Épisode 19 - Havn
Lars poussa un long soupir, avant de prendre une gorgée de son thé noir. Zut, le breuvage n’était pas assez fort pour dissiper son mal de crâne. Nouveau soupir et le jeune homme agita mollement une main pour faire apparaître une bouteille de rhum vieux sur la table. Il s’empressa d’en verser une bonne rasade dans sa tasse.
Installée face à lui, Noro le toisait d’un air agacé. Elle était bien évidemment déjà habillée et coiffée à la perfection. Les cheveux ramenés au-dessus de sa tête en une espèce de couronne tressée, elle portait une robe blanche et ample toute simple qui jurait parfaitement avec son masque en ivoire. Elle pointa un doigt irrité vers Lars alors que ce dernier rajoutait quelques gouttes d’alcool dans sa tasse.
— Lars, il n’est même pas six heures du matin et tu bois déjà comme un trou !
— Justement, je m’encourage comme je peux. A cette heure, je devrais encore être au lit ! grinça l’interpellé en humant les notes désormais délicieusement boisées et épicées du breuvage avant de le boire d’une traite. Sinon, n’exagères pas non plus ! Comment ça “je bois DÉJÀ comme un trou” ? Tu parles comme si je buvais tout le temps…
Noro ne répondit pas, mais ses lèvres pincées en disaient long sur ce qu’elle pensait des rapports “houleux” qu’il entretenait avec l’alcool.
— Tu ne peux t’en prendre qu’à toi-même, finit-elle par cracher avec une certaine colère. Personne ne te demande de revoir la protection du domaine et encore moins avec Cédès !
— S’il te plait, Noro, on en a déjà parlé mille fois : c’est une précaution nécessaire.
Lars se tut, préférant ne pas aller plus loin dans ses argumentations. Inutile de commencer la journée en subissant les foudres de Noro. Les bras désormais croisés sur sa poitrine, cette dernière irradiait de mauvaise foi. Son visage restait toujours autant contrarié alors qu’elle portait sa tasse à ses lèvres pour boire une gorgée de son thé à la cannelle.
Le magicien se permit de lever les yeux bien haut vers le ciel face à son attitude. Il se resservit du thé noir au vieux rhum, puis jeta un coup d'œil irrité par les fenêtres de la salle à manger. Grandes ouvertes, elles laissaient entrer une brise fraîche dans la pièce. Il faisait encore sombre dehors, rien ne venait troubler la quiétude des lieux.
D’ailleurs en parlant de ça, où était passé le petit Chat ?! Toujours dans sa chambre ? Lars aurait pourtant juré que c’était le genre de personne à se lever aux aurores pour aller courir, faire des pompes… bref à se torturer de bon matin, soi-disant pour garder la forme. Ridicule ! Surtout qu’il y avait mille autres façons plus agréables de se booster au réveil…
— Lars, je n’ai surtout pas envie de savoir à QUI tu penses, mais ton sourire niais me fait froid dans le dos, lança soudain Noro d’un ton irrité. T’ai-je déjà dit à quel point toi et tes pensées constamment frivoles êtes d’une affligeance… affligeante ?
— Qu’est ce que tu racontes ? C’est justement pour ça qu’on l’adore, ma chère ! intervint soudain la voix suave de Cédès alors qu’elle débarquait dans la pièce telle une reine.
Juste derrière elle surgissait un Raz aux allures furibondes. Ses yeux bleus accrochèrent un instant ceux de Lars qui haussa un sourcil sarcastique. Son ami lui fondit aussitôt dessus tel un rapace enragé, tout en brandissant une liasse de documents.
— Toi !! Espèce de petit con stupide et arrogant ! rugit-il de sa voix rocailleuse qui explosa comme une bombe dans la pièce, brisant impitoyablement la sérénité des lieux.
Lars ne put retenir une grimace de douleur. Il avait une de ces migraines et voilà que Raz venait en rajouter une couche. Surtout qu’il ne comptait clairement pas s’arrêter de sitôt.
