défi, vous recevez cinquante points d'écusson. Si vous perdez, vous n'en gagnez aucun.
Je me remémore ce qu'ils nous ont expliqué avant le repas. Les points d'écusson sont un moyen de nous classer : plus on gagne de points, plus on a de chances d'accéder à la meilleure formation et, par la suite, à la meilleure opportunité après notre diplôme.
— Les règles sont simples : soit vous gagnez, soit vous perdez, que ce soit par abandon ou par mort.
Mon cœur manque un battement. Bien sûr, cela ne pouvait pas être aussi simple pour une première épreuve. Ils veulent repérer les plus forts et les plus faibles d'entre nous. Et ils comptent sur nous pour éliminer les maillons faibles le plus rapidement possible.
Moyrah déplie une autre liste et appelle les premiers duellistes.
— Lucy Georgia et Gabriel Embry.
Impossible de savoir quoi que ce soit sur leur famille. Quoi qu'il en soit, les deux sortent des rangs, tremblant aussi bien l'un que l'autre. Gabriel a l'air d'avoir deux ans de moins que nous, et Lucy, avec ses cheveux dorés noués en une tresse parsemée de petites fleurs, ressemble à une petite princesse.
Tous deux s'avancent sur le sable blanc. Du premier rang, j'entends leur souffle rapide. Ils se regardent avec des yeux horrifiés.
Tuer ou être tué.
Eux aussi ont bien compris cette règle. Et ils veulent survivre. Donc ils vont tout faire pour.
L'assemblée retient son souffle. Puis les deux adversaires s'élancent l'un contre l'autre.
Gabriel est le premier à attaquer. Il a l'avantage. C'est un homme, il a donc eu une formation au combat. Lucy, elle, n'en a eu aucune, vraisemblablement. Il lui assène un coup de poing dans la mâchoire, mais celui-ci manque cruellement de force et Lucy est seulement repoussée d'un mètre. Elle se met en position de défense. Peut-être a-t-elle eu un semblant de formation, finalement.
Gabriel attaque à nouveau, lançant un crochet de la main gauche.
Gaucher, je note.
Lucy se baisse juste à temps et lui donne un coup dans les côtes. Quelque chose craque, et Gabriel pousse un cri strident. Je sens d'ici les regards de dédain des fichus mascu sur lui.
Ce dernier s'écarte, les yeux écarquillés et le dos courbé. Il a au moins une côte fêlée. Son adversaire n'y est pas allée de main morte, malgré son apparence frêle. Je la vois prendre une grande inspiration avant de charger à nouveau contre Gabriel.
Elle lui assène un coup de poing violent dans la mâchoire, et du sang gicle sur le sable. Le combat ne s'éternise pas. Lucy a brisé Gabriel, aussi bien mentalement que physiquement. Il est bientôt à terre, tandis que la blonde lui fait une clé de bras avec une précision redoutable, les dents serrées pour faire face aux piaillements du jeune homme.
Les lèvres de Lucy s'articulent pour former un « Rends-toi », ce que Gabriel ne tarde pas à crier.
Vu la mine blasée de Moyrah, j'en déduis que Gabriel ne fera pas long feu cette année.
J'éprouve un peu de compassion pour le rouquin, qui est, d'ailleurs, dans mon dortoir.
Mais ça, c'était juste avant qu'elle n'appelle mon faux prénom et celui d'un certain Luka Byers.
Cyndra pousse un petit cri étouffé et me jette un regard inquiet.
Je m'avance dans l'arène, le cœur battant, ma capuche toujours bien serrée autour de ma chevelure. Je cherche mon adversaire dans l'assemblée... et manque de m'écrouler quand je vois l'homme-taureau s'avancer vers moi.
Ses yeux débordent de haine.
Merde.
Je tâte les deux fourreaux dissimulés sous ma tenue de cuir, où reposent deux petites dagues. Rien ne m'interdit de les utiliser, mais je préfère garder cet atout pour plus tard.
Face à moi, Byers se positionne, campé sur ses appuis.
— Je vais te tuer, moins-que-rien, siffle-t-il.
Son regard ne laisse planer aucun doute : s'il en a l'occasion, il le fera.
Je l'observe, analysant chaque détail. Ses bras massifs sont marqués de muscles saillants, et ses mains sont aussi larges que mon visage. Une sueur froide glisse sur ma nuque. Il est immense, une véritable montagne de chair et de rage.
Moyrah donne le signal.
Luka ne perd pas une seconde et me frappe de plein fouet. Son poing s'écrase contre ma mâchoire, me projetant violemment en arrière. Le goût métallique du sang envahit ma bouche tandis que ma tête cogne contre le sable blanc. Pendant un instant, tout devient silencieux. Seul le martèlement de ses pas résonne dans mes oreilles. Il s'approche.
Je me force à bouger, à respirer, à me relever. Pas maintenant. Pas ici. Je ne le laisserai pas m'écraser.
Une tache rouge s'étale sur le sable immaculé, ajoutant une touche cruelle à ce décor conçu pour nous terroriser.