— Mais qu’est-ce que tu as dans la tête, franchement ? Si tu pouvais arrêter de réfléchir avec tes couilles pour une fois et faire un peu attention au fric que tu dépenses !
Tout en parlant, il agitait furieusement les papiers sous le nez d’un Lars complètement blasé, malgré son mal de crâne. Le jeune homme s’attendait à cette confrontation depuis une semaine. Il était même étonné que Raz ne se soit pas manifesté plus tôt.
Ce dernier continuait de lui beugler dessus, sans tenir compte de Noro et encore moins de Cece qui s’était installée sur une chaise, le plus tranquillement du monde. Une tasse de thé à la main, elle suivait l’altercation entre ses deux amis d’un œil amusé. Elle se pencha ensuite vers Noro pour lui chuchoter quelque chose à l’oreille. Cette dernière esquissa un petit sourire moqueur sans cesser de siroter son propre breuvage comme si de rien n’était.
Aucune d’elles n’avait clairement l’intention d’intervenir et encore moins de tempérer les névroses de Raz. Toute cette situation semblait trop leur plaire. Traitresses !
— Pourrais-tu m’expliquer les un million de livres que tu as fait virer sur le compte d’une certaine Liv Hagen ?! Sans parler de la facture que Cédès m’a envoyée hier soir pour des travaux de nettoyage et de réparation au Luxury Eve ! Tu veux finir sans le sou ou quoi ?!
— Bonjour, Raz, moi aussi je suis ravi de te voir, rétorqua Lars en écartant les documents de son visage d’un geste agacé. Et pour répondre à tes remontrances acharnées, je ne vois pas où est le problème avec ce virement : c’est MON argent et j’en fais ce que je veux.
— Peut-être, mais en attendant, c’est MA réputation qui est en jeu si jamais tu finissais ruiné, espèce de magicien de mes deux !! De quoi j’aurais l’air si je laissais mes clients s’empêtrer dans de mauvais investissements et se faire plumer comme des imbéciles ?!
— Pitié Raz, et si on en parlait plus tard ? Quand je n’aurais plus des carillons dans le crâne ! grogna Lars en se pinçant l’arrête du nez dans un geste mélodramatique. J’ai passé toute la nuit à faire le plein d’aura pour les besoins du rituel de protection. Je n’ai toujours pas dormi et ta voix me donne encore plus mal à la tête.
— Tant mieux ! cracha Raz. J’espère que ça carillonne bien là-dedans !
Il lui jeta ensuite ses documents à la figure pour accentuer sa mauvaise foi. Non mais ! Lars lui répondit par un regard agacé, chassant les papiers d’un revers de la main.
Pendant ce temps, Raz consentit enfin à retrouver un semblant de calme. Il s’installa aux côtés du magicien sans cesser de le torpiller du regard, puis se servit du thé et des petits gâteaux dans de grands gestes désordonnés.
— Des fois, je me demande pourquoi je ne te fais pas assassiner par un de mes hommes. Je jetterais moi-même ton corps dans la Tamise et hop, l’honneur de ma banque sera préservé, grommela-t-il dans sa longue barbe tressée, avant de se tourner vers Noro, la mine soudain contrite. Bonjour, Noro. Désolé pour ce boucan matinal, mais ce petit con a vraiment le don de m’énerver ! Rappelez-moi pourquoi on est ami, déjà ?
— Parce que vous faites une belle paire d’idiots ? suggéra Cédès avec ironie. Enfin, bref. LA n’est pas la question ! Larsounet, tu as besoin de moi pour revoir la protection du domaine, c’est ça ? Dans ce cas, mettons-nous au travail sans plus attendre, veux-tu ? Je suis assez pressée. J’ai des travaux de rénovation à superviser !