À quatre pattes, je crache un caillot de sang et relève la tête.
Byers me domine, un sourire narquois accroché aux lèvres. Il est persuadé d'avoir déjà gagné.
Je serre les poings et me remets sur mes pieds malgré la douleur. Mon œil droit est trouble, mais je me concentre sur lui. Oublier la souffrance. Me focaliser sur mon adversaire.
Il ne me laisse aucun répit et fonce sur moi. Cette fois, j'esquive son crochet de justesse. Il anticipe, son genou remonte brutalement et s'écrase contre mes côtes dans un craquement sinistre.
L'air me manque. Je titube et pose un genou au sol.
Dans les gradins, Cyndra me regarde avec angoisse, tandis que Kaeton reste figé.
— Pitoyable, comme je le pensais. Paysanne.
La moquerie de Luka me ramène à la réalité.
Il me pousse du pied et je m'effondre sur le dos. Avant même que je puisse réagir, ses mains se referment autour de ma gorge.
L'air disparaît d'un coup.
Je me débats, griffant sa peau, essayant de dégager ses doigts. Mon cœur cogne dans mes tempes, la panique monte. La pression sur mon cou se resserre. Des taches sombres envahissent ma vision.
Je vais crever.
Ici.
Sous leurs regards.
Non.
Je rassemble mes forces et frappe à l'aveugle.
Un râle étouffé m'indique que j'ai touché juste. Sa poigne se desserre légèrement. J'inspire une bouffée d'air brûlante, puis, dans un élan désespéré, je saisis ma dague et la plante entre ses côtes.
Byers hoquète.
Je roule sur le côté pour me libérer et tousse violemment, savourant chaque respiration retrouvée. Mon corps tremble, ma vision vacille, mais je tiens bon.
Luka est étalé sur le sable, la dague toujours enfoncée dans sa veste de cuir. Son visage a viré au violet, sa main tremble contre sa gorge.
Quelque chose s'éveille en moi.
Une pulsion froide et implacable.
Je veux qu'il souffre.
Je veux qu'il paye.
Je me précipite sur lui et bloque son corps massif avec mes jambes. Mes doigts se referment sur le manche de la dague.
— Rends-toi, murmuré-je d'une voix rauque.
Il ne répond pas. Je tire légèrement sur la lame.
— Rends-toi, ou je t'éventre.
Son regard croise le mien, et pour la première fois, j'y lis de la peur.
J'ai gagné.
Il marmonne faiblement qu'il se rend. Immédiatement, je recule, m'écartant de son corps avec prudence.
Un silence pesant s'installe dans l'amphithéâtre.
Cyndra me fixe avec effroi, comme si elle ne me reconnaissait plus. Kaeton, impassible, ne quitte pas des yeux le corps de Byers, qui se traîne hors de l'arène, laissant une traînée de sang derrière lui.
Un soigneur se précipite pour l'aider à marcher.
Moyrah avance de son pas nonchalant et déclare d'une voix détachée :
— Victoire de Beverly.
Aucune émotion ne transperce sa voix. Pour Moyrah, ce n'est qu'un combat de plus, à l'issue prévisible. Mais pour nous, c'est la première fois que le sang de l'un des nôtres tache le sol sous nos yeux.
Mes mains en sont couvertes. Pourtant, je ne ressens ni honte ni dégoût. Juste un frisson glacé qui remonte le long de ma colonne vertébrale.
Entre ces murs de pierre, ils façonnent des monstres.
Moyrah annonce le prochain duel alors que je regagne ma place parmi mes camarades. Aucun d'eux ne m'adresse la parole, et je ne peux pas leur en vouloir. Moi-même, je suis encore sous le choc.
Nous restons là, figés, observant nos futurs compagnons s'entre-déchirer sous nos yeux. Le bilan est lourd : quatre morts, douze blessés graves.
Ces gosses de Haut-Sang ne sont pas des tendres.
Le sang a séché sous mes ongles, son odeur métallique me donne la nausée.
Putain.
Ça ne fait même pas une journée que j'ai intégré l'académie, et j'ai déjà du sang sur les mains. Littéralement.
Je roule des épaules pour détendre mes muscles ankylosés par l'angoisse. Soudain, un picotement étrange traverse mon dos, courant jusqu'au bout de mes doigts. Instinctivement, je jette un coup d'œil derrière moi.
Aiden.
Il me fixe, le regard pensif. Nos yeux se croisent l'espace d'un instant et mon cœur rate un battement. Son visage est impassible, une muraille infranchissable derrière laquelle se dissimulent ses pensées.
Il fait partie de ces monstres que l'académie de Solace façonne.
Mon instinct hurle qu'il représente un danger. Qu'il pourrait découvrir qui je suis.
Je dois me tenir à distance.
Moyrah met fin à la première épreuve et nous autorise à regagner nos dortoirs. Je devrais être soulagée, mais une angoisse sourde m'étreint.
Nous ne sommes pas en sécurité.
Pas ici. Pas entre ces murs.
Tuer est interdit, mais la violence, elle, ne l'est pas.