Sur ces mots, elle quitta la table et intima Lars d’un geste impérieux de la main à faire de même. Le jeune homme capitula sans faire d’histoires. Son mal de crâne se faisait de plus en plus atroce. Il avait vraiment besoin de se débarrasser de tout ce surplus d’auras qui bouillonnait désagréablement dans ses veines.
— Restez dans la maison, ordonna-t-il aux deux autres. Et s’il te plait, Noro, si jamais le petit Chat se réveille, ne le laisse surtout pas sortir, d’accord ?
— Petit Chat ? s’enquit aussitôt Cece avec intérêt. LE petit Chat ? Celui qui t’a fait fantasmer comme un fou la nuit dernière ? Il est ici ?!
— C’est quoi encore cette histoire de petit Chat ? grogna Raz en levant le nez de son thé. La dernière fois que j’ai entendu ce surnom ridicule, ça s’est terminé en drame.
— Salut tout le monde, je vois qu’on s’amuse bien par ici ?
Quand on parle du loup… ou plutôt du chat. Celui-ci surgit dans la pièce, un grand sourire sur les lèvres. Tout comme Noro, il était déjà habillé et coiffé, en mode “prêt pour la bataille”. Ses iris verts tout pétillants et ses cheveux blonds dressés en épis le rendaient vraiment mignon. Un adorable petit Chat que Lars avait presque envie d’adopter…
Minute ! Depuis quand se laissait-il aller à ce genre de pensées toutes mièvres ! Lars détourna aussitôt les yeux en pinçant les lèvres. La faute à cette horrible migraine !
Mains dans les poches, le petit Chat se dirigea d’un pas nonchalant vers la table. Il semblait parfaitement à l’aise, malgré les regards scrutateurs de Raz et Cédès. Lars nota toutefois que le gamin se déplaçait de manière à tous les avoir dans son champ de vision. Il devinait également, à défaut de les voir, les pistolets cachés sous sa veste. C’était vraiment fascinant de voir comment un si jeune humain arrivait à rester en alerte comme si de rien n’était. Toujours avec le sourire et désinvolture. Tellement fascinant… et admirable.
Même s’il n’avait aucune chance contre un fils du Chaos, un nain guerrier, une lilim et une gorgone. Il ne manquait plus que Tian l’impitoyable dragon et toute la bande était au grand complet. Une bouffée d’affection saisit Lars, atténuant légèrement sa douleur aux tempes. Ils formaient un bien étrange groupe d’amis quand même. Des amis qu’il connaissait depuis si longtemps… et qu’il n’échangerait pour rien au monde. Même s’ils avaient une fâcheuse et récurrente tendance à l’énerver. Comme aujourd’hui.
— Je peux ? demanda le gamin à Noro.
Sans attendre sa réponse, il tira la chaise à côté d’elle et s’y avachit sans aucune classe.
— Ah, putain, j’ai cru que j’y arriverais jamais ! Sérieux l’Aristo, tu devrais mettre des pancartes dans tes couloirs, je me suis perdu ! ajouta-t-il à l’attention de Lars en roulant exagérément des yeux.
Celui-ci leva les siens au plafond, avant d’agiter une main ennuyée.
— Raz, Cece, voici…
— Leo, content de vous connaître, l’interrompit le petit Chat, sans cesser de sourire.
Prenant ses aises, il hésita une micro-seconde avant de se décider à prendre un gâteau.
— Tu vas quelque part, l’Aristo ? Je croyais qu’on devait jouer les Sherlock au Lóng de Cháoxué ? Tu sais pour retrouver ton Serpent. D’ailleurs faut que je passe quelques coups de fil, mais j’ai l’impression que le réseau capte pas ici…
— Ørjan ?! fit aussitôt Noro en se redressant, la mine inquiète.
— Larsounet, tu n’es pas sérieux ? s’indigna Cédès au même moment.
— Oui, Larsounet, c’est quoi cette histoire ? demanda Raz, l'œil inquisiteur.
— Oups désolé, c’était censé rester secret ? fit le petit Chat.
Ses airs innocents ne trompaient personne, et surtout pas Lars. Ce dernier le foudroya du regard avant de porter une paume fatiguée sur son front douloureux.
— Ecoutez…
— Lars ici présent s’est mis en tête de traquer ce fou d’Ørjan avec cet espèce de Chat de gouttière qui n’a aucun pouvoir ! le coupa Cédès avec colère.
— Hey ! protesta aussitôt l’insulté.
— Et si on discutait de tout cela plus tard ! s’écria Lars en tapant des pieds avec impatience.
Grave erreur, car le geste ne fit qu’accentuer son mal de crâne.
— Ça va l’Aristo ? T’es tout pâle…
Raaaah ! L’interpellé tendit une main irritée devant lui pour faire apparaître un portail. Il se jeta ensuite dans le vortex, bien décidé à ne plus supporter les regards et les blablas dégoulinant de reproches des trois autres. Sans parler de cet idiot de petit Chat qui s’amusait à mettre les pieds dans les plats. S’il pouvait bien s’étouffer avec un gâteau !
Une fois dehors, la brise glacée du matin l’enveloppa dans une étreinte réconfortante. Lars poussa un petit soupir d’aise en s’abandonnant à cette fraîcheur bienvenue. Pour son plus grand plaisir, elle se déposa sur son front telle une compresse, soulageant sa migraine.
Le jeune homme ferma les yeux puis rejeta la tête en arrière, savourant pleinement l’instant : le silence, le froid sur sa peau et cette odeur de terre humide… Tout cela lui rappelait un passé lointain, lorsqu’ils partaient chasser avec son père et sa louve Fenris. C’était il y a plus de mille ans et pourtant, les souvenirs étaient toujours aussi vifs dans son esprit. Il les haïssait aussi bien qu’il les chérissait profondément. Ces souvenirs étaient tout ce qui lui restait de son père, de son enfance, mais surtout de son innocence. Avant que…
— Ah tu es là ! C’est quoi ces manières de me laisser en plan comme ça ?!
La voix irritée de Cédès l’arracha à ses douces et mélancoliques pensées. Lars rouvrit les yeux alors qu’elle se posait gracieusement au sol, la cape de son manteau claquant dans le vent. Son amie le toisa d’un air sévère, clairement dans l’intention de le sermonner sur ses plans, mais Lars leva une main autoritaire, la mine renfrognée.
— Non, Cece. Par pitié, tais-toi ! Je ne veux rien entendre.
Il se recula ensuite légèrement alors qu’elle se plaçait face à lui, sans cesser de le fusiller d’un oeil noir. Ils se trouvaient à l’orée de la forêt, à quelques centaines de mètres du manoir. Des oiseaux pépiaient dans les arbres avant de s’envoler précipitamment, comme s’ils savaient ce qui se préparait et qu’il valait mieux prendre la poudre d’escampette.
— Prête ? demanda Lars.
— C’est quand tu veux, mon chou, répliqua Cece en appuyant délibérément sur le petit nom ridicule en guise de vengeance mesquine. Elle détestait qu’on lui dise de se taire.
Lars fit comme s’il n’avait rien entendu, préférant s’attaquer au sort de protection. Il écarta les bras de part et d’autre de son corps. Ses iris s’embrasèrent et un cercle de runes apparut sur le sol, les enveloppant d’une intense lumière violine.
Face à lui, son amie reproduit ses gestes, laissant libre cours à sa magie.
Son aura carmin jaillit de ses paumes ouvertes, remontèrent le long de ses bras, de son cou pour ensuite envahir ses prunelles sombres. Deux autres paires d’yeux rougeoyants s’ouvrirent sur son front, de longs dards acérés se déployèrent dans son dos. Au même moment, un cercle de lumière rouge se traça par-dessus celui de Lars, entremêlant leur magie et les symboles complexes dans un capharnaüm d’énergie et de couleurs.