Je marche dans les pas de Cyndra, la tête basse. Kaeton suit à mes côtés, le visage crispé par la douleur. Une brute lui a asséné un coup violent dans le foie avant qu'il ne l'assomme d'un coup de coude dans les tempes. Cyndra, elle, s'en est mieux sortie : son adversaire, un frêle Haut-Sang, s'est évanoui sous l'effet d'une clé de bras bien exécutée.
Elle qui prétendait ne pas savoir se battre... J'ai des doutes.
Je réprime une grimace. Difficile de lui en vouloir de ne pas être totalement honnête avec moi. Après tout, je suis la plus grande imposture de cette promotion.
La première arrivée, je pousse la porte de ma chambre sans conviction. Dès que mon corps touche le matelas, l'adrénaline redescend brutalement.
Mes forces m'abandonnent.
Je fixe le plafond en bois sombre et sombre dans le sommeil en quelques secondes.
On tambourine violemment à ma porte.
Je me redresse d'un bond, les sens en alerte, ma main déjà agrippée à l'une de mes dagues cachées dans le fourreau de mon armure. Sans un bruit, je me glisse jusqu'à la porte, le cœur battant à tout rompre.
Une voix filtre à travers le bois.
Cyndra.
Le soulagement me submerge. Je rengaine ma lame et ouvre la porte.
— Beverly... souffle-t-elle, visiblement rassurée.
Kaeton, à ses côtés, arbore une mine soucieuse.
— Ça fait dix minutes qu'on frappe. Tu foutais quoi ?
Je leur adresse un sourire fatigué.
— Je me suis endormie, j'avoue sans honte. Je ne vous ai pas entendus.
Ils se sont inquiétés pour moi.
Peut-être que je ne les ai pas tant horrifiés que ça, après tout.
Je m'écarte pour les laisser entrer. Kaeton s'installe sur la chaise de mon bureau, tandis que Cyndra se laisse tomber en tailleur sur mon lit. Un silence s'installe.
— Désolée de vous avoir inquiétés, je murmure.
Ils échangent un regard étonné avant que Cyndra ne m'adresse un sourire empreint de douceur.
— Tu as fait ce que tu devais faire pour survivre, Beverly, me rassure-t-elle. Et je pense qu'on doit s'attendre à bien pire dans les mois à venir.
Kaeton hoche la tête, le regard préoccupé.
— Cyndra a raison. Il faut se concentrer sur les prochaines épreuves.
Sa jambe tressaute nerveusement.
J'ai ma propre hypothèse sur la suite : probablement une épreuve axée sur l'agilité ou la force mentale. Mais je garde mes pensées pour moi.
À la place, je lance :
— Et si on visitait les locaux ?
Ils acceptent sans hésiter, et nous quittons la chambre.
Dans les couloirs des dortoirs, nous croisons d'autres élèves de notre promotion. Certains, hébétés, semblent encore sous le choc de la journée. D'autres nous lancent des regards méfiants, parfois même haineux.
Des groupes commencent déjà à se former. Instinct de survie. Rester seul, c'est risquer de devenir une cible. Mais encore faut-il pouvoir faire confiance aux bonnes personnes.
J'accélère le pas.
— Une raison pour marcher aussi vite ? me lance Kaeton, un sourcil levé.
Je marmonne une excuse et ralentis légèrement.
Nous atteignons la salle d'entraînement, une pièce aux murs de verre où l'on peut observer les combats en cours.
À l'intérieur, Aiden croise le fer avec un troisième année à la peau brune et aux cheveux blonds. Son adversaire peine à suivre son rythme effréné. Aiden manie une lance en bois avec une précision chirurgicale.
D'un mouvement fluide, il prend appui sur le sol, effectue une roulade parfaite et frappe violemment son adversaire au tendon d'Achille.
L'autre s'effondre dans un bruit sourd.
Je n'ai pas manqué une seule seconde du combat, mais autre chose a retenu mon attention.
Les muscles saillants d'Aiden, la tension de ses bras, la façon dont son dos se dessine sous la lumière.
La chaleur me monte aux joues.
Putain, ressaisis-toi.
Ce type ne manquerait pas de me tuer s'il découvrait qui je suis.
Un instant d'inattention.
Quand je relève les yeux, Aiden a disparu.
Je pousse un soupir, à la fois soulagée et... légèrement déçue.
Cyndra et Kaeton me rejoignent enfin, essoufflés.
— Tu marches super vite ! me reproche Cyndra, les yeux noirs.
Kaeton, gêné, jette un regard en coin à la jeune fille.
Il a ralenti pour l'attendre. Quel gentleman.
— Je crois qu'elle était pressée de ne pas manquer le spectacle, raille une voix derrière moi.
Je me fige.
Mon cœur se glace quand je me retourne.
L'adversaire d'Aiden se tient devant moi, un sourire moqueur aux lèvres.
Mais le pire, c'est la silhouette élancée adossée contre le mur, bras croisés, le regard perçant.
Aiden.
Merde.
Annotations
Versions