Cece lui adressa un petit sourire carnassier, dévoilant ses longs crocs recourbés. Sa chevelure rouge flottait doucement sur ses épaules, scintillant d’une lueur surnaturelle. Elle était encore plus magnifique sous sa véritable apparence.
Pendant ce temps, le cercle lumineux ondoyait paresseusement sur la neige, tel un reflet sur une eau agitée. Leur magie grésilla sous leurs pieds, comme animée d’une volonté propre et impatiente de se déployer à travers tout le domaine.
Le regard ancré dans ceux de Cece, Lars ramena ses bras devant lui, d’un geste ample. Cette fois encore, son amie fit de même, comme en écho.
— Uvyrr, murmura Lars en plaquant ses paumes l’une contre l’autre.
— Myonn, répondit Cece sur le même ton, joignant également ses paumes.
Leur cercle de lumière projeta une vague de magie qui souffla tout le domaine. Le manoir en fut presque ébranlé, les arbres de la forêt se plièrent légèrement. Lars entendit les eaux du lac gronder au loin. Ses cheveux s’agitaient furieusement autour de son visage, ses longues mèches fouettant ses joues et son front. C’était extrêmement désagréable.
— Skjold, lança-t-il en entrelaçant cette fois-ci ses doigts comme pour une prière.
— Maguè, fit Cédès en écho, reproduisant toujours ses gestes.
Cette fois-ci, des rayons de lumière s’élevèrent du sol pour monter vers le ciel, irradiant les lieux d’une lueur rouge et violette. L’ambiance devint à la fois éclectique et éthérée. Des milliers d’étincelles grésillèrent dans les airs, puis se rassemblèrent petit à petit pour former un immense dôme tout autour du domaine. Il était constitué de minuscules éclairs qui crépitaient dans le firmament rougeoyant et violacé, tels des serpents scintillants.
— Havn, conclut Lars dans un murmure.
— Aveth, répondit Cece, toujours sur le même ton.
Lars tendit les bras vers elle. Son amie fit de même, leurs mains se frôlèrent… et ce fut l’explosion. Une boule de lumière se forma sur le bout de leurs doigts lorsqu’ils entrèrent en contact. S’ensuivit une déflagration d’énergie qui souffla à nouveau tout sur son passage. Les vagues de magie se déployèrent sur tout le domaine. Elles repoussèrent les étincelles dans le ciel, les écrasèrent les unes contre les autres, les firent fusionner pour consolider le dôme qui cachait et protégeait les lieux du monde extérieur.
Leurs deux auras offraient un spectacle sublime. Elles se fondaient parfaitement l’une dans l’autre, envahissant l’atmosphère… puis s’estompèrent peu à peu, telles des couleurs effacées par la pluie, avant de disparaître complètement. Le ciel gris et nuageux, le lourd manteau blanc de la neige et le froid reprirent leurs droits. Ne restait plus que le cercle de lumière sous leurs pieds qui continuait d’onduler paresseusement.
— Nélàm, ordonna Cédès, la voix nonchalante.
Elle claqua des doigts, faisant disparaître les derniers vestiges de leur magie et retrouvant son apparence… humaine. Elle tapa ensuite du pied comme une gamine impatiente.
— Bon, maintenant que c’est fait, retournons au manoir ! J’ai envie d’une dernière tasse de thé avant de retourner au Luxury Eve. Larsounet ?
Cece lui jeta un regard interrogateur. Lars ne lâcha pas sa main pour autant. Il l’avait attrapé sans réfléchir, tenaillé par le besoin de la toucher, lui montrer sa reconnaissance. Grâce à elle, la sécurité du domaine était assurée, même si jamais il venait à…
— Stop, ne pense pas à ça, le coupa Cece. Personne ne va mourir. Et encore moins toi, d’accord ? Il faut juste que tu abandonnes cette idée stupide de poursuivre Ørjan tout seul.
— Ørjan me hait. Il ne cessera jamais ces petits jeux, pas tant qu’il ne m’aura pas réduit en cendres, rétorqua Lars d’une voix égale. Et sinon pour la traque, je ne serais pas seul…
— Ah oui, justement parlons-en de cette affreuse créature pleine de puces qui se pavane dans ta salle à manger ! Tu n’es pas sérieux ? Si tu voulais autant avoir ce petit Chat dans ton lit, il y a des chambres au club, tu te souviens ?! Mais le ramener chez toi ! Tu ne sais rien de lui, Lars ! Imagine un peu qu’il soit de mèche avec l’autre Serpent ou…
— Primo, Leo n’a pas de puces et deuxio, nous n’avons rien fait. Enfin, pas encore, mais…
— Alors comment sais-tu que cet horrible chat n’a pas de puces ?!
— Là n’est pas la question ! s'écria Lars, perdant patience. Est-ce que tu pourrais arrêter avec ce genre de remarque stupide, s’il te plait ?! Le petit Chat n’a rien à voir avec Ørjan !
— Comment peux-tu en être sûr ? Tu ne le connais même pas !
— Je… je le sais c’est tout ! Je le sens, cracha-t-il sans réfléchir.
Sa réponse fut suivie d’un petit silence. Cédès et lui, échangèrent un long regard déconcerté. Lars ne savait même pas pourquoi il débitait des âneries pareilles. Son amie avait raison, il ne savait rien du tout. Et il était clairement en train de perdre la tête.
— Ne parlons plus de ça, s’il te plait, grommela-t-il en reprenant sa main qu’il avait lâchée durant leur mini dispute ridicule. Je voulais juste te dire merci pour le domaine et…
— Chéri, tu n’as pas à me remercier. Je ferais n’importe quoi pour toi, tu le sais bien, murmura Cece en entrelaçant leurs doigts. Et je m’inquiète tellement pour toi, Lars… Promets-moi de faire attention, d’accord ? Tu ne dois pas te laisser atteindre par Ørjan et surtout pas distraire par cet horrible sac à puces que tu as décidé de trimballer avec toi…
Le jeune homme leva les yeux au ciel avec un léger sourire. Il farfouilla ensuite dans les poches intérieures de son manteau à la recherche de son étui à cigarettes. Il s’en alluma une dans un petit soupir de contentement.
Son mal de crâne avait disparu, le domaine ne craignait plus rien… et si tout se passait bien, Ørjan ne serait plus qu’un mauvais souvenir. Les Dieux allaient enfin le laisser tranquille. Et il pourrait se concentrer pleinement sur son adorable petit Chat.
Il s’accorda un petit moment pour savourer sa cigarette, avant que Cece ne s’en empare pour la terminer. Elle continuait de le fixer avec une légère moue, mais ne fit pas de commentaire. Tant mieux, Lars n’avait pas envie d’entendre ses arguments anti-petit Chat.
— Rentrons, déclara le magicien en ouvrant un portail. J’aurais préféré marcher un peu mais je dois encore convaincre Raz de me rendre un petit service. Bien évidemment, ça va prendre du temps, il semble vraiment remonté contre moi.
— Comme à chaque fois que tu dépenses TON argent, pouffa Cédès.
Lars esquissa un rictus amusé, tandis qu’elle faisait disparaître son mégot dans des volutes de fumée rouge. Elle arrangea ensuite sa tenue, glissa un bras sous le sien, puis l’entraîna dans le vortex pour retrouver les autres.
Et voilà, c'était l'épisode 19 ! Avec (presque) tous les amis de Lars réunis ! Comment avez-vous trouvé Raz le radin ? Et Cece ? Ah lala je vous avoue que je suis de plus en plus fan de ce personnage ! J'ai adoré écrire la scène où ils lancent le sort de protection avec Lars. J'espère que ça vous a plu aussi :3
Rendez-vous bientôt sur le prochain épisode avec Lars et Leo qui vont jouer les Sherlock dans l'Antre du Dragon :D D'ici là, je vous fais plein de gros câlins
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